Économie Rurale (De l’agriculture - Caton)

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Économie Rurale
Traduction par Désiré Nisard.
Firmin-Didot (p. 17-64).

ÉCONOMIE RURALE.

Le négoce serait une carrière lucrative, si elle n’était pas si chanceuse ; il en serait de même de l’usure, si ce métier était aussi honnête qu’il est avantageux. Les lois de nos ancêtres condamnaient le voleur à l’amende du double, tandis qu’elles imposaient celle du quadruple à l’usurier. Cette disposition nous montre combien l’usurier était à leurs yeux un citoyen plus pernicieux que le voleur. Lorsqu’ils voulaient louer un bon citoyen, ils lui donnaient les titres de bon agriculteur, de bon fermier : ces expressions étaient pour eux la dernière limite de la louange. Pour moi, j’estime un négociant actif, désireux d’accroître sa fortune ; mais, comme je l’ai dit, cette carrière est semée d’écueils et de périls. C’est parmi les cultivateurs que naissent les meilleurs citoyens et les soldats les plus courageux ; que les bénéfices sont honorables, assurés, et nullement odieux : ceux qui se vouent à la culture n’ourdissent point de dangereux projets. Maintenant j’arrive à mon but, et ces réflexions sont les préliminaires de l’ouvrage que j’ai promis.

Chapitre 1[modifier]

Achat et disposition du domaine. Lorsque vous vous décidez à faire l'acquisition d'un domaine, gardez-vous de l'acheter à tout prix ; n'épargnez pas les visites, et ne vous contentez pas de l'explorer une fois. Plus vous le verrez, plus vous lui trouverez de charmes s'il est fertile. Examinez soigneusement les apparences extérieures des voisins ; elles sont brillantes dans une bonne contrée. Lorsque vous y entrez, ménagez-vous les moyens d'en sortir : choisissez un ciel serein, peu troublé par les tempêtes ; que le sol soit excellent, et renferme en lui-même toutes ses qualités. Autant que possible, il sera au pied d'une montagne, il regardera le midi ; la situation en sera saine ; il sera entouré d'une population laborieuse, auprès d'une eau salutaire, non loin d'une ville populeuse, au bord d'une mer ou d'une rivière navigable et renommée. Le domaine sera de ceux qui changent rarement de propriétaires, qu'on vend à regret, et qui possèdent des bâtiments commodes. On recherchera pour prédécesseur un homme qui mette beaucoup de sagacité dans ses cultures et dans ses constructions. Quand vous ferez vos visites, portez votre attention sur le nombre des pressoirs et des futailles : s'ils sont en petit nombre, vous pouvez en conclure que le rendement est modique. Regardez moins la quantité que l'arrangement convenable des attirails. Rejetez également la pénurie et le luxe dans le nombre des instruments. Souvenez-vous qu'un champ très productif, comme un homme prodigue, est ruineux, s'il occasionne un excès de dépense. Si vous me demandez quel est le meilleur domaine, je vous répondrai : Sur un domaine de cent arpents et bien situé, la vigne est la meilleure récolte, si elle est productive : je place ensuite un potager arrosable ; au troisième rang, une oseraie ; au quatrième, l'olivier ; au cinquième, une prairie ; au sixième, les céréales ; au septième, un taillis ; puis un verger, et enfin une forêt de chênes.

Chapitre 2[modifier]

Devoirs du chef de famille. Arrivé à sa maison de campagne, le premier devoir du propriétaire est de saluer ses pénates ; puis le même jour, s'il en a le loisir, il fait le tour de son domaine ; sinon il remet cette besogne au lendemain. Dès qu'il a bien examiné l'état des cultures, les travaux achevés, et ceux qui ne le sont pas, il fait venir le lendemain son intendant, lui demande ce qui a été fait, ce qui reste à faire ; si chaque travail a été fait à temps, et s'il est possible de terminer ce qui est incomplet : il l'interroge sur la quantité de vin, de blé ou d'autres denrées qu'on a récoltées. Une fois ces particularités connues, il fait la supputation des travaux et des jours. Si le travail ne lui paraît pas suffisant, l'intendant cherche à se faire absoudre en alléguant les maladies des esclaves, leurs désertions, l'inclémence de la température, les corvées publiques. Quand il a fait l'énumération de tous ces contre-temps et d'autres semblables, repassez le compte en présence de l'intendant. Lorsque le temps a été à la pluie, cherchez combien de jours ont été pluvieux ; rappelez les travaux qu'on peut exécuter alors, le lavage et le goudronnage des futailles, le balayage des bâtiments, la ventilation des grains, la récolte des fumiers et leur stratification, le nettoyage des semences, le raccommodage des vieilles cordes et la fabrication des neuves : les gens devaient rajuster leurs capuches et leurs hardes. Ne fallait-il pas aux jours fériés curer les anciens fossés, paver la voie publique, couper les buissons, bécher le jardin, nettoyer les prairies, tresser les haies, extirper les épines, broyer les grains, enfin nettoyer partout ? Si les esclaves ont été malades, pourquoi donner tant de nourriture ? Après avoir mis beaucoup de calme dans ces informations, on donnera ses ordres pour achever ce qui reste à faire ; on fera le compte de la caisse, du grain en magasin, de tous les fourrages en provision, des vins, des huiles ; on prendra note de ce qui a été vendu, de ce qui a été payé, de ce qui reste à percevoir, de ce qu'il y a encore à vendre. Il recevra les cautions qui sont à présenter : il passera la revue des denrées en provision ; s'il juge quelque objet nécessaire pour l'année courante, il le fait acheter ; s'il y a du superflu il le fait vendre : il met en location ce qui est à louer ; qu'il prescrive (et son ordre doit être confié à ses tablettes) les ouvrages qui seront exécutés à la ferme, et ceux qui le seront à forfait. Il fera la revue du bétail, afin de constater les ventes à effectuer. Si les prix sont suffisants, il vendra ce qui lui reste en huile, vin et froment. Il mettra en vente les boeufs en retour d'âge, les veaux et les agneaux sevrés, la laine, les peaux, les attirails hors de service, la ferraille, les esclaves vieux ou maladifs, enfin tout ce dont il n'a pas besoin. Le maître de la maison sera marchand plutôt qu'acheteur.

Chapitre 3[modifier]

Travaux que le débutant doit faire exécuter sur son domaine. Dès son début, le propriétaire s'occupera de planter ; mais il réfléchira longtemps avant de bâtir. Pour planter, ce n'est pas la réflexion qu'il faut, c'est l'action. Si son domaine est planté, l'agriculteur pourra songer à bâtir lorsqu'il aura atteint sa trente-sixième année. Bâtissez dans de telles proportions que votre domaine soit en rapport avec vos constructions, et vos constructions avec votre domaine. ll faut qu'un père de famille possède de beaux bâtiments d'exploitation, qu'il y réunisse des celliers pour l'huile, pour le vin, des futailles nombreuses, afin qu'il puisse attendre la hausse ; ce qui augmentera sa fortune, et donnera du relief à sa prudence et à sa réputation. Il aura de bons pressoirs, afin que le travail soit bon. De peur qu'elle ne s'altère, l'olive sera pressée immédiatement après la récolte. Songez aux grandes tempêtes qui arrivent tous les ans, et qui ne manquent pas de faire tomber les olives. Si vous faites la récolte de bonne heure, et que vos ustensiles soient en ordre, vous n'aurez rien à redouter des tempêtes, votre huile sera meilleure et plus verte. Si au contraire l'olive séjourne trop longtemps sur le sol ou sur un plancher, elle pourrit, et ne produit qu'une huile désagréable. Toute espèce d'olive donne une huile verte et de bon choix, si on la fabrique à propos. Sur une surface de cent vingt arpents plantés d'oliviers, il faut avoir deux assortiments d'ustensiles. Si les arbres sont vigoureux, les rangs serrés et la culture judicieuse, il faudra trois machines solides et isolées, afin que si les meules venaient à se briser, on puisse en avoir de rechange ; chaque machine aura ses lanières de cuir ; on réunira six leviers, douze aiguilles, des câbles particuliers, deux moufles grecques glissant sous des cordes de genêt. On marchera plus vite avec huit poulies en haut et six en bas ; si on veut faire des roues, le travail est moins expéditif, mais aussi moins pénible.

Chapitre 4[modifier]

II faut avoir des étables bien construites, et un bon voisinage. Ayez de bonnes étables, de bonnes écuries, et des râteliers. : les barres de ceux-ci seront distantes d'un pied avec cette disposition, les boeufs ne gaspilleront point leur nourriture. Ayez des bâtiments de maître en rapport avec votre fortune. Si votre campagne est assise sur un bon fond, bien construite et orientée ; si elle est meublée convenablement, vous la visiterez plus souvent et plus volontiers ; elle s'améliorera, on commettra moins de fautes, et on récoltera davantage, car rien ne remplace l'oeil du maître. Soyez affable à l'égard de vos voisins, et n'offensez pas vos gens sans raison. Si vous obtenez l'affection du voisinage, vous écoulerez plus facilement vos produits, et vous trouverez sans peine des bras pour exécuter vos travaux à la journée ou à forfait. Si vous bâtissez, ils vous aideront en payant de leur personne, ou en vous donnant leurs attelages et leurs matériaux. S'il vous arrive quelque chose de fâcheux (ce qu'à Dieu ne plaise !), ils vous prêteront une assistance bienveillante.

Chapitre 5[modifier]

Devoir de l'intendant. Voici les devoirs de l'intendant : toute sa conduite sera bien réglée ; il observera les jours de fêtes, respectera le bien d'autrui et fera respecter le sien. Il apaisera les disputes de ses domestiques ; si quelqu'un a commis une faute, la punition sera équitablement proportionnée au délit. Il veillera à ce qu'ils soient bien entretenus, qu'ils ne souffrent ni la faim ni la soif, et surtout à ce qu' ils s'abstiennent de mal faire ou de voler. Le mal ne se fera qu'autant qu'il le voudra bien ; et s'il l'a permis, le maître ne laissera pas son indulgence impunie. Qu'il soit reconnaissant du bien qu'on lui a fait, afin de stimuler les autres à bien faire. L'intendant sera sédentaire, toujours sobre, et n'ira pas ailleurs quêter un festin. Qu'il tienne les domestiques en haleine, et fasse exécuter les ordres du maître. Qu'il ne se croie pas plus habile que le propriétaire ; qu'il traite les amis de sa maison comme les siens propres. Qu'il écoute ceux qu'il lui aura donnés pour conseils. Que ses pratiques religieuses soient confinées dans les carrefours, ou près de son foyer. Qu'il ne prête à personne ni semence, ni aliments, ni grain, ni vin, ni huile. Qu'il soit seulement en relations avec deux ou trois fermes, pour prêter ou pour emprunter ce dont on a besoin ; après cela il n'aura d'affaires avec qui que ce soit. Qu'il compte souvent avec le maître. Qu'il ne retienne pas contre les conventions ni les ouvriers, ni les journaliers, ni les vignerons. Qu'il n'achète ou ne récolte rien à l'insu du maître. Qu'il éloigne les parasites ; qu'il ne consulte ni aruspice, ni augure, ni devin, ni astrologue. Qu'il n'épargne pas sur la semence, c'est une mauvaise économie. Qu'il surveille tous les travaux, afin qu'il sache comment ils s'exécutent ; et que, sans se fatiguer, il paye souvent de sa personne. Ce faisant, il connaîtra les dispositions de ses gens, qui n'en seront que plus ardents au travail : il n'aura pas autant de loisir pour se promener, mais sa santé sera plus robuste et son sommeil plus paisible. Debout le premier, il se couchera le dernier : auparavant il s'assurera si les portes de la ferme sont closes, si chacun est couché à son poste, et si les animaux sont affourragés. Il aura le plus grand soin des boeufs, et flattera les bouviers, afin que leurs animaux soient bien tenus. Il tiendra en bon état les charrues et les socs. Il ne conduira ni troupeaux, ni chariots, ni charrues, sur la terre détrempée ; sans cette précaution, les endroits piétinés seront stériles pour trois ans. Les troupeaux et les boeufs recevront régulièrement de la litière ; leurs pieds seront nettoyés. Qu'il éloigne la galle des moutons et du gros bétail ; que tous les travaux se fassent à propos ; car en agriculture tout s'enchaîne de telle sorte, qu'un travail retardé retarde tous les autres. Si la litière manque, on prendra des feuilles de chêne, et on les mettra sous les pieds des moutons et des boeufs. Qu'il ait soin d'amasser un bon tas de fumier ; qu'il le conserve avec soin ; et lorsqu'il le transportera, qu'il l'étende et l'éparpille. L'automne est le moment du transport. C'est à l'automne qu'on découvre les racines des oliviers et qu'on les fume. Qu'il coupe les ramilles de peuplier, d'orme et de chêne ; qu'il les entasse pour les donner aux brebis avant qu'elles ne soient complétement séchées. Quant au regain et aux herbes de la seconde coupe, elles seront bien sèches, dans le même but. Après les pluies d'automne il sèmera les raves, les fourrages, et les lupins.

Chapitre 6[modifier]

Destination des différentes pièces de terre. Voici ce qu'il faut observer dans la destination des terres aux différents produits. On réservera au froment les terres riches, aérées, dépouillées d'arbres. Si le sol est souvent couvert de brouillards, il faudra surtout y semer des raves, des radis, du millet, et du sorghs. Le sol qui sera en même temps gras et chaud recevra les olives de conserve, les longues, les salentines, les orchites, les posea, celles de Sergianum, de Colminium, et les blanches. Multipliez surtout celle qu'on s'accorde à regarder comme la plus productive dans cette circonstance. Les espèces se plantent à une distance de vingt-cinq à trente pieds. On ne trouve pas pour une plantation d'oliviers de meilleure exposition que celle qui est exposée au vent de l'ouest et regarde le soleil. Si le terrain est plus maigre et plus froid, on y plantera l'olivier Licinius ; si vous plantez cette variété dans une terre grasse et chaude, votre huile sera mauvaise, l'arbre s'épuisera en produisant, et se couvrira d'une mousse roussâtre et parasite. Sur les lisières des champs et au bord des chemins, plantez des ormes et des peupliers, afin d'avoir des feuillards pour vos troupeaux et vos boeufs, et afin d'avoir du bois sous la main lorsque le besoin se présente. Sur les portions humides et longeant les rivières, plantez des cimes de peuplier et des roseaux. Plantez ceux-ci de la manière suivante : avec le tranchant de la houe vous faites des trous dans lesquels vous insérez des stolons de roseaux, à une distance de trois pieds les uns des autres. Plantez-y l'asperge sauvage, d'où naîtront des asperges ordinaires ; car le roseau s'associe bien à l'asperge sauvage, parce qu'on le bine, qu'on le brûle, et qu'il donne de l'ombre à propos. Entourez votre plantation de roseaux d'un rideau de saules grecs, qui vous donneront des ligatures pour la vigne. Voici ce qu'il faut observer dans le choix du terrain des vignobles : dans celui qui est estimé le meilleur pour la vigne, et qui est exposé au sol, plantez la petite race d'Aminée, l'Albe double, et le petit gris. Le sol riche, couvert de brouillards, convient spécialement à la grande race d'Aminée, au murgentin, à l'apicien et au lucanien ; les autres vignes, surtout les espèces bâtardes, prospèrent partout.

Chapitre 7[modifier]

Lieux où il faut planter les arbustes et les arbrisseaux. La terre qui est peu éloignée des vues veut être plantée en vergers ; le bois ou les ramilles peuvent ou être vendues, ou être réservées pour l'usage du maître. Voici ce qu'il faut semer dans ce même terrain, et quelle espèce de vigne il faut marier aux arbres : c'est le grand et le petit aminéen, et l'apicien. On conserve ces raisins dans des pots noyés au milieu des mares, ou dans du vin cuit, ou dans du moût, ou bien dans de la piquette. Ceux que vous suspendrez seront les raisins à graines fermes, et les gros aminéens. On peut également les sécher au foyer d'un forgeron, aussi bien qu'au soleil. Les fruits seront les pommes de coing, la cognasse des Cantius, les Quiriniennes, et d'autres fruits de garde, tel les que les pommes vineuses et les grenades. Pour que ces fruits ne tombent point prématurément, on enfouira au pied des arbres de l'urine ou du fumier de porc. Les poires seront celles d'Anicius, (et des semailles excellentes confites dans du vin cuit), la tarentine, la vendange et la courge. Plantez aussi et greffez bon nombre d'autres espèces, des olives orchites, et posiennes, qui sont les meilleures à confire, soit entières dans la saumure, soit meurtries dans l'huile de lentisque. Dès que les orchites seront noires et sèches, saupoudrez-les de sel que vous secouerez cinq jours après ; exposez-les au soleil pendant deux jours, ou bien mettez-les dans du vin cuit sans les saler. Lorsque vous voudrez conserver des cormes, soit par la dessiccation, soit dans une infusion de vin cuit, faites-les bien sécher auparavant : agissez de même pour les poires.

Chapitre 8[modifier]

Dans quelles terres il faut mettre les différentes espèces d'oliviers. Mettez la figue marisque dans un sol crayeux et découvert : mettez au contraire dans une terre riche ou fermée les espèces d'Afrique, de Cadix, de Sagonte, les télanes noires à longs pédoncules. Si vous avez un pré arrosé vous ne manquerez pas de foin ; s'il ne l'est pas, fumez-le afin d'avoir du foin. Près de la ville, vous aurez des jardins dans tous les styles, toutes sortes d'arbres d'ornement, des oignons de Mégare, le myrte palissadé, soit le noir, soit le blanc, le laurier de Delphes, celui de Chypre, celui des forêts, des noix nues, des avelines de Préneste et de Grèce. Un jardin de ville, surtout pour ce lui qui n'en a point d'autre, doit être planté et orné avec tout le soin possible.

Chapitre 9[modifier]

Il faut confier les saussaies aux terrains humides. Il convient de planter les saules dans les terres aquatiques, humides, ombragées, et près des rivières. Examinez si vous eu avez besoin chez vous, ou si vous les destinez à la vente. Si vous avez de l'eau, attachez-vous surtout aux prairies arrosées. Si vous n'avez pas d'eau, faites encore des prairies sèches autant que vous pourrez ; c'est le meilleur usage que vous puissiez faire de votre domaine.

Chapitre 10[modifier]

Nombre d'aides, de boeufs, d'ânes, de domestiques et d'instruments dont il faut se pourvoir. Mobilier et personnel pour deux cent quarante arpents en oliviers : Un intendant, une surveillante, cinq manoeuvres, trois bouviers, un porcher, un ânier, un berger ; en tout treize personnes. Trois paires de boeufs, trois ânes avec bâts, pour le transport des engrais ; un autre âne, cent brebis. Instruments pour l'huile : cinq rouleaux montés, une chaudière de trente quadrantals (28 pintes parisiennes), son couvercle, trois crochets en fer, trois vases pour l'eau, deux entonnoirs, une chaudière de cinq quadrantals, son couvercle ; trois crochets, une petite cuvette, deux amphores à huile, une urne de cinquante pots, trois écumoires, un seau à puiser de l'eau, un bassin, un pot, un vase à laver les mains, un bassin en écu, un pot à l'eau, un vase à trois becs, un chandelier, un boisseau, trois grands chars, six araires avec leurs socs, trois jougs avec leurs lanières, six harnais de boeufs, un râteau en fer, quatre civières à fumier, six paniers à fumier, trois demi-bâts, trois couvertures pour les ânes. Ustensiles en fer : huit fourches, huit sarcloirs, quatre pelles, cinq houes, deux râteaux à quatre dents, trois faux à foin, six faux à chaume, cinq croissants, trois haches, trois coins, un pilon à blé, deux pelles à feu, un fourgon, deux réchauds ; cent tonnes pour l'huile, douze bassins ; dix tonneaux pour les marcs, dix pour les fèves, dix tonnes à vin, vingt pour le froment, une pour les lupins, six cruches à vin, une aiguière, une baignoire, deux bassins pour l'eau ; des couvercles pour les tonneaux et les futailles ; une paire de meules tournées par les ânes, une paire tournée à bras d'hommes, une paire à l'espagnole ; trois colliers, un buffet, deux plats en cuivre, deux tables ; trois grands bancs, un siège dans la chambre à coucher, trois escabelles, quatre tabourets, deux fauteuils ; un lit dans la chambre à coucher, quatre lits de sangle et trois autres lits ; un pilon en bois, un pour fouler la laine, un métier à tisserand ; quatre pilons, l'un pour les féves, l'autre pour le froment, un pour les semences, un pour concasser les noyaux ; un boisseau, un demi-boisseau ; huit matelas, huit couvertures, seize oreillers ; dix draps, trois serviettes, six casaques pour les esclaves.

