Célestins (caserne des).
Cette caserne occupe une partie des anciens bâtiments du couvent des Célestins, dont nous traçons ici l’origine. Saint Louis avait amené de la Palestine six religieux du Mont-Carmel, depuis connus sous le nom de Carmes et qu’on appelait alors les Barrés en raison de leurs manteaux rayés de noir et de blanc. Le roi donna d’abord il ces religieux un vaste terrain qui faisait partie du Champ-au-Plâtre. Ces moines ayant abandonné cet endroit pour aller à la place Maubert, vendirent l’emplacement qu’ils venaient de quitter à Jacques Marcel, bourgeois de Paris. Ce nouveau propriétaire fit bâtir sur ce terrain deux chapelles et les dota chacune de 20 livres de rentes amorties. L’acte de fondation fut approuvé le 1er juin 1319 par l’évêque de Paris. Le terrain et les deux chapelles passèrent à Garnier Marcel, fils du précédent, qui les donna aux Célestins par contrat du 10 novembre 1352. Ces moines étaient ainsi nommés parce qu’ils avaient été institués par le pape Célestin V. Touché de leur piété, le roi Charles V ordonna la construction d’une nouvelle église, dont il posa la première pierre, le 24 mars 1367. Guillaume de Melun, archevêque de Sens, qui consacra l’église, donna une image de saint Pierre en argent. Le jour de cette consécration le roi présenta à l’offrande une grande croix d’argent doré, et la reine une image de la Vierge, aussi d’argent doré. Les bienfaits du monarque et de son épouse leur firent donner le titre de fondateurs, et leurs statues, en pierre, ornèrent le portail de cette église. Les secrétaires du roi fondèrent dans cette église une confrérie dont ils étaient tous membres. Les Célestins furent exemptés de toutes contributions publiques, même des taxes que payait ordinairement le clergé. Charles VI, dans des lettres du 26 septembre 1413, en octroyant une certaine quantité de sel, les appelle nos biens amez chapelains et orateurs en Dieu, les religieux, prieur et couvent de nostre prieuré et monastère de Nostre-Dame des Célestins de Paris. — Ces religieux avaient en outre la jouissance d’une charge de secrétaire du roi.
Un nombre considérable de princes et de princesses avaient leur sépulture dans cette église. Parmi tous leurs fastueux mausolées, on distinguait une tombe modeste. Au-dessus était une urne toute petite et aussi simple que la tombe. Cette urne renfermait le cœur d’un enfant, duc de Valois, et portait cette épitaphe :
deliciæ matris, deliciæque patris,
hic situs est, teneris raptus Valesius annis,
ut rosa quæ subitis imbribus icta cadit.
Le cloître des Célestins, construit en 1539, était un des plus beaux de Paris. Le plafond de l’escalier, peint par Bon Boulogne, représentait l’apothéose du fondateur de l’ordre, Pierre Moron, enlevé dans les cieux par un groupe d’anges. Leur jardin spacieux et bien situé régnait le long des murs de l’Arsenal. Les Célestins furent supprimés en 1779. Les Cordeliers vinrent quelque temps les remplacer, mais on permit bientôt aux Célestins de rentrer dans leur couvent. Supprimée en 1790, cette maison devint propriété nationale. Les ouvrages d’art que renfermait l’église furent transportés au musée des monuments français. Depuis, les bâtiments furent affectés à une caserne.
En vertu d’une ordonnance royale du 5 février 1841, trois immeubles ont été cédés par l’État à la ville de Paris pour la caserne des Célestins :
Cette caserne est occupée aujourd’hui par la garde municipale.