Description historique et géographique de l’Indostan/Section 1

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SECTION Ière.


Les côtes maritimes et les îles.



Calcutta est le point d’où je partirai, non seulement parce qu’il a été déterminé par différentes observations de longitude et de latitude, mais encore parce qu’il a une ligne mesurée d’une étendue considérable à l’est et à l’ouest. Je me propose de suivre d’abord la route à l’ouest jusqu’à l’embouchure de l’Indus ; je reviendrai ensuite à Balasore, et je me dirigerai vers l’est jusqu’à l’entrée du détroit de Malacca.

Calcutta est la capitale des possessions anglaises dans l’Inde. Le conseil général y fait sa résidence. La citadelle de cette ville est située au 22° 33′ de latitude septentrionale. Les observations de quatre géographes me font estimer sa longitude à 88° 28′ à l’est du méridien de Greenwich[1].

Balasore située à environ 101 milles géographiques[2] de Calcutta, est le dernier point du Bengale qui ait été mesuré, au sud-ouest, vers Madras. Le colonel Pearse, en revenant du Carnate, à la fin de la dernière guerre, eut occasion de mesurer une ligne de Madras à Balasore. On la désirait depuis long-temps, parce que l’on n’avait pas déterminé les positions exactes de Masulipatam, Visagapatam, Ganjam et Gattack, points intermédiaires dont dépendaient plusieurs autres ; et quoique je n’eusse pas de raisons de supposer que les positions de Masulipatam et Visagapatam ne fussent pas exactes dans mon ancienne carte, cependant je doutais de celles de Ganjam et de Cattack. Les talens et les soins du colonel Pearse ont amplement suppléé ce qui manquait sur cette ligne. Il a tout fait mesurer, et il corrigeait lui-même par des observations de latitude le travail de chaque jour, ou au moins, chaque intervalle considérable. La ligne mesurée par le colonel Pearse était, en distance de route, d’environ 900 milles anglais.

La longitude du fort William (Guillaume) qui est la citadelle de Calcutta, étant, comme je l’ai dit plus haut, de 88° 27′ 45″[3] (terme moyen des observations de quatre géographes) ; et celle de Madras de 80° 24′ 40″[4] (terme moyen des observations de trois géographes) ; la différence des deux méridiens est de 8° 3′. Il reste donc à comparer avec cette moyenne la différence de longitude trouvée par le mesurage du colonel Pearse, communiquée par le lieutenant Colebrooke ; sur la carte qu’il en a dressée, et remise à l’hôtel de la compagnie des Indes.

Balasore, d’après le mesurage, est à 1° 26′ 30″ ouest du fort William ; sa longitude est donc de 87° 1′ 30″. Le colonel Pearse la place à 1′ 15″ plus à l’ouest ; mais je préfère le résultat du mesurage. De Balasore à Ganjam, à 19° 22′ de latitude, le colonel Pearse compte 95 milles, ou une différence de longitude de 1° 41′ 26″ ; ce qui fixe la longitude de Ganjam à 86° 20′ 4″. De Ganjam à Madras il compte 5° 2′ 18″ ouest ; la latitude de Madras serait donc de 80° 17′ 44″. Je trouve ici une différence de longitude d’environ sept minutes d’excès, le mesurage donnant plus que les observations. Mais en examinant la carte dont j’ai parlé plus haut, je m’aperçois que la différence de latitude entre Ganjam et Madras excède de 8′ 30″ celle qui est donnée par l’observation ; de manière que si l’on impute cette différence, comme cela paraît très-probable, à un excès de distance, il doit y avoir également excès de longitude. L’erreur sera d’environ 6′ 48″ ou à-peu-près l’équivalent de la différence dont il s’agit. Il importe peu à la géographie générale de savoir quelle cause a produit une erreur légère de sept minutes dans une différence de méridiens de six degrés et demi. Il suffit que le résultat nous prouve que la différence des méridiens entre les deux places est assez bien déterminée par approximation, pour l’utilité de la navigation ou de la géographie générale.

Je ne dois pas oublier de faire mention qu’en 1770 et 1771 le capitaine John Ritchie, par ordre du gouvernement du Bengale, prit les hauteurs et les distances, de Madras à Balasore ; et son résultat ne diffère que d’une minute de longitude d’avec celui que donnent les observations. Mais la proportion de quelques-uns de ses intervalles n’a pas été bien observée. Il est vrai qu’il ne se trouve qu’une minute à l’est de différence entre sa position de Masulipatam et celle donnée par le colonel Pearse ; mais celle de Visagapatam était de 7′ et celle de Ganjam de plus de 22′ à l’ouest.

Quoique la route du colonel Pearse serve à fixer presque toutes les positions principales sur la côte ou près de la côte, cependant il s’en est souvent écarté, et même pendant un long espace, comme entre Balasore et Jagarnaut, entre Visagapatam et Ongole. Les matériaux fournis par le capitaine Ritchie, le major Stevens, le colonel Polier, Mr . Cotsford et autres, suppléant abondamment ce qui nous manquait.

D’abord, de Balasore à la Pointe Palmiras. Le capitaine Ritchie a mesuré cet espace par une suite de triangles formés au moyen de trois vaisseaux mesureurs, et corrigés par des observations de latitude. Le résultat de mesurage a déterminé la position de la Pointe Palmiras, directement au sud de Balasore. Sa longitude est de 87° 1′ 30″ ; et sa latitude de 20° 44′. De la Pointe Palmiras à la Pagode de Jagarnaut, la côte fut mesurée avec moins de précision ; aussi le colonel Pearse et le capitaine Ritchie ne sont pas d’accord sur le gisement et la distance entre Balasore et Jagarnaut. Selon le premier, la différence de longitude n’est que de 54′ 30″, et selon le capitaine Ritchie, elle est de 1° 16′. Cette différence très-considérable est trop frappante pour que je n’en fasse pas une mention particulière. Il serait nécessaire de déterminer par de nouvelles observations les positions relatives de Jagarnaut, de la Pointe Palmiras et de Balasore. Quelque part que se trouve l’erreur, il est de la plus grande importance de la rectifier ; car si la hauteur donnée par le colonel Pearse est vraie (et je n’ai pas de raison d’en douter) la carte du capitaine Ritchie contient une erreur très-considérable dans l’espace entre Jagarnaut et Balasore.

La longitude de Cattack est à-peu-près la même qu’elle était dans ma première carte de l’Inde. D’après le capitaine Campbell, je l’avais placée à 86°. Elle est aujourd’hui de 86° 1′ 30″. Sa latitude est la même qu’auparavant.

De Jagarnaut à Ganjam, les côtes sont prises sur la carte du colonel Pearse ; et je les ai comparées avec celles de Ritchie et de Campbell. De Ganjam à Poondy, je me suis servi de la carte du district d’Itchapour ; et la route du colonel Pearse, de Ganjam, à Bindi, près Poondy, fournit les moyens de corriger cette carte très-fautive. Bindi sert de point de liaison pour les deux cartes, comme Nauparah ou Nowparah, un peu plus loin au sud-ouest, en sert également pour la carte du colonel Pearse et celle du district de Tickley, par Cridland. La carte du lieutenant Cridland, le journal du colonel Polier, et d’autres manuscrits m’ont fourni les détails de la côte entre Poondy et Bimlepatam. De Bimlepatam à Visagapatam, je me suis servi de la carte de Pearse, et de-là à Coringa, d’une carte manuscrite faite durant l’expédition du colonel Forde à Masulipatam, en 1759, et que j’ai comparée avec la carte du capitaine Ritchie.

Comme l’on a fait à Visagapatam quelques observations pour déterminer la longitude, il est à propos d’en faire mention, et d’en comparer les résultats avec la longitude déduite de celle de Calcutta et de Ganjam par la ligne du colonel Pearse. Elles donnent 107,1 milles, ou une différence de longitude de 1° 52′ 54″, de Ganjam à Visagapatam. Si nous en déduisons l’erreur produite par la distance, la véritable différence de longitude sera de 1° 50′ 39″. En la retranchant de la longitude de Ganjam qui est de 85° 20′ 4″, celle de Visagapatam sera de 83° 29′ 26″. Mais d’après les observations du colonel Pearse, la longitude était de 84° 23′ 30″, et selon Mr . Russel, de 83° 21′ 30″. Sa latitude est de 17° 42′.

De Coringa à Masulipatam, j’ai pris dans le major Stevens la forme de la côte, parce que la route du colonel Pearse pénètre dans l’intérieur par Rajamundry, Ellore, etc., et n’approche pas assez de la côte pour en déterminer la position, jusqu’à ce qu’elle revienne à Vantipollam près d’Ongole. Les cartes du major Stevens et du colonel Pearse se réunissent à ces points ; savoir, à Siccacollum, sur les bords de la Kistnah, à Rajamundry et à Samulcota. Elles diffèrent considérablement dans l’espace entre Siccacollum et Samulcota ; celle du major Stevens donne 6 ¾ milles moins que l’autre ; mais je crois que la distance mesurée par le major Stevens ne le fut que dans la partie située entre Siccacollum et Narsapour.

La position de Masulipatam a été fixée avec assez de précision par le mesurage qu’a fait le major Stevens, depuis Siccacollum, place qui se trouve dans la carte du colonel Pearse. Elle en est à 17,4 milles géographiques de distance à l’est, et à 3,3 au sud ; à l’est de Madras à 48′ de longitude, ou 47′ (erreur corrigée) ; sa longitude étant de 81° 12′, et sa latitude de 16° 8′ 30″.

De Masulipatam à Madras, j’ai pris la forme de la côte presque toute entière dans le capitaine Ritchie, sauf quelques corrections que m’a fournies le mesurage par terre du colonel Pearse. Comme ce dernier est venu jusqu’à la côte à Vantipollam, Carwuree et Rameeapatam, il m’a paru que la carte du capitaine Ritchie devait être corrigée dans la grande baie entre Rameeapatam et la Pointe Divy. J’ai cru devoir aussi réduire la Pointe à l’embouchure de la Pennar, et la rendre moins éminente, autrement la distance de Nellore à la côte la plus voisine, eut été beaucoup trop considérable[5]. Il ne fallait pas s’attendre, à la vérité, que sur une côte basse presque droite, chaque petite courbure serait déterminée.

Il est à propos de remarquer que la différence de longitude entre Calcutta et Madras, dans les cartes de D’Anville et de D’Apres, est très-près de la vérité, parce qu’ils avaient à leur disposition les observations faites à Ghyretty et à Pondicherry ; mais d’ailleurs leurs cartes sont très-défectueuses quant aux détails.

La longitude de Madras ou du fort Saint-Georges, comme je l’ai déjà dit, est de 80° 25′, et sa latitude est de 13° 5′. Les triangles obtenus par le moyen de la montagne de Wandiwash, Permacoil, les monts rouges, et la différence de latitude, placent Pondicherry à 25′ de longitude à l’ouest de Madras ; il en résulte que Pondicherry serait précisément au 80° de longitude. Les différentes observations faites sur les lieux donnent pour moyenne 79° 55′ 40″.[6] Mr . Pringle qui a mesuré les routes de l’armée de Sir Eyre Coote, pendant la dernière guerre, s’accorda avec moi sur la différence de méridiens. La latitude de Pondicherry est de 11° 56′.