Chapitre 11[modifier]

Dans un autre système, nombre d'aides et d'ouvriers qu'il faut mettre à la disposition de l'intendant. Pour cent arpents de vigne on aura : un intendant, une surveillante, dix ouvriers, un bouvier, un ânier, un homme pour les saules, un berger : en tout, seize personnes ; deux boeufs, deux ânes pour les chars, un pour la meule ; trois attirails de pressoirs avec leurs agrès ; des futailles suffisantes pour recevoir le produit de cinq vendanges, et donnant chacune huit cents mesures ; vingt futailles pour les marcs, vingt pour le froment ; pour chacune d'elles les couvercles et chaperons nécessaires ; six urnes couvertes de genêt, quatre amphores du même genre ; deux entonnoirs, trois passoirs à osier, trois passoirs pour arrêter les fleurs ; dix vaisseaux pour le moût ; deux chars, deux charrues ; un joug. pour les chars, un joug pour la vigne, un pour les ânes ; un disque d'airain ; un collier de meule ; une chaudière de la contenance d'un culleus, avec son couvercle, pour la cuisine ; trois crochets en fer ; deux vases pour l'eau ; une amphore à trois anses, un bassin, un pot à l'eau, une aiguière, un seau à puiser l'eau, un rafraichissoir, une écumoire ; un chandelier, un vase de nuit ; quatre lits, un banc, deux tables, un buffet, un garde-manger, une garde-robe, six grands bancs, une roue à puiser l'eau, un boisseau ferré, un demi-boisseau ; une auge à lessive ; un détrempoir, une auge à lupins, dix cruches à vin ; dix couvertures pour les boeufs et les ânes ; trois demi-bâts ; trois corbeilles pour les lies, trois roues tournées par les ânes, une roue à bras. Ustensiles en fer : six serpettes pour la vigne ; cinq serpettes pour les ligatures,trois croissants, trois serpes, cinq haches et quatre coins ; dix socs en fer, six bêches, quatre, houes, deux râteaux à quatre dents, quatre hottes à fumier, un panier pour le même usage ; quarante faucilles pour la vigne, six croissants pour les frayons ; deux réchauds, deux pinces à feu, un fourgon ; vingt paniers d'Améria, sept paniers de semeur ; quarante baquets, quarante pelles de buis, deux auges ; quatre matelas, quatre couvertures, six oreillers, six couvre- pieds ; trois serviettes, six casaques d'esclaves.

Chapitre 12[modifier]

Quantité et dénominations des ustensiles pour le pressoir. Il faudra pour le pressoir cinq séries d'ustensiles ; cinq arbres montés, trois de rechange, cinq treuils, un de rechange ; cinq courroies, cinq cordes de retour, cinq câbles, cinq poulies, dix cordes d'attache, cinq leviers et cinq assiettes pour les arbres ; trois cuves, quarante blocs, quarante boucles, quarante frettes en bois, pour empêcher les arbres de se fendre ; cinq meules, dix seaux à puiser, dix baquets, dix pelles en bois, cinq râbles en fer.

Chapitre 13[modifier]

Disposition du pressoir et du cellier à olives. A l'époque du pressurage voici ce qu'il faut avoir au pressoir : un vase en cuivre de la contenance de cinq quadrantals ; trois crocs en fer, un disque d'airain ; une paire de meules, un crible, un tamis ; une hache, une cruche à vin, un levier, un lit monté pour les hommes libres faisant l'office de gardiens ; un esclave du troisième degré couchera avec les ouvriers ; de vieilles et de neuves corbeilles ; une corde de hamac ; un oreiller, un cuir, deux lampes grillées, un charnier ; une échelle, des futailles à huile, leurs couvercles ; quatorze bassins à huile, deux grandes gondoles, deux petites ; trois écumoires d'airain ; deux amphores à huile, un vase pour l'eau, une urne de quarante mesures ; un setier pour l'huile, une cuvette ; deux entonnoirs, deux éponges ; deux pots en terre, un autre de la contenance d'une urne (quatre conges), trois barres avec leurs clavettes ; deux tabourets, une balance, un poids unique de cent livres, une série de divers poids.

Chapitre 14[modifier]

Clauses à proposer à l'architecte pour bâtir une maison de campagne. Si vous faites bâtir à forfait une campagne entièrement neuve, voici les obligations de l'entrepreneur. Conformément au désir, il construira toutes les murailles en moellons unis avec de la chaux, les piliers en pierres solides, les poutres qui sont nécessaires, les seuils, les jambages de porte, les linteaux, les lambourdes, les étais, les étables d'hiver pour les bœufs, les ratellers pour l'été, l'écurie, les chambrettes pour les esclaves, trois garde-mangers, une table ronde, deux chaudières, dix toits à porc, un foyer, une porte cochère et une autre à la disposition du maitre, les fenétres, dix barreaux de dix pieds pour les grandes fenêtres et pour les petites, six lucarnes ; trois bancs, cinq chaises ; deux métiers de tisserand, six carreaux transparents, un petit mortier à piler le grain, un métier de foulon ; les chambranles ; deux pressoirs. Le propriétaire fournira les matériaux, les objets nécessaires à la main d'oeuvre ; il fera tailler et polir, il sera tenu de fournir une scie et un cordeau ; cependant il n'est tenu qu'à couper et à travailler les matériaux. C'est l'entrepreneur qui fournit la pierre, la chaux, le sable, l'eau, la paille, et la terre employée au mortler. Si l'édifice vient à être frappé de la foudre, il faut y prononcer des paroles sacrées. Voici le prix du travail pour un honnéte homme qui fournit largement tout ce qui est nécessaire, et qui paye consciencieusement : les pannes occupent deux pieds sur le toit, et on supputera ainsi : celle qui ne sera pas entière, et qui aura été échancrée d'un quart, sera comptée comme une demi. Les mattières seront comptées pour deux pannes ; toutes celles qui auront de plus grandes dimensions seront comptées pour quatre. Faites conduire de la chaux et des pierres jusqu'à un pied au-dessus du sol, et ne mettez aux parties latérales, aux chambranles et aux croisées que ce qui est strictement nécessaire. Les autres conditions conslstent à composer toute la bâtisse de moellons unis à la chaux. Le prix des ouvrages énoncés cl-dessus s'évalue à un nummus sestertius par panne. La main-d'oeuvre se calcule sur ce pied, si l'on bâtit dans un canton salubre et pour un homme de bon accord ; mais tout propriétaire consciencieux ajoutera un quart en sus s'il fait bâtir dans une contrée malsaine où l'on ne peut travailler pendant l'été.

Chapitre 15[modifier]

Manière de construire les murailles. Les murs auront cinq pieds de hauteur, et seront faits avec des moellons liés avec du sable et de la chaux ; la pièce de comble aura un pied d'épaisseur, sur un pied et demi de hauteur, quatorze de longueur, et on devra exiger sur le devis qu'elle soit crépie. S'il exige qu'on donne aux murailles de la campagne cent pieds carrés, c'est-à-dire dix pieds en tout sens, ou une figure ayant cinq pieds d'une face et une perche de vingt pieds de l'autre, il faudra payer dix nummus ; et s'il veut une fondation ayant un pied et demi d'épaisseur, Il devra fournir par chaque pied de longueur un boisseau de chaux et deux de sable.

Chapitre 16[modifier]

Conditions à imposer pour la cuisson de la chaux. Quand on fait cuire la chaux à charge de partage, voici les conditions des deux parties. Le chaufournier monte le four, le chauffe, en retire la chaux et débite le bois ; le maître fournit la pierre, le bois, en un mot tout ce qui est nécessaire.

Chapitre 17[modifier]

Époque convenable pour l'abattage des bois. Le temps le plus favorable à la coupe du chêne rouvre, et des essences à échalas, c'est depuis le solstice jusqu'aux frimas. Quant aux essences qui portent du fruit, c'est l'époque de la maturité de ceux-ci qui est la meilleure. Les essences qui ne fructifient point sont bonnes à couper lorsque la sève monte. On peut abattre en toute saison les essences qui portent en même temps des fruits verts et des semences mûres : tels sont les cyprès et les pins. En effet, dans ces arbres il y a deux sortes de fruits ; l'un mûr, bon à cueillir et près de tomber, lorsqu'il touche à la fin de la première année : alors il faut couper l'arbre à l'époque des semailles ; si l'on attendait plus tard, il faudrait reculer de huit mois. L'autre n'a pas encore un an, et a une couleur verte. Il est avantageux de couper l'orme quand ses feuilles commencent à tomber.

Chapitre 18[modifier]

Construction du pressoir. Si vous voulez construire un pressoir à quatre cuves, que celles-ci soient opposées les unes aux autres, et montées ainsi qu'il suit : Les arbres auront deux pieds d'équarrissage sur neuf de longueur, y compris les mortaisés, et les tenons qui les termineront supérieurement, et la portion de leur pied qui sera engagée dans le patin ; ouvrez le logement des aiguilles de trois pieds neuf pouces en hauteur, sur six doigts de largeur ; ouvrez une mortaise à un pied et demi du sol ; donnez deux pieds à l'entre-jumelles, écartez-les de deux pieds des murs ; mettez dix-huit pieds entre ces jumelles et la paire de poteaux qui appartient à ce même pressoir ; donnez à chaque poteau deux pieds de diamètre et dix pieds de hauteur, y compris les tenons qui doivent les terminer supérieurement, et la partie qui sera engagée dans le patin. Le treuil doit avoir neuf pieds de longueur, sans compter celle de ses tourillons. L'arbre doit avoir vingt-cinq pieds de longueur, y compris la partie engagée entre les jumelles, laquelle aura deux pieds et demi de longueur. La surface du hangar qu'occupeut deux pressoirs, y compris leurs deux bassins et deux trapètes, aura trente-trois pieds de largeur, prise sur la longueur du hangar ; dans cette surface seront pris, entre un pressoir à droite et un à gauche, vingt pieds pour placer les deux trapètes appartenant à ces deux pressoirs ; entre les poteaux d'un pressoir et ceux du pressoir de la seconde couple qui est sur le même alignement, il faut un espace de dix-huit pieds pour les charrois. Entre ces derniers poteaux appartenant à la seconde couple des pressoirs et le mur qui est derrière leurs jumelles, il y aura vingt-deux pieds : ainsi le total de l'emplacement qu'il faut pour loger ces quatre équipages est de soixante-six pieds de longueur sur trente-six pieds de largeur entre murs. Aux places où vous dresserez vos jumelles, faites de bons fondements, de cinq pieds de profondeur ; couvrez-en, d'une pierre dure d'un pied et demi d'épaisseur, la superficie, qui sera de six pieds et demi de longueur sur deux pieds et demi de largeur. Vous creuserez dans cette pierre un logement pour les pieds des deux jumelles ; établissez donc dans ce logement vos deux jumelles. Ce qu'il y restera de vide entre le pied de l'une et celui de l'autre doit être rempli par une pièce de chêne ; et s'il s'y trouve quelque faux joint, on coulera du plomb. Les tenons supérieurs des jumelles auront six doigts de hauteur, et elles seront coiffées d'un chapeau de chêne. Vous ferez de même de bons fondements de cinq pieds de profondeur, pour placer les poteaux ; vous y poserez sur son lit de carrière, et bien de niveau, une pierre de taille longue de deux pieds et demi, large de deux pieds et demi, et épaisse d'un pied et demi. Sur cette pierre vous poserez un poteau ; et sur une pierre semblable, et assise de même, vous poserez l'autre poteau de cette paire. Sur les jumelles et les poteaux de chacun des deux pressoirs, vous poserez une poutre horizontalement, large de deux pieds, grosse d'un pied et longue de trente-sept pieds, ou deux poutres de cette même longueur et jumelées, si vous n'en avez pas d'assez grosses. Sur ces poutres vous poserez, entre les murs qui terminent la longueur du hangar et le passage des voitures (c'est l'emplacement des trapètes), vous poserez, dis-je, une poutre de vingt- quatre pieds de longueur, et d'un pied et demi d'équarrissage en une pièce, s'il se peut, sinon en deux pièces jumelées. Sur ces poutres posez des bouts d'autres poutres, qui s'appuieront indirectement, par le moyen du poitrail, sur les jumelles et les poteaux ; et sur cette charpente élevez une maçonnerie pour en joindre le poids à celui des bois, et l'augmenter jusqu'à ce qu'il y en ait assez. L'aire de chaque pressoir sera fondée à cinq pieds de profondeur ; elle sera ronde, et aura six pieds de diamètre ; le bassin, qui sera rond aussi, n'aura que trois pieds de diamètre, et un pied trois quarts de profondeur. Le pavé de la totalité du hangar aura été creusé de deux pieds de profondeur, et le fond en aura été assuré à l'aide de la hie ; après quoi l'on aura étendu une couche de demi-pied d'épaisseur en menu ciment, avec chaux et sable, et d'autres couches semblables, jusqu'à ce qu'on ait regagné son premier niveau. Mais pour les aires et les bassins, voici la façon de les paver : lorsque vous aurez bien nivelé et aplani la surface des fondements, couchez une première assise de gravier, sable et chaux, et la battez. Faites une seconde assise pareille, recouvrez celle-ci d'une couche épaisse de deux doigts, en chaux et ciment, de tessons passés au crible ; cette couche faite, battez-la, frottez-la et pollissez-la à l'huile, et vous aurez de bonnes aires de pressoirs et de bons bassins. Vous choisirez entre le chêne ou le pin pour faire vos jumelles et vos poteaux. Si vous voulez vous dispenser d'employer des poutres aussi longues que le porte la fixation précédente, entez- les par entailles ; et dès lors il suffira d'avoir des poutres de vingt-cinq pieds. La table qui couvrira les tas à pressurer aura quatre pieds de diamètre ; les pièces en seront jointes et assemblées par clefs à la carthaginoise ; elles auront six doigts d'épaisseur, elles seront liées extérieurement par clefs à queue d'aronde de bois d'yeuse, maintenues en place par des chevilles de cornouiller. Elles seront encore affermies dans leur assemblage par trois barres fixées par des clous de fer. Cette table sera d'orme, ou de cornouiller. SI vous avez de l'un et de l'autre bois, entremêlez-les.

Chapitre 19[modifier]

Ustensiles pour la fabrication du vin : poteaux, et leur disposition. Si ces équipages sont destinés au pressurage du raisin, les jumelles et les poteaux auront deux pieds de hauteur de plus ; on terminera les entr'ouvertures des jumelles à un pied au-dessous du chapeau, par un logement ouvert d'un demi-pied en hauteur comme en largeur, pour recevoir une aiguille particulière. Chaque tête du treuil sera percée de trois trous de part en part, ce qui produira six orifices pour recevoir les barres ; le premier trou sera percé à un demi-pied du tourillon, les autres seront distribués avec égaille sur la longueur de la tête. Le croc sera sur le point milieu de la longueur totale du treuil, et le milieu de l'intervalle qui se trouvera entre les poteaux doit être marqué par ce croc. Pour que l'arbre soit bien établi dans sa juste direction, vous aurez soin, en taillant le pied, de vous jauger fidèlement sur le milieu de la largeur de l'arbre, à l'effet que ce milieu concoure précisément avec le milieu de l'entre- jumelle. Vous laisserez un travers de pouce de jeu entre cette pièce et les jumelles. Les plus longs leviers dont on puisse faire usage ont dix-huit pieds, les seconds seize, les troisièmes quatorze ; ceux dont ou use le plus communément sont de douze, de dix, et de huit pieds seulement.

Chapitre 20[modifier]

Ajustage du pilier pour le pressoir. Comment il faut ajuster le trapète. Il faut que la petite colonne de fer qui s'élève sur le miliaire soit fixée Invariablement, et bien verticalement : pour cet effet, enfoncez des coins de bois de saule tout autour, dans la boite ou elle est engagée ; gardez-vous d'y couler du plomb, pour l'affermir : si elle vacille, arrachez-la plutôt, et posez-la de nouveau avec des coins de bois de saule, jusqu'à ce que vous soyez parvenu à la rendre stable et bien d'aplomb. Faites les moyeux des meules d'olivier orchite, et assurez-les dans la pierre, à l'aide du plomb que vous coulerez entre la pierre et le bois ; ayez soin d'éviter qu'ils ne ballottent : s'ils viennent à vaciller à l'essieu, remboîtez les boîtes d'une seule pièce épaisses d'un travers de pouce, et faites en sorte que les deux orifices de chacune s'effleurent exactement de chaque côté, et puissent tous deux être fixés par clous, crainte que la boite ne se dérange.

Chapitre 21[modifier]

Commissure de la cuve avec le pressoir. Donnez dix pieds de longueur à l'essieu : qu'il soit de la grosseur que demandent les moyeux des meules : donnez à la pente qui en formera le milieu, et séparera les meules l'une de l'autre, toute la grosseur que demandera la colonne de fer pour y être reçue : faites dans cette même partie le logement du sommet de la colonne ; garnissez-le intérieurement d'une boite de fer ajustee au diamètre de la colonne et à celui de l'essieu. Vers le milieu de cet essieu, tant à droite qu'à gauche, faites des trous larges de quatre pointes de doigts, et profonds de trois ; attachez sous cette pièce, qui est suffisamment large dans cette partie, une platine de fer percée, pour livrer passage à la colonne ; garnissez de lames de fer les quatre parois latérales de chacun des trous que vous aurez pratiqués de droite et de gauche dans la face intérieure de l'essieu. Repliez sur cette surface chacune de ces quatre lames introduites dans chaque trou. Sur les parties repliées de toutes les lames Insérées dans les trous de droite et de gauche, appliquez-en d'autres plus minces, que vous clouerez ensemble, pour contenir les premières, dont la destination est d'empêcher que les trous ne s'élargissent ; quant à la destination de ces trous, elle est de recevoir les pieds-pendants. Armez les parties de cet essieu qui doivent être engagées dans les moyeux, chacune de quatre pièces de fer en forme de gouttières, que vous entaillerez dans le bois de toute leur épaisseur, et percerez dans le milieu, pour les fixer à l'aide de petits clous. Vous percerez chaque fusée de l'essieu à sa sortie de la meule, et en même temps deux des pièces de l'armature pour placer l's, qul s'opposera à ce que la meule ne s'éloigne trop de l'épaulement. Pour assurer mieux ces armatures, embrassez-en les bouts extérieurs au moyen d'une frette du poids d'une livre, et large de six doigts, percée dessus et dessous au droit du trou de l's ; tout cela est nécessaire pour empêcher que l'essieu ne soit mâché par la pierre. Mettez entre l'épaulement de chaque fusée et la meule, ainsi qu'entre la meule et l's, des rondelles de fer bien lissées, crainte que cette partie de l'essieu et l's ne soient promptement usées. Le corps de cet essieu peut être d'orme ou de hêtre. Il en coûtera, pour le fer façonné et posé par le même ouvrier, soixante nummi ; pour le plomb, quatre ; pour le salaire de l'ouvrier qui aura ajusté l'essieu et les moyeux dans la pierre, huit ; pour le maître ouvrier s'entend. Il faut que le même ouvrier ajuste aussi le tripète : la somme totale de la dépense sera de soixante-douze nummi, sans compter le salaire des aides dont on aura eu besoin.

