Dans un monde inconnu/Épilogue

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Établissement Herman Wolf (p. 57-59).

ÉPILOGUE


Sans s’embarrasser des impedimenta qu’accompagnent les armées en marche, Lucien, à marche forcée, parvint au Grand Chaco avant les Argentins. Ceux-ci étaient encore occupés à réparer le chemin de fer détruit qu’il était déjà au pied des Andes. Laissant son aile droite piétiner sur place il laissa passer l’armée argentine dirigée sur la Patagonie. Puis avançant sur elle à toute vitesse lui enleva ses 20.000 bêtes de somme presque sans coup férir.

Ensuite il fit attaquer l’aile gauche pendant que l’aile droite opérait un vaste mouvement tournant protégé par ses Araucans contre le retour de l’armée de Patagonie.

Dans une bataille qui dura sept jours il parvint à faire 100.000 Argentins prisonniers non compris 15.000 morts et 115.000 blessés. Le reste s’enfuit en désordre vers le Sud.

Quant à Lucien il avait eu 25.000 tués et 65.000 blessés. Le nombre de tués était plus grand chez lui car ses troupes avaient fait preuve d’une audace inouïe. Le butin se composait de 250 bouches à feu et 400 mitrailleuses, puis des fusils par milliers.

Formant une autre armée de 350.000 hommes il se dirigea à vive allure vers le Matto-Grosso laissant 60.000 hommes pour contenir l’armée de Patagonie.

Du côté du Chili les événements aussi s’étaient précipités. Vingt grands vapeurs jetèrent en une nuit 50.000 péruviens sur Valparaiso qu’ils prirent par surprise. Puis laissant une petite garnison là, ils marchèrent sur Santiago, la capitale.

Ce coup fut fatal aux Chiliens car ils avaient compté que l’invasion se produirait par la Bolivie et ils avaient massé là 275.000 hommes ne laissant que 25.000 pour défendre le reste du pays. Santiago fut également pris presque sans pertes. Les 10.000 hommes qui le défendaient étant insuffisants.

Huit jours après, un autre corps d’armée péruvien de 50.000 hommes débarquait à Antofagasta et se dirigeait à vive allure sur Santiago où il arriva une semaine après. En même temps l’invasion prévue se produisait par la Bolivie. Le corps de Santiago renforcé de celui d’Antofagasta attaqua les 200.000 chiliens qui voulaient franchir les Andes aidés par 50.000 Araucans et les 60.000 hommes que Lucien avait laissés là. Pris entre deux feux les chiliens luttèrent avec bravoure mais furent acculés à la défaite, laissant 125.000 prisonniers, 30.000 tués et 45.000 blessés. Les péruviens et leurs alliés avaient eu 85.000 hommes hors de combat, dont 35.000 Araucans. Les 125.000 hommes qui restaient franchirent alors les Andes à la rencontre de l’armée de Patagonie. Celle-ci se trouvait aux prises avec l’ennemi. Ayant perdu ses bêtes de somme elle luttait sans espoir.

Se voyant cernée par 125.000 homme de plus, elle se rendit.

En trois semaines de temps l’armée argentine était anéantie et la chilienne bien éprouvée car les 275.000 hommes du front de Bolivie étaient aux prises avec 500.000 hommes devant et 125.000 qui lui coupaient toute communication.

Elle voulut jouer son va tout en attaquant avec 150.000 hommes les 125.000 Péruviens mais en même temps se produisit une ruée irrésistible des troupes de l’inca et les 125.000 restants furent défaits laissant 50.000 hommes hors de combat et 75.000 prisonniers. Poursuivant leur marche en avant ils forcèrent les 150.000 restant à se rendre. Un mois après la déclaration de guerre il ne restait plus que le Brésil qui résistait. Et encore l’armée du Matto-Grosso se trouvait aux prises avec les 350.000 de l’armée de Lucien qui serait renforcée bientôt par plus de 500.000 autres disponibles de la campagne du Chili déjà finie.

Six semaines après la déclaration de guerre les 200.000 Brésiliens étaient défaits et une armée forte de 800.000 hommes montait vers le Nord. Mais auparavant Lucien avait obtenu du Chili et de l’Argentine la reconnaissance des droits d’Atahualpa II. Laissant une nouvelle armée de 300.000 hommes, envoyés par l’inca au Grand-Chaco, il somma le Brésil d’accepter la paix. Son armée avec l’artillerie prise à l’Argentine et au Chili comprenait plus de 1000 canons et 1500 mitrailleuses, plus des munitions en quantité. San Paolo fut pris et Rio de Janeiro envahi. Voyant l’inutilité de la lutte, le Brésil céda.

Quinze jours après, la paix était signée à Montevideo. Le Pérou obtenait la rétrocession de Tacna et Arica, des îles de Chincha et Iquique. La Bolivie, le port d’Antofagasta avec son hinterland jusqu’en territoire bolivien, le Paraguay, la partie du Matto-Grosso perdue auparavant.

Pour remercier Lucien de ce qu’il avait fait, l’inca érigea la Patagonie et Araucanie en royaume, ne dépendant de l’empire du soleil qu’au point de vue de la religion et des relations avec l’extérieur. Lucien Rondia devint Lucien I. Il prit Punta Arenas comme capitale. Il venait à peine d’avoir 24 ans et il était déjà roi ! Il fit venir son ami Jules avec sa femme et ses enfants et lui donna la concession du chemin de fer qu’il établit jusqu’à Buenos Ayres avec embranchement aux Andes avec le Chili.

De cette façon il s’affranchissait du passage par Panama et établissait une voie rapide pour voyageurs et marchandises.

Mais ses puissants voisins accepteraient-ils longtemps leur sanglante défaite ? C’est le secret de demain.

(à suivre).