Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Argenteuil (rue d’)

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Argenteuil (rue d’).

Commence à la rue des Frondeurs, nos 3 et 5 ; finit à la rue Neuve-Saint-Roch, nos 16 et 18. Le dernier impair est 51 ; le dernier pair, 62. Sa longueur est de 286 m. — 2e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Bâtie sur une partie de l’ancien chemin qui conduisait à Argenteuil, elle en retint la dénomination. Ce chemin se trouvait à droite en sortant de l’ancienne porte Saint-Honoré, qui existait encore vers l’année 1500. — Entre cette voie publique et celles des Moineaux et des Orties, était placé au XVIIe siècle le marché aux chevaux, qui resta en cet endroit jusqu’en 1667. — Un acte du 12 mars 1564 désigne cet emplacement sous le nom de haute voirie Saincte-Honoré. — Une décision ministérielle à la date du 3 nivôse an X, signée Chaptal, ainsi qu’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — La maison no 45, et celles depuis 2 jusqu’à 28 inclusivement, sont alignées. — Conduite d’eau depuis la rue des Orties jusqu’à la rue Neuve-Saint-Roch. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

On a découvert il y a quelques années la maison où mourut le grand Corneille. Elle porte aujourd’hui le no 18. Le propriétaire a fait placer au fond de la cour de cette maison une inscription gravée sur une table de marbre noir. Elle indique que Pierre Corneille y est mort le 1er octobre 1684, et qu’elle a été érigée en 1826. Un buste du célèbre poète est placé au-dessus de l’inscription de la cour, et sur une couronne de lauriers posée un peu plus haut que ce buste, on lit ces mots « Le Cid. — 1636. » Ce prodigieux génie, qui avait relevé si haut la majesté du cothurne quelques jours avant sa mort, descendait lentement cette rue et s’arrêtait devant l’échoppe d’un savetier pour faire raccommoder sa chaussure !… — Un courtisan, nommé Dangeau, qui s’était enrichi en fréquentant les brelans, ayant appris la mort de Corneille, tira négligemment son calepin de sa poche, crayonna quelques mots, puis bégaya ainsi l’oraison funèbre du grand poète : « Le bonhomme Corneille est mort hier ; il était un des plus habiles de notre temps à faire des comédies. »