Cuddalore, à la latitude de 11° 41′ et à la longitude de 79° 45′ 45″, est le point le plus méridional qui ait été déterminé par le mesurage de Mr . Pringle ; mais le même savant nous donne la hauteur de Porto-novo, dont la latitude est de 11° 30′, et la longitude de 79° 53′ 30″.

On ne s’accorde pas sur la position de la Pagode de Chillambrun, relativement à Porto-novo, quoique ce soit un objet très-apparent. D’après les meilleures autorités, je l’ai placée à 7½ milles géographiques au sud-ouest de Porto-novo. Mr . Barker, par une base mesurée, a déterminé sa position par rapport à Devicotta, à 16° 45′ ouest ; ce qui, ajouté à la première ligne de Porto-novo, donne pour la longitude de Devicotta 79° 55′. Sa latitude paraît être de 11° 21′. Plusieurs cartes mettent entre Porto-novo et Devicotta une distance beaucoup plus grande que celle qui résulte de la construction ci-dessus, de neuf milles géographiques sur un gisement sud-sud-est. L’erreur me paraît provenir de ce que l’on a placé le gisement de Devicotta depuis Ghillambrun, beaucoup trop au sud.

De Devicotta jusque vers le sud de Negapatam, j’ai suivi quelques cartes manuscrites, entre autres, celle de D’Anville qui contient les positions principales entre Madras et Tanjore, et qui semble destinée à servir de base à une carte du Carnate méridional.

Si D’Anville eût différé des autres, j’aurais été porté à donner la préférence à ses recherches ; mais toutes les cartes que j’ai consultées diffèrent si peu entre elles, qu’elles n’offrent pas entre Devicotta et Negapatam une différence de longitude de plus de 1′ 45″. La moyenne est de 1′ 15″ est ; tellement que l’on peut déterminer la longitude de Negapatam à 79° 56′ 35″ ; et sa latitude à 10° 46′.

Ainsi, Negapatam paraît être à 3′ 25″ ouest de Pondicherry, ou 28′ 25″ de Madras ; et s’il y a quelque erreur, ce doit être principalement entre Devicotta et Negapatam ; et cette erreur serait commune aux différens géographes et constructeurs de cartes. Je remarque que les diverses cartes faites les années dernières dans l’Inde, ont placé Negapatam entre une longitude de 79° 53′ et 79° 54′. J’ignore ce qui a pu donner lieu à cette idée ; mais qu’elle soit ou ne soit pas fondée, elle ne diffère que très-peu de la mienne.

Negapatam est le point le plus méridional, sur la côte orientale de la Presqu’île, dont la position puisse être regardée comme passablement exacte, à moins que l’on excepte la Pointe Calymère. Son gisement étant bien connu depuis Negapatam, et sa latitude déterminée avec précision, on peut considérer sa position comme à-peu-près aussi bien fixée que celle de Negapatam dont elle dépend. Sa latitude est de 10° 20′, et sa longitude de 79° 54′ 30″.

On n’a pas encore mesuré de ligne qui traverse la Presqu’île et mérite quelque confiance. Les marches du colonel Fullarton, mesurées par le colonel Kelly, ne s’étendent que jusqu’à Palicaudcherry ; c’est-à-dire, à environ 50 milles G. de la côte de Malabar ; et vers le sud elles s’étendent à travers Madura et Tinevelly, jusqu’au cap Comorin. Heureusement, nous avons une série de longitudes déterminées depuis Bombay, par le capitaine Huddart. Elles s’étendent par intervalles le long de toute la côte jusqu’à Anjunga.

La marche du colonel Fullarton dans les contrées méridionales du Carnate, a fourni l’occasion de mesurer les distances, et de déterminer les positions relatives de Tanjore, Tritchinopoly, Madura, Coimbettore, Palicaudcherry, etc., relativement à Negapatam, où a commencé cette marche. Le plan de ces marches, qui m’a été communiqué à l’hôtel de la Compagnie des Indes orientales, porte le nom du colonel Kelly ; et il y est joint la déclaration que tous les points ci-dessus ont été mesurés. Nous devons regretter que l’on n’ait pas eu la même attention pour la marche de Calicut à Palicaudcherry, point de réunion fixé pour le détachement de Bombay qui rejoignait celui du colonel Fullarton ; alors la largeur exacte de la Presqu’île ne serait plus un objet de recherches.

Tritchinopoly, selon la carte du colonel Kelly, est à 1° 10′ de longitude ouest de Negapatam. Ainsi, en retranchant cette longitude de celle de 79° 56′ 35″, la longitude de Tritchinopoly[7] sera de 78° 46′ 35″. Sa latitude est de 10° 49′.

La même carte place Madura à 34′ de longitude de Tritchinopoly, c’est-à-dire, à la longitude de 78° 12′ 35″. Il faut remarquer ici le peu d’accord qui se trouve entre les différens états des hauteurs et distances de Tritchinopoly à Madura, donnés par Kelly, Montrésor et autres. Les deux premiers ne diffèrent en distance que de 1.6 milles G. ; mais le gisement du colonel Kelly donne 12.3 milles G. de plus à l’ouest, que celui de Montrésor. Une troisième carte qui m’a été communiquée par Mr . John Sulivan, porte le même gisement que Kelly ; mais il y a dans la distance un excédent de 3,7 milles G. Il en résulte une augmentation à l’ouest de 1,3 milles G., et sur Montrésor de 13,6 milles G., ou 14′ 15″ de longitude.

Je ne connais pas encore la latitude de Madura. La carte de Sir John Call la place au 9° 52′ 30″ ; et selon le colonel Kelly, sa différence de latitude avec Tritchinopoly étant de 53′ 12″, sa latitude serait de 9° 55′ 48″.

Pour le reste de la ligne entre Palamcotta (ou Tinevelly) et Poolytopu sur la côte maritime, à l’ouest du cap Comorin, je me suis servi de la carte de Madura et Tinevelly, faite sous la direction de Sir John Gall, alors chef ingénieur à Madras, des distances de route de Mr . Pringle, et des latitudes de Palamcotta et Poolytopu. D’abord je trouve dans la carte de Sir John Gall une différence de latitude sud de 1° 9′ 30″ entre Madura et Palamcotta, et 18′ de longitude, ouest ; ce qui placerait Madura à une latitude de 8° 43′ (selon Mr . Pringle, sa latitude, est de 8° 44′) et à une longitude de 77° 54′ 35″. Ensuite, de Palamcotta à Cotate ou Cotaur, à l’ouest des Gauts, la carte de Sir John Call donne une différence de latitude, sud, de 29′ 12″, et une différence de longitude, ouest, de 22′ ; si nous y ajoutons une différence de latitude, sud, de 5′ 30″ déduite de la distance mesurée par Mr . Pringle, et une différence de longitude, ouest, de 6′ ; la différence entière de latitude serait de 34′ 42″ sud, et la différence de longitude de 28′ ouest. La position de Poolytopu serait alors 8° 9′ 18″ de latitude, et 77° 26′ 35″ de longitude.

Le village de Poolytopu parait être situé sur la côte, est-nord-est, à quatre milles G. de la Pointe de Cadiapatam dont Mr . Howe a déterminé la latitude à 8° 7′ ; et Poolytopu étant à environ 1′ 30″ au nord de cette Pointe, sa latitude doit être de 8° 8′ 30″, selon le calcul le plus approximatif. Cette déduction n’offre rien de forcé. Poolytopu, d’après la meilleure autorité que j’aye pu consulter (une carte française manuscrite de la collection de Mr . Dalrympe), est à 16′ de longitude, ouest, du cap Comorin ; et la longitude de ce cap est de 77° 42′ 35″.

Mr . Pringle, en mesurant la route de Tanjore à Poolytopu, a jeté sur ce sujet une plus grande lumière. Toute sa distance de route est de 251 ½ milles A. ; et en accordant 1 sur 9[8] pour les sinuosités, la distance horizontale serait de 223 ½ milles A., ou 193 milles G. En fondant cette déduction sur le même gisement que la précédente (S 33° 40′ W), on obtient une différence de 2° 41′ 18″ de latitude, et à l’ouest de 107,4, ou une différence de longitude de 1° 49′. Comme Tanjore est au 10° 48′ 30″ de latitude, celle de Poolytopu est de 8° 5′ 12″, et sa longitude de 77° 23′ 15″ (la longitude de Tanjore, d’après le mesurage du colonel Kelly, étant de 79° 12′ 15″), et si nous y ajoutons 16′, la longitude du cap Comorin sera de 77° 39′ 15″, ou 3′ 20″ à l’ouest, du premier calcul.

Si pour les sinuosités de la route nous adoptons la proportion de 1 sur 8, la distance sera de 190 milles G.[9] ; et la latitude de Poolytopu de 8° 8′ ; sa longitude de 77° 20′ 50″ ; et celle du cap Comorin 77° 36′ 50″.

Je n’ai pu me procurer des renseignemens plus satisfaisans sur la longitude du cap Comorin, en la déduisant du côté oriental de la presqu’île. Pour la déterminer avec précision, relativement à la position de Negapatam, il faudrait être sûr de l’exactitude de la carte de Tinevelly ; mais je ne puis en répondre. Cependant sa coïncidence avec le mesurage de Mr . Pringle (car je regarde une différence de 3′ 20″ comme nulle en matière de géographie générale) est une présomption très-forte en sa faveur. On y remarque une variation à l’ouest de 1 à 2 degrés, entre Negapatam et le cap Comorin. Si l’on était d’accord sur ce fait, il faudrait reculer à l’ouest le cap Comorin de 4′ 30″, et la placer, selon les lignes de Kelly et de Gall, au 77° 38′ 5″.

Passons maintenant à l’autre côte, et voyons comment les déductions de longitude des capitaines Huddart et Dundas, de l’ouest à Anjenga, s’accordant avec l’espace estimé, entre le cap Comorin et Anjenga. Cet espace, d’après les observations de Mr . Dalrymple, en 1777, présentait une différence de 52′ 30″. En la retranchant de 77° 38′ 5″, la longitude d’Anjenga sera de 76° 45′ 35″.

La longitude d’Anjenga déduite par le capitaine Huddart depuis Bombay est de 76° 39′
par le capitaine Dundas de ... 76° 30′
par Mr . Dalrymple de ..... 76° 38′.

Quant aux séries de longitudes commencées à Bombay, à la latitude de 18° 58′, elles furent continuées jusqu’à Anjenga, à la latitude de 8° 39′, et ensuite reprises jusqu’à Bombay, ce qui a corrigé l’erreur produits par son instrument, erreur qui n’était que de 2¼ minutes de longitude. Nous devons être très-satisfaits de ces séries, par rapport aux positions générales ; et il faut convenir que la géographie a de grandes obligations aux travaux de ce savant qui a déterminé la longitude de 16 places sur la côte, et par ce moyen nous en donne la véritable forme. Aux yeux de ceux qui étaient dans l’habitude de la considérer, elle doit paraître bien différente de ce qu’elle était auparavant sur les cartes.