Chapitre 22[modifier]

Comment l'ouvrier doit disposer le pressoir. Voici à quoi il faut prendre garde, quand on ajuste ces sortes de machines : que le bassin soit bien de niveau ; que les meules en roulant soient constamment éloignées du rebord d'un travers de petit doigt ; qu'elles ne touchent point au champ du bassin, de peur qu'elles ne le meurtrissent : qu'il y ait entre la meule et le miliaire un doigt de jeu ; s'il y en a trop, on le revêtira d'une corde dont la grosseur sera égale à ce qu'Il y a de trop au jeu ; on roulera cette corde autour du miliaire, en le serrant fortement, et en pressant le plus qu'on pourra les révolutions de la corde les unes auprès des autres. Si les meules portent sur le champ du bassin, rehaussez le miliaire à l'aide de tourteaux de bois percés pour être enfilés par la colonne, et dont l'épaisseur soit telle, que les meules se trouvent suspendues à la hauteur convenable ; de même, pour ajuster les meules relativement aux rayons du bassin, ayez recours aux rondelles de bols ou de fer de diverses épaisseurs, que vous mettrez entre l'épaulement et la meule, ou entre la meule et l's, suivant l'exigence du cas, à l'effet que les meules suivent exactement leur chemin, sans trop s'approcher ni s'écarter du rebord ou du miliaire. Une de ces machines a été vendue, aux environs de Suessa, quatre cents nummi et une livre d'huile ; il en a coûté soixante nummi pour l'ajuster en place, soixante-deux tant pour le transport qui en a été fait par les boeufs, que pour les journées de six hommes, y compris les bouviers. L'essieu tout appareillé a coûté soixante- douze nummi en argent, et vingt-cinq pour l'huile : ainsi le tout se monte à six cent dix-neuf nummi. Il en a été vendu une tout appareillée à Pompéi, qui a coûté trois cent quatre-vingt-quatre nummi d'achat, et deux cent quatre-vingts pour le transport. Il est toujours indispensable de faire ajuster ces machines chez soi en les y mettant en place, et pour cela il en coûte soixante nummi pour les frais ; ainsi toutes montées elles reviennent à sept cent vingt-quatre nummi. Si vous voulez remonter de vieux trapètes avec de moyennes meules, qui n'aient qu'un pied et trois doigts d'épaisseur sur un pied de diamètre, et dont l'ouverture ait un demi- pied de diamètre de part en part, il faudra, lorsque vous les aurez fait apporter chez vous, les faire ajuster relativement aux rayons des bassins de vos trapètes On trouve de ces moyennes meules près des murs de Rufrus, pour cent quatre-vingts nummi, et il en coûte trente pour les faire ajuster : on les achète le même prix à Pompéi.

Chapitre 23[modifier]

Préparatifs pour la vendange. Au moment de la vendange, faites toutes les dispositions nécessaires ; faites laver les vases, raccommoder les paniers, enduire de poix les fûts et autres ustensiles ; pendant les jours pluvieux on préparera et on raccommodera les corbeilles : achetez des charrettes, salez les olives qui se détachent. Coupez les raisins demi-mûrs pour faire du vin précoce, qui servira de boisson aux ouvriers lorsque le moment en sera venu. Distribuez dans les futailles tout le raisin intact et sec que vous aurez coupé chaque jour. Si cela est nécessaire, mettez dans le moût du vin cuit provenant de mère-goutte à la dose d'une partie sur quarante, ou une livre et demie de sel par culleus. Si vous le traitez avec du marbre pulvérisé, n'en mettez qu'une livre, que vous délayerez préalablement dans une urne avec du moût, et que vous introduirez ensuite dans le fût. Si on y met de la résine, on la pulvérisera soigneusement, et on l'emploiera à raison de trois livres par culléus ; on la mettra dans une clisse en jonc qu'on suspendra dans le tonneau : on l'agitera de temps à autre, pour en hâter la dissolution. Du reste, quelle que soit la nature du mélange, vin cuit, craie ou résine, il faut le remuer fréquemment pendant vingt jours, et le maintenir continuellement en mouvement. II faut aussi ajouter dans chaque futaille et par portions égales le vin de second pressurage.

Chapitre 24[modifier]

Fabrication du vin grec et du vin de paille. Recette pour faire du vin grec : Prenez des raisins apicius à leur complète maturité ; mêlez au moût deux quadrantals de vieille eau de mer ou un boisseau de sel. Suspendez-le dans un sac, et le laissez fondre dans le moût SI vous voulez avoir un vin paillet, prenez moitié de vin apicius et moitié de vin gris, et ajoutez-y un trentième de vin vieux cuit. Règle générale : dans toute espèce de vin artificiel mettez-y un trentième de vin cuit.

Chapitre 25[modifier]

Fabrication du vin cuit. Lorsque le raisin sera mûr et la vendange arrivée, gardez le premier pour votre maison et vos gens ; ayez soin de ne faire la cueillette que par un temps sec et lorsque le fruit est bien mûr, de peur que le vin ne mente à sa réputation Étendez tous les jours les marcs nouveaux sur un lit de sangle, qui servira de crible ; foulez-les dans des futailles ou dans des cuves enduites de poix, couvertes ensuite ermétiquement avec un lut, et pendant l'hiver vous les ferez donner aux boeufs : ou bien trempez-les dans de l'eau, et dans peu vous en aurez une piquette pour vos esclaves.

Chapitre 26[modifier]

Mettre les vases en ordre après la vendange. Après la vendange mettez en place tous les vases du pressoir, les paniers, les cabas, les câbles, les barres et les aiguilles ; faites nettoyer deux fois par jour les futailles remplies. Qu'à chaque tonneau soit affecté un balai pour en frotter l'extérieur. Trente jours après l'entonnage, lorsque les futailles ont rejeté toutes les pellicules, placez les bondes, si vous voulez tirer au clair ; c'est ici le moment le plus convenable.

Chapitre 27[modifier]

Semailles. Semez pour la nourriture des boeufs l'ocimum, la vesce, le fenugrec, la féverolle, l'ers. Semez ces fourrages à trois reprises différentes. Vous songerez ensuite à la semaille des autres récoltes. En même temps creusez dans une terre reposée des fosses pour les oliviers, les ormes, la vigne, et les figuiers. Si le terrain n'est pas humide, plantez des oliviers pendant la semelle, bourgeonnez les jeunes pousses de ceux qui ont été plantés auparavant, et déchaussez les arbres.

Chapitre 28[modifier]

Comment il faut planter l'olivier, la vigne, le figuier et les autres arbres. Quand vous transplanterez des oliviers, des ormes, des figuiers, des arbres fruitiers, des pins et des cyprès, enlevez-les avec leurs racines et le plus de terre possible, entoura-les de ligaments, afin de pouvoir les transporter. Craignez surtout de les arracher ou de les transporter lorsqu'il vente ou qu'il pleut. Une fois placés dans la fosse, couvrez-les avec la terre de la surface : couvrez toutes les racines avec de la terre, que vous foulerez soigneusement sous vos pieds, et qu'enfin vous passerez de votre mieux avec des dames et des battes ; vous couperez la flèche des arbres qui auront plus de cinq pieds de hauteur, vous placerez à la cicatrice un lut que vous assurerez avec des feuilles.

Chapitre 29[modifier]

Répartition du fumier entre les arbres cultivés. Enfouissez-en la moitié dans la terre destinée aux plantes fourragères ; si cette terre est déjà emplantée d'oliviers, déchaussez les pieds et mettez-y de l'engrais ; semez vos graines, mettez un quart de fumier sur les oliviers déchaussés, la où ils en auront un pressant besoin, et enterrez-le. Réservez l'autre quart pour les prairies, surtout pour les parties qui sont exposées au vent Favonius ; charriez vos engrais lorsqu'il n'y a pas de lune.

Chapitre 30[modifier]

Des feuillards comme nourriture des bœufs et des moutons. Donnez à vos boeufs des feuilles d'orme, de peuplier, de chêne, de figuier, autant que vous en aurez. Distribuez aux brebis toutes vos feuilles vertes. Jusqu'a ce que les autres fourrages soient mûrs, distribuez votre feuillage aux brebis dans des parcs établis sur les terres que vous devez ensemencer. Si vous réfléchissez combien nos hivers sont longs, vous conserverez autant que possible les fourrages secs amassés pour la froide saison.

Chapitre 31[modifier]

Choses nécessaires pour la récolte des olives. Préparez tout ce qui est nécessaire pour la récolte des olives : les osiers bien aoûtés, des saules coupés en un temps opportun pour tresser les paniers, raccommoder les vieux, et pour faire des aiguilles. Faites enfouir dans les fumiers ou plonger dans les marcs les fascines trop sèches d'yeuse, d'orme, de noyer et de figuier, afin de les en tirer au besoin pour faire les aiguilles. Taillez des leviers d'yeuse, d'olivier, de laurier et d'orme, afin qu'ils soient prêts à temps. Le charme noir est le meilleur bois pour les arbres du pressoir. Abattez les troncs d'ormes, de pins, de noyers et d'autres espèces au dernier quartier de la lune, après midi, lorsque le vent du sud ne souffle pas. La meilleure époque est celle de la maturité des semences. Il ne faut ni les couper ni les façonner lorsque la pluie vient de tomber. Les essences qui ne fructifient point sont bonnes à couper quand l'écorce se détache. Quand le vent du sud souffle, ne touchez pas sans nécessité ni aux bois, ni aux vins.

Chapitre 32[modifier]

Époque convenable à l'elagage des arbres. Commencez de bonne heure la taille des vignes et des arbres. Multipliez la vigne au moyen de tranchées, et autant que possible élevez-la verticalement au-dessus de l'ouverture. Dans la taille des arbres, faites en sorte que les rameaux épargnés s'étalent, qu'ils soient coupés convenablement et pas trop multipliés, que les sarments soient bien accolés a toutes les branches. Craignez surtout que la vigne ne pende en festons ou ne soit étranglée sur les noeuds ; que les sarments soient également répartis sur les arbres et en nombre suffisant : et si vous le jugez nécessaire, détachez-en quelques-uns, mettez-les en terre, et deux ans après vous les séparerez de la mère-souche.

Chapitre 33[modifier]

Soins à donner à la vigne et à son rajeunissement. Déliez soigneusement la vigne qui aura été bien attachée ; et afin que les sarments ne se jettent point de côté, conduisez-la toujours en ligue verticale, si rien ne l'empêche ; et réservez d'espace en espace des branches à fruit et de réserve. Elancez-la le plus haut possible, liez-la fortement, mais pourtant sans l'étrangler. Voici les soins que vous lui donnerez ensuite. A l'époque des semailles découvrez les racines. Quand elle est taillée, travaillez à la bêche tout le circuit, labourez la terre des intervalles, et promenez-y le soc en long et en large. Plantez les jeunes vignes le plus tôt possible, rabattez les anciennes, et taillez-les le moins que vous pourrez : vous ferez mieux néanmoins, si vous en avez besoin, de les coucher en terre, et de séparer de la souche les rejetons qui en proviendront. C'est alors le moment favorable pour tailler les jeunes vignes bien portantes. Si les ceps sont rares dans votre vigne, creusez des fosses, mettez-y du vif, plant que vous aurez soin d'aérer en abattant tout ce qui l'ombragerait, et en le binant fréquemment. Semez de la dragée dans les vignes au retour d'âge ; si la terre est épuisee, n'y laissez mûrir aucune plante ; enfouissez prés de souches du fumier, de la paille, des marcs, ou tout autre engrais qui en ranime la végétation. Quand la vigne se couvrira de feuilles, épamprez-la. Aux jeunes vignes multipliez les ligatures, afin que les pousses ne se brisent point. Quant à celle qui commencera déjà à courir sur la perche, vous lierez légèrement ses jeunes bourgeons, vous les redresserez afin qu'ils s'élancent droits. Quand enfin le raisin se colore, relevez les sarments, dépouillez-les de leurs feuilles, degagez les grappes, et sarclez au pied des souches. Coupez et dénudez les saules à temps opportun, puis vous les mettrez en paquets ; conservez l'écorce, et quand vous en aurez besoin pour la vigne, faites la macérer dans l'eau, pour en faire des liens. Vous conserverez également l'osier à panier.

Chapitre 34[modifier]

Exécution des semailles : terrains où on les fait. Je reviens à la semante ; semez d'abord les terrains froids et marécageux : vous sémerez ensuite les terres plus sèches. Gardez-vous de remuer une terre boueuse. Le lupin prospère dans un sol ferrugineux, friable, consistant, caillouteux et sablonneux, pourvu qu'il ne soit pas humide. Semez de préférence le froment épeautre dans un terrain crayeux, uligineux, ferrugineux et humide. Partout où la terre sera sèche, sans mauvaises herbes, découverte, Il faudra préférer le froment ordinaire.

Chapitre 35[modifier]

Terrains propres aux fèves, au seigle et à l'orge. Semez les féveroles dans les terres compactes, à l'abri des intempéries ; le fenugrec et la vesce dans les terres les plus propres ; le seigle, le froment, dans les lieux découverts, élevés, exposés à de longues insolations ; la lentille dans un sol rocailleux et ferrugineux ; l'orge dans les défrichements nouveaux, ou sur un champ indéfiniment productif ; les plantes estivales dans les pièces qui n'ont pu être emblavée assez tôt, et qui sont assez fertiles pour ne pas demeurer improductives. Les navets, les colraves, dans un terrain naturellement riche ou bien fumé.

Chapitre 36[modifier]

Quel est le meilleur fumier pour les céréales. Répandez la colombine sur les prés, les jardins ou les moissons. Entassez judicieusement le fumier de chèvres, de moutons, de boeufs, et tous les engrais analogues. Répandez ou versez l'amourque au pied des arbres, à la dose d'une amphore sur les pieds les plus forts, et d'une urne sur les individus les moins développés, après y avoir ajouté la moitié de son poids d'eau, et après avoir déchaussé modérément les racines.

Chapitre 37[modifier]

Ennemis des céréales. Ce qui nuit au sol, c'est de le labourer quand il est mouillé, d'y semer du pois chiche qu'on arrache, et qui est salé. L'orge, le fenugrec, l'ers, épuisent la terre, ainsi que toutes les récoltes qu'on arrache. Ne plantez pas de fruits à noyau dans les terres destinées aux moissons. Le lupin, la fève, la vesce, servent d'engrais. Il en est de même des chaumes, des tiges de lupin, des pailles de céréales, des féverolles, des balles, des feuilles d'yeuses et de chêne. Détruisez dans vos récoltes l'ièble et la cigué ; dans les saussaies, les herbes élevées et les glaieuls. Comme ces plantes ont une odeur désagréable, faites-en de la litière pour les brebis et les boeufs. Détachez le brou des fruits à noyaux, jetez-le dans un réservoir ; ajoutez-y de l'eau, et mélangez exactement le tout ensemble avec un râble. Vous mettez cette pâte, ainsi que les noyaux torréfiés, au pied des oliviers que vous aurez préalablement déchaussés. Si vous avez une vigne souffrante, coupez-en des sarments en tronçons, que vous enfouirez dans le sillon de la charrue ou dans une tranchée. Travaux à faire pendant les veillées d'hiver. Façonnez en pieux et en échalas les bois que vous aurez mis à couvert pour les faire sécher ; liez les fagots ; sortez les fumiers. Ne touchez pas au bois tant que la lune n'est pas visible, ou qu'elle n'est pas arrivée à sa derniers phase. La meilleure époque pour couper et déraviner les arbres, c'est pendant les sept jours qui suivent la pleine lune. Attachez-vous principalement à ne couper, à ne charpenter, et même, autant que possible, à ne pas toucher de bois qui soit humide, gelé ou couvert de rosée. Sarclez et binez deux fois le froment, hersez l'avoine. Les branches provenant de la taille de la vigne et des arbres seront rassemblées et tressées en panier ; le bois de figuier sera mis au feu ; et on mettra les autres bois en monceaux pour l'usage du propriétaire.

Chapitre 38[modifier]

Four à chaux. Donnez au four à chaux dix pieds de largeur, vingt pieds de hauteur, et diminuez la largeur jusqu'au sommet, qui ne doit avoir que trois pieds. Si vous n'avez qu'un seul foyer, ménagez à l'intérieur un espace suffisant pour contenir la cendre, afin de n'être pas contraint de la tirer au-dehors ; mettez beaucoup de soin à cette construction ; donnez au mur d'appui des dimensions assez grandes pour embrasser tout le contour de la partie inférieure. Si vous avez deux foyers, le cendrier devient superflu. SI on a besoin d'enlever de la cendre, on fait le feu dans un foyer, pendant qu'on décharge l'autre. Chauffez sans cesse, et entretenez le feu perdant la nuit et à toute heure. Ne chargez la fournaise que de bonnes pierres, très blanches, et sans marbrures. Lorsque vous creuserez le four, faites l'ouverture verticale. Une fois le déblai fini, disposez l'emplacement du four dans la région la plus basse et la moins exposée aux vents. Si votre four est peu élevé, ménagez une assise pour l'exhausser avec des briques, ou des moellons que vous relierez extérieurement avec du mortier. Quand le feu sera introduit, si la flamme s'échappe ailleurs qu'au cratère par quelque fissure, vous fermerez le passage avec du mortier. Prenez bien garde que le vent ne s'engouffre dans le foyer. Abritez-vous surtout contre le vent du midi. La calcination des fragments voisins du cratère vous annoncera que toute la masse est calcinée : alors aussi les pierres inférieures s'affaissent, et la flamme ne sort plus avec des tourbillons de fumée. Si vous ne trouvez pas de débouché pour vos bois et vos bourrées, et que vous n'ayez pas non plus de pierres à chaux, convertissez vos bois en charbons, et brûlez sur vos champs les broussailles et les sarments auxquels vous ne trouverez pas d'emploi. La combustion terminée, semez des pavots.

Chapitre 39[modifier]

Travaux à faire pendant le mauvais temps. Lorsque les temps seront mauvais, et le travail des champs impossible, amoncelez les engrais sur le tas à fumier. Nettoyez les étables, les bergeries, la basse-cour et toute la ferme. Entourez les futailles de cercles en plomb, en bois de chêne, ou avec des tresses de sarments. Vous pourrez vous servir de toute espèce de vaisselle vinaire, si vous avez soin de la raccommoder, de la cercler, de fermer les fentes avec du lut, de les enduire exactement avec de la poix. Voici la formule du lut pour les tonneaux : une livre de cire, une de résine, et deux fois moins de soufre. On dispose toutes ces substances dans un vase nouveau, un y ajoute du gypse pulvérisé, et on amalgame le tout jusqu'à consistance d'un plâtre pour raccommoder les futailles. Dès que vous aurez appliqué le lut, prenez deux parties de craie brute et une de chaux, faites un mélange que vous moulerez en forme de petites briques, que vous cuirez au four, et qui, après avoir été pulvérisées seront appliquées sur le lut, pour en masquer la couleur. Pendant la pluie cherchez quels travaux restent â faire dans l'intérieur ; curez les réservoirs, plutôt que de demeurer inoccupé : songez que l'oisiveté n'arrête pas le cours des dépenses.

