Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Harlay-au-Palais (rue)

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Harlay-au-Palais (rue).

Commence au quai de l’Horloge, nos 57 et 59 ; finit au quai des Orfèvres, nos 40 et 42. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 117 m. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.

Elle a été formée vers 1607 sur les terrains concédés à messire Achille de Harlay, en vertu des lettres-patentes du 28 mai de la même année. Sa largeur fut fixée à 8 m. 80 c. Cette dimension a été maintenue par une décision ministérielle du 26 juin 1809, signée Cretet. En vertu de l’ordonnance royale du 26 mai 1840 qui a déterminé le nouveau périmètre du Palais-de-Justice, une partie du côté gauche de la rue Harlay doit être démolie pour faciliter la formation d’une place au devant de l’une des façades de ce palais. Les autres constructions ne seront pas soumises à retranchement. — Égout dans toute l’étendue. — Conduite d’eau depuis le quai de l’Horloge jusqu’à la place Dauphine. — Éclairage au gaz (compe Française).

Harlay naquit à Paris en 1536, fut conseiller au parlement à 22 ans, président à 36 ans, et premier président après la mort de Christophe de Thou, son beau-père.

Pendant les troubles de la Ligue, Achille de Harlay montra une fermeté, une grandeur d’âme qu’on ne saurait trop exalter. L’ambitieux duc de Guise avait ameuté les Parisiens contre Henri III. Pour se soustraire à la fureur de ses ennemis, le roi fut contraint de quitter sa capitale. Henri de Valois et le duc de Guise avaient été au-dessous de leur position, l’un avait failli de cœur, l’autre de crime. Après le départ du roi, le balafré assembla le peuple, fit nommer de nouveaux officiers de ville et confia à ses affidés les postes les plus importants. Mais pour affermir sa puissance, le duc avait besoin d’un arrêt du parlement. Guise se rendit à l’hôtel du premier président. Achille de Harlay se promenait dans son jardin ; le duc va l’y chercher : au détour d’une allée ; le magistrat et l’ambitieux se rencontrent : « Monsieur le premier président, dit le duc de Guise, nous vous prions d’assembler le parlement à l’effet de prendre des mesures convenables aux circonstances. — Je ne puis le faire, Monseigneur, répond de Harlay, en regardant le duc d’un air sévère, quand la majesté du prince est violée, le magistrat n’a plus d’autorité. » Le duc irrité fait un pas vers Achille de Harlay : « Vous avez jusqu’à demain, mais songez-y bien, Monsieur le président, il y va de votre existence. — C’est une honte, Monsieur, répliqua de Harlay, c’est une honte, que le valet mette le maître hors de la maison. D’ailleurs mon âme est à Dieu, mon cœur est au roi, et à l’égard de mon corps je l’abandonne aux méchants qui désolent ce royaume. »

Le duc de Guise se retira. Le lendemain il s’adressa au président Brisson qu’il trouva plus complaisant. Henri IV récompensa plus tard la noble fermeté du premier président Achille de Harlay, et le vertueux magistrat profita de la paix pour rétablir la justice et faire respecter les lois. La mort vint le surprendre ; il avait 80 ans, et travaillait encore.