Bois (église de l’Abbaye-aux-).
C’était, avant la révolution, l’église d’une communauté religieuse dont nous traçons ici l’origine. Ce monastère avait été fondé en Picardie vers 1202, par Jean, seigneur de Nesle, dans un lieu nommé Batiz (au milieu des bois). Les guerres civiles qui désolèrent la régence d’Anne d’Autriche, et le passage très fréquent des gens de guerre, forcèrent ces religieuses à quitter cette maison. En 1650, elles se réfugièrent à Compiègne. Elles achetèrent en 1654, moyennant 50,000 écus, le monastère des Annonciades des Dix-Vertus de Notre-Dame, situé dans la rue de Sèvres. — Des lettres-patentes d’avril 1658 confirmèrent cette acquisition en y joignant même plusieurs privilèges. Malgré ces avantages, plusieurs de ces religieuses, après la publication du traité de paix des Pyrénées, retournèrent dans leur ancienne abbaye ; mais un incendie ayant consumé leur église, elles furent forcées de revenir à Paris et obtinrent en 1667 la translation du titre de leur abbaye à leur maison de la capitale. On sait que ces religieuses suivaient la règle de l’ordre de Cîteaux. Cette communauté religieuse, qui contenait en superficie 4,203 m., fut supprimée en 1790 ; devenue propriété nationale, elle fut vendue le 5 frimaire an VI. Depuis 1802 l’église est la première succursale de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin. Le document suivant sert à compléter l’historique de ce couvent. — « Au château des Tuileries, le 18 novembre 1827. Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, etc… Vu la loi du 24 mai 1825 ; vu la déclaration des religieuses de Notre-Dame, chanoinesses de Saint-Augustin, établies dans la maison de l’Abbaye-aux-Bois, rue de Sèvres, no 16, à Paris, qu’elles adoptent et s’engagent à suivre les statuts conformes à ceux enregistrés au conseil d’État, d’après notre ordonnance royale du 7 mai 1826, pour les sœurs de Notre-Dame, chanoinesses de Saint-Augustin, existant à Paris, rue de Sèvres, no 16 ; vu la délibération du conseil général du département de la Seine, faisant les fonctions de conseil municipal, du 12 octobre 1827, tendant à ce que cet établissement soit autorisé ; vu le consentement de l’archevêque de Paris du 22 mai 1827 ; sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article Ier. La communauté des religieuses de Notre-Dame, chanoinesses de Saint-Augustin, établie dans la maison de l’Abbaye-aux-Bois rue de Sèvres, no 16, à Paris, gouvernée par une supérieure locale, est définitivement autorisée. Art. 2. Notre ministre secrétaire d’État au département des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique est chargé de l’exécution de la présente ordonnance, qui sera insérée au Bulletin des Lois. — Donné en notre château des Tuileries, le 18e jour du mois de novembre de l’an de grâce 1827, et de notre règne le 4me. Signé Charles. — Par le roi le ministre secrétaire d’État au département des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique. Signé ✝ D., évêque d’Hermopolis. » — Une partie des anciens bâtiments de l’Abbaye-aux-Bois est aussi habitée par des dames réunies en communauté. Cette maison a acquis de nos jours une grande célébrité par la réunion des personnages qui viennent briller dans les salons de Mme Récamier. Le duc de Doudeauville, Mathieu de Montmorency, Châteaubriand, Ballanche ont fait longtemps partie de ces réunions. « Aujourd’hui, dit Charles Nodier, les saintes filles n’habitent plus qu’une partie de la sainte maison, mais la protection divine sous laquelle elles l’avaient placée ne l’a pas abandonnée ; on y entend, comme autrefois, des voix fortes et solennelles qui attestent la grandeur de Dieu ; celles de Châteaubriand et de Ballanche ! »