Chapitre 40[modifier]

Travaux du printemps. Creusez les tranchées et les sillons des pépinières. Changez de place les plants de vigne : provignez les vignes ; plantez dans les lieux fertiles et humides des ormes, des figuiers, des arbres fruitiers, des oliviers. Après midi, quand le vent du sud ne souffle pas et qu'il n'y a point de lune, greffez les figuiers, les oliviers, les poiriers, les pommiers et les signes. Greffez de la manière suivante les oliviers, les figuiers, les poiriers et les pommiers. Coupez le scion par une section un peu oblique, afin que l'eau trouve un écoulement. Quand sous le coupez, prenez bien garde de léser le liber. Munissez-vous d'un bâton de bols dur et bien effilé, ainsi que d'osier grec fendu en deux, prenez encore de l'argile ou de la craie, un peu de sable et de la fiente de bêtes à cornes. Pétrissez le tout jusqu'à consistance gluante. Prenez l'osier fendu, roulez-le sur la souche coupée, afin que l'écorce ne se lacère point. Cela fait, vous insérerez le bâton sec et effilé jusqu'à la profondeur de deux pouces entre l'écorce et le bois : saisissant le selon de l'arbre que vous voulez propager, vous lui faites obliquement une entaille de deux pouces, vous relirez le bâton sec que vous aviez enfoncé, et vous insérez à sa place la brandie que vous voulez greffer. Appliquez l'écorce contre l'écorce, et enfoncez jusqu'à la partie ou commence l'entaille. Opérez de même pour une seconde, une troisième, une quatrième, ou pour tel nombre de greffes que vous voudrez multiplier. Serrez plus fortement la branche avec l'osier grec, enduisez la tige avec le lut que vous avez pétri jusqu'à l'épaisseur de trois bons doigts : couvrez le tout d'une étoffe spongieuse que vous liez autour de l'écorce, afin qu'elle ne tombe point. Entourez le sujet de paille bien ficelée, afin que la gelée ne puisse lui nuire.

Chapitre 41[modifier]

Manière de greffer la vigne, le poirier et le pommier. La vigne se greffe au printemps ou pendant la fleur ; cette dernière époque est la plus favorable. On greffe les poiriers et les pommiers au printemps, pendant cinquante jours, au solstice et à la vendange ; la greffe de l'olivier et du figuier se pratique au printemps. Voici comment on greffe la vigne : coupez la tige que vous voulez greffer, et fendez-la par le milieu de la cavité médullaire ; insérez dans la fente les scions que vous aurez taillés en biset, en appliquant moelle contre moelle. Il y a encore une autre méthode. Si les deux ceps sont contigus, on prend de chacun une jeune branche qu'on taille obliquement, et qu'on tient collées l'une contre l'autre avec une lanière d'écorce. Troisième méthode. Perforez avec une tarière la souche que vous voulez y greffer ; insérez dans la cavité deux scions de l'espèce que vous voulez multiplier, après les avoir taillés obliquement jusqu'à la moelle. Faites en sorte que les moelles soient en contact, et qu'en les enfonçant les faces obliques des scions coïncident l'une sur l'autre dans le trou qui a été perforé. Donnez à chaque scion une longueur de deux pieds, couchez-les dans la terre, relevez-en l'extrémité vers la souche, en les maintenant dans cette position au moyen de crossettes fixées au milieu de leur longueur, et en les couvrant de terre. Enduisez toutes les parties de lut bien pétri, liez-les et les recouvrez comme pour les oliviers.

Chapitre 42[modifier]

Autre manière de greffer l'olivier et le figuier. Enlevez avec l'écussonner l'écorce du figuier ou de l'olivier sur lequel vous vous proposez de greffer. Enlevez pareillement un morceau d'écorce avec un oeil à l'arbre que vous voulez propager ; mettez à la place du premier celui que vous avez enlevé en dernier lieu, et faites qu'il recouvre parfaitement la portion dénudée, qui devra avoir trois doigts et demi de long sur trois de large ; enduisez-le de lut, et couvrez comme pour les autres greffes.

Chapitre 43[modifier]

Plantation de la vigne et de l'olivier. Dans les terrains aquatiques, il faudra creuser des fossés trapézoides, larges de trois pieds de gueule, profonds de quatre pieds ; le fond n'aura de largeur qu'un pied et une palme. Vous les comblerez avec des pierrailles, et si vous n'avez pas de pierres, avec des perches de saules placées longitudinalement et transversalement par lits alternatifs ; ou bien, à défaut de perches, avec des fagots de sarment. Vous ferez ensuite des tranchées de trois pieds de gueule, de quatre pieds de profondeur, et dirigées de telle sorte que l'eau s'en écoule dans les fossés : c'est la qu'on plante l'olivier. Aux tranchées et eux fosses pour les vignes on ne donnera pas moins de deux pieds et demi en tout sens. Si l'on veut que la vigne et l'olivier prennent un développement rapide, il faut bêcher une fois par mois les tranchées où on les aura plantés, ainsi qu'autour des pieds d'oliviers, jusqu'a ce qu'ils soient arrivés à l'âge de trois ans. Adoptez aussi cette pratique pour les autres arbres.

Chapitre 44[modifier]

Époque de l'élagage de l'olivier. Commencez la taille des oliviers quinze jours avant l'équinoxe du printemps ; on pourra encore tailler avantageusement quarante-cinq jours après cette époque. Voici la manière de procéder, si le sol est fertile : retranchez les rameaux secs et tous ceux que le vent aura brisés. SI la terre est ingrate, coupez des branches vives, labourez, élaguez, afin de décharger les souches.

Chapitre 45[modifier]

Longueur des boutures d'olivier. Donnez trois pieds de long aux boutures d'olivier destinées à étre plantées dans des fossés, et, en les coupant et les habillant, prenez bien garde d'offenser l'écorce. Ne donnez qu'un pied de long à celles que vous mettrez en pépinière, et plantez- les de cette manière. Le terrain devra être meuble, remué avec le bident et bien nivelé. Pour planter la bouture, on l'enfoncera avec le pied. Si elle ne descend pas assez profondément, il faut la faire entrer de force avec un maillet ou la tête de la houe, en faisant attention de ne pas déchirer l'écorce. Ne faites jamais de trou avec un pied pour y placer la bouture : en plantant ainsi, le scion reprendra mieux, si on le place dans la position qu'il avait sur l'arbre. Les boutures sont assez fortes à la troisième année, lorsque leur écorce commence à changer. Soit que l'on transplante dans des fossés ou dans des sillons, il faut mettre trois boutures à la fois, en les distançant quelque peu. Il ne convient pas que les scions aient plus de trois pouces ou de trois yeux hors de terre.

Chapitre 46[modifier]

Formation de la pépinière. Choisissez le terrain le mieux composé, le plus découvert et le plus abondamment fumé, dont la nature se rapproche de celle du sol ou les plants seront transportés, et qui ne soit pas éloigne de celui-ci. Cultivez-le au bident, épierrez-le, entourez-le de bonnes clôtures ; plantez en lignes de telle sorte que les boutures soient espacées d'un pied et demi en tout sens ; enfoncez les boutures avec le pied ; si vous ne pouvez le faire pénétrer assez, aidez-vous du maillet ou de la tête du bident. Disposez vos plants de manière qu'ils ne sortent de terre que de la hauteur du doigt. Couvrez de fiente de vache la section supérieure de la bouture ; placez une marque à chaque pied ; sarclez fréquemment, si vous voulez activer la végétation. Suivez le même procédé pour les autres semailles.

Chapitre 47[modifier]

Pépinière de roseaux et de vigne. Plantez les oeilletons à trois pieds les uns des autres. Suivez la même méthode et la même disposition pour les plants de vigne. Rabattez la vigne à sa deuxième année, transplantez à la troisième année, si les troupeaux y ont accès. Quand vous serez disposé à planter la vigne, ayez soin qu'elle ait été recepée trois fois avant de l'accoler aux arbres. Quand elle aura cinq oeils sur vieux bois, mariez-la : semez-y tous les ans des poireaux, afin d'en tirer quelque produit.

Chapitre 48[modifier]

Exécution et entretien des semis de cyprès, de poirier, de noyer, de pin et d'autres arbres Établissez les pépinières d'arbres fruitiers comme celles d'olivier. Plantez separément chaque espèce de bouture. Cultivez au bident le terrain réservé aux cyprès, et semez au commencement du printemps. Élevez vos billons a la hauteur de cinq pieds, ajoutez-y un engrais bien divisé, sarclez, et brisez les mottes. Aplanissez l'arête du billon, et ménagez-y une faible dépression. Semez alors aussi dru que pour le lin, et criblez au- dessus de la terre à l'épaisseur d'un travers de doigt. Vous aplanirez la surface avec vos pieds ou avec des semelles en planches, vous entourerez le carré avec des crosses, sur lesquelles vous placerez des perches, qui elles-mêmes porteront une couverture de sarments ou des claies de figuier, pour abriter les semis contre froid et le soleil. Elles seront assez élevées pour permettre à un homme de cheminer dessous. Sarclez souvent, et arrachez les mauvaises herbes aussitôt qu'elles se hasardent à poindre : car en enlevant une herbe déjà bien enracinée vous arracherez en même temps les cyprès. Suivez le même procédé pour la semaine et la couverture de la semence des poiriers et des pommiers. Semez de même le pin pignon, comme étant de la même famille.

Chapitre 49[modifier]

Transplantation d'une vieille vigne. Si vous voulez transporter ailleurs une vigne déjà vieille, il faut que les sarments en soient vigoureux. Taillez-la d'abord, et ne lu laissez pas plus de deux yeux. Déchaussez-la jusqu'aux racines, et prenez garde de léser les radicules. Cela étant, disposez le plant dans une fosse ou une tranchée ; couvrez la terre que vous foulez aux pieds. Traitez comme à l'ordinaire cette nouvelle vigne, liez-la, donnez-la une bonne direction, et béchez-la souvent.

Chapitre 50[modifier]

Manière de semer les prés. Fumez vos prés au commencement du printemps, lorsque la lune n'est pas visible ; ceux qui sont arrosables, aussitôt que le vent de l'ouest == Chapitre 51 ==

Multiplication de l’olivier et du pommier. Vous coucherez en terre les drageons qui sortent du sol ; vous mettrez la flèche à l’air, afin qu’ils puissent s’enraciner ; arrachez et plantez-les deux ans après. Il faut multiplier de la même manière en plantant des bourgeons, le figuier, l’olivier, le grenadier, le cognassier, et les autres pommiers, le laurier, le myrte, le noyer de Préneste et le platane.

Chapitre 52[modifier]

Procédé plus compliqué de multiplication. Si vous voulez mettre plus de soin dans vos procédés de multiplication, il faudra déposer vos plants dans des pots ou des paniers troués, et les enterrer ainsi dans les fosses. Afin que les boutures s’enracinent sur l’arbre même, percez le fond du panier ou le pot, et insérez-y le rameau que sous avez dessein de faire enraciner. Remplissez de terre le pot ou le panier, foulez-le, et laissez-le sur l’arbre. Quand la bouture a pris racine, coupez la branche au-dessus du vase. Coupez le panier de haut en bas ; si c’est un pot, cassez-le, et placez dans la terre la bouture avec le vase ou le panier. Faites la même chose pour la vigne ; coupez la bouture a la deuxième année, et plantez avec le vase. Ce procédé s’emploie pour la multiplication de toute espèce de végétal.

Chapitre 53[modifier]

Fenaison. Coupez le foin à temps, et n’attendez pas trop tard. Fauchez avant la maturité des semences, et mettez à part le meilleur, que vous donnerez aux bœufs à l’époque des labours de printemps, avant que la dragée ne soit mûre.

== Chapitre 54 ==


Nourriture des boeufs. Voici comment il convient de préparer le fourrage des boeufs. Une fois les semailles terminées, cueillez, serrez, et faites macérer les glands. Il faut donner à chaque tête un demi-boisseau par jour ; et, s’ils ne sont pas occupés, il sera préférable de les envoyer eux-mêmes à la glandée, ou bien on leur donnera des marcs de raisin qu’on aura entassés dans des futailles. Pendant le jour ils seront au pâturage, et pendant la nuit ils recevront chacun vingt-cinq livres de foin : si l’on n’en a pas, on y suppléera par des feuillards d’yeuse et de lierre terrestre. Conservez les pailles de froment et d’orge, les gousses de fèves, de lupin, les vesces, et les tiges des autres végétaux. On abritera sous le toit celles de ces pailles qui ont le fanage le plus abondant ; on les saupoudrera de sel, et on les administrera en guise de foin. Quand on commencera au printemps à leur en faire la distribution, on y ajoutera un boisseau de glands, ou de marcs ou de lupins macérés, avec quinze livres de foin. La dragée est le premier fourrage à donner aussitôt qu’il est mûr. Récoltez-le à la main, afin qu’il repousse ; car elle ne monte plus apres la faux. Vous donnerez de la dragée jusqu’a ce qu’elle se sèche, puis la vesce, le panis, et après celui-ci les feuilles d’orme ; mêlez-y des feuillards de peuplier, si vous en avez, afin que la feuille d’orme dure plus longtemps. A défaut de feuilles d’orme, affourragez avec celles de chêne et de figuier. Il n’y a rien de plus lucratif que les soins que l’on prodigue aux boeufs. On ne doit les laisser en pâture que pendant l’hiver lorsqu’ils ne labourent plus ; car, lorsqu’ils ont une fois consommé du vert, ils en espèrent toujours ; et lorsqu’ils sont au travail, il faut les museler avec des paniers, afin qu’ils ne puissent brouter l’herbe.

Chapitre 55[modifier]

Bois pour le maître. Serrez dans la bûcherie le bois destiné au propriétaire ; laissez au grand air les troncs d’oliviers, et les racines disposées en monceaux.

Chapitre 56[modifier]

Quantité de nourriture pour les gens. Les travailleurs recevront pour l’hiver quatre boisseaux de froment, et quatre et demi pour l’été ; l’intendant et son épouse, l’agent et le bouvier, chacun trois boisseaux ; les esclaves entravés, quatre livres de pain pendant l’hiver, cinq livres depuis l’instant où ils commencent à bècher jusqu’à la maturité des figues : pour le reste du temps la ration sera réduite à quatre livres.

Chapitre 57[modifier]

Quantité de vin pour les gens. Après la vendange, ils ont de la piquette pour boisson pendant trois mois. Au quatrième mois, ils auront par jour une hemine de vin, c’est-à-dire deux conges et demi par mois ; au cinquième, sixième, septième, huitième mois, ils en auront un setier par jour, c’est-à-dire cinq conges par mois, enfin pour le neuvième, dixième et onzième mois, ils en recevront trois hémines par jour, c’est-à-dire une amphore par mois. En outre on donnera un congé à chaque individu pour les Saturnales et les Compitales. Telle est la quantité de vin que chaque homme consomme dans l’année. On y ajoutera pour les esclaves entravés une ration proportionnée à la somme des travaux : le chiffre de dix quadrantals par année n’est pas trop élevé.

== Chapitre 58 ==

Bonne chère pour les gens. Conservez la plus grande masse que vous pourrez d’olives tombées spontanément, pour la cuisine des domestiques. Serrez également les olives récoltées à propos, et dont on ne peut tirer qu’une faible quantité d’huile, et ménagez-les, afin que la provision s’épuise le moins qu’il sera possible. Quand les olives seront consommées, donnez de la saumure et du vinaigre. Distribuez à chaque personne un setier d’huile par mois. Un boisseau de sel suffira aux besoins annuels de chaque consommateur.

Chapitre 59[modifier]

Vêtements des gens. On leur donnera tous les deux ans une tunique de trois pieds et demi de long et des saies. Toutes les fois qu’on leur fournira une tunique ou une saie neuve, on reprendra la vieille pour en faire des casaques. On leur fournira aussi tous les deux ans une bonne paire de forts souliers.

Chapitre 60[modifier]

Aliments des boeufs. La consommation annuelle de chaque paire de bœufs s’élève à cent vingt muids de lupins, ou deux cent quarante de glands, cinq cent quatre-vingts livres de foin et autant de dragée, vingt muids de féverolles, trente muids de vesces. Semez donc assez de vesces pour pouvoir en laisser monter en graines. Pour le fourrage, semez-le à plusieurs reprises différentes.

Chapitre 61[modifier]

Manière de cultiver les champs. Quel est le premier principe d’une bonne agricuture ? c’est de bien labourer. Quel est le second ? c’est de labourer. Quel est le troisième ? c’est de fumer. Celui qui remuera fréquemment et profondément la terre couverte d’oliviers, détruira jusqu’aux moindres chevelus des racines ; celui qui labourera superficiellement, forcera les racines à ramper à la surface, à prendre un développement exagéré, qui absorbera la force végétative de l’olivier. (Quand vous labourerez pour du froment, faites-le convenablement, à temps opportun, et non lorsque la terre est à moitié trempée). Les autres soins de culture consistent à beaucoup planter, à enlever soigneusement les jeunes sujets, et à les replacer à propos, en laissant beaucoup de terre autour de leurs nombreuses racines. Une fois les racines bien couvertes, piétinez la terre, afin d’empêcher l’eau de leur nuire. Si l’on veut savoir à quelle époque il convient de planter les oliviers, je répondrai que c’est pendant la semaine si le terrain est sec, et au printemps s’il est gras.

Chapitre 62[modifier]

Nombre de chars. Vous aurez autant de chars que de paires de boeufs, de mulets, et d’ânes

Chapitre 63[modifier]

Longueur des courroies. Le câble de pressoir aura cinquante-cinq pieds de long  ; la courroie des chars aura soixante pieds, les guides vingt-six pieds ; les courroies de jougs pour les chars dix-huit pieds ; la petite corde quinze pieds ; les courroies de jougs pour les charrues auront seize pieds, et la courroie huit pieds.

Chapitre 64[modifier]

Cueillette de l’olive. Cueillez l’olive aussitôt qu’elle est mûre, et ne la laissez que le moins possible sur la terre et sur le plancher, car elle y pourrit. Ceux qui font la récolte désirent qu’il y ait beaucoup d’olives tombées, afin d’aller plus vite en besogne. Les pressureurs souhaitent qu’elles séjournent longtemps sur le plancher, afin qu’elles blétissent et s’expriment avec plus de facilité. Ne croyez pas que l’olive prenne de l’accroissement sur le plancher. Plus vous mettrez de promptitude dans le travail, mieux vous vous en trouverez, soit pour la quantité, soit pour la qualité de l’huile que vous obtiendrez du même nombre de boisseaux d’olives récoltées. L’olive qui a séjourné longtemps sur la terre ou sur le plancher donne une huile moins abondante et moins délicate. Transvasez l’huile deux fois par jour, si vous le pouvez ; car l’huile qui demeure longtemps en contact avec les mares et les lies devient très mauvaise.

Chapitre 65[modifier]

Manière de faire l’huile verte. On ne laisse l’olive que le moins de temps possible sur la terre. Si elle est sale, lavez-la, séparez-la des feuilles et des impuretés ; travaillez-la le surlendemain ou le troisième Jour. Cueillez l’olive dès qu’elle est noire. L’huile sera d’autant plus estimée que l’olive sera plus acerbe : néanmoins le propriétaire trouvera un très grand avantage à ne travailler que des fruits bien mûrs. Si lors de la récolte les olives sont frappées par la gelée, il ne faut les pressurer que le troisième ou le quatrième jour. Si vous le jugez convenable, vous les saupoudrerez de sel. Ayez soin que les celliers et les pressoirs soient portés à une chaleur très élevée.

Chapitre 66[modifier]

Devoirs du surveillant et du livreur. Il aura un œil vigilant sur le pressoir et sur le cellier. Autant que possible il n’y laissera pénétrer aucun étranger. Il fera apporter dans toutes les manipulations la plus sévère propreté et les soins les plus minutieux ; il aura soin qu’on ne se serve que de vases en cuivre, et que les noyaux n’entrent pas dans la composition de l’huile ; s’il en était autrement, l’huile aurait une saveur désagréable. Revêtez de plomb la fosse où doit couler l’huile. Aussitôt que les pressureurs ont donné une pression avec le levier, le sommeiller saisit son bassin, et enlève l’huile rapidement et soigneusement, et sans interruption. Qu’il prenne garde de ne pas enlever l’amourque. On déposera d’abord l’huile dans une cuve, puis dans une jatte. On sortira toujours de ces vases les lies et l’amourque. Sitôt que l’huile sera sortie de la fosse, on enlèvera tous les dépôts.

