Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Mœurs et coutumes/23

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Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 287-288).


CHAPITRE XXIII.


Comment les femmes deviennent aussi des prophètes.


Ils se réunissent dans une cabane, et ils parfument toutes les femmes les unes après les autres. Elles pleurent, et se mettent à sauter et à courir jusqu’à ce que la fatigue les fasse tomber par terre comme mortes. Le prophète dit alors : « Vous voyez, elle sont mortes, mais elles vont bientôt revenir à elles ; » et quand elles se relèvent elles leur annoncent l’avenir. Ils font cette cérémonie toutes les fois qu’ils doivent partir pour la guerre.

Une nuit, la femme du maître à qui on m’avait donné pour qu’il me tuât, commença à prophétiser, et dit à son mari qu’un esprit était venu d’un pays éloigné pour savoir quand je serais tué. Elle lui demanda en même temps où était la massue qui sert à assommer les prisonniers. Mais celui-ci lui répondit, qu’il s’en fallait encore de beaucoup que tout fût prêt pour cela ; car il commençait à croire que j’étais un Français et non un Portugais.

Quand cette femme eut fini sa prophétie, je lui demandai pourquoi elle en voulait à mes jours, puisque je n’étais pas son ennemi, et si elle ne craignait pas que mon Dieu lui envoyât une maladie ? Mais elle me répondit de ne pas faire attention à cela ; que c’étaient seulement des esprits d’un pays étranger qui désiraient savoir ce que je devenais. Ils ont beaucoup de superstitions de ce genre.