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Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Madeleine (église de la)

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Madeleine (église de la).

Située sur la place du même nom. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

« Versailles, le 6 février 1763. — Louis, etc… À nos amez et féaux conseillers, les gens tenant notre cour de parlement et chambre de nos comptes à Paris ; salut. La protection singulière que nous avons toujours accordée aux établissements destinés pour le culte de la religion et l’utilité de nos sujets, nous a fait mettre en considération les très humbles remontrances qui nous ont été faites par notre cher et bien amé le sieur Cathlin, curé de la paroisse de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, de notre bonne ville de Paris, sur la nécessité de faire reconstruire une nouvelle église, pour la dite paroisse qui est une des plus considérables de cette ville, soit par le nombre, soit par la qualité de ses habitants, celle actuellement existante et qui n’a pas plus d’étendue qu’une simple chapelle, étant beaucoup trop petite, eu égard au nombre des paroissiens ; nous aurions à cet effet fixé par nos lettres-patentes du 21 juin 1757, l’emplacement sur lequel nous avons jugé devoir être construite la nouvelle église, à l’extrémité de la rue Royale, entre le rempart et la rue de Chevilly, et nous aurions destiné des fonds pour cette entreprise, le tout conformément aux plans par nous agréés que nous lui avons fait remettre. Mais comme les bâtiments et terrains qu’il est nécessaire d’acquérir pour l’exécution des dits plans, appartiennent en partye à gens de main-morte, tels que les religieux titulaires dits Mathurins, les religieuses Bénédictines de la Ville-l’Évêque, et le domaine de la cure de la Ville-l’Évêque ; tous les quels ne peuvent vendre ni aliéner les dits biens sans y être par nous autorisés, que même le sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque ne peut faire les dites acquisitions sans une pareille autorisation de notre part. À ces causes, de l’avis de notre conseil et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, nous avons par ces présentes signées de notre main, statué et ordonné, statuons et ordonnons, voulons et nous plait : Article 1er. Que tous les ouvrages nécessaires pour la construction d’une nouvelle église paroissiale de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, d’un presbytère, place et rues adjacentes, soient faits dans le lieu désigné par nos lettres-patentes du 21 juin 1757, par les ordres du sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, et exécutés par les soins du sieur Cathlin, avocat au parlement, sous la conduite et inspection du sieur Contant d’Ivry, l’un de nos architectes de l’académie royale d’architecture, conformément aux plans et dessins par nous approuvés et cy-attachés sous le contr’scel de notre chancellerie. — Art. 2e. À l’effet de quoi, permettons au sieur curé de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, d’acquérir tous les bâtiments et terrains appartenant à des particuliers, même aux supérieures, communauté et religieuses Bénédictines de la Ville-l’Évêque, qui pourront lui être nécessaires pour la construction de la dite église, presbytère, place et rues adjacentes, circonstances et dépendances, et dans le cas où quelques parties des terrains se trouveraient inutiles pour la construction des dites église et dépendances, lui permettons de les vendre, céder et échanger, et le produit en sera par lui employé aux dépenses nécessaires pour la dite construction et ses dépendances, etc… Signé Louis. » (Archives du royaume, série E, no  3449).

Louis XV posa la première pierre de l’église de la Madeleine le 3 avril 1764. Contant d’Ivry, architecte, qui avait fourni les plans, fut chargé de la direction des travaux. Cette basilique devait surpasser en grandeur et en majesté toutes les églises ses sœurs. Conçue dans le style du monument de Sainte-Geneviève, elle aurait rappelé aussi, dans quelques unes de ses parties, l’église des Invalides. Au centre d’une croix latine s’élevait un vaste dôme ; à l’abside du monument, deux petites tourelles étaient destinées à servir de clochers ; la façade, la partie importante de l’édifice, était d’un grand et majestueux effet.

La mort de Contant d’Ivry empêcha l’exécution de ce plan magnifique. La continuation des travaux fut accordée par le roi à M. Couture, qui renversa tout ce que son prédécesseur avait fait. La décoration intérieure de l’église fut entièrement changée, l’extérieur du monument lui-même fut tellement défiguré, que l’œuvre du premier architecte devint méconnaissable.

