Critique de la théologie dogmatique/1

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CRITIQUE
DE LA
THÉOLOGIE DOGMATIQUE





J’ai été amené fatalement à l’étude de la doctrine de l’Église orthodoxe. Ma communion avec l’Église orthodoxe m’avait sauvé du désespoir. J’étais fermement convaincu que cette doctrine seule recélait la vérité. Mais plusieurs de ses manifestations, contraires aux conceptions fondamentales que j’avais de Dieu et de sa loi, me contraignirent à me livrer à l’étude de la doctrine elle-même.

Je ne supposais pas encore qu’elle fût mensongère. J’avais peur de le supposer, car il suffisait d’un seul mensonge pour que la doctrine se détruisit toute, et je perdais alors ce point d’appui essentiel pour moi : l’Église, qui détenait la vérité, qui était la source de cette révélation du sens de la vie, que j’avais cherché dans la foi.

Je me mis donc à étudier les ouvrages concernant la doctrine orthodoxe. Dans tous ces ouvrages, malgré des différences de détails et quelques différences dans les conclusions, la doctrine est la même : même lien entre les diverses parties, et mêmes bases.

J’ai lu et approfondi ces ouvrages, et voici le résultat de mon étude. Si je n’eusse été amené par la vie à reconnaître la nécessité de la foi ; si je n’eusse vu que cette foi est le pivot de la vie de tous les hommes ; si, dans mon cœur, ce sentiment ébranlé par la vie, ne se fût pas fortifié de nouveau ; si ma foi n’eût été que de la confiance ; si elle eût été celle dont on parle dans la théologie, alors, après avoir lu les susdits ouvrages, non seulement je fusse devenu païen, mais je serais le pire ennemi de toute religion. En effet, j’ai constaté non seulement l’insanité de ces doctrines, mais le mensonge commis volontairement, consciemment, par des hommes qui n’ont choisi la religion que comme un moyen d’atteindre tel ou tel but personnel.

La lecture de ces ouvrages fut pour moi une dure besogne, moins par l’effort qu’il me fallut accomplir pour apercevoir le rapport entre les expressions — celui-là même qu’apercevaient ceux qui ont écrit ces ouvrages — que par la lutte intérieure que j’eus à soutenir pour contenir l’indignation que faisait naître en moi cette lecture.

J’ai noirci beaucoup de papier, pour analyser mot à mot, d’abord le symbole de Nicée, puis le catéchisme de Philarète, puis les Messages des Patriarches d’Orient, puis l’Introduction à la Théologie orthodoxe de Macaire, puis la théologie dogmatique de ce même Macaire. Le ton sérieux, scientifique, de ces ouvrages, surtout des plus récents, comme la théologie de Macaire, était impossible à conserver dans leur analyse. Impossible de discuter, de réfuter les pensées exprimées, parce qu’on ne peut saisir aucune pensée clairement formulée. Aussitôt qu’on veut saisir une pensée, elle glisse, et cela précisément parce qu’elle est exprimée avec une imprécision voulue. Malgré moi je recommençais à analyser l’expression de la pensée elle-même, et j’arrivais à ce résultat : qu’il n’y avait aucune pensée définie. Les mots n’ont pas le sens qu’ils ont dans le langage ordinaire, mais un sens particulier, un sens dont la définition n’est pas donnée. S’il se rencontrait parfois une définition ou une explication de la pensée, c’était toujours dans le sens contraire. Pour définir ou expliquer des mots à peine compréhensibles, on emploie d’autres mots qui ne le sont pas du tout.

Longtemps je doutai de moi-même. Je ne me permettais pas de nier ce que je ne comprenais pas, et, de toutes les forces de mon âme et de ma raison, je tâchais de comprendre cette doctrine telle que la comprennent ceux qui affirment croire en elle et exigent que nous y croyions tous. Mais cela m’était d’autant plus difficile que cette doctrine était exposée avec plus de détails et d’une façon plus scientifique.