Je pense que l’on doit plus de confiance à la longitude d’Anjenga déduite depuis Bombay par le capitaine Huddart, qu’à toute autre ; mais en même temps j’adopte l’observation de longitude faite à Bombay par Mr . Howe, parce qu’elle s’accorde davantage avec les autres notices. Je ne prétends pas décider du mérite des différentes observations (j’avoue que j’en suis incapable) ; mais je donne la préférence à celle de Mr . Howe, parce qu’elle s’accorde avec celle qui a été faite à Goa, avec les routes mesurées de Negapatam à Tanore, et, autant que l’on peut en juger, avec la déduction de Negapatam au Cap Comorin. Il est vrai qu’en adoptant la position de Madura par Montrésor, il faudrait placer le cap Comorin à 12′ plus loin à l’est ; et si l’on n’admettait pas la variation, il y aurait à ajouter 4′ 30″ de plus, ce qui ferait en tout 16′ 30″ ou la différence entre les observations du capitaine Hove et celles du capitaine Huddart, les unes donnant 72° 38′, et les autres 72° 54′.

Il me reste, après cette recherche, à montrer de quelle manière j’ai composé ces différences, sans donner aux parties intermédiaires une forme qui ne leur convint pas. J’ai placé Anjenga à 76° 40′ moyenne des diverses observations, et de la déduction de Negapatam. J’ai adopté la différence de 52′ 30″ de longitude pour le cap Comorin, différence donnée par Mr . Dalrymple, ce qui place le cap à 77° 32′ 30″. J’ai suivi pour Madura la latitude de Call, 9° 52′, et sa longitude est déterminée par la distance de Trichinopoly du colonel Kelly, avec une addition de 3 milles, c’est-à-dire, 78° 11′ de longitude. Palamcotta est à la latitude de 8° 42′ et à la longitude 77° 49′ 15″, selon les proportions fournies par Call et Pringle, entre Madura et Poolytopu.

Pour la forme de la côte entre Madras et le cap Comorin j’ai suivi différentes autorités, Le mesurage des terres de la Compagnie (ou Jaghire) m’a servi jusqu’au delà d’Alemparvé. De ce point jusqu’à Negapatam, j’ai employé une carte manuscrite française comparée avec celle des positions de D’Anville ; et quelques autres détails entre Pondicherry et Porto-novo, je les ai trouvés dans la carte des marches de Mr . Pringle. L’embouchure du Coleroone est d’une carte anglaise manuscrite. De Negapatam à Tondi, je m’en suis rapporté principalement aux observations du major Stevens et aux miennes. De Tondi à l’île de Good-vater (bonne eau), je n’ai suivi que le major Stevens : de-là à Tutacorin, je me suis servi du mesurage rapide du capitaine Delafield ; et le reste, jusqu’au cap Comorin, est tiré de la carte de Tinevelly, de Sir John Call, corrigée par une carte imprimée qu’a publiée Mr . Dalrymple. Je n’assurerais pas que tous les points au-delà de Cuddalore soient déterminés avec précision ; mais il est très-probable que la Pointe Calymère n’est pas de quatre minutes hors de sa véritable longitude. Le gisement et la différence de latitude, depuis la Pointe Calymère, a servi à corriger la position de Tondi ; il y a aussi une ligne tirée de ce point à Tanjore. Ramariad est fixé par l’intersection de deux lignes, de Madura et Tondi, et par conséquent doit partager les erreurs qui appartiennent à Tondi et à la Pointe Calymère. La Peinte de Ramiseram dépend aussi de Tondi. Lorsque je construisis la carte de l’Inde, en 1782, j’étais persuadé que les distances respectives entre Tondi, Tritchinopoly et Devicotta avaient été mesurées, et que je travaillais d’après des bases très-sures ; mais j’ai depuis été convaincu du contraire.

Du cap Comorin à Anjenga, on connaît fort peu, ou l’on a très-mal décrit les détails de la côte ; car rien n’est plus contradictoire que les différentes notions qu’on en a données. Les détails entre le cap Comorin et la Pointe Ruttera me sont fournis par une carte française manuscrite, dont l’échelle me parait être fautive ; car elle ne donne que 35 milles géographiques de distance entre le cap Comorin et la Pointe Ruttera, et une différence de latitude de 13′ 48″, ce qui déterminerait une latitude de 8° 14′, tandis qu’elle doit être au moins de 8° 20′, selon l’observation de Mr . Howe. Mr . Dalrymple observe que la Pointe Ruttera est à près de 29 milles G. de celle de Cadiapatam, éloignée d’environ 19 du cap Comorin. C’est d’après ces idées que j’ai porté la distance à 46½ milles, et Ruttera n’est qu’à 28′ de Cadiapatam. L’état des gisemens et des distances entre le cap Comorin et Anjenga, par Mr . D’Apres, donne une différence de 42′ en longitude ; mais cet état n’est d’accord avec la carte dont je parle, ni pour cette différence qu’elle porte à 44½, ni pour les autres détails. Mr . Pringle n’a mesuré qu’un espace itinéraire de 49½ milles A. entre Poolytopu et Anjenga, ce qui équivaut à 38 milles G. de distance horizontale, et produit, contre mon attente, une différence de plus de 9 milles. Tout ce que je pouvais faire était de donner à la côte une forme telle que mon esprit la concevait, en faisant usage des diverses notions que j’avais sous les yeux. J’avoue en même temps qu’aucune de ces données ne me paraissait concluante ; et jusqu’à ce que nous connaissions la position exacte de Poolytopu par rapport au cap Comorin, nous sommes obligés de convenir que le mesurage de Mr . Pringle ne permet pas d’avoir confiance dans la différence de longitude de Mr . Dalrymple. Nous devons observer ici, en passant, que les côtes dont la forme est ronde, comme l’est l’extrémité de cette grande presqu’île, peuvent rarement être aussi bien déterminées que celles où les mêmes points s’aperçoivent long-temps, et présentent des moyens faciles de remarquer des différences. Ici les points qui avancent se succèdent trop rapidement pour que l’on puisse donner au calcul d’un gisement ou d’une distance un degré suffisant de précision. J’ai placé à 8 degrés la latitude du cap Comorin.

Coylan ou Quilon, factorie hollandaise à environ 14 milles G. nord-nord-ouest ou nord-ouest d’Anjenga, est la première place dont le capitaine Huddart ait marqué la longitude ; mais comme il serait difficile que la position des places qui ne sont distantes les unes des autres que de quelques minutes, eût été déterminée avec précision par les moyens qu’employait le capitaine Huddart, je passerai à Porca, autre factorie hollandaise, à la latitude de 9° 15′, et selon, le capitaine Huddart, à la longitude de 76° 10′. Il m’est impossible de faire concorder cette longitude avec les cartes hollandaises manuscrites de la côte ; car la différence de longitude entre Cochin et Porca, par le capitaine Huddart, n’étant que de 8′, la hauteur doit être 10° sud-est, tandis que sur la carte elle est de 25 sud-est. Pour ne pas trop m’écarter des deux rapports, j’ai donné une différence de longitude de 16′ au-lieu de celle de 8′ du capitaine Huddart, et de 10′ du capitaine Dundas. La carte manuscrite hollandaise dont il s’agit, contient toute la côte à partir de Coylan, à la latitude de 8° 51′, jusqu’à Cranganore, à la latitude de 10° 23′. Elle contient aussi les lacs nombreux et vastes qui s’étendent, en quelques places, jusqu’à 30 milles dans les terres, et sont le dépôt des eaux qui coulent du côté occidental des Gauts ; toute la contrée d’alentour étant basse, marécageuse et malsaine. Cette carte manuscrite qui se trouve aussi dans la collection de Mr . Dalrymple, présente des additions très-estimables à la géographie de cette partie de la presqu’île.

Cochin, l’établissement principal des Hollandais sur cette côte, se trouve ensuite sur la table des longitudes du capitaine Huddart qui porte sa longitude particulière à 76° 2′, et sa latitude à 9° 58′. Selon le capitaine Dundas, la longitude de Cochin est de 75° 58′ ; et D’Apres, dans son nouveau Neptune oriental, la porte à 76° 3′.

Le capitaine Huddart n’a marqué la longitude d’aucune place entre Cochin et Tellicherry, à la latitude de 11° 48′ ; et comme je n’ai qu’une simple observation sur cette dernière place, je ne m’y arrêterai pas, et je passe au point suivant d’observation, le Mont Dilla (ou Delly) où l’on a fait trois observations. Le Mont Dilla est un promontoire remarquable situé à la latitude de 12° 1′, à la longitude de 75° 2′, ou ouest de Cochin.

Nous avons deux états des gisemens de la côte entre ces places ; l’un de Mr . D’Apres ; les détails de l’autre sont puisés dans diverses autorités. Ils ne diffèrent point essentiellement entre eux, et il est nécessaire de les examiner avec soin ; le résultat de cet examen devant être de comparer les longitudes de Paniany et de Tanore, déduites des observations du Capitaine Huddart, avec celles qui l’ont été des marches des colonels Fullarton et Humberstope, à travers la presqu’île.


État donné par M. D’Apres.
  Milles G.
De Cochin à Cranganore, nord par ouest, 25 ½

Paniany, nord 7° 15′ ouest, 21

Calicut, N.-N.-ouest, 42

Mahé, N.-ouest par N., 30

Mont Dilla, nord-ouest, 30


L’addition de ces divers produits donne un gisement de 25° 30′ nord-ouest, et une distance de 144,5 milles G., sur laquelle la différence de latitude est de 2° 10′ 30″ et de 10,62, à l’ouest. Mais comme la différence réelle de latitude n’est que de 2° 3′, il y a un excédent de 7,5 au nord, et de 3,6 à l’ouest ; et le départ corrigé, 58,4, donne la différence de longitude, la même que celle publiée dans la table du capitaine Huddart.


Second État des gisemens et distances.
  Milles G.
De Cochin à Cranganore (d’après la carte manuscrite hollandaise) N. 12° ouest 24 ,9

Paniany (par D’Apres) N. 7° 15′ ouest 21

Tanore (par D’Auvergne) N. 20° ouest 14 ,7

Calicut (par le même) N. 19° 15′ ouest 24 ,3

Mahé (par D’Apres) N.-ouest par N 30

Mont-Dilla (par Defunck) N.-ouest par ouest 28 ,4


Cette série corrigée par la différence de latitude donne environ 2′ de longitude de plus que celle de D’Apres, ce qui mérite à peine quelque considération.

La position de Paniany est la même dans les deux états ; mais en la corrigeant d’après la proportion que nous venons d’appliquer aux séries de Mr . D’Apres, sa latitude sera de 10° 41′ 45″, et sa longitude de 75° 55′ ou 7′ à l’ouest de Cochin. La latitude de Tanore, d’après sa position relativement à Paniany, donnée par D’Auvergne, sera de 10° 55′ et sa longitude de 75° 49′, ou 13′ à l’ouest de Cochin.