Les colonnes s’élevaient aux deux tiers de leur hauteur quand la révolution, qui grondait sourdement, éclata tout à coup. La maison de Dieu n’était pas encore sanctifiée, on l’épargna ! Ce ne fut qu’en 1799 que ses ruines si jeunes attirèrent l’attention du gouvernement. Plusieurs projets furent soumis. M. de Gisors proposa de faire de la Madeleine une bibliothèque nationale, et M. Vaudoyer un monument dans le genre du Panthéon de Rome. Les plans des deux architectes furent froidement accueillis. — Le consulat finissait, et l’empire nous arrivait avec toutes ses gloires.

« Au camp impérial de Posen, le 2 décembre 1806. — Napoléon, etc., nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Article 1er. Il sera établi, sur l’emplacement de la Madeleine de notre bonne ville de Paris, aux frais du trésor de notre couronne, un monument dédié à la grande armée, portant sur le fronton : L’empereur Napoléon aux soldats de la Grande-Armée ! — Art. 2. Dans l’intérieur du monument seront inscrits sur des tables de marbre, les noms de tous les hommes, par corps d’armée et par régiment, qui ont assisté aux batailles d’Ulm, d’Austerlitz et d’Iéna, et sur des tables d’or massif les noms de tous ceux qui sont morts sur les champs de bataille ; sur des tables d’argent sera gravée la récapitulation, par département, des soldats que chaque département a fournis à la Grande-Armée. — Art. 3. Autour de la salle seront sculptés des bas-reliefs où seront représentés les colonels de chacun des régiments de la Grande-Armée, avec leurs noms ; ces bas-reliefs seront faits de manière que les colonels soient groupés autour de leurs généraux de division et de brigade, par corps d’armée. Les statues, en marbre, des maréchaux qui ont commandé des corps ou qui ont fait partie de la Grande-Armée, seront placées dans l’intérieur de la salle. — Art. 4. Les armures, statues, monuments de toute espèce, enlevés par la Grande-Armée dans ces deux campagnes, les drapeaux, étendars et tymbales conquis par la Grande-Armée, avec les noms des régiments ennemis auxquels ils appartenaient, seront déposés dans l’intérieur du monument. — Art. 5. Tous les ans, aux anniversaires des batailles d’Austerlitz et d’Iéna, le monument sera illuminé, et il sera donné un concert précédé d’un discours sur les vertus nécessaires au soldat, et d’un éloge de ceux qui périrent sur le champ de bataille dans ces journées mémorables. Un mois avant, un concours sera ouvert pour recevoir la meilleure pièce de musique analogue aux circonstances. Une médaille d’or, de 150 doubles Napoléons, sera donnée aux auteurs de chacune de ces pièces qui auront remporté le prix. Dans les discours et odes, il est expressément défendu de faire aucune mention de l’empereur. — Art. 6. Notre ministre de l’intérieur ouvrira, sans délai, un concours d’architecture, pour choisir le meilleur projet pour l’exécution de ce monument. Une des conditions du prospectus sera de conserver la partie du bâtiment de la Madeleine qui existe aujourd’hui, et que la dépense ne dépasse pas trois millions. Une commission de la classe des beaux-arts de notre Institut sera chargée de faire un rapport notre ministre de l’intérieur, avant le mois de mars 1807, sur les projets soumis au concours. Les travaux commenceront le 1er mai et devront être achevés avant l’an 1809. Notre ministre de l’intérieur sera chargé de tous les détails relatifs à la construction du monument, et le directeur de nos musées de tous les détails des bas-reliefs, statues et tableaux. — Art. 7. Il sera acheté cent mille francs de rente en inscriptions sur le grand-livre, pour servir à la dotation du monument et à son entretien annuel. — Art. 8. Une fois le monument construit, le grand conseil de la Légion-d’Honneur sera spécialement chargé de sa garde, de sa conservation et de tout ce qui est relatif au concours annuel. — Art. 9. Notre ministre de l’intérieur et l’intendant des biens de notre couronne seront chargés de l’exécution du présent décret. Signé, Napoléon. »

Cent vingt-sept concurrents présentèrent à la commission, composée des membres de la quatrième classe de l’Institut, cent vingt-sept plans différents. Le premier prix fut décerné, par l’Académie, à M. de Beaumont, dont le travail paraissait avoir le mieux répondu aux conditions du programme.

