Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Joseph (marché Saint-)

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Joseph (marché Saint-).

Situé dans la rue Montmartre, no  144. — 3e arrondissement, quartier Montmartre.

Ce marché a été construit vers 1806, sur l’emplacement de la chapelle Saint-Joseph dont nous traçons ici l’origine. Le cimetière de la paroisse Saint-Eustache se trouvait, en 1625, dans la rue du Bouloi, derrière l’hôtel du chancelier Séguier. Ce terrain, qui contenait environ 600 m. de superficie, était nécessaire à l’agrandissement de la maison de ce magistrat. Le chancelier fit en conséquence un traité avec les marguilliers de Saint-Eustache, par lequel ils lui cédèrent l’emplacement de leur cimetière, à la charge par lui d’en donner un autre dans le faubourg Montmartre et d’y faire construire une chapelle sous l’invocation de Saint-Joseph ; cette convention, quoique ratifiée le 24 août 1625, par l’archevêque de Paris, ne fut exécutée que le 14 juillet 1640. Le chancelier Séguier posa alors la première pierre de la chapelle, qui fut bénite par le curé de Saint-Eustache. Le cimetière de la rue du Bouloi fut en même temps transféré à côté de cette chapelle. Les tombeaux de deux hommes illustres lui donnèrent une grande célébrité. C’est là que furent enterrés Molière et Lafontaine : le premier en 1673, le second en 1695. — « La veuve de Molière (rapporte Titon du Tillet) fit porter une grande tombe de pierre qu’on plaça au milieu du cimetière de Saint-Joseph, où on la voit encore (en 1732). Cette pierre est fendue par le milieu ; ce qui fut occasionné par une action très belle et très remarquable de cette dame. Deux ou trois ans après la mort de Molière, il y eut un hiver très froid ; elle fit voiturer cent voies de bois dans le dit cimetière, lequel bois fut brûlé sur la tombe de son mari, pour chauffer tous les pauvres du quartier. La grande chaleur ouvrit cette tombe en deux ; voilà ce que j’ai appris, il y a environ vingt ans, d’un ancien desservant de la dite chapelle, qui me dit avoir assisté à l’enterrement de Molière, et qu’il n’était pas inhumé sous cette tombe, mais dans un endroit plus éloigné attenant à la maison du chapelain.» — L’enterrement avait eu lieu le 21 février 1673 à 7 heures du soir. — La chapelle Saint-Joseph, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 18 floréal an V, ainsi que le cimetière et la petite maison du chapelain, près de laquelle Molière avait été enterré. Cet emplacement contenait en superficie 950 m. ; les tombeaux de La Fontaine et de Molière ont été transférés au musée des monuments Français, puis, en 1818, au cimetière du Père-Lachaise.

« Ordonnance de police du 13 frimaire an XIV. — Le Préfet de police. Vu les articles 32 et 33 de l’arrêté du gouvernement du 12 messidor an VIII, ordonne ce qui suit : Article 1er. Il sera établi un Marché pour la vente en détail des beurres, œufs, fromages, fruits, légumes, poissons et autres comestibles, sur l’emplacement de la cidevant église Saint-Joseph, et des terrains et bâtiments en dépendant, situés rue Montmartre, entre celles de Saint-Joseph et du Croissant. — Art. 2e. Il sera ouvert à compter du 1er nivôse prochain. — Art. 3e. À compter du dit jour, il ne pourra être fait sur la voie publique, dans les rues Montmartre, faubourg Montmartre et autres adjacentes, aucun étalage de comestibles de telle espèce que ce soit. — Art. 4e. Le marché Saint-Joseph est assujetti aux dispositions des règlements relatifs aux autres marchés, etc. » Cet établissement a été restauré à la fin de l’année 1843.