Il est à propos de remarquer que le gisement du Mont-Dilla, selon Defunck, à partir de Mahé est nord-ouest par ouest, tandis que celui de D’Apres est nord-ouest, et 1,6 de distance de plus. Le fait est que le plan de Defunck est fautif ; il y porte le gisement du Mont Dilla à partir de Mahé à 22° 45′ ouest-nord ; et à 23° 30′ ouest-nord de Tellicherry, quoique la différence de latitude exige que ce soit un point placé plus au nord. Le véritable gisement n’est pas encore déterminé ; mais j’ai obtenu une approximation, au moyen de hauteurs prises par deux vaisseaux sur la route de Tellicherry. Ainsi, le gisement du Mont-Dilla à partir de Mahé, paraît être de 33° 15′ ouest-nord[10], ou à-peu-près nord-ouest par ouest ; et la distance sur le plan de Defunck est de 28,4 milles G., ce qui donne une différence de longitude de 24′ 30″, ou 75° 26′ 30″ pour la longitude de Mahé, dont la latitude est de 11° 45′ 18″. Tellicherry étant sur le même plan à 3′ 30″ ouest de Mahé, sera à 75° 23′ de longitude et 11° 48′ de latitude. La table du capitaine Huddart ne donne que 16′ de différence de longitude entre le Mont Dilla et Tellicherry, quoique porté ci-dessus à 21′ ; mais j’ai déjà fait remarquer que ces sortes d’observations méritent plus de confiance dans les grandes différences de longitude que dans les petites.

La déduction de la longitude, en retournant du mont Dilla à Tanore, doit donner une différence de 2′, comme les deux séries des gisemens portent cette différence en longitude ; et Tanore sera à 75° 51′ ou 2′ plus à l’est que la déduction de Cochin déjà donnée.

Il serait à présent fort à propos d’examiner jusqu’à quel point les lignes de gisement et de distance, tirées par le colonel Kelly et le lieutenant D’Auvergne, à travers la presqu’île, dans les parallèles de Tritchinopoly et de Tanore, s’accordent avec les résultats qu’offrent les observations du capitaine Huddart.

La marche du colonel Fullarton à Palicaudcherry, mesurée par le colonel Kelly, le fut dans toute la longueur de la route, si l’on en croit la note qui y était jointe, à l’hôtel de la Compagnie des Indes orientales. Le résultat, selon la Carte, donne 184,25 milles géographiques à l’ouest depuis Negapatam, ou 3° 7′ 48″ de différence de longitude, en plaçant Palicaud au 76° 48′ 47″ ; et 10° 51′ de latitude, c’est-à-dire, 5′ nord de Negapatam. J’ai vu au moins cinq plans différens de la route de Tanore à Palicaud par le colonel Humberstone ; quelques-uns diffèrent de 6′ en longitude, c’est-à-dire en distance, dans un espace qui n’excède pas 57 milles. Un seul de ces plans porta le nom de son auteur, et par conséquent réclame la préférence, c’est celui du lieutenant D’Auvergne. Je ne suis pas sûr que la distance ait été mesurée ; mais j’ai lieu de présumer qu’elle l’a été, au moins en grande partie ; car une des copies qui paraît avoir été transmise durant la marche, distingue entre les parties mesurées et les parties estimées[11] : il semble que les parties mesurées sont celles sur lesquelles la marche a eu lieu, et les parties estimées celles que le détachement devait encore parcourir. Le plan de D’Auvergne donne 56¾ milles G. à l’ouest, entre Tanore et Palicaud, ou une différence de longitude de 58′ 15″ ; en plaçant par-là Tanore à la longitude de 75° 50′ 32″, selon la longitude de Palicaud marquée plus haut, et déduite, de Negapatam. Les copies de sa route, insérées dans les Cartes du colonel Kelly et du baron de Wersèbe, ne donnent que 50½ milles G. ou 6¾ de moins à l’ouest que celle de D’Auvergne. Une autre Carte qui m’a été communiquée par Mr . J. Sulivan, copiée probablement en cette partie sur celle de D’Auvergne, donne 57 milles ; et une cinquième transmise par un officier de l’armée de Fullarton, donne précisément le même nombre que celle de D’Auvergne, c’est-à-dire, 56¾.

mmSi nous adoptons la distance de D’Auvergne, la longitude de Tanore déduite de Negapatam, sera de 
  75° 50′ 32″
mmdéduite des observations du capitaine Huddart, au Mont Dilla 
75 51
mmet des observations du même, à Cochin 
75 49
Moyenne………………………
75 50 10

Il serait difficile qu’une pareille discussion donnât un résultat plus satisfaisant ; on en peut tirer les présomptions les plus fortes en faveur des observations du capitaine Howe, faites à Bombay, d’où sont déduites les longitudes du capitaine Huddart.

Quant à mes premières idées sur la largeur de la presqu’île, quoique l’étendue en longitude, entre Bombay et Madras, reste à-peu-près la même qu’auparavant, cependant, comme la côte, au sud de Bombay, s’avance beaucoup dans la mer, j’ai fait la presqu’île trop étroite d’environ 30 milles G. au parallèle de Madras, et de 27 à celui de Pondicherry.

J’ai maintenant terminé la discussion des longitudes à travers et au pourtour de la partie méridionale de la presqu’île ; je viens aussi de donner des notions sur leur application à la Carte ; car si l’on s’en rapportait strictement à la différence de longitude, déduite même par les observations dont j’ai parlé, entre des places très-voisines les unes des autres, il est des cas où les parties relatives de la Carte ne présenteraient plus d’accord. Il fallait donc transiger, pour ainsi dire, sur les différences, lorsque les autorités existantes paraissaient avoir plus de poids que les observations qui, comme je l’ai déjà remarqué, sont sujettes à l’erreur, même dans l’application. Une série d’observations, telles que nous les avons considérées, doit en général être regardée comme décisive ; mais il y aurait eu quelque risque à adopter chaque longitude particulière, lorsqu’elle était contraire à toutes les autres autorités. Il faut avoir beaucoup moins de confiance dans les lignes de gisement et de distance, sur des Cartes dont nous ne connaissons ni l’histoire ni la construction. Lorsqu’il se trouve plusieurs autorités qui ne sont pas d’accord c’est au jugement à se décider pour le plus probable. Quoiqu’il y ait de très-fortes présomptions en faveur de l’exactitude générale des positions relatives du point principal entre Cuddalore et Anjenga, cependant elles n’ont pas une base ainsi solide que les positions de la partie septentrionale de la presqu’île ; et le cap Comorin est placé plus par rapport à Anjenga qu’à la côte orientale. Les différences respectives de longitude entre Anjenga, Porea et Cochin ne s’accordent pas avec d’autres autorités ; mais comme ces différences sont fort peu considérables, j’ai donné la préférence à la Carte hollandaise manuscrite sur le résultat des observations. Je dois encore faire observer une autre particularité concernant les longitudes au sud des parallèles de Cuddalore et de Mahé, c’est que ces différences ne concorderont pas toujours sur la Carte avec ce que je viens de dire ; car, lorsque j’ai construit la Carte, je n’avais pas à ma disposition des mémoires qui jettent un grand jour sur cette matière ; mais ces différences sont très-peu importantes. Il s’est aussi glissé quelques erreurs dans la construction, tellement que la notice que je viens de donner contient plutôt ce que la Carte devrait être, que ce qu’elle est ; quoique, peut-être, les erreurs que je relève sont si légères, qu’elles auraient échappé à l’attention des lecteurs, et n’eussent été remarquées que des géographes de profession.

Tanore et Cochin sont placés à 3′ à l’ouest de la longitude qui leur est assignée (page 254) ; et Negapatam 1′ à l’ouest de la longitude qui lui est donnée à la page 238. Par cette double erreur, la presqu’île est de 4′ plus étroite qu’elle ne devrait l’être, à ce parallèle. J’ignorais alors qu’il y eût un plan de la marche d’Humberstone, qui portât le nom de son auteur ; et par conséquent j’avais pris la moyenne de tous les autres. — Je reviens à la construction.

J’ai placé la latitude de Calicut à 11° 18′. Cette ville est remarquable pour être le premier port indien visité par les vaisseaux européens. C’est-là qu’abordèrent les Portugais sous Vasco de Gama, en 1498. C’était alors la place la plus florissante de la côte de Malabar : le Zamorin ou Empereur en faisait la capitale d’un État très-étendu. Il paraît qu’elle perdit bientôt après sa splendeur ; le nouveau pouvoir des Portugais ayant occasionné une révolution sur les côtes de la presqu’île.

Une esquisse du major Abingdon m’a fourni la forme de la côte entre Calicut et Mahé. Le capitaine Drummond donne à Chitwa la latitude de 10° 38′ ; mais je ne puis accorder sa situation à ce parallèle, parce qu’elle ne peut être si près de Paniany ; je l’ai donc placée à 10° 33′ 15″.

Mangalore est la place la plus voisine du Mont Dilla, dans la table du capitaine Huddart, et sa longitude donnée est 74° 44′ ; sa latitude 12° 50′. Une Carte française de la collection de Mr . Dalrymple, m’a fourni la forme de la côte, à partir d’environ cinq lieues et demie au nord-ouest du Mont Dilla. On connaît peu les détails du reste de la côte jusqu’à Mangalore, et de-là à Coondapour (ou Basselore) à la latitude de 13° 36′. Une large rivière nommée Cangerecora, dont le cours est du nord-est, a son embouchure sur cette côte, à environ 4 milles au nord de Mont Dilla ; mais au-dessus de son embouchure elle coule parallèlement à la côte pendant environ onze milles, n’en étant séparée que par une ligne de sable très-étroite. Les forts de Nelisuram, Ramdilly et Matteloy sont situés sur cette rivière où viennent se jeter d’autres rivières ou ruisseaux, descendant de la chaîne des Gauts qui, dans cette partie, ne sont pas éloignés de la côte de plus de vingt-deux milles. Je suis porté à croire que ce Nelisuram situé à environ douze milles de l’embouchure de la rivière, est la place nommée Nelcynda et Melcynda par Pline et Ptolémée, place que visitaient les vaisseaux égyptiens et romains.

Nous avons depuis peu acquis la connaissance de quelques détails sur la côte entre Barcelore et Meerzaw (Merjee) au moyen d’une Carte dressée par le capitaine Reynolds, durant la guerre dont l’issue (en 1783) fut si malheureuse aux armes britanniques, dans le pays de Bednore opposé à cette partie de la côte. Cette Carte est excellente : elle contient près de 60 milles G. de côte, et s’étend dans l’intérieur jusqu’au pied des Gauts, qui, en quelques endroits, s’approchent ici de la mer à une distance de six milles, et ne s’en éloignent pas de plus de vingt. Elle renferme les positions de Bednore et Bilghey dans les Gauts, et celles d’Onore, Batcole et Coomtah sur la côte. Le capitaine Huddart, en déterminant la longitude de l’île Pigeon, et sa position relative à celle de l’île Fortified près d’Onore, nous a donné les moyens d’ajouter à nos travaux cette partie de géographie. L’île Pigeon est fort petite ; elle est située à environ huit milles G. de la côte, et à quinze d’Onore ; sa latitude est de 14° 1′ et sa longitude de 74° 6′ 30″.