Chapitre 67[modifier]

Devoirs du surveillant au pressoir. Les ouvriers occupés au pressoir tiendront toujours leurs vases propres, et s’efforceront de bien pressurer les olives jusqu’à ce qu’elles soient épuisées. Ils ne devront pas charpenter de bois dans le pressoir, mais enlever souvent l’huile fabriquée. Pour chaque pain pressuré on donnera aux ouvriers un setier d’huile, et de plus ce qui est nécessaire pour alimenter la lampe. Tous les jours on emportera les lies, et on enlèvera l’amourque qui s’est déposée jusqu’à ce que l’huile ait été transvasée dans la dernière tonne qui se trouve dans le cellier. On passera l’éponge dans les cabacs. Tous les jours on transvasera l’huile jusqu’à ce qu’elle soit entonnée. On surveillera sévèrement au pressoir et au cellier, afin qu’on ne dérobe aucune portion d’huile fabriquée.

Chapitre 68[modifier]

Suspendre les ustensiles employés à la fabrication de l’huile et du vin. Après la récolte du vin et de l’olive, relevez les arbres des pressoirs, serrez dans le garde-manger ou sur les arbres eux-mêmes, les câbles et les cordages ; remettez à leur place les poulies, les aiguilles, les leviers, les rouleaux de bois, les caban, les paniers, les corbeilles, les pressoirs, les échelles, et toutes les barres qu’on aura employées.

Chapitre 69[modifier]

Manière d’enduire les futailles. Laissez-les pendant sept jours remplies d’amurque, mouillez tous les jours, soutirez ensuite l’amurque, et laissez sécher les futailles. Lorsqu’elles seront asséchées, enduisez-les avec une dissolution de gomme préparée deux jours auparavant. Chauffez les futailles un peu moins que pour les enduire de poix ; de légers copeaux suffiront. Lorsqu’elles seront modérément échauffées, on les aspergera d’eau de gomme et on frictionnera. Quatre livres de gomme suffiront pour un fût de cinquante setiers, si l’on a soin de bien frotter.

Chapitre 70[modifier]

Recette contre les maladies des boeufs. Si vous redoutez l’invasion d’une maladie, administrez-leur une potion formée de trois grains de sel, de trois feuilles de laurier, de trois feuilles de poireaux, trois gouttes de rocamboles, trois d’ail, trois grains d’encens, trois tiges de sabine, trois feuilles de rue, trois tiges de bryonne, trois fèves blanches, trois charbons ardents et trois setiers de vin. On se tiendra debout pendant qu’on récoltera, qu’on broiera et qu’on administrera cette potion ; on devra aussi être à jeun. On la fera avaler à chaque bœuf pendant trois jours en trois fois, et on aura soin de fractionner la dose de manière qu’il ne reste plus rien après en avoir administré trois fois à chacun. Recommandez que le bœuf qu’on médicamente et celui qui le sert soient debout, et qu’on emploie un vase en bois.

Chapitre 71[modifier]

Traitement des bœufs au début d’une maladie. Si les animaux sont déjà souffrants, donnez-leur immédiatement un oeuf cru de poule, qu’ils avaleront sans le briser. Le lendemain faites-leur prendre une tête d’oignon broyée dans une hémine de vin. Le bœuf et l’opérateur seront debout et à jeun pendant l’opération.

Chapitre 72[modifier]

Manière de prévenir les fissures des sabots. Afin que les bœufs ne dégradent point leurs sabots, enduisez de poix fluide le dessous de la corne avant qu’ils n’entreprennent quelque voyage que ce soit.

Chapitre 73[modifier]

Manière d’administrer les médicaments aux boeufs. Tous les ans, aussitôt que les raisins commenceront à noircir, administrez aux bœufs un médicament qui les préserve de maladie. Quand vous verrez la dépouille d’un serpent, prenez-la et mettez-la en réserve, pour ne pas la chercher au moment du besoin. Broyez cette peau avec de la farine, du sel, et du serpolet ; délayez dans du vin, et vous donnerez à boire cette potion à tous vos boeufs. Veillez à ce que pendant l’été vos bœufs reçoivent une eau salubre et limpide ; leur santé est à ce prix.

Chapitre 74[modifier]

Recette pour faire le pain depsticius. Faites ainsi le pain depsticius. Lavez proprement vos mains et le mortier. Mettez la farine, ajoutez-y de l’eau peu à peu, et mélangez bien le tout. Une fois la pâte faite, moulez-la, et faites cuire sous la tuile.

Chapitre 75[modifier]

Du libum. Manière de faire le pain de sacrifice. Broyez bien deux livres de fromage dans le mortier ; quand il y sera, mêlez-y une livre de farine de froment, ou seulement une demi-livre de fleur de farine, si vous le désirez moins compact, et incorporez le tout avec soin. Moulez vos pains, placez-les-sur des feuilles, et laissez les cuire lentement sous la tuile et sur une plaque chaude.soufflera. Dès que vous aurez mis vos prairies en défense, vous les nettoierez des mauvaises herbes, que sous arracherez jusqu'à la racine. Des que vous aurez taillé la vigne, mettez en monceaux les souches et les sarments. Élaguez les figuiers, tenez élevée la tête de ces arbres, afin que la vigne ne les domine point. Établissez des pépinières ; sarclez les anciennes. Toutes les opérations seront terminées avant qu'on ne commence la culture de la vigne. Aussitôt que le festin sacré aura été béni et consommé, ouvrez les travaux de culture, mettez la charrue dans les terrains les plus secs, et labourez en dernier lieu les plus tenaces et les plus humides, pourvu qu'ils ne se durcissent point auparavant.

Chapitre 76[modifier]

De la placenta. Prenez deux livres de farine de seigle pour faire l'assise des boulettes, et quatre livres de gruaux de première sorte que vous faites macérer dans l'eau. Aussitôt qu'ils se seront amollis, placez-les dans un pétrin bien propre, et laissez-les se ressuyer. Petrissez ensuite à la main. Quand vous les aurez bien travaillés, ajoutez-y peu a peu quatre livres de farine, et faites vos boulettes avec le mélange. On les arrange dans une corbeille pour les faire sécher, et on polit les contours aussitôt qu'elles sont ressuyées ; ce travail se fait sur chaque bol en particulier. Cette besogne terminée, effleurez et frottez avec une étoffe imbibée d'huile toute la surface des boulettes et l'assise où elles seront placées. Chauffez le foyer et le surtout qui serviront à la cuisson. Humectez ensuite et mélangez les deux livres de farine de seigle, qui serviront à faire l'assise, après les avoir mêlées à quatorze livres de fromage de brebis. Il faut que ce fromage ne soit ni aride, ni vieux. Laissez macérer le mélange, et changez-le trois fois dans de nouvelle eau. Retirez-le ensuite, et exprimez-en l'eau avec vos mains ; et une fois bien égoutté, placez-le dans un pétrin bien propre, sans laisser de grumeaux. Prenez ensuite un tamis à farine, et tamisez le fromage sur le pétrin. Ajoutez quatre livres de miel fin, et incorporez-le soigneusement avec le fromage. Placez sur une table propre, d'un pied carre, le pavé de la placenta, que vous aromatiserez avec des feuilles de laurier trempées dans l'huile. Placez un premier lit de boulettes sur tout le fond du pavé, et saupoudrez-les avec le mélange de miel et de fromage que vous prendrez dans le pétrin ; ajoutez une seconde couche de boulettes que vous saupoudrerez avec ce qui vous restera de miel et de fromage mélangés. Mettez encore une rangée de boulettes sur le rebord que vous replierez ensuite vers l'intérieur, et préparez le foyer. Aussitôt qu'il a acquis une chaleur modérée, placez-y votre placenta, couvrez d'un couvercle chaud sur lequel vous mettrez de la braise, ainsi que tout autour. Prenez votre temps pour opérer la cuisson ; soulevez deux ou trois fois le couvercle, pour voir comment elle marche ; aussitôt qu'elle sera à son terme, enlevez la placenta. enduisez- la de miel : telle est la placenta d'un sémodius.

Chapitre 77[modifier]

De la spira. Disposez tout dans les mêmes proportions que pour la placenta, si ce n'est que sous rangez autrement les boulettes sur l'assise : enduisez-les bien de miel ; tressez- les ensuite comme une corde que vous placez sur l'assise, en mettant soigneusement des boulettes simples dans les interstices. Dans tout le reste agissez et cuisez comme pour la placenta.

Chapitre 78[modifier]

De la scriblita. On met sur le moule les boulettes qu'on saupoudre de fromage, comme une placenta faite sans miel.

== Chapitre 79 ==


Des boulettes. Mélangez pareillement du fromage avec du gruau ; faites-en autant de beignets que vous jugerez à propos. Venez de l'huile dans une chaudière bien chaude ; ne cuisez à la fois qu'un ou deux beignets : retournez-les fréquemment avec deux baguettes ; lorsqu'ils sont cuits, retirez-les et enduisez-les de miel, saupoudrez-les de pavots et servez ainsi.

Chapitre 80[modifier]

De l'encytus. Faites l'encytus de la même manière que les beignets, si ce n'est que vous vous servez d'un vase creux et percé ; vous mettez également dans de l'huile chaude, et vous donnez une forme élégante. Retournez-le à differentes reprises avec deux baguettes, frottez-le d'huile, dorez- le ; et quand il ne sera plus trop chaud, servez-le avec du miel ou du vin miellé.

Chapitre 81[modifier]

De l'ernéum. L'ernéum se fait comme la placenta, et avec les mêmes ingrédients. Après les avoir bien mêlés les dans une auge, on les introduit dans le moule de terre appelé hirnéa, qu'on plonge dans une marmite en cuivre remplie d'eau chaude. On fait cuire à la flamme. Après la cuisson on brise l'hirnéa, et ou sert.

Chapitre 82[modifier]

De la spaerita. Faites la spaerita comme la spira, si ce n'est que vous n'employez ni fromage ni miel, et que les boulettes sont grosses comme le poing. Placez-les sur l'assise, aussi épaisse que pour la spire, et faites cuire de même.

Chapitre 83[modifier]

Prière pour les boeufs. Manière de faire des voeux pour la santé des boeufs. Au milieu du jour transportez-vous dans une forêt, offrez à Mars Silvanus pour chacun de vos boeufs trois livres de farine de froment, quatre livres et demi de lard, quatre livres et demi de viandes succulentes, et trois setiers de vin. Vous ferez déposer le vin dans un vase, et les autres offrandes dans un autre. Peu importe que cette besogne soit faite par un esclave ou par un homme libre. La cérémonie terminée, vous consommerez l'offrande sur le lieu même. Ecartez du lieu du sacrifice la présence et les regards des femmes. Vous pourrez faire cette offrande une fois tous les ans, si vous le jugez à propos.

Chapitre 84[modifier]

Du savillum. Manière de le faire. Mélangez exactement une demi-livre de farine, deux livres et demi de fromages, trois onces de miel, comme pour le libum, et ajoutez un oeuf. Frottez d'huile un plat de terre, dans lequel vous déposerez tous vos ingrédients préalablement mélangés. Fermez le vase avec son couvercle, et tâchez que la cuisson pénètre jusqu'au centre du gâteau ; c'est là qu'il a le plus d'épaisseur. Aussitôt qu'il est cuit retirez-le du plat, enduisez-le d'huile, saupoudrez-le de pavots, remettez-le quelque temps sous le couvercle, retirez-le sur le plat avec des cuillers.

Chapitre 85[modifier]

Potage à la carthaginoise. Sa cuisson. Faites bien digérer dans l'eau une livre de gruau, placez-le ensuite dans une auge propre, incorporez-y trois livres de fromage nouveau, une demi-livre de miel, et faites cuire dans une marmite neuve.

Chapitre 86[modifier]

Bouillie de froment. Manière de la préparer. On met une demi-livre de pur froment dans un mortier propre, on le lave bien, on en détache l'écorce, et on le tamise ; après l'avoir mis dans une marmite, on le fait cuire dans de l'eau pure. Après la cuisson on y ajoute du lait peu, à peu jusqu'à ce qu'il s'y forme une crème épaisse.

Chapitre 87[modifier]

Amyllum. Manière de le préparer. Nettoyez votre seigle, mettez-le dans un cuvier, et ajoutez-y de l'eau deux fois par jour. Dêcantez dix jours après ; et quand le grain sera gonflé, broyez-le dans un cuvier propre, et laissez-le déposer comme des lies. Placez le dépôt dans un linge, exprimez-en la fécule dans une casserole neuve, ou dans un pétrin. Opérez de même sur la totalité, et faites macérer dans l'eau ce nouveau produit. Exposez la casserole au soleil, afin de faire sécher la fécule. Après la dessiccation on la serre dans un second cuvier, et on ln fait cuire avec du lait.

Chapitre 88[modifier]

Blanchiment du sel. Remplissez d'eau pure une amphore dont le goulot soit cassé, et exposez-le au soleil ; suspendez-y un sachet de sel commun, que vous aurez soin d'agiter et de remplacer à mesure qu'il se fondra. Répétez cette opération plusieurs fois par jour, jusqu'à ce que pendant deux jours le sel refuse de se fondre. Vous reconnaîtrez le point de saturation à ce signe. Si vous projetez dans l'eau un moena sec ou un oeuf, et qu'il surnage, vous obtiendrez une saumure convenable pour assaisonner la viande, le fromage et la marée. Cette saumure placée dans des plats demeurera exposée au soleil, jusqu'à ce qu'elle se solidifie et donne la fleur de sel. Quand le ciel se couvrira de nuages et pendant la nuit vous mettra les vases à couvert ; vous ne les abandonnerez à l'air que lorsque le soleil luira.

Chapitre 89[modifier]

Engraissement des poules et des oies. On enferme les jeunes poules qui commencent à pondre, et on leur prépare une pâtée de folle farine ou de farine d'orge. On en fera des boulettes, qu'on trempera dans l'eau avant de les leur glisser dans le gosier. Tous les jours on augmentera la dose, et leur ration n'aura d'autre limite que leur appétit. On les servira deux fois par jour, et à midi on leur donnera à boire en ne laissant l'eau à leur disposition que pendant une heure. On engraissera les oies de la même manière, si ce n'est qu'avant tout on les fera boire, et que tous les jours on leur servira deux fois de la boisson et de la nourriture.

Chapitre 90[modifier]

Engraissement des pigeonneaux. Aussitôt que vous aurez pris un jeune ramier, donnez-lui des fèves terrifiées par la cuisson ; insufflez-lui de l'eau dans le bec, et cela pendant sept jours. Triturez ensuite des fèves et du froment, et faites bouillir en mettant les fèves dans la proportion d'un tiers. Lorsque la farine est dans le vase, manipulez-la et faites-la cuire proprement. La cuisson achevée, travaillez la pâte après avoir trempé vos mains dans l'huile. Au commencement vous pétrirez grossièrement, et vous ferez ensuite une pâte plus homogène en trempant toujours vos mains dans l'huile, jusqu'à ce que vous puissiez faire des boulettes. Vous donnez de l'eau et de la nourriture sans la prodiguer.

Chapitre 91[modifier]

Construction de l'aire. Bêchez la place destinée à l'aire, arrosez-la d'amurque jusqu'à saturation. Ensuite pulvérisez les mottes ; nivelez et frappez avec la batte. Arrosez encore d'amurque, et laissez sécher. Avec ces précautions vous n'avez à redouter ni les ravages des fourmis ni l'envahissement des herbes.

Chapitre 92[modifier]

Préservatif contre le charançon. Pour prévenir les attaques du charançon et les dégats des campagnols, faites un lut avec de l'amurque et de la paille hachée, que vous laissez détremper et que vous gâchez convenablement : vous en étendez une couche épaisse sur tout le grenier, vous ajoutez par-dessus une couche d'amurque. Lorsque le lut sera sec, vous pourrez déposer dans votre grenier du froment non échauffé sans avoir à redouter le charançon.

Chapitre 93[modifier]

Traitement des oliviers stériles. Déchaussez les oliviers stétiles et entourez-les de paille. Arrosez ensuite le pied de l'arbre avec un mélange composé de parties égales d'eau et d'amurque. Une urne suffit aux plus grands arbres ; on proportionne la dose aux plus petits. Cette opération augmente encore le produit des arbres qui ne sont pas stériles, mais il ne faut pas les envelopper de paille.

Chapitre 94[modifier]

Traitement du figuier qui ne tient pas ses fruits. Opérez de même sur les figuiers afin que leur fruits ne tombent pas prématurément ; de plus à l'approche du printemps battez leurs pieds. Avec cette précaution les figues tiendront, les arbres ne se couvriront point de chancres et seront beaucoup plus productifs.

Chapitre 95[modifier]

Moyen d'éloigner le ver coquin de la vigne. Pour soustraire la vigne aux ravages du ver coquin, laissez déposer les fèces de l'amurque, mettez-en deux conges dans un vase d'airain, et faites cuire à une douce chaleur, en remuant avec une spatule jusqu'à la consistance du miel. Pulvérisez ensuite séparément dans un mortier un tiers de bitume et un quart de soufre, et pendant que l'amurque est chaude encore, versez-y cette poudre par petites portions ; remuez avec la spatule, et faites cuire derechef en plein air ; car dans un appartement le mélange s'enflammerait au moment où l'on ajouterait le soufre et le bitume. Laissez refroidir dès que la préparation a acquis la consistance de la glu. Étendez une couche du mélange sur le cep et sous tes branches, et le ver coquin ne paraîtra pas.

Chapitre 96[modifier]

Préservatif contre la gale des moutons. Le meilleur préservatif contre la gale des moutons consiste à prendre et épurer de l'amurque, qu'on mélange avec des lies de bon vin et de l'eau dans laquelle on a fait macérer des graines de lupin. Après la tonte on enduit de cette composition tout le corps des moulons, qu'on tient ensuite en moiteur pendant deux ou trois jours. Lavez-les ensuite dans de l'eau de mer, ou si vous n'en avez pas à proximité, employez de l'eau tenant du sel en dissolution. Ce traitement prévient non seulement la gale, mais il favorise encote la production d'une laine plus abondante et meilleure, et empêche les piqûres des tiques. Employez également le remède contre la gale de tous les quadrupèdes.

Chapitre 97[modifier]

Application de l'amurque. Frottez d'amurque bouillie les essieux, les courroies, les souliers et les cuirs, vous en augmenterez la durée.

Chapitre 98[modifier]

Recette contre la teigne des habits. Les artisons ne rongeront point les vêtements que vous serrerez dans un buffet dont l'intérieur, les pieds, le fond et les coins auront été frottés d'amurque réduite à moitié de son volume par la cuisson. Lorsque cet enduit sera sec, mettez vos habits dans le buffet : les artisons ne s'en approcheront point. Si vous enduisez de cette manière tous vos meubles en bois, ils seront préservés de la pourriture, et ils deviendront brillants quand vous les nettoierez. Donnez aussi une couche à votre vaisselle d'airain après l'avoir nettoyée. Une fois qu'elle sera enduite, frottez-la de nouveau avant de vous en servir ; elle deviendra brillante, et la rouille n'en ternira point l'éclat.

Chapitre 99[modifier]

Conservation des figues sèches. On conserve saines les figues serbes qu'on met dans un vase en terre dont on a enduit les parois intérieurs d'amurque bouillie.

Chapitre 100[modifier]

Précaution pour remplir une jatte d'huile. Quand vous voudrez emplir d'huile une jatte nouvelle, lavez-la soigneusement auparavant avec de l'amurque non épurée ; remuez jusqu'à ce qu'elle soit bien imbibée. Par ce moyen l'huile n'est pas absorbée par le vase, elle devient plus délicate, et ce vase lui-même est moins fragile.

Chapitre 101[modifier]

Conservation des branches de myrte et autres. Pour conserver des branches de myrte avec leurs baies ; des rameaux de figuiers avec leurs fruits, ou telle autre espèce de fruit qu'il vous plaira, rassemblez et liez-les en petits paquets, que vous plongerez dans l'amurque de manière que celle-ci déborde. Vous prendrez un peu sur le vert les fruits que vous voudrez ainsi conserver. Fermez hermétiquement le vase qui les contient.

