Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre IV

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Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 181-184).

CHAPITRE IV
DÉFINITION GÉNÉRALE DES TITHIS (OU DATES)^^64

Il y a deux sortes de Tithis, soit, la Thiti complète, et la Tithi défectueuse.

La Tithi qui, à compter du lever du soleil, renferme 60 gliatikas entières, est une Tithi complète ; celle qui ne remplit pas ces conditions est nue Tithi défectueuse.

La Tithi défectueuse est elle-même de deux sortes, soit : la Tithi Pure, et la Tithi Empiétée.

La Tithi qui s’étend du lever du soleil à sou coucher, ou dans les époques (sacrées) telles que Shivarātra^^65 et autres^^66, jusqu’à minuit, est une Tithi Pure ; celle qui ne remplit pas cette condition est une Tithi Empiétée.

Il y a deux sortes d’empiétement : l’empiétement du matin et l’empiétement du soir.

64 Se reporter à la note 20 sur l’origine des Tithis où nous avons démontré qu’en dépit du semblant de vérité astronomique que leur prêtent leurs inégalités relatives, d’après la loi de l’inégalité du mouvement de la lune, elles n’ont qu’un caractère astrologique, puisqu’elles ne reposent en réalité que sur une division arbitraire de l’orbite lunaire en trente parties.

65 Shivarâtra ou « nuit de Shiva » est le jour de vigile et déjeune observé en l’honneur de Shiva qui tombe à la quatorzième Tithi de chaque mois, mais plus particulièrement à la quatorzième du mois de Ma-ha et se prolonge jusqu’à minuit, moment après lequel seulement on peut prendre de la nourriture cuite. L’origine de cette veille se trouve dans cette légende qui rapporte qu’un chasseur atteignit Moksha ou la délivrance finale de la vie active et de l’horrible cours de la transmigration, pour avoir pendant la nuit, fait tomber sur un lingam. Phallus de Shiva, des feuilles d’un arbre Bilva sur lequel il était monté pour surprendre un daim, et par là, quoi que ce fut sans intention, avoir gagné la faveur et la bienveillance de ce dieu.

66 Tel que, par exemple, Gokulāshtami et autres époques sacrées que nous décrirons au cours de cette traduction et dont le jeune se prolonge aussi jusqu’à minuit.

Lorsque le point de contact d’une Tithi avec la suivante se présente dans la limite de six ghaṭikas comptées à partir du lever du soleil, alors cet (empiétement de la première Tithi sur le jour solaire de la Thiti suivante) est l’empiétement du matin ; mais quand le moment de contact se présente dans la limite de six ghatikas avant le coucher du soleil, alors cet (empiétement de la seconde Tithi sur le jour solaire de la première Tithi) est l’empiétement du soir (voir note 67).

Cet empiétement sera expliqué plus en détail plus tard quand il s’agira du vœu sacrificatoire de la onzième Tithi. Pour certaines Tithis particulières cet empiétement est de plus grande longueur ; la cinquième Tithi, par exemple, empiète sur la sixième de 12 ghatikas, la dixième empiète sur la onzième de 15 ghatikas, et la quatorzième sur la quinzième de 18 ghatikas^^67. Ces Tithis empiétées peuvent être adoptées pour la célébration de certains rites, tandis qu’elles doivent être repoussées pour d’autres.

Comme il ne peut y avoir d’incertitude au sujet de la Tithi complète et de la Tithi Pure il n’est pas nécessaire d’en donner une définition spéciale.

Relativement aux prohibitions il est également inutile de donner une définition de la Tithi Défectueuse, car, d’après le texte « la prohibition ne s’applique seulement qu’au temps (prescrit) de l’abstention^^68, il ne faut considérer que la Tithi qui comprend le temps précis pendant lequel quelque chose est prohibée, comme, par exemple, manger des noix de coco et autres comestibles, la huitième Tithi et les autres.


Ici se trouve une définition des (temps) fixés pour la célébration des vœux sacrificatoires et autres rites.

Dans ce cas, il faut prendre la Tithi qui renferme le moment fixé pour chaque rite. Par exemple, le culte et les autres rites qui se rapportent au vœu sacrificatoires de Vināyakaćaturthi 69 étant fixés au milieu du jour, il faut

67 L’expression « Empiètement d’une Tithi sur la suivante » est à proprement parler un lapsus linguæ, car une Tithi n’empiète pas sur une autre, mais bien sur le jour solaire pendant lequel cette Tithi se présente.