À la lecture du symbole de la foi, en langue slave, dans la traduction littérale du texte grec, fort peu clair, je pouvais encore, d’une certaine manière, rassembler mes idées, mes conceptions touchant la foi. Mais à la lecture du Message des Patriarches d’Orient, exprimant avec plus de détails les mêmes dogmes, je ne pouvais plus associer les éléments de ma conception, à peine pouvais-je comprendre le sens caché des mots que je lisais.

À la lecture du catéchisme, ce désaccord et cette incompréhension augmentèrent encore. À la lecture de l’orthodoxie, d’abord de Damascène et ensuite de Macaire, l’incompréhension et le désaccord étaient arrivés à l’extrême.

En revanche, ici, je commençai à saisir le lien extérieur unissant les mots, la marche de la pensée qui avait guidé l’auteur, et enfin la raison qui m’empêchait de le suivre.

Longtemps je travaillai sur ce sujet. Le résultat fut que j’appris l’orthodoxie comme un bon séminariste, et pus, en parcourant la succession des pensées qui ont guidé les auteurs, m’expliquer le fond de la doctrine, le rapport qui relie les dogmes distincts, et l’importance relative de chaque dogme. Principalement, je pus m’expliquer pourquoi tel rapport en apparence étrange a été choisi de préférence à tel autre. Cela obtenu, je demeurai terrifié : je compris que toute cette doctrine n’était que l’assemblage artificiel (par les liens extérieurs les plus frêles) d’expressions n’ayant entre elles rien de commun, émanant de personnalités diverses, et qui se contredisent réciproquement. Je compris que cette union ne peut être utile à personne, à rien, et que jamais personne n’a pu croire, ni n’a cru en toutes ces doctrines. Par conséquent, pour réaliser l’union impossible de ces différentes doctrines en une seule et les propager toutes comme étant la vérité, il faut qu’il y ait un but quelconque, et un but matériel. Je devinai également ce but. Je compris pourquoi cette doctrine, aux lieux où on l’enseigne, dans les séminaires, produit infailliblement des athées. J’ai analysé aussi le sentiment étrange que j’avais éprouvé à cette lecture.

J’ai lu les œuvres dites sacrilèges de Hume, de Voltaire, mais jamais je n’ai ressenti cette conviction inébranlable de l’absence complète de la foi chez un homme, comme je l’ai ressentie en comparant le catéchisme et la théologie. En lisant dans ces œuvres les mêmes citations des Apôtres et des Pères de l’Église, qui composent la théologie, on voit que ce sont des paroles émanant d’hommes qui croient ; on entend la voix du cœur, malgré la grossièreté et même l’impropriété des termes. Quand on lit les paroles de l’auteur d’un catéchisme on voit clairement que son cœur reste étranger à l’expression qu’il emploie. Il n’essaye même pas de comprendre. Ce qu’il lui faut, c’est seulement un mot trouvé par hasard pour rattacher avec ce mot la pensée de l’Apôtre à l’expression de Moïse ou d’un nouveau Père de l’Église. Il ne cherche qu’à composer un recueil, où il semblera que tout ce qui est écrit dans ce nouveau livre sacré, et chez tous les Pères de l’Église, est écrit seulement pour justifier le symbole des Apôtres.

Je compris enfin que toute cette doctrine, par laquelle, me semblait-il alors, s’exprimait la foi du peuple, constituait non seulement un mensonge, mais une tromperie séculaire commise par des hommes incrédules, poursuivant un but défini, et très bas.

Voici cette doctrine. Je l’expose d’après le Symbole des Apôtres, les Messages des Patriarches d’Orient, le catéchisme de Philarète, et surtout d’après la Théologie dogmatique de Macaire, que l’Église reconnaît comme le meilleur ouvrage de théologie dogmatique.


I

LA THÉOLOGIE DOGMATIQUE ; PREMIÈRE PARTIE.
INTRODUCTION.