Nous ne connaissons que très-imparfaitement les détails de la côte, à partir de Meersaw au cap Ramas dans le voisinage de Goa. Entre ces deux positions sont situés le cap Carwar et les îles d’Angedive. Les Anglais en connaissaient deux à l’époque où ils commencèrent leur commerce dans l’Inde, et avant qu’ils fussent en possession de Bombay. Le Capitaine Huddart a fixé la longitude du roc Oyster (huître) à l’entrée de la baie de Carwar, et celle de la pointe et du château d’Aguada, du côté septentrional de la baie ou route de Goa. Cette longitude est, selon lui, de 73° 34′ 30″ ; et il n’est pas inutile de remarquer qu’une observation de la Connaissance des temps donnait la même position, à une fraction de minute près, à la ville de Goa située à 11′ 15″ plus à l’est, et conséquemment à 73° 45′ 45″. Je n’ai eu aucun égard à cette observation. Les positions du cap Ramas, d’Angedive, et des pointes de Carwar sont corrigées relativement à Aguada, par des observations et gisemens du capitaine Howe, aussi savant marin qu’il était homme aimable, et versé dans la pratique de sa profession. J’ai eu plus d’une occasion de reconnaître de quelle utilité étaient ses observations et remarques, dont Mr . Dalrymple est possesseur.

Je me suis servi d’une Carte portugaise manuscrite que possède Mr . Dalrymple, pour tracer la figure de l’île de Goa et de ses envierons, aux pieds des Gauts. La latitude de Goa et du château d’Aguada est de 15° 28′ 20″.

Goa, la capitale des établissemens portugais dans l’Inde, et la résidence d’un viceroi, est une ville très-considérable. Ce fut la première dont s’empara Albuquerque, en 1510.

Nous connaissons peu les détails de la côte entre Goa et Bombay, dans un espace de près de 220 milles G. ; et même avant que le capitaine Huddart eût donné sa série de longitudes, le gisement général n’en était pas connu. Il paraît, d’après lui, que cette côte, quoique voisine de nos stations maritimes et de nos arsenaux dans l’Inde, était tracée sur les Cartes de la manière la plus fautive. Il est vrai que dans toutes les anciennes Cartes, sans en excepter la mienne, la côte occidentale de l’Inde a un trop grand degré d’obliquité du nord à l’ouest.

Peut-être y a-t-il peu de côtes qui soient aussi coupées par des havres et de petites baies, sans que leur forme générale offre une grande courbure. Cette multitude de petits ports, une vue non interrompue le long du rivage, une côte élevée d’où l’œil peut apercevoir très-loin, semblent avoir destiné ces parages à être le siège de la piraterie. Les vents frais qui, pendant une grande partie de l’année, soufflent alternativement de la terre et de la mer, obligent les vaisseaux à naviguer très-près du rivage. Il n’est donc pas étonnant que Pline ait fait mention des pirateries exercées de son temps sur les vaisseaux romains qui faisaient le commerce des Indes orientales ; et quoique de nos jours les pirates aient reçu un grand échec par la destruction de la flotte d’Angria, etc., nous devons nous attendre que la piraterie subsistera aussi longtemps que le commerce. Les pirates sont protégés par le peu de profondeur de leurs ports, et la position fortifiée de la contrée. Comme pirates, ils ont des avantages naturels bien plus grands que ceux de Barbarie, qui, étant forcés de s’éloigner de leurs côtes, font beaucoup de dépenses. Ici, les pirates amènent leurs prises jusqu’à leurs portes, et les croiseurs restent tranquillement dans les ports, jusqu’à l’instant où ils aperçoivent leur proie.

Les rochers de Vingorla, à la latitude de 15° 52′ 30″, près de Goa, sont, d’après le capitaine Huddart, à la longitude de 73° 16′ 30″. Ils sont situés à environ six ou sept milles du rivage, et les seules particularités que l’on en connaisse, c’est qu’ils sont occupés par une tribu de pirates nommés Malwaans. Les ports principaux des environs sont Melundy ou Sunderdoo, île fortifiée à dix milles nord-est par nord des rochers de Vingorla, qui fut réduite, en 1765, par le commodore James ; Rairee, Vingorla et Newtya. Je crois que ce dernier port est le Nitrias de Pline, près duquel croisaient les pirates qui attendaient les navires romains.

Une Carte hollandaise manuscrite m’a aidé à tracer la côte entre Melundy et Antigherrya, dans une étendue d’environ 70 milles G. Sir Joseph Banks m’avait procuré cette Carte pour Mr . Dalrymple. Elle contient les ports de Dewgur, Tamanah, Rajapour, Rampa, Antigherrya, et Geriah le port principal et la capitale d’Angria. Le capitaine Huddart a fixé la longitude de cette place à 73° 8′, et sa latitude à 16° 37′. Ennre Antigherrya et Bombay sont les ports et îles de Zivagee, Dabul, Severndroog, le fort Victoire (ou Ban-coote), Sufferdam, Danda-Rajapour, Choule, et Coolabba. La longitude du fort Victoire est de 72° 54′; et la latitude de 17° 59′. Pour fixer les positions de quelques-unes de ces places, je n’ai eu d’autres secours que leurs latitudes ; mais je crains d’avoir commis des erreurs en déterminant un si grand nombre de positions, dans un espace si borné, et avec si peu de secours.

Bombay, le port et l’établissement principal des Anglais de ce côté, est situé à 18° 58′ de latitude, et à 72° 38′ de longitude, selon les observations de Mr . Howe. Je l’ai placé à 72° 40′ ou 2 minutes plus à l’est. C’est par une erreur de ma part que je ne pouvais rectifier sans une trop grande perte de temps. Bombay est une petite île, fort étroite, ayant à peine 7 milles de longueur, contenant une citadelle très-fortifiée et considérable, une grande ville, un chantier, et un arsenal pour la marine. Les Portugais la cédèrent aux Anglais, en 1662, comme partie du douaire de la reine, épouse de Charles II. Au nord-est, elle est séparée, par un canal étroit, de Salsette, île fort jolie, d’environ 15 milles quarrés, achetée des Marattes en 1773. Bombay, Salsette, et les rivages du continent qui en sont voisins, forment un large détroit qui renferme quelques autres îles, parmi lesquelles on distingue Caranjah et Elephanta : cette dernière est fameuse par son temple souterrain : ce sont deux acquisitions des Marattes.

Salsette a aussi des temples souterrains, creusés dans le roc. Ce sont des monumens de superstition antérieurs à celle des Indous[12]. À l’est de Salsette, et sur les bords du détroit dont je viens de parler, est le fort de Tannah, situé probablement au même lieu qu’une place du même nom dans les tables d’Ulug Beig ; et de l’autre côté du détroit est l’embouchure de la rivière de Callian ou Gallian. Fryer fait mention de quelques ruines qui sont sans doute celles de la Calliana du périple de la mer Erith. (Voyez les Fragmens historiques d’Orme).

Basseen, ville et forteresse importante, est située sur la pointe du continent vis-à-vis l’extrémité septentrionale de Salsette. Cette place tomba au pouvoir des Anglais, après un siège très-court, en 1780 ; mais à la paix de 1783, elle fut rendue aux Marattes avec toutes les autres conquêtes faites de ce côté de l’Inde, à l’exception de Salsette et des petites îles. Basseen est à la longitude de 19° 19′, et sous le même méridien que Bombay, ainsi que l’indiquent les Cartes de cette île et de Salsette.

De Basseen à Surat, le mesurage fait avec l’armée du général Goddard a donné pour résultat (à ce que l’on m’assure) 9,5 milles G. à l’est, ou 10′ de longitude pour la différence entre Basseen et Surat ; de sorte que cette dernière ville serait à la longitude de 72° 50′. La différence de latitude nord de Basseen était de 1° 52′ ; ce qui, ajouté à 19° 19′, donne 21° 11′ pour celle de Surat. On la fixe à 21° 10′ 30″.

Il est très-fâcheux pour la géographie que l’on n’ait fait à l’ouest de Bombay aucune observation de longitude. Ce défaut nous empêche de corriger une étendue de 7 degrés de longitude, le long d’une côte dont les directions varient prodigieusement, et dont la géographie est composée de matériaux d’espèce si différente, qu’il serait presque impossible de ne pas commettre quelque erreur dans la construction de cette partie de la Carte. La position de Surat est, à la vérité, déterminée par le mesurage de la marche du général Goddard, à partir de Burhanpour où M. Smith avait une observation de longitude. Nous avons aussi une ligne mesurée prise avec les gisemens sur le rivage jusqu’à Amedabad ; mais les contours diffèrent souvent, et les variations en sont négligées.

La longitude de Burhanpour de Mr . Smith est de 76° 22′ (mais je l’ai placée sur ma Carte à 76° 19′ : j’en démontrerai ailleurs la raison), et je n’en fais mention à présent que pour montrer que la position de Surat, telle qu’elle est ici, s’accorde avec l’observation faite à l’est de cette place.

D’après le mesurage de la marche de Goddard, à partir de Burhanpour à Surat, la différence de longitude entre les deux places paraît être de 3° 30′ 45″, en la retranchant de 76° 22′, la longitude de Surat sera de 72° 51′ 15″. J’ai déjà observé que sa longitude déduite de Bombay est de 72° 50′ ; mais en plaçant Burhanpour à 76° 19′, Surat sera à 72° 48′ 15″, longitude que j’ai adoptée, en réduisant en même-temps la différence de longitude de Basseen par Goddard, de 10′ à 8′ 15″. Comme, la longitude de Bombay par Mr . Howe a été portée de 72° 38′ à 72° 40′, il paraît que la position de Surat s’accorde avec l’observation primitive de Mr . Howe, et avec la différence originale de longitude de Goddard.

Les matériaux que j’ai employés pour la forme de la côte entre Basseen et Surat, sont de diverses autorités, et ils ne s’accordent point ensemble ; j’avoue que je ne sais auxquels donner la préférence. De Basseem à Arnaul, île fortifiée qui commande l’entrée de l’Angassyah ou rivière de Mandevee, j’ai suivi la marche du général Goddard, la seule autorité que j’aye pu découvrir. D’Arnaul à Nonsary ou Nossary, à peu de milles de la rivière de Surat, il y a une Carte du lieutenant Ringrose, et une autre du lieutenant Skynner de la Pointe de Saint-Jean à la rivière de Surat ; de sorte que la Carte de Skynner et celle de Ringrose contiennent un espace d’environ 50 milles ; et l’on peut comparer leurs gisemens et distances, aussi bien que ceux de Goddard dont la Carte renferme à-peu-près le même espace. Ici, à notre grand étonnement, nous voyons deux Cartes, qui toutes deux font autorité, différer de onze degrés en gisement dans une étendue de 60 milles ; car Mr . Skynner place le gisement de Surat, depuis Omergong à partir du nord, à onze degrés plus à l’est que ne le fait la Carte de Goddard. Quant à la comparaison entre les Cartes de Ringrose et de Skynner, de la Pointe de Saint-Jean à Nossary, Ringrose porte le gisement à 2° nord-ouest, et Skynner à 10° nord-est. La route de Goddard finissant à la mer, dans le voisinage de Saint-Jean, si nous pouvons nous en rapporter à sa Carte, nous indique que le point véritable est entre Ringrose et Skynner, mais que Ringrose en approche le plus.

