Nouvelles poésies (Van Hasselt)/Dans un observatoire royal

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Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 94-96).


Dans un Observatoire royal.





Suche die Wissenschaft.
Herder.





Ici l’on regarde la terre
Un peu plus souvent que le ciel.
Quand là-haut tout n’est que mystère,
Ici-bas est l’essentiel.

Nous laissons la nuit constellée
Vaguer dans son désert obscur

Et traîner sa robe étoilée
Dans ses plaines de sombre azur.

Nous laissons les Ourses du pôle
Rugir dans le septentrion,
Le Cocher, son fouet à l’épaule,
Sourire aux flammes d Orion.

Nous laissons la Lyre idéale
User ses cordes dans les cieux,
Auprès de l’Hydre boréale
Qui tord ses nœuds capricieux.

Ô science, garde tes voiles ;
Garde la clé de ton séjour,
À moins qu’avec l’or des étoiles
Tu ne battes monnaie un jour.

De ton livre aux lettres obscures
À quoi bon déchiffrer le sens ?
Le ciel n’a point de sinécures
Dans ses astres éblouissants.

Dès lors à quoi sert-il qu’on braque

Là-haut son télescope ? — Encor
Si du Taureau du zodiaque
Le bon Dieu faisait un veau d’or !



Juin 1853.