Cette introduction consiste en l’exposé : 1o du but ; 2o de l’objet ; 3o de l’origine des dogmes chrétiens orthodoxes ; 4o de la division des dogmes ; 5o du caractère, du plan et de la méthode ; 6o de l’aperçu de l’histoire de la science de la théologie dogmatique. Bien qu’elle ne parle pas du sujet lui-même, on ne peut négliger cette Introduction, parce qu’elle définit d’avance ce qui sera exposé dans tout l’ouvrage et la méthode suivant laquelle sera fait cet exposé.

Prenons le premier paragraphe :


§ 1. OBLIGATION DE LA THÉOLOGIE DOGMATIQUE ORTHODOXE[1]

« La théologie dogmatique orthodoxe, envisagée comme science, doit exposer les dogmes du christianisme dans un ordre systématique, avec toute la plénitude, toute la clarté, toute la solidité possible, et cela seulement dans l’esprit de l’Église orthodoxe. »


§ 2. IDÉE DES DOGMES CHRÉTIENS, COMME OBJET DE LA THÉOLOGIE DOGMATIQUE ORTHODOXE

« Sous le nom de dogmes chrétiens, on comprend ces vérités révélées que l’Église enseigne aux hommes, comme étant les principes certains et invariables de la foi qui nous sauve… »


Il est dit ensuite que par « vérités révélées », on entend les vérités qui se trouvent dans la Tradition et dans les Écritures. La Tradition et l’Écriture sont reconnues comme vérités parce que l’Église les reconnaît pour telles ; et l’Église est reconnue vraie, parce qu’elle reconnaît la Tradition et l’Écriture.



§ 3. ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DES DOGMES DANS L’ÉGLISE : SOURCES ET MODÈLES DE LA THÉOLOGIE DOGMATIQUE ORTHODOXE.

« De l’idée que nous avons offerte des dogmes chrétiens, ressort naturellement la divinité de leur origine à tous. Ainsi personne n’a le droit d’en augmenter ou d’en diminuer le nombre, ni de les changer ou de les altérer en quoi que ce soit : tout ce qu’il a plu à Dieu d’en révéler au commencement doit être maintenant tant que subsistera le christianisme… »


« … Tout ce qu’il a plu à Dieu d’en révéler au commencement… » Qu’est-ce que cela signifie : révéler au commencement ? On ne le dit pas. Au commencement du monde ou au commencement du christianisme ? Et dans l’un ou l’autre cas, où était ce commencement ? On dit que les dogmes ne sont pas apparus les uns après les autres, mais sont apparus tous au commencement. Or, où se plaçait ce commencement ? ce n’est dit ni ici, ni dans aucun des livres.

Et plus loin :


« … Cependant, quoique invariables dans la révélation même, soit pour leur nombre, soit pour leur nature, les dogmes de la foi doivent être développés dans l’Église, comme ils le sont, en effet, par rapport aux croyants.

« Du moment même où les hommes commencèrent à s’approprier les dogmes enseignés dans la révélation et à les faire descendre au niveau de leurs conceptions individuelles, ces vérités saintes durent se représenter diversement aux différents individus (il en est ainsi de toute vérité qui devient la propriété de la pensée humaine) ; il dut inévitablement se manifester, et il se manifesta, en effet, diverses opinions, divers doutes à l’endroit des dogmes, même différentes altérations de ces dogmes ou des hérésies volontaires et involontaires. Pour préserver les fidèles de tant d’incertitudes, pour leur montrer à quoi et de quelle manière ils devaient croire, appuyés sur la révélation, l’Église leur propose, dès le principe, suivant la tradition des saints Apôtres eux-mêmes, des modèles abrégés ou des symboles de foi… »


Les dogmes immuables par leur nombre et leur essence sont révélés dès le commencement, et en même temps ils doivent être révélés. C’est incompréhensible, d’autant plus qu’il est dit auparavant, tout simplement : « au commencement », et que nous avons donné à cette expression la signification que lui donne la théologie : le commencement de tout. Et maintenant, voici que le commencement se rapporte au commencement du christianisme. En outre il découle de ce passage ce sens même que l’auteur niait tout d’abord. Auparavant on a dit que d’abord tout était révélé, et l’on dit ici que les dogmes sont révélés par l’Église, et enfin : que l’Église du commencement même (de quelque chose) n’a pas proposé ;… mais elle a proposé, d’après la tradition des apôtres, de courts abrégés de la foi, ou des symboles. Il y a là une contradiction intime. Il est évident que par le mot « dogme » on indique deux conceptions qui s’excluent l’une l’autre.