La ligne de Goddard m’ayant servi de gisement général, j’ai adapté, le mieux ; que j’ai pu, les autres Cartes à cette ligne, en conservant tous les détails dans lesquels elles s’en rapprochaient le plus. Un mesurage aussi exact que celui des Pointes de Tarrapour et de Valentine, et du château Poneira, offre d’excellentes données pour une suite de triangles, et même pour le mesurage général de la côte. Il ne permet plus que l’on nous reproche de ne pas connaître le véritable gisement entre deux de nos principales factories, Bombay et Surat. La Pointe de Saint-Jean ne me paraît pas se projeter fort loin de la ligne générale de la côte, soit d’après Goddard, soit d’après Ringrose, quoique dans les anciennes Cartes on l’ait ainsi représentée. Le peu de profondeur de l’eau près de son rivage, a probablement retenu les navigateurs à une trop grande distance pour s’assurer de la vérité. J’ai quelque raison de croire que la montagne appelée Segwah, dans la route du général Goddard, n’est autre que la Pointe Valentine connue des navigateurs.

De Surat à Amedabad, il existe une route du général Goddard, par la ville de Broach. On assure qu’elle a été mesurée et calculée mathématiquement. Nous avions auparavant des plans ou mesurages du pays entre Surat et la rivière Myhie, dans l’intérieur jusqu’à Brodera, Dubhoi, et Zinnore sur la Nerbuddah ; mais aucun de ces plans n’allait au-delà de Myhie. Le tableau suivant est la comparaison entre les gisemens et distances de ces différens plans.

  Milles G.
De Surat à Brodera, par Goddard, N. 18° 55′ E. 69 ,95

par Turner, N. 205 E. 68 ,4

par Himming, N. 1828 E. 68 ,85

parMoyenne N. 1924 E. 69 ,07


Ces différences ne sont pas considérables, eu égard à celles qui se trouvent souvent entre les mesures elles-mêmes. La moyenne des trois diffère si peu, par rapport au mesurage de Goddard, que nous ne devons pas hésiter d’adopter le reste de sa ligne jusqu’à Amedabad qui est à un peu plus de 50 milles au nord-ouest de Brodera. La différence la plus remarquable en cette partie de la Carte, se trouve entre les distances et gisemens que Mr . Skynner et les autres ont donnés de Surat à Cambay.

  Milles G.
Mr . Skynner 
N. 22° ouest 83 ,2
Mr . Taylor 
N. 9° 5′ ouest 67 ,7
Mr . Himming 
N. 10° 30′ ouest 68 ,3

Il est à remarquer que la déviation est ici du nord vers l’ouest ; autrefois c’était du sud vers l’ouest. Comme les calculs de Taylor, Himming et Goddard s’accordent si bien entre Surat et Brodera, on doit donner la préférence à leur ligne, ou au moins à la moyenne entre Surat et Cambay ; ainsi cette dernière place est à la latitude de 22° 16′ 45″ et à la longitude de 72° 32′ 45″.

Après avoir changé le gisement du côté oriental du golfe de Cambay, il devient nécessaire, pour conserver au golfe sa largeur, de donner au côté occidental une direction plus oblique au méridien qu’elle ne paraît dans l’original. En même temps, comme il a semblé raisonnable de conserver à la Pointe de Groapnaught le parallèle de latitude qui lui a été assigné dans l’original, il a fallu nécessairement augmenter la longueur de la côte occidentale, et cette augmentation est de 3 milles. La largeur du golfe, dans l’original, de Swalley à Groapnaught, est de 52½ milles géographiques ; je ne lui en ai donné que 48½.

Il faut remarquer cependant que D’Anville et D’Apres donnent à cette côte une direction plus oblique que je ne la lui ai donnée, en même temps qu’ils donnent à la côte orientale à-peu-près la même direction que Mr . Skynner, et par ce moyen, ils portent presque au même point la tête du golfe. D’Anville place Cambay à 33′ de longitude ouest de Bombay, et D’Apres à 25′. Je ne lui donne que 7′ 15″. La Pointe de Groapnaught est à la longitude de 71° 42′ 30″, c’est-à-dire, à 4′ 30″ plus à l’est qu’elle ne l’aurait été, si l’on eût suivi Mr . Skynner. Il est désagréable de rester dans un état d’incertitude sur une matière aussi importante ; car on ne peut être sûr du vrai gisement de la côte opposée d’un golfe profond et dangereux.

De la Pointe de Groapnaught à celle de Diu, j’ai suivi le gisement original et la distance de Mr . Skynner ; ce qui donne une différence de longitude ouest de 1° 50′ 15″, en plaçant la partie la plus occidentale de la Pointe à la longitude de 69° 52′ 15″. La latitude est de 20° 43′.

De la Pointe de Diu au cap Monze, situé entre l’embouchure de la branche occidentale de l’Indus, ou de la rivière de Sinde, le gisement et la distance sont pris sur la moyenne de trois Cartes que m’a fournies M. Dalrymple. La distance corrigée par les latitudes de la Pointe de Diu et du cap Monze, donne une différence de longitude de 4° 6′, en plaçant le cap Monze à 65° 46′. Mr . D’Anville place ce cap à près d’un degré de plus à l’est, et il fait la longitude entre ce cap et Bombay de 4° 57′ au lieu de 6° 52′, comme je l’ai mis dans ma Carte. Ceci produit un grand changement dans la figure de la côte entre Surat et l’embouchure du Sinde ou Indus ; la presqu’île de Guzerat étant beaucoup plus large qu’on ne l’avait supposée jusqu’alors, le golfe de Sinde (ou Cutch) beaucoup plus petit, et le Delta de l’Indus s’avançant dans la mer, au lieu de rentrer dans les terres.

Les différentes Cartes de la côte occidentale de la presqu’île de Guzerat, et de la côte du Sinde, ne s’accordent point sur les détails. Une discussion minutieuse à cet égard serait fatiguante, même dans cet Ouvrage ; et d’ailleurs, aucune d’elles ne paraît mériter en rien la préférence. Dans le gisement général que j’ai donné plus haut, les trois Cartes ne diffèrent entre elles que de 2° 15′; mais celles de l’embouchure du Sinde et du golfe de Cutch présentent une différence si frappante, que Mr . Dalrymple a cru devoir les publier séparément, afin que chacun pût être à même de les juger par soi-même. En comparant les noms des différentes embouchures du Sinde, on trouve de grandes contradictions, et il est très-difficile de les identifier dans les diverses Cartes. La côte trop égale et trop peu variée dans sa forme, les bancs de sable qui en éloignent les navigateurs et ne leur permettent pas de distinguer les divers objets qui s’y rencontrent ; telles sont les causes de ces erreurs. J’ai porté la latitude de Ritchel à 24° 14′, et celle de Caranchy ou Crotchey à 24° 52′.

Je dois tous les détails de la côte occidentale du Guzerat et de l’embouchure du Sinde aux Cartes manuscrites dont j’ai déjà parlé, et aux Cartes imprimées de Mr . Dalrymple ; par conséquent, toute la côte, à partir de la Pointe Saint-Jean jusqu’au cap Monze, est décrite d’après des matériaux absolument neufs.

Je reviens à Balasore.

De Balasore à Chittigong à l’Est, la distance a été déterminée par un mesurage intérieur ; et la forme de la côte l’a été par le mesurage de mer du capitaine Ritchie. La différence de longitude entre les villes de Balasore et Chittigong (ou Islamabad) est de 4° 53′ Est ; et il est à remarquer que la distance déterminée sur mer par le capitaine Ritchie, s’accorde avec le mesurage fait sur le rivage, à deux milles et demi.

Les Cartes faites jusqu’en 1752 ne donnaient de différence de longitude entre ces deux places, que 3° 48′ ; c’est-à-dire, 1° 5′ au-dessous de la réalité. Cette diminution de longitude, tandis que la latitude était exacte, donnait à la côte maritime, entre les bouches du Gange, une direction de deux points, ou 22½ degrés plus au nord qu’elle ne l’était réellement ; ce qui devait occasionner la perte de plusieurs vaisseaux qui s’en rapportaient à ces Cartes.

D’Islamabad, à la longitude de 91° 55″ et à la latitude de 22° 20′, les côtes d’Aracan et du Pégu se dirigent sud-sud-est, jusqu’au cap Negrais, l’extrémité du Pégu au sud-ouest, à la latitude de seize degrés, et à la distance d’Islamabad d’environ 420 milles G. L’extérieur de cette côte a été tracé par le capitaine Ritchie, sous la même direction et de la même manière que les côtes sur la rive occidentale de la baie. Il a porté une différence de longitude de 2° 32′ Est d’Islamabad, en plaçant le cap Negrais à 94° 27′[13]. Mr . Dalrymple, qui n’avait rien négligé pour fixer le gisement de cette côte, d’après des journaux et une infinité d’esquisses et de remarques, porte la différence de longitude à 2° 34′, ou seulement à 2′ du capitaine Ritchie. Le résultat de cette laborieuse recherche, corrigé par un discernement sûr, donne la plus grande force au calcul du capitaine Ritchie, et il est aussi satisfaisant que pourrait l’être le résultat d’une observation effective.

Je dois faire observer que la Carte de cette côte, par le capitaine Ritchie, n’est exacte que pour la forme générale, mais qu’elle est imparfaite comme Carte de côte. J’ai pris quelques détails de cette côte dans des Cartes imprimées et manuscrites de la collection de Mr. Dalrymple, notamment pour la rivière d’Aracan, le côté oriental de Cheduba et le passage entre Cheduba et la terre ferme ; elles m’ont aussi fourni beaucoup de particularités sur la côte d’Ava. Le capitaine Ritchie s’était aussi trompé sur quelques-uns des noms de Places.

Le capitaine Ritchie a placé le cap Negrais ou la pointe de la Pagode, à une latitude de plus de 10′ plus au sud qu’il ne doit l’être, ce qui m’étonne, car ses observations de latitude sont généralement exactes. J’ai placé ce cap (que je regarde comme l’extrémité méridionale de la côte d’Ava) à 15° 57′, moyenne de six états différens qui varient de 15° 51′ à 16° 4′. La latitude donnée par le capitaine Ritchie était de 15° 52′ 30″.

