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Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Affaires Étrangères (ministère des)

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Affaires Étrangères (ministère des).

Situé rue Neuve-des-Capucines, no 18, à l’angle du boulevart. — 1er arrondissement, quartier de la place Vendôme.

Ce ministère comprend les quatre directions suivantes : politique, commerciale, archives et chancelleries, comptabilité.

Le bureau de la chancellerie est le seul ouvert au public. Il est chargé, sous les ordres du directeur des archives, de la correspondance concernant les réclamations particulières des sujets français contre les étrangers, ainsi que des travaux relatifs aux passeports et légalisations, à l’état civil, aux commissions rogatoires, à la transmission des actes judiciaires, aux significations à l’étranger, etc.

Ce ministère est établi dans l’ancien hôtel Bertin. Connue sous le nom d’hôtel de la Colonnade, cette propriété, construite par un duc et pair, embellie par M. de Reuilly, fermier général, fut quelque temps habitée sous la Convention par le jeune général qui venait de la sauver dans la journée du 13 vendémiaire.

Dans cet hôtel furent déposées les armes enlevées aux sections.

Quelques jours après, un enfant de dix à douze ans se présente à l’hôtel de la Colonnade. Il demande à parler au général Bonaparte.

La douceur de son visage, la distinction de sa personne excitent l’intérêt et la sympathie.

Un aide-de-camp le conduit dans le cabinet de Napoléon.

Le général en chef de l’armée de l’intérieur était entouré d’officiers qui commençaient à adorer cette étoile naissante.

L’enfant, troublé un instant, se recueille et s’avance vers Bonaparte

« Citoyen général, dit-il, je m’appelle Eugène Beauharnais ; mon père était, comme vous, un digne défenseur de la république. Dénoncé au comité du salut public, il est mort sur l’échafaud ! Il est mort, ne laissant pour tout patrimoine à son fils que son épée. Citoyen général, on nous a enlevé cette épée, et je viens, au nom de votre gloire vous la redemander. »

Ces paroles, pleines de noblesse et de fierté, devaient plaire à Napoléon. Sa physionomie, si calme d’ordinaire, respirait un air de satisfaction.

« C’est bien jeune homme, c’est très bien ce courage et cette tendresse filiale vous honorent. L’épée de votre père vous sera rendue. »

Puis, faisant signe à un aide-de-camp, il lui dit quelques mots à voix basse. L’officier sort et reparait bientôt avec une épée que Bonaparte remet lui-même au jeune Beauharnais. Eugène la saisit avidement, la serre contre son cœur, puis la baise avec respect.

Napoléon, visiblement ému, encourage le jeune Beauharnais à suivre le noble exemple de son père, puis il le congédie en l’invitant à venir le voir.

Ce fut à ce même hôtel de la Colonnade que s’accomplit le mariage de la mère d’Eugène avec Bonaparte, le 9 mars 1796. Le jour même, les nouveaux époux allèrent habiter la petite maison de la rue Chantereine, dont Napoléon avait déjà fait l’acquisition.