Chapitre 102[modifier]

Détruire les effets de la morsure des serpents sur les boeufs et autres animaux. Quand un bœuf ou un autre quadrupède a été mordu par un serpent, prenez un verre de cette semence de cumin que les médecins nomment smyrneum, et, et broyez-la dans une hémine de bon vin. Injectez-la par les narines, et appliquez sur la morsure de la fiente de porc. Employez le même remède pour l'homme, si le même cas arrive.

Chapitre 103[modifier]

Hygiène des bœufs. Aspergez d'amurque la nourriture des boeufs que vous désirez voir frais et vigoureux, et de ceux qui refusent de manger, afin de réveiller leur appétit. Pour qu'ils s'y accoutument vous en donnerez peu d'abord, et vous augmenterez graduellement la dose. Plus rarement chaque cinquième ou sixième jour vous en mettrez dans leur boisson, composée de parties égales d'eau et d'amurque. Ce traitement maintiendra vos boeufs eu meilleur état, et à l'abri des maladies.

Chapitre 104[modifier]

Vin des gens pour l'hiver. Mettez dans une futaille dix quadrantals de vin doux, et deux quadrantals de fort vinaigre. Versez-y également deux quadrantals de vin cuit, et cinquante d'eau douce. Avec un bâton brassez le mélange trois fois par jour et pendant cinq jours consécutifs. Ajoutez-y soixante-quatre setiers d'eau de mer puisée depuis quelque temps. Placez le couvercle sur le tonneau, et tenez-le fermé pendant dix jours. Ce vin se consommera jusqu'au solstice ; s'il en reste après cette époque, ce sera un vinaigre très fort et très limpide.

Chapitre 105[modifier]

Procédé pour faire du vin grec sur un terroir éloigné de la mer. Si votre domalne est éloigné de la mer, préparez du vin grec de la manière suivante : venez vingt quadrantals de moût dans une chaudière d'airain ou de plomb, et mettez sur le feu, que vous éteindrez aussitôt que le vin bouillonnera. Après le refroidissement vous le transvaserez dans un fût de la contenance de quarante setiers. Vous ferez dissoudre dans un vase à part un boisseau de sel dans un quadrantal d'eau douce ; cette saumure faite, vous l'introduirez dans le tonneau. Broyez dans un mortier du souchet odorant et du calamus, et vous en introduirez un setier dans le liquide pour l'aromatiser. Trente jours après sous placerez la bonde, et au printemps vous le mettrez dans des amphores. Après l'avoir laissé pendant deux ans exposé au soleil vous le mettrez à couvert. Ce vin rivalisera avec celui de l'île de Cos.

Chapitre 106[modifier]

Confection de l'eau de mer. Prenez un quadrantal d'eau en pleine mer dans en endroit ou l'eau douce n'a pas d'accès, ajoutez-y une demi livre de sel égrugé, agitez le mélange avec un bâton, et ne cessez que lorsqu'un oeuf de poule cuit surnage. Versez dans le liquide deux conges de vin vieux, soit d'Aminée, soit de vin blanc mêlé, et brassez soigneusement le mélange. Mettez le tout dans un vase enduit de poix que vous boucherez. Quand on veut préparer une plus grande quantité d'eau de mer, on augmente les doses à proportion.

Chapitre 107[modifier]

Composition pour enduire les futailles afin qu'elles parfument et conservent le vin. Mettez six conges de vin cuit dans une chaudière de cuivre ou de plomb. Prenez une hémine de racines d'iris en poudre et cinq livres de mélilot odorant, que vous broierez le plus exactement possible avec l'iris ; tamisez et faites cuire avec le vin déjà rapproché à un feu clair de sarment. Remuez afin qu'il ne se forme pas d'empâtement. Lorsque le liquide est réduit à moitié, laissez-le refroidir, versez-le dans un vase enduit de poix et parfumé, que vous boucherez. Frottez de cette composition les bords de vos futailles.

Chapitre 108[modifier]

Manière de déterminer si un vin sera de garde ou non. Pour essayer si votre vin est de garde ou non, mettez dans une coupe neuve la moitié d'un acetabulum de fin gruau et un setier de vin nouveau soumis à l'essai ; mettez le tout sur des charbons ardents jusqu'à ce qu'il donne deux ou trois bouillons ; filtrez, et enlevez le gruau. Après avoir exposé le liquide à l'air, goûtez-le le lendemain matin. S'il paraît bon, le vin renfermé dans la futaille sera de durée ; s'il est aigrelet, il ne sera pas de garde.

== Chapitre 109 ==


Manière de rendre doux un vin dur. Préparez quatre livres de farine de lentille, et faites-les digérer dans quatre cyathus de vin cuit : faites ensuite des massepains, et laissez-les macérer un jour et une nuit. Jetez le tout dans votre vin en futaille, et tenez fermé pendant deux mois. Ce vin sera distingué par sa douceur et par son bouquet, autant que par sa belle coloration et son arôme.

Chapitre 110[modifier]

Procédé pour enlever au vin sa mauvaise odeur. Si vous voulez enlever au vin une odeur désagréable, faites rougir au feu un fragment de tuile neuve, enduisez-le ensuite de poix, suspendez-le a une petite corde, et laissez-le seulement plonger jusqu'au fond du tonneau, que vous tiendrez bouché pendant deux jours. L'opération a très bien réussi lorsqu'une seule fois la mauvaise odeur a disparu : si elle persiste, répétez l'opération jusqu'à ce qu'elle disparaisse totalement.

Chapitre 111[modifier]

Manière de découvrir si on a mêlé ou non de l'eau au vin. Voulez-vous savoir si on a mêlé ou non de l'eau à votre vin ? préparez un vase en bois de lierre, et emplissez-le avec le vin que vous soupçonnez avoir été sophistiqué. Quand il contient de l'eau, le vin filtre au travers des parois du vase et l'eau reste, car le bois de lierre laisse passer le vin.

Chapitre 112[modifier]

Vin de Cos. Si vous voulez faire du vin de Cos, prenez de l'eau de mer loin des rivages, lorsque les flots ne sont point agités, lorsqu'aucun vent ne les soulève, et dans un endroit où elle ne soit point altérée par une eau douce. Après l'avoir puisée trente jours avant la vendange, on la verse dans un tonneau sans le remplir, en laissant sur sa contenance un espace vide de cinq quadrantals. Placez la bonde, en ménageant toutefois un accès à l'air. Après un espace de trente jours, tirez au clair et transvasez doucement dans une autre futaille, en laissant au fond les matières déposées. Vingt jours après, transvasez encore l'eau de mer dans un autre tonneau où elle séjournera jusqu'à la vendange. Laissez bien mûrir sur tiges le raisin que vous destinez à la fabrication du vin de Cos. Lorsqu'une fois il aura été alternativement exposé à la pluie et à la sécheresse, récoltez-le, et exposez-le au soleil pendant deux jours, ou à l'air pendant trois jours, si le temps n'est pas pluvieux : mais s'il vient à pleuvoir, étendez-le sur des claies à l'abri, et retranchez les grappes qui pourriraient. C'est alors que dans une futaille de cinquante setiers on met dix quadrantals d'eau de mer. Égrappez à la main les graines de raisins noirs, et mettez-les dans le tonneau jusqu'à ce qu'il soit plein, afin qu'elles s'imprègnent d'eau de mer. Le tonneau rempli, vous placez la bonde sans Intercepter tout à fait l'accès à l'air. Au bout de trois jours retirez les graines, foulez-les sur le pressoir, et serrez votre vin dans des futailles bien sèches, saines et propres.

Chapitre 113[modifier]

Recette pour communiquer au vin une odeur agréable. Pour donner au vin un arôme délicat, employez le procédé suivant. Prenez une brique enduite de poix, couvrez-la de braise doucement chauffée, parfumez-la de mélilot, de jonc, et de cette espèce de baume que l'on trouve chez les marchands de cosmétiques. Placez-la dans un tonneau et fermez, afin que l'odeur ne disparaisse pas avant de l'emplir. Ces préliminaires terminés un jour avant le pressurage, entonnez le vin aussitôt qu'il passera du pressoir dans le bassin, couvrez la futaille pendant quinze jours, en ménageant une entrée à l'air, et placez la bonde. Quarante jours après sous transvaserez dans des amphores en ajoutant dans chacune un setier de vin cuit, et en prenant la précaution de ne l'emplir que jusqu'à l'origine des anses. Exposez vos amphores au soleil sur le sol nu, de peur que l'humidité ne s'y introduise, et abandonnez-les ainsi pendant quatre jours seulement. Après ce temps transportez et entassez les au cellier.

Chapitre 114[modifier]

Vin pour les maux d'estomac. Si vous voulez obtenir un vin qui fasse un bon estomac, aussitôt après la vendange, au moment où l'on déchausse les vignes, découvrez les racines des ceps en nombre suffisant pour faire la quantité devin que vous jugez nécessaire, et faites-leur une marque. Isolez et débarbez les racines. Répandez au pourtour du cep de la racine d'ellébore, que vous aurez préalablement broyée dans un mortier. Répandez-y également du fumier fait, de la cendre vieille et deux parties de terre, et réchaussez. Récoltez à part les raisins de ces ceps. Ce vin conservé pendant longtemps est laxatif, pourvu qu'on ne le mélange pas à l'autre. Buvez avant vos repas un verre de ce vin trempé d'eau : il vous relâchera sans suite fâcheuse.

Chapitre 115[modifier]

Vin contre les obstructions. Introduisez encore dans une amphore de vin doux une poignée d'ellébore noire que vous retirez du vase après la fermentation ; gardez ce vin pour rendre l'estomac plus libre. Si vous désirez préparer un vin purgatif, à l'époque des déchaussages marquez de craie rouge les ceps que vous réservez à cet usage, pour ne pas les confondre avec les autres. Disposez au tour des racines trois petits paquets d'ellébore noire, et recouvrez-les de terre. Mettez a part la récolte de ces ceps, mêlez-en un cyathus dans votre boisson ordinaire : ce sera un relâchant et un purgatif innocent.

Chapitre 116[modifier]

Conservation des lentilles. Faites infuser du laser dans du vinaigre, mettez vos lentilles dans ce vinaigre ainsi préparé, et exposez au soleil. Faites-les ensuite tremper dans de l'huile, et quand elles auront été séchées, elles se conserveront bien saines.

Chapitre 117[modifier]

Manière de confire les olives blanches. Il faut les abattre avant qu'elles se colorent, et les faire macérer dans une eau qu'on change souvent. Une fois bien macérées, il faut les faire égoutter, les mettre dans du vinaigre ; ajoutez de l'huile et une demi-livre de sel par boisseau d'olives. On aura préparé séparément un vinaigre aromatisé avec du fenouil et des lentisques ; si vous voulez y mettre vos olives, servez-vous-en de suite, foulez-les avec vos mains bien sèches dans un vase de terre, et ne les en-levez qu'au moment de servir.

Chapitre 118[modifier]

Manière de cendre les olives blanches, pour les consommer aussitôt après la vendange. Prenez parties égales de vin doux et de vinaigre. Traitez-les ensuite de la manière que nous venons de décrire.

Chapitre 119[modifier]

Manière de faire l'épityrum blanc, noir et bigarré. Recette pour faire l'épityrum, soit blanc, soit noir, soit marbré. Assaisonnez de la manière suivante des olives blanches, noires et bigarrées, après en avoir ôté les noyaux. Coupez-les, mettez-les dans un assaisonnement d'huile, de vinaigre, de coriandre, de cumin, de fenouil, de rue et de menthe. Faites-les confire dans un vase de terre, laissez les baigner dans l'huile, et servez ainsi.

Chapitre 120[modifier]

Procédé pour avoir du vin doux toute l'année. Si vous voulez conserver au vin sa douceur pendant toute une année, mettez-le dans une amphore dont les parois auront été enduites de poix, et descendez-le dans un puits ; après qu'il y aura séjourné pendant trente jours, retirez-le : il sera doux pendant toute l'année.

Chapitre 121[modifier]

Gâteau au vin doux. Arrosez de moût un boisseau de farine de seigle, ajoutez y de l'anis, du cumin, deux livres de graisse, une livre de fromage et de la sciure de bois de laurier ; moulez le gâteau, mettez-y des feuilles de laurier en le faisant cuire.

Chapitre 122[modifier]

Vin contre les rétentions d'urine. Broyez dans un mortier du chèvrefeuille ou du genévrier, mettez-en une livre dans deux conges de vin vieux, et faites-la bouillir dans un vase d'airain on de plomb. Après le refroidissement, mettez-le dans une lagona, et prenez-en un verre le matin à jeun : cela vous fera du bien.

Chapitre 123[modifier]

Vin pour les sciatiques. Mettez en copeaux un morceau de bois de genévrier de la grosseur d'un demi-pied. Faites bouillir dans une conge de vin vieux ; après le refroidissement, venez dans une lagona, et dans la suite vous en prendrez un verre tous les matins à jeun : cela vous fera du bien.

Chapitre 124[modifier]

Renfermez les chiens pendant le jour. Renfermez vos chiens pendant le jour, afin que pendant la nuit ils soient plus ardents et plus vigilants.

Chapitre 125[modifier]

Vin de myrte. Faites sécher à l'ombre des branches de myrte noir, et couvrez-les ainsi jusqu'à la vendange. Broyez-en alors un demi-boisseau dans une urne de vin, et bouchez le vase. Aussitôt que la fermentation se calme, enlevez le bois de myrte. Cette potion est excellente quand on est resserré, contre les maux de côtés et contre les coliques.

Chapitre 126[modifier]

Préservatif contre la colique, la dyssenterie, les teignes et les vers. Si vous souffrez d’une indigestion, de la dyssenterie, si les teignes et les vers vous tourmentent, prenez trente grenades sures, broyez-les, mettez-les dans un vase avec trois conges d’un vin noir et dur, et bouchez. Trente jours après vous pouvez le déboucher et vous en servir, en le prenant à jeun à la dose d’une hémine.

== Chapitre 127 ==


Remède contre les indigestions et les rétentions d’urine. Cueillez des fleurs de grenadier lorsqu’elles s’épanouiront, mettez-en trois mines dans une amphore, ajoutez-y un quadrantal de vin vieux et une mine de racine de fenouil. Bouchez l’amphore, ne l’ouvrez qu’après un mois, et servez-vous de la liqueur. Quand vous voudrez digérer ou uriner, vous pourrez en boire à volonté sans aucun danger. Le vin préparé de cette manière est également un préservatif contre la teigne et les vers. Quand un enfant en est tourmenté, ne le laissez pas souper. Le lendemain prenez une drachme d’encens, une drachme de miel cuit, et un setier de vin d’origan, administrez-lui le remède à jeun à la dose de trois oboles, suivant son âge, et une hémine de vin. Faites-le monter dix fois sur la pierre à moudre et sauter en bas ; ordonnez-lui la promenade.

Chapitre 128[modifier]

Crépissage des habitations. Si vous voulez crépir votre habitation, choisissez une terre où domine soit la craie, soit l’ocre ; mêlez-y de l’amurque et de la paille hachée. Laissez fermenter le tout pendant quatre jours. Après quoi vous le travaillerez avec le râble, et vous vous en servirez pour crépir. Cet enduit éloignera l’humidité nuisible, ne se laissera pas entamer par les rats, empêchera l’herbe de croître et les murs de se lézarder.

Chapitre 129[modifier]

Aire à battre le blé. Béchez la terre en la pulvérisant, arrosez-la d’amurque en telle abondance, quelle en soit saturée autant que possible, pulvérisez-la de nouveau, et nivelez-la à l’aide du cylindre ou de la batte. Ce nivellement empêchera les fourmis de la soulever, et les pluies de la détremper.

Chapitre 130[modifier]

Répandre de l’amurque au pied des arbres. Arrosez d’amurque crue les troncs d’olivier et les autres bois ; exposez-les au soleil pour favoriser l’imbibition. Cela les empêcbera de fumer, et en facilitera la combustion.

Chapitre 131[modifier]

Offrande pour les bœufs. Faites aux dieux une offrande pour la santé de vos boeufs. Commencez à labourer au printemps : débutez par les sols pierreux et sablonneux, et terminez par ceux qui sont les plus compactes et les plus humides.

Chapitre 132[modifier]

Manière de la faire. Voici comment il faut faire cette offrande : présentez à Jupiter Dapalis une coupe de quelque vin que ce soit. Ce jour sera chômé par les boeufs, par les bouviers, et par ceux qui feront le sacrifice. Au moment du sacrifice vous ferez cette prière : « Jupiter Dapalis, je remplis mon devoir en t’offrant cette coupe de vin dans ma maison et au sein de ma famille ; à cette cause daigne l’avoir pour agréable. » Lavez ensuite vos mains, prenez le vin, et dites : « Jupiter Dapalis, agrée ce festin que je dois t’offrir. Reçois ce vin placé devant toi. » Si vous le trouvez bon, présentez une offrande à Vesta. Le festin présenté à Jupiter consiste en un morceau de porc rôti, et en une coupe de vin intacte. Faites cette offrande sans y toucher ; le festin terminé, semez le millet, le panis, l’ail et la lentille.

== Chapitre 133 ==

Multiplication des arbres fruitiers et autres. Les drageons que poussent les racines des arbres seront couchés en terre, et leur sommet relevé, afin qu’ils puissent prendre racines. Levez-les en temps propice et plantez-les soigneusement Le figuier, l’olivier, le grenadier, le cognassier, le poirier-coin, tous les pommiers, le laurier de Cypre, celui de Delphes, le myrte épithalame, le myrte blanc et le noir, le noyer d’Aveline, celui de Préneste, le platane, se propagent de boutures enlevées à la souche principale. Les arbres qu’on affectionne seront plantés soigneusement dans des pots. Pour leur faire prendre racines sur l’arbre même, on se munit d’un pot troué ou d’un petit panier. On y fait passer la branche, on les remplit de terre qu’on a soin de tasser, et on les laisse sur l’arbre. Deux ans après on coupe la branche au-dessous du point d’insertion, et on la plante avec le panier. On pourra ainsi faire prendre des racines vigoureuses à toute espèce d’arbres. Pour multiplier la vigne on emploie aussi ces paniers, qu’on remplit bien de terre ; on sèvre l’année suivante, et on plante un pieu.

Chapitre 134[modifier]

Avant la moisson immoler la truie précidanée. Avant la moisson, faites de la manière suivante le sacrifice de la truie precidanée : Immolez à Cérès la truie précidanée, femelle du porc, avant de couper l’épeautre, le blé, l’orge, la fève, et la semence de raves. Le vin et l’encens nous rendront propices, Janus, Jupiter et Junon. Avant de sacrifier la truie, présentez un gâteau à Janus en lui faisant cette prière : « Janus, notre père, au nom de mon humble offrande, je te présente mes supplications afin que tu m’accordes ta protection pour moi, pour mes enfants, pour ma maison et mes gens : » Offrez aussi à Jupiter un gâteau et cette prière : « Jupiter, au nom de ce gâteau, je te conjure d’écouter mes prières, et de nous accorder ta protection, à mol, à mes enfants, à ma maison, et à mes gens. » Présentez ensuite le vin à Janus en lui disant : « Janus, notre père, avec un gâteau je t’ai adressé ma prière suppliante : reçois de même avec bonté ce vin que je t’offre. » Adressez-vous ensuite a Jupiter : « Jupiter, reçois ce gâteau, reçois ce vin placé devant toi. » Alors immolez la truie précidanée. Aussitôt que les entrailles auront été divisées, on présentera à Janus son gâteau, et on l’adorera comme précèdemment. On offrira de même a Jupiter des prières et le gâteau, comme on l’a déjà fait. On présentera du vin à Janus et à Jupiter, comme lorsqu’un leur offrait les gâteaux. Ensuite on consacre à Cérés les entrailles de la victime, et du vin.