Ici, je manque de matériaux pour déterminer les longitudes intermédiaires des places situées sur le côté oriental de la baye ; et j’ai été obligé, en grande partie, de substituer le jugement aux faits, entre le cap Negrais et Mergui, la place d’observation la plus voisine. Cette place, selon Mr . D’Apres dans son nouveau Neptune oriental, est à 98° 20′ de longitude Est, ou 3° 53′ Est du cap Negrais. D’Anville lui donne 4 degrés, ce qui le rapproche de 7′ de ma fixation ; mais quoique nous soyions à-peu-près d’accord pour l’ensemble, nous différons essentiellement dans les détails.

Les Cartes manuscrites que j’ai consultées portent la différence de longitude en question au terme moyen de 4° 30′ ; c’est-à-dire, à 37′ de plus que je ne l’ai fait. D’Apres la porte à 4° 19′.

C’est particulièrement entre le cap Negrais et la côte de Martaban que nous différons, D’Anville et moi, quant aux détails. La direction de cette côte est si loin d’être méridionale, et en même temps, les marées et les courans de quelques embouchures de la rivière d’Ava dérangent tellement les calculs de navigation, qu’il est impossible de déterminer la véritable distance par les moyens ordinaires, Mr . Dalrymple dans sa collection a déjà publié les plans des rivières Persaim et Syrian, en remontant jusqu’aux villes qui portent ces noms ; et heureusement j’ai pu me procurer la suite de ces plans, c’est-à-dire, la continuation du cours de ces deux rivières (les deux branches extrêmes de l’Ava) jusqu’à l’endroit où se forment ces branches, environ à 150 milles G. de la mer. Les gisemens des deux branches se coupent l’un l’autre à un angle d’environ 60 degrés, et par conséquent on peut s’en servir, au moyen de la latitude, pour corriger la longueur de la côte entre Negrais et Syrian. Le plan du Persaim, en branche Negrais, a été levé avec le plus grand soin, par le capitaine George Baker, dans le voyage qu’il fit à Ava, en 1755. J’ignore qui a levé le plan de la branche du Syrian ; mais à en juger par l’orthographe des mots sur la Carte, l’auteur devait être un Hollandais.

Le résultat de ces gisemens, corrigé par la latitude, tel qu’il est exposé dans la Carte du Syrian, donne, de la pointe Negrais à l’embouchure de la rivière de Syrien, une différence de longitude de 2° 21′ Est, environ 10′ de moins que D’Apres, et 21′ de moins que D’Anville. Quelques-unes des Cartes manuscrites présentent une différence encore plus grande.

Des Cartes manuscrites de Mr . Dalrymple, comparées avec la nouvelle Carte de D’Apres, m’ont fourni la description des bouches de la rivière d’Ava, qui, comme celles du Gange, forment un groupe d’îles basses.

De l’embouchure du Syrian à la côte de Martaban, à la latitude de 15°, j’ai copié la nouvelle Carte de D’Apres, publiée très-peu de temps avant sa mort. La forme de la côte est absolument neuve.

Entre la latitude ci-dessus et la Pointe de Tavai, nos Cartes sont très-imparfaites ; mais en général elles s’accordent à donner à la côte une direction de sud, se portant très-peu vers l’Est.

De la pointe de Tavai à Mergui, j’ai suivi pour la côte une Carte manuscrite dont les détails avaient été recueillis de plusieurs auteurs par feu Mr . Howe.

J’ai placé Mergui, comme je l’ai dit plus haut, à la longitude de 98° 20′, et à la latitude de 12° 9′, selon l’observation de Mr . D’Apres.

J’ai suivi le même géographe pour le reste de la côte jusqu’à Junkseilon, et pour tout l’Archipel de Mergui.




Je vais suivre la chaîne des îles qui s’étendent depuis le cap Negrais jusqu’à Sumatra, et sont connues sous les noms de Preparis, Cocos, Andaman et îles Nicobar.

Le capitaine Ritchie, après avoir quitté Negrais, procéda, suivant les instructions qui lui avaient été données, à la description de l’étendue et de la situation des îles qui forment cette chaîne.

Aucune de ces îles n’est distante d’une autre de plus de 84 milles G. ; de manière que Ritchie ne s’éloigna jamais de terre de plus de 42 milles, à l’exception d’une fois durant son voyage, ce qui eut lieu entre le petit Andaman et les îles Nicobar. Dans d’autres endroits, la distance entre les terres est communément moins considérable ; de manière que la direction méridionale et d’autres circonstances rendent cette ligne d’un très-grand usage pour la correction des longitudes, non seulement des îles elles-mêmes, mais aussi de celle de Sumatra ; et si elle eût été continuée jusqu’à Acheen, comme on se le proposait, nous n’aurions rien à desirer à cet égard.

Après avoir dépassé les îles de Preparis et de Cocos, le capitaine Ritchie s’avança jusqu’à Narcondam pour en déterminer la position ; ensuite il revint à Cocos, descendit à l’Est du grand Andaman (qu’il trouva presque à un degré de latitude plus loin qu’on ne l’avait supposé jusqu’alors) ; remonta du côté occidental, pour ainsi dire à la latitude de 12° : il s’apperçut alors que le projet qu’il avait de faire le tour de l’île pouvait devenir fatal à son entreprise, et il fit voile vers le sud, en décrivant l’étendue, la figure et les positions du petit Andaman et des Nicobars, jusqu’à ce qu’il arrivât à la pointe du sud (ou extrémité méridionale) du grand Nicobar. Là, le vent changea tout-à-coup, tourna au sud, et ne lui permit pas de déterminer les positions respectives du Nicobar méridional et d’Acheen, ce qu’il eût pu faire, s’il eût joui d’un vent favorable encore vingt-quatre heures.

Par le résultat de cette ligne de gisement, la position de l’extrémité méridionale du grand Nicobar est déterminée à la longitude de 94° 23′ 30″, c’est-à-dire, seulement à 3′ 30″ ouest du cap Negrais.

La position de la tête d’Acheen, ou Pointe du roi, (la Pointe nord-ouest de Sumatra) a déjà été déduite de son gisement et de sa distance de Sumatra, la place d’observation la plus voisine ; et sa longitude, en conséquence de cette déduction, est, selon D’Apres, de 95° 30′. Maintenant le gisement d’Acheen, à partir de Malacca, étant dans une direction de plus de 60 degrés du méridien, et la distance de 450 milles G. ; le résultat n’en inspirerait que peu de confiance, si les positions respectives du Nicobar méridional, et de Pouloo Ronde (île près d’Acheen), l’une déduite de la Pointe Negrais, et l’autre de Malacca, ne s’accordaient pas, à peu de chose près, avec leur gisement présumé et leur distance respective. En effet, des deux Cartes manuscrites que j’ai examinées, l’une porte la différence de longitude entre ces deux positions à 1° 1′, et l’autre à 1° 2′ ; et comme ces calculs semblent avoir été faits sans aucune prétention de soutenir un systême, on peut supposer qu’ils sont conformes à l’expérience. Les gisemens et distances dans ces Cartes manuscrites sont :

Milles G.
dans l’une 
S 56° E 72
et dans l’autre 
S 56E 75
et suivant les longitudes précédemment déduites, le gisement et la distance sont 
S 56E 76


Ainsi, il ne peut se trouver une grande erreur dans la longitude d’Acheen, telle qu’elle est portée sur la Carte de D’Apres, et sur la mienne ; si cette sorte de coïncidence peut être regardée comme une preuve d’exactitude, une différence de quelques milles, sur une distance de huit degrés, étant beaucoup moins que l’on ne devrait s’y attendre dans une telle série de déductions. D’Apres porte le gisement et la distance entre le Nicobar méridional et Pouloo Ronde à 57° 30′ sud-est, 97 milles géographiques, ou à une différence de longitude de 1° 22′, c’est-à-dire, à plus de 22′ que les Cartes manuscrites. Il est à propos de remarquer qu’il place l’extrémité méridionale de ce Nicobar à 9 milles plus loin au nord qu’il ne l’est réellement. Cette erreur vient de ce qu’il ne donne pas assez d’étendue à cette île, car son extrémité septentrionale est placée à sa véritable latitude. S’il eût donné à la pointe méridionale de l’île la latitude qui lui convient, le gisement de Pouloo Ronde eut été plus à l’Est, et la distance seulement de 93 au-lieu de 97. Si, au contraire, il eût augmenté sa distance sur le premier gisement, pour la faire concorder avec la latitude, la distance primitive n’eut été que de 85 milles.

J’ai déjà dit que le capitaine Ritchie ne s’éleva pas plus haut que le côté occidental du grand Andaman, vers la latitude d’environ 12°. Je me suis servi, pour le reste de la côte, ainsi que pour le passage à travers les îles situées à son extrémité septentrionale, d’une Carte manuscrite que m’a prêtée Mr . Dalrymple. Cette Carte présente un caractère de vérité, en comparant les parties sud et sud-ouest du grand Andaman, avec les mêmes parties dans la Carte du capitaine Ritchie.

Je me suis servi des observations faites par le capitaine Justice, en 1771, pour l’île Barren (stérile), et le rocher à l’Est du Passage de Duncan.




ÎLE DE CEYLAN.


LA marche que suivent ordinairement les vaisseaux Anglais pour aller à Ceylan, et à la côte de Coromandel, ainsi que pour en revenir, n’est pas calculée de manière à déterminer les positions relatives de la Pointe Pedro, et de la Pointe Calymère, les points les plus voisins de Ceylan et du continent Indien. C’est pour cette raison que nous connaissons si mal leurs véritables situations respectives, et leur position relative au parallèle de latitude où se trouve située la pointe de Pedro.

D’après mes observations, la Pointe Calymère (l’extrémité méridionale de la côte de Coromandel) est à 10° 20′ de latitude, et à la longitude de 79° 54′ 30″, par induction de celle de Madras. D’Apres la place six minutes plus au nord, et D’Anville 7′ plus loin au sud. Ces géographes ne sont pas d’accord sur la latitude de la Pointe Pedro ; pour moi, je l’ai portée à 9° 52′.

Je trouve dans la Carte de D’Apres le gisement et la distance de la Pointe Calymère à celle Pedro de 
S 37° E 41 milles G.
Dans celle de D’Anville de 
S 39 E 38
Dans une Carte manus. sans nom d’auteur, de 
S 46° 30′ E 40

J’ai eu occasion, en 1764, de déterminer, de la manière la plus approximative, la position de l’île Cow, depuis Tondi ; je lui donne 10 milles G. à l’ouest de la Pointe Calymère, et 39 à l’Est de Tondi. Entre l’île Cow et la Pointe de Pedro, Van Keulen compte 41½, D’Apres et D’Anville 42 milles à l’Est. Ceci placera la Pointe de Pedro à 31½ Est de la Pointe Calymère, ou à la longitude de 80° 72′, et dans un gisement de la Pointe Calymère E 43° 20′ S. ; 42½ milles G. de distance. Je l’ai placée dans cette situation, et je pense que cette fixation ne peut être sujette à de grandes objections.

