Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Barrières

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Barrières.

Avant 1784, la capitale n’avait pour limites que des murailles informes et grossières, et plus souvent encore de faibles cloisons de planches mal jointes.

Les fermiers-généraux, voulant arrêter les progrès toujours croissants de la contrebande, et faire payer les droits d’entrée à un plus grand nombre de consommateurs, obtinrent en 1784, de M. de Calonne, l’autorisation d’enfermer les faubourgs dans un nouveau mur d’enceinte. Les travaux furent commencés au mois de mai de cette même année, seulement alors du côté de l’Hôpital-Général (la Salpêtrière).

En 1786, l’enceinte méridionale était achevée. Les Parisiens commencèrent alors à faire éclater leur mécontentement par des plaisanteries et des jeux de mots, tels que ceux-ci :

« Le mur murant Paris rend Paris murmurant. »

_____« Pour augmenter son numéraire
_____» Et raccourcir notre horizon,
_____» La Ferme a jugé nécessaire
_____» De mettre Paris en prison. »

Le Doux, architecte de la Ferme générale, après avoir terminé ce mur d’enceinte, fut chargé de bâtir plus de soixante monuments pour servir d’entrées à la capitale. Cet artiste a montré en plusieurs circonstances une grande habileté.

En 1787, M. de Brienne, archevêque de Toulouse, effrayé des dépenses énormes qui dépassaient déjà vingt-cinq millions, fit ordonner, par un arrêt du conseil du 7 septembre, la suspension des travaux. Le 8 novembre de la même année, ce ministre, accompagné de plusieurs fonctionnaires, vint visiter ces barrières. Son indignation fut si vive en voyant avec quelle prodigalité les travaux avaient été exécutés, qu’il voulut, dans les premiers moments de sa colère, faire démolir cette muraille et en vendre les matériaux. L’ouvrage était alors trop avancé. L’archevêque de Toulouse dut se borner à faire prendre, le 25 du même mois, un nouvel arrêté qui suspendit les travaux. Avant leur continuation, de nouvelles dispositions furent prescrites.

Le 1er mai 1791, les droits d’entrée furent abolis.

Un décret de la Convention, du 13 messidor an II, contient ce qui suit : « Les bâtiments nationaux, désignés sous le nom de Barrières de Paris, sont érigés en monuments publics. Les diverses époques de la révolution et les victoires remportées par les armées de la république sur les tyrans y seront gravées incessamment en caractères de bronze. Le comité du Salut-Public est autorisé à prendre toutes les mesures pour la prompte exécution du présent décret, en invitant les gens de lettres et les artistes à concourir et à former les inscriptions. »

Conseil des Cinq-Cents. Séance du 27 fructidor an VI. — « Le conseil adopte le projet d’Aubert dans les termes suivants. Article 1er. Il sera perçu par la commune de Paris un octroi municipal et de bienfaisance, conformément au tarif annexé à la présente loi, spécialement et uniquement destiné à l’acquit de ses dépenses locales, et de préférence à celles de ses hospices et des secours à domicile, etc… »

En vertu de la loi du 29 ventôse an XII, proclamée le 9 germinal suivant, le ministre des finances, autorisé à cet effet, a concédé à la ville de Paris les barrières et murs d’enceinte formant la clôture de ladite ville et de ses faubourgs. Sous le règne de Napoléon, on consolida les murailles et l’on perfectionna la perception des droits d’entrée aux barrières de Paris.