Le dogme, selon la définition de la théologie, c’est la vérité enseignée par l’Église. Les dogmes, selon cette définition, peuvent se révéler comme le dit l’auteur, c’est-à-dire, paraître, se modifier, se compliquer, ce qui fut en réalité. Mais l’auteur (évidemment après une définition inexacte des dogmes, après avoir dit : l’enseignement de la vérité, au lieu de l’enseignement de ce qui est considéré comme vérité ; et après avoir dit même, tout simplement : le dogme c’est la vérité de la foi), l’auteur, dis-je, a donné au dogme une autre signification qui détruit la première, et, malgré lui il se trouve entraîné à la contradiction. Mais cette contradiction était nécessaire à l’auteur. Il lui était nécessaire d’entendre par le mot dogme la vérité en soi, la vérité absolue, et la vérité exprimée par certaines paroles. La contradiction lui était indispensable pour enseigner ce que l’Église regarde comme la vérité, et, en même temps pouvoir affirmer que ce qu’elle enseigne est la vérité absolue. Ce raisonnement faux est important non parce qu’il conduit fatalement à la contradiction et exclut toute possibilité du raisonnement rationnel, mais encore parce que, involontairement, il provoque le doute en ce qui concerne l’exposition à venir. Le dogme, d’après la définition de l’Église, est une vérité sacrée, divine, enseignée par l’Église pour la foi salutaire.

Moi je suis une créature de Dieu. Dieu en révélant la vérité, me l’a révélée aussi. Je cherche la foi salutaire : ce que je dis de moi, des milliards d’hommes se le sont dit. Alors enseignez-moi ces vérités révélées par Dieu (révélées pour moi aussi bien que pour vous). Comment, je ne croirai pas en ces vérités, je ne les accepterai pas ! Je ne cherche que cela. Et elles sont divines. Alors enseignez-les moi. Il n’y a pas à craindre que je les nie. Si l’Église a l’air d’avoir peur que je ne renie ce qui est nécessaire à mon salut, elle veut me forcer d’avance à reconnaître que tous les dogmes qui me seront enseignés sont la vérité. Le fait que ce que Dieu a révélé aux hommes qui Le cherchent est la vérité, ne souffre pas de doute. Mais donnez-moi ces vérités. Au lieu de ces vérités, on fait exprès un raisonnement inexact, qui tend à me convaincre d’avance que tout ce que l’on me dira sera la vérité. Ce raisonnement, au lieu de me soumettre à la vérité, produit sur moi une impression contraire. Il est évident pour moi que le raisonnement n’est pas juste. Il est évident qu’on ne peut me forcer à accepter d’avance, de confiance, ce qu’on me dira. Mais qui me dit qu’on ne me donnera pas le mensonge comme vérité ? Je sais que dans la Théologie dogmatique, dans le catéchisme, et chez les Patriarches d’Orient, et même dans le symbole des Apôtres, parmi les dogmes, il y en a un sur l’Église, sainte, infaillible, qui est guidée par le Saint-Esprit et conserve les dogmes.