Différens géographes ont diversement représenté la figure de l’île de Ceylan. Van-Keulen ne lui donne pas assez de largeur dans sa partie la plus large ; c’est-à-dire, entre Batacola et Columbo, comme le prouvent évidemment les longitudes prises par quelques commandans des vaisseaux de la Compagnie des Indes orientales, et autres. D’Anville et D’Apres, dans leurs Cartes de cette île, se rapprochent beaucoup plus des observations.

Entre les méridiens de Calitoor et le côté oriental de Ceylan, à la latitude de 7° 40′, Van-Keulen ne porte la différence de longitude qu’à 
1 ° 46
D’Anville à 
2 1
D’Apres à 
2 8
Et les observations à 
2 12

Quoiqu’il en soit, jusqu’à ce que la même personne ait fait autour de l’île entière une suite régulière d’observations, nous ne devons pas espérer d’en avoir une figure exacte, à moins que l’on n’en mesure toutes les côtes. Quant aux observations accidentelles dont nous pouvons disposer, elles ne nous serviront qu’à déterminer certains points. Ces points fixés, les Cartes existantes suffisent pour donner la figure de l’île le plus exactement qu’il est possible.

Les observations suivantes de longitude ont été faites sur la côte méridionale de Ceylan.

Pointe de Galle, par le capitaine Huddart
80° 1′ 30″[14]
Pointe de Galle, par Dundas
80° 7
Pointe de Galle, par West
80° 17[15]

Dundrahead, suivant l’observation de Mr . Topping (faite à Pondicherry, à la longitude de 80°) est à 80° 39′. Je place la Pointe de Galle à 28′ ouest de Dundrahead ; par conséquent, d’après ce calcul, elle serait à 80° 11′.

Mr . Topping et le capitaine Dundas ont observé l’un et l’autre la longitude du grand Bassas ; mais comme nous ne connaissons pas exactement la différence des méridiens entre ces deux places dont la distance est au moins de 1° 22′, ces observations ne peuvent nous servir pour la Pointe de Galle.

Il y a certainement trop peu d’accord entre les trois longitudes de la Pointe de Galle que nous venons de donner. La moyenne est de 80° 8′ 30″. Comme Anjenga et le cap Comorin ont été placés, à 3′ plus loin à l’Est que ne le portaient les observations du capitaine Huddart, il a fallu, pour rétablir les différences entre les deux calculs, porter la Pointe de Galle à 80° 11′ 30″. Selon Mr . Dalrymple, la différence de longitude entre Anjenga et la Pointe de Galle est de 3° 29′ 30″ ; ce qui, ajouté à 76° 40′, donne 80° 9′ 30″.

Si nous considérons les positions respectives des Pointes de Pedro et de Galle, selon les differens géographes, nous aurons le résultat suivant :

Van-Keulen place la Pointe de Galle à l’ouest de celle de Pedro à
13′ 45″
D’Apres à
10
D’Anville à
3

Moyenne
8′ 55″ ou 9′


La longitude de la Pointe de Pedro étant portée à 80° 27′, la Pointe de Galle serait en conséquence à 80° 18′.

Dans une occasion comme celle-ci, où nous ne pouvons parvenir précisément à la vérité, puisqu’il est impossible de dire si la longitude de la Pointe de Galle est de 80° 1′ 30″, ou de 80° 18′ ; j’ai pensé qu’il valait mieux suivre des données connues, au risque d’une légère erreur, que de sacrifier cet avantage, en m’attachant à un résultat problématique en lui-même. En d’autres termes, j’ai jugé qu’il était plus convenable de conserver la forme générale de l’île, (et conséquemment les positions respectives des Pointes du nord et du midi, selon D’Apres, d’autant plus qu’elles me paraissent s’accorder beaucoup mieux avec le résultat des observations de longitude prises sur les différens côtés de l’île) que de changer les positions relatives, ce qu’il eût fallu faire, si j’eusse adopté l’observation du capitaine Huddart à la Pointe de Galle. J’ai donc placé la Pointe de Galle à 10′ ouest de celle de Pedro (suivant D’Apres), c’est-à-dire, à la longitude de 80° 17′. Si j’eusse suivi les observations dans leur rapport avec le cap Comorin, j’aurais été obligé de la placer à 80° 11′ 30″. La moyenne de toutes les observations est d’environ 80° 14′ 30″. Les observations diffèrent entre elles de 14′ 30″. La latitude de cette Pointe est de 6 degrés, et celle de Dundrahead, le point le plus méridional de l’île, est de 5° 51′.

Les observations faites à Dundrahead par Mr . Topping, donnaient 80° 39′, et celles du capitaine Huddart 80° 23′. Le grand Bassas, par Mr . Topping, est à 81° 41′, et par le capitaine Dundas, 81° 30′. La variation dans ces longitudes prouve évidemment qu’il vaudrait beaucoup mieux avoir une série d’observations faites par la même personne, et avec les mêmes instrumens.

Sur le côté oriental de Ceylan, les longitudes ont été observées par différens géographes, savoir : par le capitaine Cumming, le capitaine West et Mr . Topping ; mais elles s’accordent mieux que celles du côté méridional de l’île.

À la latitude de Construction
de ma Carte.
7° 40′
la longitude, selon Mr . Topping, était de
82° 2′ 81° 58′
6° 33′
capitaine West
81° 55′ 82°
6° 53′
capit. Cummin
82° 82° 2′
7° 31′
selon le même
82° 1′ 82° 1′

Avec les dimensions de l’île données par D’Apres (particulièrement dans les parties méridionales), j’ai adopté ses détails de côte à partir de Columbo jusqu’à la baie Vendelos. De la baie Vendelos à la Pointe Pedro, la côte, dans Van-Keulen, me paraît presque méridionale, et ses latitudes le sont beaucoup trop. Sur le côté occidental, de Columbo à Manar, j’ai suivi le gisement de D’Apres qui est beaucoup plus nord-est que celui de Van-Keulen. À la vérité, cela ne pouvait être autrement, sans que les deux côtes de l’Est et de l’Ouest n’eussent eu un plus grand degré d’obliquité que n’en représente Van-Keulen, parce qu’il donne trop peu de largeur à la partie méridionale de l’île. En un mot, la forme générale de l’île est de D’Apres ; mais les détails sont comparés avec les Cartes de Van-Keulen et de D’Anville.

La distance de la Pointe Mentole, île de Ceylan, à la Pointe Ramen sur le continent, est sur ma Carte de 11½ milles géographiques de moins que ne l’a supposée le major Stevens. J’ai suivi ce calcul, pour faire concorder ces positions avec celle que j’ai donnée de l’île Cow.

D’Apres m’a fourni les îles Maldives et Laccadives (Lacquedives) ; la position de la plus septentrionale des Maldives, nommée par les Français la Tête des îles, est portée selon les observations de latitude et de longitude faites en 1785 par Mr . Topping. Sa latitude est de 7° 5′, et sa longitude de 73° 4′. Il a compté vis-à-vis trente-deux îles, dont la plus éloignée est située Sud-est par Est.


Fin du Tome premier.
  1. Toutes les latitudes dont il sera fait mention dans cet Ouvrage sont au nord de l’équateur, et toutes les longitudes à l’est du méridien de Greenwich. Je me bornerai donc à employer les mots latitude et longitude, sans les spécifier plus particulièrement.
  2. J’ai fait usage des milles géographiques (60 au degré) dans le compte que je rends de la construction de la carte, et de milles anglais, en donnant l’étendue comparative des contrées. Je distingue les uns par milles G. et les autres par milles A.
  3. Thomas Howe 
    88° 33′
    Moyenne
    88° 27′ 45″
    Mr. Smith 
    88° 28′
    Mr. Magee 
    88° 24′
    Le capitaine Ritchie 
    88° 29′
    On peut y ajouter l’observation faite par des Français, à Ghyretty, place située à l’est de Calcutta. 
    88° 29′
  4. Mr. Howe 
    80° 29′
    Moyenne
    80° 24′ 40″
    Mr. Dalrymple 
    80° 24′
    Mr. Topping 
    80° 21′
  5. J’ai placé la Pointe de Pennar à 16 milles géographiques à l’est de Nellore. Plusieurs cartes manuscrites lui donnent moins de distance.
  6. Connaissance des temps 
    79° 57′
    Moyenne
    79° 55′ 40″
    Le Gentil 
    79° 53′
    Topping 
    79° 57′
  7. Une carte du baron de Versèbe (du Corps des Hanovriens) s’accorde parfaitement sur ce point avec celle du colonel Kelly ; mais je ne sais d’où le baron a tiré ses matériaux.
  8. Les sinuosités de la route de
    Madras à Tritchinopoly sont de 1 sur 9
    Moyenne 1 sur 8¼ :
    De Tritchinopoly à Velore de 1 sur 10
    De Madras à Tanjore de 1 sur 9½
    ––––––––– à Wandiwash de 1 sur 8
    ––––––––– à Carongoly de 1 sur 9¼
    D’Arcot à Wandiwash de 1 sur 7
  9. La distante sur les lignes de Kelly et de Call est de 186,25 milles G.
  10. Un de ces gisemens était nord-ouest ½ ouest à ¼ milles loin du rivage ; l’autre que l’on dit être à 2′ du rivage, était nord-ouest par ouest. Eu égard à un plan de route, il paraît que la dernière station n’aurait été qu’à 1 ¼ loin du rivage, la profondeur de l’eau n’étant plus qu’à cinq brasses trois quarts. Nous pouvons remarquer que le Mont Dilla aurait été plus à l’ouest pour l’observateur le plus près du rivage, que pour celui qui en était le plus éloigné ; mais il est rare que l’on mette une grande précision dans les observations, lorsque l’on prend les gisemens à bord d’un vaisseau, quoique l’on y compte beaucoup. Par le calcul, la différence de l’angle entre un observateur placé à ¼ loin du rivage, et un autre à Mahé, serait de 3° 15′ ; et celle à 1¼ loin du rivage, de 3° 35′. Tellement que le Mont Dilla serait par le premier compte, à partir de Mahé, ouest 36° nord, et par le second, ouest 30° 30′ nord, dont la moyenne est, ouest 33° 15′ nord.
  11. On devrait indiquer dans tous les plans comment on est parvenu à obtenir l’échelle, si c’est par le mesurage, la différence de latitude, ou l’estimation des distances. Il faudrait en outre tracer les lignes méridiennes ou parallèles à travers tout l’espace du plan, pour prévenir les erreurs qui peuvent se commettre, lorsque l’on mesure les angles d’un gisement.
  12. À Elora prés de Dowlatabad, à plus de deux cents milles à l’est de Salsette, sont d’autres temples creusés dans le roc. Anquetil du Perron a donné une notice du premier ; et pour les autres, voyez Thevenot.
  13. D’Anville n’a porté la longitude de ce cap qu’à 93° 16′ ; de manière que la nouvelle Carte augmente la distance entre l’embouchure du Sinde (ou Indus) et le cap Negrais, de 2° 7′ de longitude.
  14. Longitude déduite de Bombay situé à 72° 40′ 
  15. Le capitaine West a calculé depuis Sadras que je place à 80° 24′. Il l’a placé à 80° 19′; et, par une suite naturelle, la Pointe de Galle à 80° 22′.