68 L’auteur ne dit pas quel est celui des livres, mentionnés dans la note 18, qu’il cite ici.

69 Vināyaka est un autre nom de Ganesha ou Ganapati décrit dans la note 5 ; Ćaturthi est la quatrième Tithi du mois. Vināyakaćaturthi, plus généralement Ganeshaćaturthi, est donc la quatrième prendre la Tithi qui renferme le milieu du jour. Quand une Tithi s’étendant sur (parties de) deux jours enveloppe ou n’enveloppe pas ou enveloppe presque le temps fixé pour un rite, on peut, suivant le texte sur les « Paires », prendre ou la Tithi Empiétée précédente, ou la Tithi Empiétée suivante. Le texte sur les « Paires » s’exprime ainsi : « Les Paires de Deux et des Feux ; des Âges et des Éléments ; de Six et des Sages ; des Vasus et des Orifices ; des Rudras et de la douzième ; de la quatorzième et de la Date de la pleine lune ; de la dernière date de la lune obscure et de la première date de la lune brillante sont très favorables^^70. Ici « Deux » représente la seconde Tithi ou date, « les Feux » représentent la troisième Tithi (etc.), et il faut prendre la seconde Thiti qui est empiétée par la troisième, et la troisième qui est empiétée par la seconde. Ainsi se fait la Paire de la seconde et troisième Tithi, la Paire de la quatrième et cinquième, de la sixième et septième, de la huitième et neuvième, de la onzième et douzième, de la quatorzième et quinzième ou date de la pleine lune, et de la quinzième de la lune obscure et de la première de la lune brillante (suivante).

Dans quelques cas il faut observer la définition donnée par des textes spéciaux tels que les suivants : « Pour le vœu sacrificatoire de Ganapati de la quatrième Tithi, la troisième Tithi brisée de sa mère^^71 est recommandée ». S’il se trouve que la Tithi à prendre, suivant un texte spécial, ne renferme pas le temps précis exigé pour un (certain) rite^^72, il faut suivre la règle des textes 70 Pour comprendre ce passage, il faut se rappeler qu’il y a trois feux (voir note 30) et que, par conséquent, le mot « Feux » signifie trois, ou la troisième Tithi ; qu’il y a quatre âges ou yugas (voir note 60) et que, par conséquent, le mot « Âges » représente le quatrième Tithi ; qu’il y a cinq éléments, et que ce mot est pris, par conséquent, pour la cinquième Tithi ; qu’il y a sept Sages correspondants aux sept étoiles de la Grande Ourse, et que le mot « Sages » signifie donc la septième Tithi ; qu’il y a huit Vasus, catégorie d’êtres célestes, savoir Apa, Dhruva, Soma, Dhava, Anila, Pāvaka, Pratyūsha, et Prahhasa, et que le mot « Vasus » représente donc la huitième Tithi ; qu’il y a neuf orifices dans le corps, savoir : les oreilles, les yeux, les narines, la bouche, l’urètre et l’anus, et que le mot « Orifices » est donc le représentant de la neuvième Tithi ; qu’il y a onze Rudras, classe de créatures célestes, se nommant, suivant le Vayu Purâna : Ajaikapād, Ahvibradhna, Hara, Nirṛita, Ishvara, Bhuvana, Angāraka, Ardhakétu, Mrityu, Sarpa et Kāpalin, et que, par conséquent, le mot « Rudras » est l’équivalent de la onzième Ttihi ; enfin que la « date de la pleine lune » est la quinzième Tithi du demi-mois brillant, et la « Dernière date de la lune obscure », la quinzième Tithi du demi-mois obscur.

71 La mère de Ganêsha ou Ganapati (voir note 5) est Pārvati, épouse de Shiva. Elle est la divinité tutélaire de la troisième Tithi, et son fils protège la quatrième (voir note 69).

72 y a quelques rites sacrificatoires ou cérémonies pour la célébration desquels certaines heures du généraux. Ces (textes généraux) ordonnent que a la Tithi qui renferme un lever du soleil doit être reconnue comme une Tithi complète pour la célébration des rites tels que les ablutions, les dons et les incantations (murmurées et comptées sur un rosaire) ».

Telle est la définition générale (des Tithis), le quatrième chapitre.

    Tithi de chaque demi-mois brillant, et on lui donne ce nom, parce qu’elle est consacrée à ce dieu. Le mot « Ćaturthi » ne suit pas Vināyaka dans le texte, mais je l’ai introduit dans la traduction pour plus de clarté, puisque ce passage se rapporte clairement à cette sainte Tithi.

    jour sont spécifiées comme absolument obligatoires, tels que, par exemple, le rite d’un repas par jour, décrit dans le chapitre suivant, et beaucoup d’autres pour lesquels on ne peut prendre que les heures du milieu du jour.