Chapitre 135[modifier]

Lieux où il faut acheter les tuniques, les casaques, les ustensiles de fer et autres. On se pourvoira à Rome de tuniques, de toges, de saies, de casaques et de sabots ; à Calvi et à Minturne, de capuchons, d’ustensiles en fer, de faux, de pelles, de houes, de haches, de harnais, de chausse-trapes, de chaînettes ; à Vénafre, de pelles ; à Suesse et en Lucanie, de chars ; à Albe, de traîneaux ; à Rome, de futailles et de bassins ; de tuiles à Venafre. Pour les terres compactes les araires devront être tirés de Rome, et de la Campanie pour les terres poreuses : les meilleurs jougs se tirent de Rome ; on y trouvera aussi les socs les plus acérés. On tirera les trapètes de Pompeïa ; les clous, de Nole, près des murs de Rufrus ; les serrures, de Rome. On trouvera à Capoue des seaux, des jattes à huile, des vases pour l’eau, des urnes pour le vin, et tous les autres ustensiles en cuivre. On trouvera à Nole les corbeilles de Campanie, et ce sont les meilleures. Les cordes de poulies et toute la corderie se tirent de Capoue. Les corbeilles romaines viennent de Suesse et de Casinum : mais celles de Rome sont préférables. Celui qui fait faire à Casinum des câbles de pressoir les payera cinquante écus chez Tunnius ; à Vénafre, C. Mennius les fait payer cent écus. Huit bons cuirs ne sont pas de trop pour ces câbles. Les nôtres ne devront être ni vieux, ni maniés, ni imprégnés d’une trop grande quantité de sel. On les tannera et on les huilera, puis on les fera sécher. On devra couper le câble sur une longueur de soixante-douze pieds, et lui donner trois tourons, dont chacun aura neuf courroies de deux doigts de large. Quand II sera cablé, il ne mesurera plus que quarante-neuf pieds en longueur. La jonction sur les coutures aura une course de trois pieds ; il ne restera ainsi que quarante-six pieds. En le violentant par l’extension, Il s’allongera de cinq pieds et aura une longueur totale de cinquante et un pieds. Pour les plus grands pressoirs Il faut que le câble ait cinquante-cinq pieds ; cinquante-un suffisent pour les petits. La longueur la plus convenable de la courroie pour les charrettes est de soixante pieds ; la petite corde aura quarante-cinq pieds : les guides pour la charrette auront trente-six pieds ; les guides pour l’araire vingt- six, les traits vingt sept et demi ; les cuirs qui fixent le timon aux jougs auront dix-neuf pieds ; la petite corde quinze pieds. Pour la charrue les premiers auront douze pieds, et la seconde huit pieds. Les pressoirs les plus grands auront quatre pieds et demi, les meules auront trois pieds et demi de diamètre, sur un pied et une palme d’épaisseur par le milieu, au sortir de la carrière ; il y aura deux doigts de distance entre le miliaire et le rebord du bassin ; ce rebord aura cinq doigts d’épaisseur. Ceux du second ordre auront quatre pieds et une palme de largeur ; il y aura un pied un doigt entre le miliaire et le rebord du bassin ; ce rebord aura cinq doigts d’épaisseur ; leurs meules auront trois pieds et cinq doigts d’épaisseur Vous ferez dans les meules un trou rond qui let traversera de part en part, en conservant d’un côté à l’autre le même rayon de six pouces. Ceux du troisième ordre auront quatre pieds de largeur. Il y aura un pied entre le miliaire et le rebord du bassin ; ce rebord aura cinq doigts d’épaisseur ; la meule aura trois pieds deux doigts de diamètre et un pied et deux doigts d’épaisseur. Lorsque le trapète aura été amené à l’endroit où vous voudrez le placer, vous le monterez et l’ajusterez sur le lieu même.

Chapitre 136[modifier]

Conditions à imposer au colon partiaire. Dans le territoire de Cassinum et de Vénafre on donnera au métayer le huitième du produit dans un bon sol, le septième dans un sol ordinaire, le sixième dans un sol médiocre si le partage se fait au panier, et le cinquième s’il se fait au boisseau. Dans les meilleurs terrains de Vénafre on ne donne au colon que la neuvième partie mesurée avant le dépicage. Si l’on fait moudre en commun, le métayer payera son droit de mouture proportionnellement à la part qui lui est attribuée. II aura la cinquième partie du produit de l’orge et des fèves après le battage.

Chapitre 137[modifier]

Conditions à imposer au vigneron partiaire. Que le propriétaire surveille d’une manière sévère les vignes, les terres, les arbres et les cultures qu’il laisse en métayage. Il abandonnera au colon le foin et les fourrages nécessaires à l’entretien des bœufs que réclament les travaux. Tout le reste sera partagé sans distinction.

Chapitre 138[modifier]

Travaux permis aux bœufs les jours de fête. Il est permis d’atteler les bœufs pendant les jours fériés, pourvu que ce soit pour le transport du bois, des pailles et du blé qu’on ne donne point. Les mulets, les chevaux, les ânes ne chôment jamais que les fêtes de famille.

Chapitre 139[modifier]

Manière d’élaguer un bois. Préliminaires usités à Rome avant d’élaguer un bois. Offrez un porc en expiation, et prononcez ces paroles : « Qui que tu sois, dieu ou déesse, divinitè à qui ce bois a été consacre, accepte l’offrande que je te fais avant de l’élaguer. En mémoire de ce sacrifice pardonne cet élagage que nous ferons, moi ou les miens sous mes ordres. C’est dans ce but qu’en l’offrant ce porc en expiation, je te conjure d’accorder ta protection à moi, à ma maison, à mes gens et à mes enfants. Agrée l’offrande expiatoire de ce porc que je vais te sacrifier. »

Chapitre 140[modifier]

Sacrifice expiatoire à offrir en cas de défrichement. SI vous voulez défricher, faites un autre sacrifice expiatoire de la même manière, si ce n’est que vous y ajoutez ces paroles : « En cas qu’on vienne à y travailler. » Une fois la besogne commencée, travaillez tous les jours sur quelque partie ; car s’il y a interruption à cause des fêtes publiques ou de famille il faut recommencer le sacrifice.

Chapitre 141[modifier]

Purification des terres. Faites circuler autour de la terre la victime suovitaurilienne. Je t’ordonne, Manius, de promener cette triste victime autour de mon domaine et de ma terre, soit en totalité, soit seulement sur la partie que tu jugeras à propos de purifier, afin qu’il l’aide des dieux le succès couronne mes entreprises. Auparavant offrez du vin à Janus et à Jupiter, et dites : Mars notre père, je te conjure d’être propice à moi, à ma maison et à mes gens ; c’est dans cette intention que j’ai fait promener une triple victime autour de mes champs, de mes terres et de mes biens, afin que tu en écartes, éloignes et détourne les maladies visibles et invisibles, la stérilité, la dévastation, les calamités et les intempéries : afin que tu fasses grandir et prospérer mes fruits, mes grains, mes vignes et mes arbres : afin que tu conserves la vigueur a mes bergers et à mes troupeaux, et que tu accordes santé et prospérité à moi, à ma maison et à mes gens. Aussi, pour purifier ma champs, mes terres et mes biens, et pour faire un sacrifice expiatoire, daigne agréer ces trois victimes à la mamelle que je vais immoler. Mars notre pére, agréez dans ce but ces trois jeunes victimes. Saisissez le couteau pour empiler les galettes et le gâteau, et offrez-les. A mesure qu’on immolera le porc, l’agneau et le veau, on dira : Sois glorifié par cette victime suovitaurilienne. II n’est point permis de prononcer les mots porc, agneau, veau. Si ces victimes n’ont point apaisé la divinité, on fait cette prière : Mars notre père, si quelque chose t’a déplu dans ce sacrifice des trois jeunes victimes, accepte en expiation ces trois autres. Si on présume que l’une ou deux des victimes n’a pas été agréée, on fait cette prière : Mars notre père, puisque le sacrifice de ce porc ne t’a pas été agréable, accepte ce porc en expiation.

Chapitre 142[modifier]

Devoirs de l’intendant. Il fera ce que le maître commande, exécutera les travaux que réclame la terre. Il fera les achats et les préparatifs convenables ; il se procurera et soignera les provisions de bouche et des vêtements pour les gens de la ferme ; il écoutera surtout attentivement les ordres du maître. II faut de plus qu’il se mette en rapport avec la ménagère, et qu’il sache lui donner ses ordres pour que le maître, à son arrivée, trouve préparé et bien en ordre ce dont il a besoin.

Chapitre 143[modifier]

Devoirs de la première servante. II surveillera la ménagère, afin qu’elle remplisse ses devoirs. Si le maître te l’a donnée pour épouse, n’en cherche point d’autres. Inspire-lui de la crainte, et fais en sorte qu’elle ne soit point prodigue ; qu’elle voie le moins possible ses voisines ou d’autres femmes ; qu’elle ne reçoive personne ni à la ferme, ni chez elle ; qu’elle ne mange point ailleurs et ne soit pas coureuse : qu’elle ne fasse point de sacrifice ; qu’elle ne charge personne d’en faire pour elle ; sans l’ordre du maître on de la maîtresse ; qu’elle se souvienne que le propriétaire offre des sacrifices pour tous ses gens. Amie de la propreté, qu’elle tienne toujours la ferme propre et balayée : A l’arrivée des kalendes, des ides, des nones et des jours de fête, elle suspendra au foyer une couronne de fleurs. Dans ces jours elle consacrera tous ses loisirs à prier les lares de la maison. Que toujours elle ait des aliments préparés pour toi et pour les gens ; qu’elle ait un poulailler bien peuple et des oeufs en abondance ; qu’elle fasse une ample provision de poires sèches, de sorbes, de figues, de raisins cuits au soleil, de sorbes confites dans du vin cuit, des poires et des raisins en caisse, et des coings. Qu’elle enfouisse dans la terre des pots contenant des raisins stratifiés avec des marcs. Qu’elle tienne également sous la terre des noix fraîches de Préneste enfermées dans des pots de terre. Qu’elle ait en réserve des coings de Scantium, des coings sauvages, et tous les autres fruits de garde. Cette provision doit se renouveler avec soin toutes les années. Elle saura se procurer de bonne farine et du gruau fin.

Chapitre 144[modifier]

Conditions pour la récolte des olives. Voici à quelles conditions il convient de donner à forfait la récolte des olives. Que toutes les olives soient diligemment récoltées à la guise du propriétaire, ou de son remplaçant, ou de celui a qui les fruits ont été vendus. On ne les pincera point, on ne les gaulera pas non plus sans l’ordre du maître. Si quelqu’un enfreint la loi, son travail ne sera payé ni à lui, ni à l’entrepreneur de la cueillette. Ceux qui sont occupés à la récolte jureront devant le maître, ou devant son préposé, qu’ils n’ont soustrait, ni eux ni leurs camarades, aucune portion de la récolte d’olives faite sur le domaine de L. Manlius. Si quelqu’un refuse le serment, ni le propriétaire ni l’entrepreneur ne lui payeront point sa part proportionnelle, et il ne lui sera rien dû. Il présentera une caution pour la bonne récolte des olives, n cette caution devra être agréée par L. Manlius. Les échelles seront rendues dans le même état qu’elles auront été prêtées, excepté celles qui auraient été brisées par suite de vétusté. Si elles sont détériorées, on en rendra de pareilles, ou bien le prix en sera déduit par experts. Si par la faute de l’entrepreneur le propriétaire éprouve quelque dommage, il faut entrer en composition. On prendra pour arbitre un homme bien famé. L’entrepreneur est tenu d’avoir assez de monde pour cueillir et pour amasser les olives ; s’il le fait pas, on diminue sur le prix la valeur du travail qu’il a cédé ou sous-loué. Il ne s’appropriera ni fruit, ni bois provenant de la plantation. Si quelqu’un de ses ouvriers en emporte, on déduira sur le prix convenu quarante sestertil pour chaque soustraction, et l’entrepreneur ne donnera pas cette somme à l’ouvrier. Toutes les olives seront mesurées bien propres dans le boisseau à olives. Il occupera constamment cinquante personnes, dont les deux tiers pour faire la récolte à la main. Il ne faut pas permettre qu’un ouvrier employé à la récolte ou au pressurage des olives soit payé plus cher que de coutume, à moins que l’entrepreneur n’affirme qu’il se l’est associé pour ce moment. Si cela a lieu, le maître ou son préposé peut exiger le serment de tous les associés. S’ils refusent de jurer, personne ne paye ni ne doit payer le travail qu’exigent la récolte et la manipulation des olives. La bonne main pour une récolte de douze cents muids sera de cinq muids d’olives salées, neuf livres d’huile épurée, cinq sestertii et cinq quadrantals de vinaigre pour toute la récolte ; si l’on ne donne point d’olives salées, on payera chaque muid à raison de cinq sestertii.

Chapitre 145[modifier]

Conditions pour la fabrication de l’huile. Marché à forfait pour le pressurage de l’olive. Travaillez consciencieusement au gré du propriétaire ou de l’homme à qui il a confié la surveillance de la fabrication. Employez, si cela est nécessaire, des séries d’ustensiles. Choisissez pour ouvriers des hommes agréables au surveillant ou à celui qui a acheté l’huile. Servez-vous du trapète. Si le propriétaire a été forcé de louer de ouvriers supplémentaires, ou de faire marché avec un autre, entrez en composition, ou le prix convenu vous sera forcément diminué. Ne détournez aucune portion de l’huile, ni pour vous en servir ni pour la dérober, et n’employez que celle qui vous aura été donnée par le surveillant ou par le propriétaire. Si on a volé de l’huile, chaque soustraction sera punie d’une amende de quarante sestertii, ou d’une égale diminution sur le prix. Ceux qui fabriquent l’huile jureront devant le propriétaire ou devant son intendant qu’il n’ont soustrait, eux ni personne, ni huile ni olive de la provenance du domaine de L. Manlius. Ceux qui ne prêteront point ce serment ne recevront pas de l’entrepreneur le prix de leur travail, et le propriétaire ne le devra pas à l’entrepreneur. Ne vous associez personne sans l’agrément de propriétaire ou du surveillant. Si par la faute de l’entrepreneur le propriétaire a éprouvé quelque dommage, on fera une déduction sur l’estimation d’un homme d’une probité reconnue. S’il demande de l’huile verte, le propriétaire donnera de l’huile et du sel pour prix supplémentaire et deux victoires.

Chapitre 146[modifier]

Vente des olives sur pied. Olives à vendre sur pied dans le territoire de Vénafre. L’acheteur ajoutera au prix d’adjudication le centième pour franc-vingt. L’enchère actuelle est à cinquante sestertii, quinze cents livres d’huile poids de Rome, deux cents livres d’huile verte, cinquante muids d’olives tombées, dix muids d’olives cueillies à la main, le tout mesuré avec le muid à olives, dix livres d’huile à graisser. Pour l’usage des poids et des muids on abandonnera au maître deux cotyle de la première huile qui coulera. L’adjudicataire, quand même il aurait sous-loué, payera les olives récoltées et pressurées dans l’espace de dix mois à partir des calendes de novembre, sans reculer le payement après les ides. Ces fournitures seront livrées de bonne foi et sans retenue soit au maître, soit a son préposé, et on sera tenu de présenter une caution. Jusqu’à ce que l’acheteur se soit libéré en totalité ou du moins en grande partie, les ustensiles qu’il aura apportés sur le fonds serviront de nantissement, et on ne pourra en emporter quoi que ce soit. Si l’on en emporte, ils appartiendront au maître. Les pressoirs, les câbles, les échelages, les trapètes, et tous les objets qui auront été prêtés par le maître seront remis en bon état, à l’exception de ceux qui auront été brisés par vétusté. Si l’adjudicataire ne paye pas ce qu’il doit aux ouvriers employés à la récolte et au pressurage, le propriétaire payera, s’il le juge à propos ; mais l’adjudicataire devra et remboursera cette somme au propriétaire, et ses ustensiles cautionneront cette somme, comme il a été dit ci-dessus.

Chapitre 147[modifier]

Vente des raisins pendants. L’acheteur laissera sur place les lies et les marcs de raisin, sans les épuiser. Il emportera son vin aux premières calendes d’octobre ; s’il n’est pas emporté, le maître en disposera à son gré ; les autres conditions sont les mêmes que pour les olives sur pied.

Chapitre 148[modifier]

Vente du vin en cercles. Chaque culleus livré à l’acheteur se mesurera sur le pied de quarante et une urnes de vin qui ne sera ni acide ni graisseux. On le fera déguster trois jours avant la vente par un gourmet expert. Si l’acheteur ne le fait pas, le vin sera tenu pour dégusté. Si par le fait du propriétaire la dégustation n’a pu être effectuée sous trois jours, il sera laissé à l’acheteur un délai proportionnel au retard. Le vin sera mesuré avant les calendes de janvier qui suivront la vente ; sinon, il sera mesuré aux risques du propriétaire, en lui comptant néanmoins ce qui aura été mesuré auparavant- Si l’acheteur l’exige, le propriétaire jurera qu’il l’a fait en conscience. L’acheteur enlèvera le vin aux calendes d’octobre. S’il ne le fait pas, le propriétaire en disposera ; les autres charges sont les mêmes que pour l’olive sur pied.

Chapitre 149[modifier]

Location d’un pâturage. Conditions de louage pour un pâturage d’hiver. Déterminez les limites du pâturage, et permettez-en la dépaissance aux calendes de septembre ; si l’herbage est sec, défendez-en l’entrée lorsque les poiriers commenceront à fleurir ; si la prairie est arrosée, la dépaissance cessera aussitôt que les voisins de chaque côté le permettront, ou bien prenez avec eux un jour fixé d’avance. Dans tout autre cas, le pâturage cessera aux calendes de mars. Le maître se réservera le droit, pendant toute la durée du pacage, de mettre sur son terrain une paire de bœufs domptés et un cheval de somme : il se réservera également l’usage des légumes, des asperges, des bols, de l’eau, et le droit de passage. Si l’herbager ou les gardiens font éprouver quelque dommage au propriétaire, on s’en référera à la décision d’un homme juste : il en sera de même si le locataire a été lésé soit car le propriétaire, soit par ses gens, soit par ses troupeaux. Jusqu’à ce que le prix de location ait été payé en numéraire ou par hypothèque, les troupeaux et ceux qui les soignent servent de nantissement au propriétaire ; s’il s’élève des contestations sur différents points, elles seront portées au tribunal de Rome.

Chapitre 150[modifier]

Cession du revenu d’un troupeau. Conditions pour la cession du rendement d’un troupeau de brebis. L’usufruitier donnera au propriétaire pour chaque tête une livre et demi de fromage mi-sec, la moitié du lait qu’on traira les jours de fêtes, et de plus une urne de lait. A ces conditions on comptera comme faisant partie de l’usufruit tout agneau qui aura vécu un jour et une nuit, et l’usufruit finira aux calendes de juin ; ce sera à celles de mai si l’année est intercalaire. Le preneur ne promettra pas plus de trente agneaux. Les brebis non fécondes seront comptées sur le pied de deux pour une, relativement à la rente. Les agneaux et la laine ne se vendront qu’en plein jour. La caution ne sera levée qu’après dix mois. Le petit-lait de dix brebis servira à l’engraissement d’un porc. Le preneur fournira aussi pendant deux mois un berger qui servira de gage jusqu’à ce que le propriétaire soit payé ou soldé en hypothèques.

