Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Figuier (rue du)

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Figuier (rue du).

Commence aux rues de l’Hôtel-de-Ville, no  2, et du Fauconnier, no  1 ; finit à la rue des Prêtres-Saint-Paul, nos 21 et 23. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 116 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Dès l’année 1300, cette rue était construite et habitée. Elle portait le nom de rue du Figuier, qu’elle conserve encore aujourd’hui. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. Cette moindre largeur a été portée à 11 m., en vertu d’une ordonnance royale du 4 août 1838. L’hôtel de Sens est maintenu sur ses vestiges. Toutes les autres constructions devront subir un retranchement considérable.

On remarque au no  1 l’ancien hôtel de Sens. Le siège ecclésiastique de Paris n’était qu’un évêché dépendant de l’archevêché métropolitain de Sens ; les communications entre le haut clergé de cette ville et celui de la capitale durent être, pour ainsi dire, journalières. Étienne Bécard, archevêque de Sens, acheta, au commencement du XIVe siècle une maison sur le quai des Célestins et la légua par testament à ses successeurs. Cette maison, dans la suite, fut cédée à Charles V et servit, ainsi que plusieurs autres habitations, à former son hôtel royal de Saint-Paul. En échange de la maison abandonnée par l’archevêque, le roi donna à ce prélat l’hôtel d’Hestoménil, situé au coin de la rue du Figuier. Cet hôtel prit alors le nom d’hôtel de Sens, qu’il conserve encore aujourd’hui. Ce vieux manoir fut reconstruit au commencement du XVIe siècle, par l’archevêque Tristan de Salazar. Il servit dans la suite d’habitation à plusieurs prélats illustres, tels que l’archevêque Duprat, chancelier et premier ministre ; Louis de Bourbon, prince de la famille royale ; Louis de Guise, cardinal de Lorraine ; Jean Bertrandi, garde-des-sceaux, etc. Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, y résida plusieurs années. Les échos qui longtemps avaient répété les pieux cantiques des anciens archevêques, redisaient aux passants les refrains joyeux improvisés par la spirituelle Marguerite pour plaire à ses nombreux amants. Le jésuite Le Moine a composé l’épitaphe de cette princesse. Nous rapportons ici cette pièce de poésie qui nous a paru empreinte de grandeur et d’élégance.

Cette brillante fleur de l’arbre des Valois
En qui mourut le nom de tant de puissants rois,
Marguerite, pour qui tant de lauriers fleurirent,
Pour qui tant de bouquets chez les Muses se firent,
Vit bouquets et lauriers sur sa tête sécher !
Vit par un coup fatal, les lys s’en détacher
Et le cercle royal dont l’avait couronnée
En tumulte et sans ordre un trop prompt hyménée
Rompu du même coup devant ses pieds tombant,
La laissa comme un tronc dégradé par le vent.
Épouse sans époux et reine sans royaume,
Vaine ombre du passé, grand et noble fantôme,
Elle traina depuis les restes de son sort
Et vit jusqu’à son nom mourir avant sa mort. »

L’hôtel de Sens perdit plus tard de sa splendeur. En 1622, l’évêché de Paris fut érigé en archevêché, en faveur de Jean-François de Gondy. Alors les archevêques de Sens, dépouillés de leur autorité sur le clergé parisien, cessèrent peu à peu de résider dans la capitale. Leur hôtel fut alors aliéné. Il appartenait avant la révolution à l’archevêché de Paris. Devenu, en 1790, propriété nationale, il fut vendu le 1er ventôse an V.

En 1842, on a construit une maison sur les dépendances de cet hôtel. La façade, curieux débris de l’architecture du XVIe siècle, vient d’être dégradée par la brosse du badigeonneur, et sur la porte d’entrée de l’antique manoir des archevêques de Sens, on lit ces deux mots : Roulage général.