Si les dogmes ne peuvent être exposés par eux-mêmes, s’ils ont besoin de s’appuyer sur le dogme de l’Église, alors il faut commencer par le dogme de l’Église. Si tout est basé sur celui-ci, il faut commencer par lui, et ne pas introduire dans le premier paragraphe le dogme de l’Église comme base de tout, ne le mentionnant qu’en passant, comme s’il s’agissait de quelque chose de connu. De même dans le catéchisme de Philarète, au chapitre III, il est dit que la révélation de Dieu est conservée dans l’Église par la Tradition, et que la Tradition est conservée par l’Église. Or l’Église, c’est la réunion de tous ceux qui ont foi en la Tradition, par conséquent, ce sont ceux qui sont unis par la Tradition qui conservent la Tradition. La Tradition est toujours conservée par ceux qui croient en elle. C’est toujours ainsi. Mais cette tradition est-elle la vérité ou l’erreur ? Le soin avec lequel, sans me rien dire des dogmes eux-mêmes, on veut capter d’avance mon acceptation des dogmes, m’oblige à me tenir sur mes gardes. Je ne dis pas que je nie la sainteté et l’infaillibilité de l’Église. Même quand j’ai commencé cette étude, j’avais foi dans l’Église, je ne croyais qu’en elle seule (il me le semblait du moins). Mais il faut savoir ce qu’on entend par le mot Église. En tout cas, si l’on base toute la doctrine sur le dogme de l’Église, il faut commencer par lui, comme le faisait Koniakov. Si, au lieu de commencer par le dogme de l’Église, on commence par le dogme de Dieu, comme dans le Symbole des Apôtres, dans le message des Patriarches d’Orient, dans le catéchisme et dans toutes les Théologies dogmatiques, il faut exposer les dogmes les plus essentiels, les vérités révélées aux hommes par Dieu.

Moi je suis homme. Dieu ne s’occupe que de moi. Je cherche le salut. Comment n’accepterais-je pas cette unique vérité que je cherche de toutes les forces de mon âme ? Je ne puis pas ne point l’accepter ; je l’accepterai certainement. Si mon union avec l’Église la scelle, c’est tant mieux. Dites-moi les vérités, telles que vous les connaissez. Dites-les-moi, au moins comme elles sont dites dans le symbole des Apôtres que nous tous avons appris par cœur. Si vous craignez que par l’obscurité et la faiblesse de ma raison, par la stupidité de mon cœur, je ne les comprenne pas, aidez-moi. (Vous connaissez ces vérités divines, vous, l’Église, enseignez-les nous.) Secourez ma faible raison, mais n’oubliez pas que, quoi que vous disiez, vous vous adressez cependant à la raison. Vous exprimerez par des paroles les vérités divines. Mais les paroles, on ne peut les comprendre que par la raison. Expliquez ces vérités à ma raison. Montrez-moi le néant de mes objections ; amollissez mon cœur endurci par la compassion et par l’aspiration au bien et à la vérité que je trouverai en vous. Mais n’essayez pas de me surprendre par des mots, par la tromperie consciente qui viole la sainteté du sujet dont vous parlez. Je suis touché par la prière des trois ermites dont parle la légende populaire.

Ils priaient Dieu, disant : « Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous ! » Je sais que leur conception de Dieu est erronée, mais je suis attiré vers eux ; je veux les imiter, comme je veux rire en regardant ceux qui rient et bâiller en regardant ceux qui bâillent, parce que je sens de tout mon cœur qu’ils cherchent Dieu et n’aperçoivent pas l’erreur de leur expression. Mais les sophismes, la tromperie volontaire pour attirer dans le piège les imprudents et les faibles d’esprit, me répugnent. En effet, il faut exposer les vérités révélées sur Dieu, sur l’homme, sur le salut. Les hommes le savent, mais au lieu d’exposer ce qu’ils connaissent ils font une série de raisonnements faux en vue de faire croire que tout ce qu’ils diront de Dieu, de l’homme, du salut, est exprimé d’une telle façon qu’on ne peut le faire autrement, et qu’on ne peut mettre en doute leur parole.

Peut-être m’exposerez-vous la vérité révélée ; mais les procédés que vous employez à cet effet sont ceux-mêmes qu’on emploie pour exposer un mensonge avéré.

Examinons attentivement les vérités elles-mêmes, voyons en quoi elles consistent et comment elles sont exprimées.


  1. Toutes les citations sont faites d’après la traduction française de la « Théologie dogmatique orthodoxe », de Macaire, parue en 1859, chez l’éditeur Joël Cherbuliez, à Paris et Genève (N. d. T.)