Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre XXIII

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Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 239-241).

CHAPITRE XXIII
DÉFINITION DU TEMPS PROPICE POUR LES OFFRANDES DE BOULES DE RIZ AUX MÂNES DES ANCÊTRES

Pour l’offrande des boules de riz aux mânes des ancêtres les disciples d’Ashvalāyana[1] prennent, parmi les cinq parties entre lesquelles le jour est divisé, la quatrième partie, c’est-à-dire l’après-midi avancée, de ce jour et nuit où la Date de la nouvelle lune et la première Tithi se rencontrent. Si la conjonction se présente dans l’après-midi, cette offrande se fait pendant l’après-midi du jour du « Culte du Bois et du Feu ».

Si la conjonction a lieu au temps de midi ou dans la matinée, l’offrande doit se faire le jour du sacrifice, après que le sacrifice a été célébré et pendant l’après-midi.

Quand la conjonction des deux Tithis a lieu au temps de la conjonction du jour avec la nuit, le sacrifice des boules de riz aux mânes des ancêtres doit se célébrer pendant le jour du « Culte du Bois et du Feu » (et dans l’après-midi) .

Les Āpastambis[2] et les disciples d’Hiranyakeshi[3] font l’oblation des boules de riz aux mânes des ancêtres pendant le jour de la conjonction. Il faut la célébrer ou dans l’après-midi, ou bien juste au moment où le soleil est au dessus de l’arbre (c’est-à-dire, midi).

Lorsque le jour est divisé en cinq parties, la quatrième est l’après-midi ; mais quand il est divisé eu neuf parties, l’après-midi est la septième. Nous avons dit plus-haut que les Sānkhyāyanas[4], les Kātyāyanas et les Sāma-Védistes doivent accomplir l’offrande des boules de riz aux ancêtres décédés le jour du « Culte du Bois et du Feu ». Le jour étant divisé en trois parties, elle doit être faite pendant la troisième partie, c’est-à-dire dans l’après-midi. Si l’offrande des boules de riz aux mânes des ancêtres et le repas offert aux brahmanes en leur honneur tombent sur le même jour, alors les Rig-Védistes, qui entretiennent le feu domestique sacrificatoire, doivent les célébrer par amalgamation. « Amalgamation » signifie dans ce cas que les deux rites doivent se faire en même temps.

Si la quinzième est une Tithi défectueuse, le repas offert aux brahmanes en l’honneur des ancêtres décédés doit seul avoir lieu pendant le premier jour, et l’offrande des boules de riz seule doit être faite le second jour. Les personnes qui entretiennent les trois feux domestiques sacrificatoires, doivent seulement faire l’offrande des boules des riz dans le Feu du Nord et non par amalgamation (avec l’autre rite).

Quand la Date de la nouvelle lune est complète, ceux qui entretiennent les trois feux domestiques sacrificatoires doivent célébrer les rites de la manière suivante : Premièrement, le « Culte du Bois et du Feu », ensuite l’offrande à toutes les divinités, puis l’offrande des boules de riz aux mânes des ancêtres et enfin le repas aux brahmanes en l’honneur de ces ancêtres.

Celui qui entretient le feu sacrificatoire et dont le père est encore vivant, doit faire l’offrande de boules de riz à son grand-père, (au père de son grand-père) etc., jusqu’à trois générations, au moment fixé ci-dessus, ou à la fin de l’offrande quotidienne au feu, et cela avec ou sans boules de riz. S’il ne peut pas rencontrer ce temps fixé, qu’il ne commence pas l’offrande de boules de riz aux ancêtres.

Si on omet un rite sacrificatoire il faut alors accomplir la Pénitence à Quatre Pieds[5]. Si on a omis deux rites sacrificatoires il faut accomplir le Rite de la Demi-Pénitence[6].

Comme par l’omission de trois rites sacrificatoires le Feu domestique sacrificatoire est détruit, il faut le renouveller et le consacrer de nouveau.

Si l’offrande des boules de riz aux mânes des ancêtres a été omise, il faut accomplir la pénitence de Vaishvanara[7] ou bien, au lieu du rite omis, il faut prononcer les mots suivants : « J’offre sept oblations » et, en jetant quatre fois du ghee dans le feu, accomplir une offrande complète au feu.

Tel est le vingt-troisième chapitre, définition du temps du rite sacrificatoire aux ancêtres.


  1. Ashvalāyana est un ancien Sage, auteur de Sūtras ou Règles sur le rituel du Rig-Véda. Ses descendants et tous ceux qui suivent ses règles dans la vie ordinaire sont appelés de son nom Ashvalayanas.
  2. Āpastamba est le nom d’un ancien sage auteur de Sūtras ou Règles sur le rituel. Ses descendants et les sectateurs de ses règles sont appelés à cause de lui Āpastambis.
  3. Hiranyakeshi est un ancien sage auteur de Sūtras ou règles védiques sur le rituel. En mémoire de lui ses descendants et ses sectateurs sont appelés Hiranyakeshayas.
  4. Sānkhyāyana ou Shānkhyāyana est un ancien sage auteur de Sūtras ou règles sur le rituel du Rig-Veda. De son nom ses descendants et ses partisans sont appelés Shānkhyāyanas ou Sānkhyāyinas.
  5. La Pénitence à Quatre Pieds tire son nom des quatre jours pendant lesquels elle dure. Elle se pratique ainsi : Le premier jour on ne mange qu’une seule fois au temps de Midi et seulement vingt-six poignées de riz frit dans du ghee ; le second jour, on ne doit manger qu’une seule fois, de nuit, et seulement vingt-deux poignées de riz ; le troisième jour seulement vingt poignées d’aliments donnés, mais sans qu’on les ait mendiés ; le quatrième jour on doit observer un jeûne absolu.
  6. La Demi-Pénitence tire son nom de ce qu’elle ne s’étend que sur six des douze jours de la Pénitence complète qui sera décrite plus tard. Voici comment elle se pratique : Le premier jour, on ne doit manger qu’une seule fois, soit, dans l’après-midi ; le second jour, une seule fois, à la nuit ; le troisième et le quatrième jour, on ne mange que la nourriture qu’on a reçue, mais cependant sans la mendier ; on jeûne le cinquième et le sixième jour.
  7. Je ne trouve aucun détail sur la méthode de ce rite de pénitence.