Chapitre 151[modifier]

Manière de semer le cyprès. Je dois à M. Percennius Nolanus la manière de recueillir et de semer la semence de cyprès, de multiplier cet arbre et de le disposer en baquets. La semence du cyprès de Tarente se récolte au printemps, tandis que le bois ne s'abat qu'au moment où l'orge jaunit. On expose au soleil la semence ainsi récoltée ; on la nettoie, et. on la serre bien sèche dans un endroit chaud. On sème au printemps dans cette terre très légère que nous nommons friable, et dans un endroit peu éloigné de l'eau. On commence par distribuer sur le terrain une bonne couche de fumier de chèvre ou de moutons. Vous retournerez le terrain avec le bident , vous incorporerez l'engrais avec le sol, que vous débarrassez des plantes adventices et des gramens. Après avoir exactement pulvérisé la terre, disposez-la par planches de quatre pieds de large, et légèrement concaves afin qu'elles puissent retenir l'eau, et entre do- cime desquelles vous ménagerez un sentier, afin de pouvoir arracher les mauvaises herbes ; sur les planches ainsi arrangées vous répandrez la semence de cyprès, aussi drue que pour le lin. Vous la recouvrirez, à l'épaisseur d'un demi travers de doigt, avec de la terre que vous ferez passer par le crible. Vous aplanirez la surface soit avec une planche, soit avec vos mains, soit avez vos pieds. SI les pluies se font attendre au point que la terre se dessèche, introduisez sur les planches une légère lame d'eau. SI vous n'avez pas un cours d'eau, transportez-en sur vas planches, et arrosez doucement. II faut arroser chaque fois que le besoin s'en fait sentir. Arrachez les mauvaises herbes aussitôt qu'elles paraissent, et si faibles quelles soient ; arrachez-les surtout pendant l'été, et toutes les fois que vous en sentirez la nécessité. Ces précautions sont de rigueur : et dès que la semaine est faite il faut rouvrir la terre d'un paillis, qu'on enlève dès que les cyprès commencent à germer.

Chapitre 152[modifier]

Procédés des Manlius pour faire les balais de branchages. Pendant les trente jours qui suivent la vendange, Il faut faire des balais avec des ramilles sèches prises sur un orme, et liées autour d'un bâton. On s'en sert pour frotter les flancs intérieurs des futailles, afin que les lies ne s'attachent pas à leurs parois.

Chapitre 153[modifier]

Vin de lies. Ayez pour cela deux cabacs à olives de Campanie, remplissez-les de lies, placez-les sous le pressoir, et exprimez-en le vin.

Chapitre 154[modifier]

Manière de mesurer le vin aux acheteurs. Manière commode de délivrer le vin aux acheteurs. Ayez pour cela une cuve de la contenante d'un culleus, munie sur ses bords de quatre anses qui en faciliteront le déplacement. Percez-la au fond d'un trou exactement fermé par un robinet. Percez-la également d'un trou affleurant la contenance d'un culleus. Placez-la au milieu des futailles sur une élévation, afin que le vin qui y est contenu puisse s'érouler dans le culleus de l'acheteur : quand celui-ci sera rempli, fermez votre cuve.

Chapitre 155[modifier]

Pendant l'hiver procurer un écoulement à l'eau des champs. Il faut dessécher les terres arables pendant l'hiver. Sur les hauteurs on tiendra bien évidées les rigoles d'écoulement. C'est surtout à l'entrée de l'automne, quand la terre est pulvérulente, qu'il faut redouter la présence de l'eau. Lorsque la pluie s'annoncera, on emmènera tous ses gens avec des fourches et des sarcloirs, pour ouvrir les canaux d'écoulement et conduire l'eau sur les chemins, afin qu'elle ne séjourne pas sur les récoltes. Quand il pleuvra sur la ferme, on explorera tous les bâtiments ; et si l'eau filtre quelque part, on indiquera avec du charbon les endroits où les tuiles demandent à être remplacées. Pendant la moisson, si l'eau demeure stagnante, soit sur les javelles, soit sur les blés en tige, soit dans les rigoles, il faut écarter et détourner les obstacles qui s'opposent à son écoulement.

Chapitre 156[modifier]

Remèdes préparés avec les choux. Le chou est le premier de tous nos légumes. On le mange cru ou cuit. Si on veut le manger cru, on le fait macérer dans du vinaigre. Il se digère à merveille, relâche le ventre et les voies urinaires ; c'est, dans tous les cas, une nourriture saine. Si dans un repas vous désirez boire largement et manger avec appétit, mangez auparavant des choux confits dans du vinaigre, et autant que bon vous semblera ; et de même après le repas mangez-en cinq feuilles environ, vous serez comme si vous n'aviez ni bu ni mangé, et vous pourrez de nouveau boire à votre aise. Si vous avez l'épigastre embarrassé, prenez quatre livres d'une espèce de chou très légère, faites en trois bouquets égaux ; ficelez-les. Mettez ensuite sur le feu une marmite pleine d'eau, et jetez-y un des bouquets dès que le premier bouillon paraîtra. Lorsqu'ensuite elle recommencera à bouillir, enfoncez-le un peu, et laissez-le pendant que vous compterez jusqu'à vingt-cinq : retirez-le alors. Procédez de même pour le second et pour le troisième bouquet ; mettez-les ensuite ensemble et pilez-les. Après les avoir retirés, exprimez-en le suc à travers un linge dans une petite coupe en terre, à la quantité d'une hémine. Jetez-y un grain de sel gros comme une lentille, du cumin grillé seulement pour lui en donner l'odeur : exposez ensuite la coupe à l'air pendant une nuit sereine. Celui qui voudra boire de cette liqueur prendra auparavant un bain chaud, boira de l'eau miellée, et se couchera à jeun. Le lendemain II prendra la potlon, se promènera pendant quatre heures, et vaquera à ses affaires s'il en a à soigner. Aussitôt que l'envie de vomir le saisira, Il se couchera et se purgera. Il évacuera une si grande quantité de bile et de pituite, que lui-même se demandera avec surprise d'où elle peut provenir. Lorsqu'ensuite il ira à la selle, il boira une hémine d'eau, ou un peu plus. S'il continue à être relâché, il prendra deux conges de fine farine, qu'il jettera dans l'eau ; il en boira un peu, et ne sera plus tourmenté. Si on est travaillé par la colique, on fera macérer des choux dans de l'eau ; après la macération on les jettera dans de l'eau chaude, et on les fera cuire jusqu'à ce qu'ils s'amollissent. Après avoir décanté l'eau, on assaisonnera avec du sel, un peu de cumin et de fin gruau. On y ajoutera aussi de l'huile, et on fera bouillir ; après quoi on versera sur un plat pour laisser refroidir. On les mêlera, pour les manger, avec tel autre aliment qu'on voudra : mais on fera mieux de manger les choux seuls, si on le peut. Si l'on n'a point de fièvre, on les prendra avec un vin noir et dur, et on ne boira que le moins d'eau possible, mais s'il y a fièvre, il faudra adopter l'eau. On en fera prendre tous les matins, mais peu à la fois, afin de ne pas provoquer le dégoût, et qu'on les trouve toujours agréables. On les administrera de la mérite manière aux hommes, aux femmes et aux enfants. J'arrive maintenant à ceux qui ont les voies urinaires trop resserrées et embarrassées. Prenez des choux et jetez-les dans l'eau bouillante, faites-les cuire un peu, pour leur enlever leur crudité : ensuite décantez presque toute l'eau ; ajoutez-y beaucoup d'huile, du sel, et un peu de cumin ; faites bouillir. On en avalera le bouillon froid et on mangera les choux, et cela tous les jours, afin que le remède soit plus prompt.

Chapitre 157[modifier]

Variétés et qualités des choux. Avant tout il convient de connaître le caractère et les propres les des diverses espèces de choux. II entretient la santé, et s'allie merveilleusement avec le chaud, le sec, l'humide, le doux, l'amer et l'âcre : il réunit à lui seul les propriétés de ce remède compose qu'on appelle des sept vertus. Abordons maintenant l'étude des es-pètes. La première est nommée lisse ; elle est grande, à feuillage étalé, la tige haute. Elle est robuste et possède une grande vertu. La seconde espèce est crispée et se nomme apiacon ; le port de cette espèce en révèle les propriétés médicinales ; elle est plus énergique que la précédente. La troisième, que l'on appelle douce, a une tige courte ; sa feuille est tendre, mais la plus amère de toutes, et son suc peu abondant a un effet violent. Sachez d'abord qu'elle possède plus de propriétés médicinales que les autres espèces de choux. On l'applique pilée sur toutes les plaies et sur toutes les tumeurs. Ce topique nettoiera tous les ulcères, et les guérira sans douleurs. Elle travaille les abcès et les ouvre. Elle nettoie et guérit les plaies Infectes, et les cancers qui résistent aux autres remèdes. Mais avant de l'appliquer, passez-la à l'eau chaude, et faites-en deux cataplasmes par jour : vous cultiverez ainsi toute l'infection. Le cancer noir sent mauvais, et jette une sanie dégoûtante. Le cancer blanc est aussi purulent ; mais le cancer fistuleux ne s'épure que sous la chair à l'intérieur. Pilez du chou sur toutes ces sortes de maux, et vous les guérirez : c'est ce qu'il y a de mieux pour ces affections. Vous guérirez pareillement les luxations en les lavant deux fois par jour avec de l'eau chaude, et en y appliquant du chou pilé. Si vous en mettez deux fois par jour, vous couperez la douleur, et s'il y a contusion vous la résoudrez et la guérirez. Le chou broyé guérit aussi les ulcères et les chancres qui naissent aux mamelles. Si l'ulcère ne peut supporter l'acrimonie du chou, mêlez à celui-ci de la farine d'orge, et appliquez- le ensuite : il guérira tous les ulcères de cette nature, tandis qu'aucun autre remède n'eût pu ni les guérir ni les nettoyer. Pour guérir les ulcères des enfants et des jeunes filles, mêlez au chou de la farine d'orge. Si vous voulez couper, laver et faire sécher des feuilles de chou que vous faites digérer dans du sel et du vinaigre, vous obtiendrez un aliment des plus sains. Pour le rendre plus agréable, vous l'arroserez de vinaigre miellé, vous l'aromatiserez de menthe sèche, de rue, de coriandre pilet, et vous y mettrez du sel. Cet aliment est excellent, détruit la source de toutes les maladies ; il a des propriétés laxatives, et guérit les maux dont le corps contiendrait déjà le germe. Maux de tête, maux d'yeux, il chasse tout, ii guérit tout. Il faut le prendre à jeun le matin. Il guérit la mélancolie, le spleen, les palpitations de coeur, les maladies du foie, des poumons, les tiraillements des entrailles, et toutes les douleurs internes. Ratissez dessus du laser, et vous le rendrez meilleur. Lors que tous les viscères gorgés de nourriture ne peuvent s'insinuer dans toute la masse du corps, il en résulte toujours quelque maladie. Lorsque votre estomac surchargé par un excès d'aliments ne peut évacuer, mangez du chou préparé comme Il a été dit, et en proportion de la consommation que vous avez faite ; et vous n'aurez à redouter aucune maladie. Rien n'est si efficace contre la goutte que le chou cru, si on le mange associé à la rue et à la coriandre, ou bien assaisonné de laser ratissé, d'oxymel et de sel. Ce remède rendra le mouvement à toutes les phalanges végétales ; il n'est pas dispendieux ; et d'ailleurs, le fût-il, il faudrait en essayer pour sa santé. C'est à jeun qu'il faut le prendre. On guérira par le même moyen les personnes sujettes aux insomnies, en leur administrant du chou grillé, frotté d'huile lorsqu'il est chaud, et légèrement salé. Plus elles en mangeront, plus prompte sera leur guérison. Ordonnez le traitement suivant à ceux qui ont des tranchées : Faire bien macérer des feuilles de chou, les mettre dans une marmite, et les laisser bouillir ; décanter l'eau après la cuisson, ajouter beaucoup d'huile, un peu de sel, du cumin et du fin gruau ; faire bouillir de nouveau, puis dresser sur un plat. On mangera le chou sans pain, s'il est possible ; sinon on y fera tremper un peu de pain : s'il n'y a pas de fievre, on donnera du vin bien coloré. La guérison sera prompte. Si une personne débile fait usage du chou ainsi apprêté, elle reprendra bientôt ses forces. Voici qui est plus surprenant : Conservez l'urine d'une personne qui aura mangé des choux, faites-la chauffer, préparez-en un bain à une personne malade : elle sera guérie. Cela est sanctionné par l'expérience. Si vous lavez de cette urine les enfants d'une constitution débile, ils deviendront robustes pour toujours, et ceux dont la vue sera affaiblie verront plus clair en frottant leurs yeux de ce liquide. Les maux de tête et de cerveau disparaîtront, si on lave ces parties avec cette urine. Jamais la femme ne manifestera d'exhalaisons spéciales à certaines régions quand elles auront été lavées avec cette urine ; et voici comment elle devra s'y prendre. Aussitôt que l'urine aura bouilli dans un vase en cuivre, on placera celui-ci sous une chaise percée sur laquelle la femme s'asseoira, et on l'enveloppera de ses vêtements. Le chou sauvage possède les propriétés les plus énergiques. Il faut le faire sécher, et le broyer bien menu. Si l'on veut purger quelqu'un, on lui défend de souper la veille, et le lendemain matin on lui administre à jeun le chou broyé, à la dose de quatre cyathus d'eau. Ce purgatif, supérieur à l'ellébore et à la sammonée, n'a pas de suite fâcheuse, et fortifie le corps : il opérera même sur les malades désespérés. Voici comment il convient de traiter celui qui prend le remède. Administrez-le sous forme liquide pendant sept jours : si le malade veut manger, donnez- lui du rôti ; si cette nourriture lui répugne, donnez-lui du chou cuit et du pain, du vin trempé : défendez le bain et prescrivez les frictions huileuses. Celui qui se sera ainsi purgé jouira longtemps d'une bonne santé, et ne sera jamais malade que par sa faute. Si quelqu'un est affligé d'un ulcère récent ou invétéré, appliquez-lui de ce chou sauvage, sur lequel vous aurez versé de l'eau, et il sera guéri. Si c'est une fistule, introduisez à l'intérieur une tente de ce chou ; si la fistule ne peut recevoir la tente, délayez le chou, introduisez-le dans une vessie a laquelle vous adapterez un tuyau ; pressez les flancs de la vessie, afin que la préparation entre dans la fistule. Ce remède sera infaillible. Le chou broyé avec du miel guérit aussi les ulcérations récentes et invétérées sur lesquelles il a été appliqué. S'il vous est venu un polype dans le nez, mettez dans le creux de la main du chou sauvage broyé, et approchez-le des fosses nasales : aspirez fortement. Au bout de trois jours le polype disparaîtra. Aussitôt qu'il sera tombé, continuez encore le remède pendant quelques jours, afin de détruire les racines mêmes du polype. SI vous êtes quelque peu sourd, broyez des feuilles de chou avec du vin, exprimez le suc, que vous instillerez tiède dans votre oreille ; et sous sentirez aussitôt que vous entendez plus clairement. Appliqué à faible dose sur les dartres, le chou les fait disparaître sans déteminer d'ulcération.

Chapitre 158[modifier]

Préaprations laxatives. SI vous voulez que le canal digestif demeure libre, mettez dans une marmite six setiers d'eau, et l'extrémité osseuse d'un jambon. A défaut de cette dernière partie employez un morceau de jambon d'une demi-livre, et coupé dans la partie la moins grasse. Lorsque la cuisson touche à son terme, ajoutez-y deux petites têtes de choux, deux bettes avec leurs racines, un peu de polypode, de mercuriale, deux livres de muscles, un têtard, un scorpion, six escargots, et une poignée de lentilles. Faites réduire toutes ces substances jusqu'à trois setiers, sans y mettre d'huile. Prenez un setier de ce breuvage lorsqu'Il sera tiède ; ajoutez-y un cyathus de vin de Cos ; buvez et reposez-vous. Prenez de même la seconde et la troisieme portion, et vous serez purgé. SI vous voulez boire par-dessus du vin de Cos, vous en avez la liberté. De toutes les substances que je viens d'indiquer, une seule suffirait pour relâcher ; mais leur réunion constitue un breuvage aussi efficace qu'agréable.

Chapitre 159[modifier]

Remèdes contre les écorchures. Quand on voyage, on préviendra les écorchures en portant sous l'anus un petit rameau de grande absynthe.

Chapitre 160[modifier]

Charme contre les luxations. Le charme suivant guérit les luxations : Prenez un roseau vert de quatre ou cinq pieds de long ; coupez-le par le milieu, et que deux hommes le tiennent sur vos cuisses ; commencez à chanter : IN ALIO, S. F. MOTAS VAETA, DARIES ASTARIES DISSUNAPITER, et continuez le charme jusqu'à ce que les deux morceaux soient réunis ; agitez un fer au- dessus ; lorsque les deux parties seront réunies et se toucheront, saisissez-les, et coupez-les en tous sens : vous en ferez une ligature sur le membre cassé ou fracturé, et il sera guéri. Cependant pour un membre démis ou cassé, répétez tous les jours le même charme ; ou le suivant, pour une fracture : HUAT HAUAT HUAT ISTA PISTA SISTA, DAMNABO DAMNAUSTRA ; ou bien encore : HUAT HAUT HAUT ISTASIS TARSIS ARDANNABOu DANNAUSTRA.

Chapitre 161[modifier]

Manière de cultiver les asperges. Il faut défoncer un sol convenablement humide, ou un terrain bien engraissé. Après le défoncement, on le disposera en planches, afin qu'on puisse sarcler et nettoyer à droite et à gauche sans piétiner la terre. Dans la formation des planches, on ménagera autour de chacune d'elles un sentier d'un demi-pied de largeur ; on seine ensuite en ligne, en mettant deux ou trois semences dans un trou fait au plantoir, et qu'on recouvre ensuite de terre. L'ensemencement terminé, on éparpille du fumier sur la surface des planches vers l'équinoxe du printemps ; lorsque le germe poussera, on sarclera fréquemment, en faisant attention de ne pas arracher les asperges avec les mauvaises herbes. La premiere année de la plantation, on couvrira le semis de paillis pendant l'hiver, pour le préserver des gelées. Au printemps on le découvrira, on le sarclera et on le nettoiera. Après la troisième année qui suit l'ensemencement on brûle les tiges au printemps. Gardez-vous bien de sauler avant la poussée des tiges, car le saulage pourrait offenser les racines. A la troisième ou la quatrième année, vous couperez les asperges sur les racines ; car si vous les cassez, Il se formera de nouvelles souches qui s'étoufferont. Vous pourrez les couper jusqu'à ce qu'ils montent en graine. Les semences murissent à l'automne ; lorsqu'elles auront été récoltées, on mettra le feu aux tiges et on recommencera à sarcler et à fumer dès que l'asperge poussera. L'asperge est déjà au déclin vers la huitième ou la neuvième année ; on l'arrache alors, pour la transporter dans un autre terrain bien défoncé et bien fumé. On fait des tranchées destinées à recevoir les pattes d'asperge. On ne doit pas laisser entre celles-ci un intervalle de moins d'un pied. En les arrachant creusez tout autour, afin que l'extraction ne présente pas de difficultés ; prenez garde surtout de les déchirer. Entourez-les d'une bonne dose de fumier de mouton, c'est le meilleur pour cet objet : tout autre engrais favorise la multiplication des mauvaises herbes.

Chapitre 162[modifier]

Salage des jambons, fricandeaux de Pouzzoles. Procédé pour saler les jambons dans une futaille ou dans un saloir. Lorsque vos jambons seront achetés, retranchez-en l'extrémité osseuse. Employez pour chacun un muid de sel romain trituré. Mettez-en un lit au fond de la tonne ou du saloir : stratifiez vos jambons en plaçant la peau en bas, et mettez une seconde couche de sel. Faites un second lit de jambons, que vous couvrez de la même manière. Prenez bien garde que les chairs ne soient en contact, et couvrez-les tous de sel. Lorsque tous les jambons seront entonnés, mettez au- dessus une couche de sel qui les couvrira et que vous égaliserez. Après qu'ils auront séjourné dans le sel pendant cinq jours, enlevez-les avec le sel. Replacez au fond du saloir les jambons qui étaient à la surface, couvrez-les et stratifiez-les comme précédemment. Après l'intervalle de douze jours retirez définitivement les jambons, secouez-en le sel, et mettez-les à un courant d'air pendant deux jours. Essuyez-les avec une éponge le troisième jour, et frottez-les d'huile ; suspendez-les à la fumée pendant deux jours, après quoi vous les retirerez. Frottez-les d'huile et de vinaigre mêlés ensemble, suspendez-les au garde-manger : ils ne seront attaqués ni par les teignes ni par les vers.