Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Louis-en-l’Île (rue Saint-)

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Louis-en-l’Île (rue Saint-).

Commence aux quais de Béthune, no 2, et d’Anjou, no 1 ; finit aux quais d’Orléans, no 32, et de Bourbon, no 53. Le dernier impair est 79 ; le dernier pair, 104. Sa longueur est de 551 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Île-Saint-Louis.

Cette rue a été commencée en 1614, et terminée en 1646. À cette dernière époque on lui donnait deux dénominations. Dans la partie comprise entre le quai de Béthune et la rue des Deux-Ponts, c’était la rue Palatine ; le surplus s’appelait rue Carelle. En 1654, elle portait le nom de rue Marie. Quelques années après, elle reçut la dénomination de rue Saint-Louis, en raison de l’église ainsi appelée. En 1793, c’était la rue de la Fraternité. — Une décision ministérielle du 24 frimaire an XIII, signée Champagny, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En 1806, elle reçut le nom de rue Blanche-de-Castille, mère de saint Louis. — Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, lui rendit sa dénomination de rue Saint-Louis. Deux décisions ministérielles des 5 février 1817 et 9 mai 1818, réduisirent sa largeur à 8 m. Enfin une ordonnance royale du 9 décembre 1838, a maintenu cette rue dans son état actuel. Sa moindre largeur est de 7 m. 80 c. Les constructions riveraines sont alignées. — Portion d’égout du côté du quai de Bourbon. — Conduite d’eau entre la rue de Bretonvilliers et l’école chrétienne.

Au no 2 est situé l’hôtel Lambert. Cette magnifique habitation, construite par Louis Le Veau pour le président Lambert de Thorigny, appartint ensuite au fermier général Dupin et au marquis du Châtelet-Laumont. La cour est entourée de bâtiments décorés d’ordre dorique. Un perron, placé en face de la porte, conduit à un grand pallier où prennent naissance deux escaliers qui mènent aux appartements. Dans un renfoncement cintré, on voit une grisaille de Lesueur ; elle représente un fleuve et une Naïade. D’admirables tableaux ornaient cette magnifique résidence. On y admirait le chef-d’œuvre du Bassan, l’enlèvement des Sabines ; des paysages d’Herman et de Patel, cinq tableaux de l’histoire d’Énée, par Romanelli. Ces richesses furent données en partie au roi Louis XVI, pour le musée du Louvre, par la famille de la Haye, propriétaire de l’hôtel.

Les plus belles peintures conservées dans cette habitation se trouvent dans les salles de l’amour et dans le cabinet des bains. Au premier étage on voit la galerie dite de Lebrun. Ce grand artiste a dessiné sur le plafond, avec toute la vigueur de son coloris, neuf travaux d’Hercule. L’hôtel Lambert vient d’être acheté par madame la princesse Txartoryska, qui y fait exécuter en ce moment de grands travaux de restauration.