Dédicace collective à Émile Zola
Maître,
« Le peuple s’instruit en lapidant ceux qui l’aiment. »
Un jour, troublé par l’injustice, voulant la lumière, révolté par l’inconscience des foules, vous vous êtes offert en holocauste aux inconscients, afin qu’ils apprennent.
Depuis que Bernard Lazare s’est consacré à la réhabilitation d’une malheureuse victime des mal-entendus, des lâchetés et du faux honneur des bureaux, une race de héros s’est révélée à la France.
Oubliant les situations acquises poussées par la volonté de sauver un innocent, des hommes comme le vaillant colonel Picquart, comme l’éminent Grimaux, vinrent combattre pour la justice en sacrifiant tout, en s’exposant aux pires injures.
Mais pour que la vérité s’affirmât il fallait un acte retentissant. Vous avez consenti à en prendre la responsabilité, à servir de cible aux traits de la bêtise et de l’ignominie.
La minorité — car, malheureusement, nous sommes encore une minorité — a cru qu’il fallait honorer le courage ; elle vous offre ce livre, faible expression des sentiments de Justice et de Devoir que vous avez su répandre à travers le monde.
Trois générations viennent, dans cet hommage, proclamer bien haut que malgré la divergence des opinions politiques, ds situations sociales, il existe un sentiment plus fort que toute idée et tout âge : le sentiment de la Justice.
Permettez aussi, ô maître de l’énergie ! d’exprimer nos sentiments de reconnaissance à tous ceux qui, avec vous, ont collaboré à l’œuvre des Droits de l’Homme : à M. Reinach, et surtout à cet héroïque colonel Picquart.
En vous saluant, non seulement nous faisons notre devoir, mais nous honorons encore en nous-mêmes les sentiments de dignité humaine que vous avez réveillés.
Léon PARSONS.
Henri VAN DE PUTTE.
Paris-Bruxelles.