Mais l’approbation de l’Empereur était indispensable, et le ministre de l’intérieur dut envoyer à Tilsitt les projets des architectes, accompagnés du jugement de la commission.

Le plan de Pierre Vignon attira de suite l’attention de l’Empereur, qui dicta quelques jours après la dépêche suivante, adressée à M. de Champagny :

« Au quartier-impérial de Finckenstein, le 30 mai 1807.

» Monsieur de Champagny, après avoir examiné attentivement les différents plans du monument dédié à la Grande-Armée, je n’ai pas été un moment en doute, celui de M. Vignon est le seul qui remplisse mes intentions : c’est un temple que j’avais demandé et non une église. Que pouvait-on faire dans le genre des églises, qui fût dans le cas de lutter avec Sainte-Geneviève, même avec Notre-Dame, et surtout avec Saint-Pierre de Rome ? Le projet de M. Vignon réunit, à beaucoup d’avantages, celui de s’accorder mieux avec le Palais-Législatif et de ne pas écraser les Tuileries.

» Lorsque j’ai fixé la dépense à trois millions, j’ai entendu que ce temple ne devait pas coûter plus que ceux d’Athènes, dont la construction ne s’élevait pas à la moitié de cette somme.

» Il m’a paru que l’entrée de la cour devait avoir lieu par l’escalier vis-à-vis le trône, de manière qu’il n’y eût qu’à descendre et à traverser la salle pour se rendre au trône. Il faut que dans les projets définitifs, M. Vignon s’arrange pour qu’on descende à couvert ; il faut aussi que l’appartement soit le plus beau possible ; M. Vignon pourrait peut-être le faire double, puisque la salle est déjà trop longue. Il sera également facile d’ajouter quelques tribunes.

» Les spectateurs doivent être placés sur des gradins de marbre formant les amphithéâtres destinés au public, et les personnes nécessaires à la cérémonie seront sur des bancs, de manière que la distinction de ces deux sortes de spectateurs soit très sensible. Les amphithéâtres garnis de femmes feront un contraste avec le costume grave et sévère des personnes nécessaires à la cérémonie. La tribune de l’orateur doit être fixe et d’un beau travail. Rien dans ce temple ne doit être mobile et changeant ; tout, au contraire, doit y être fixe à sa place.

» S’il était possible de placer à l’entrée du temple le Nil et le Tibre, qui ont été apportés de Rome, cela serait d’un très bon effet ; il faut que M. Vignon tâche de les faire entrer dans son projet définitif, ainsi que les statues équestres qu’on placerait au-dehors, puisque réellement elles seraient mal dans l’intérieur. Il faut aussi désigner le lieu où l’on placera l’armure de François Ier, prise à Vienne, et le quadrige de Berlin.

» Il ne faut pas de bois dans la construction de ce temple. Pourquoi n’emploierait-on pas pour la voûte, qui a fait un objet de discussion, du fer ou même des pots de terre ? Ces matières ne seraient-elles pas préférables à du bois ? Dans un temple qui est destiné à durer plusieurs milliers d’années, il faut chercher la plus grande solidité possible, éviter toute construction qui pourrait être mise en problème par les gens de l’art, et porter la plus grande attention au choix des matériaux : du granit et du fer, tels devraient être ceux de ce monument. On objectera que les colonnes actuelles ne sont pas de granit ; mais cette objection ne serait pas bonne, puisque avec le temps on peut renouveler ces colonnes sans nuire au monument. Cependant, si l’on prouvait que le granit entraînât dans une trop grande dépense et dans de longs délais, il faudrait y renoncer ; car la condition principale du programme, c’est qu’il soit exécuté en trois ou quatre ans, et au plus, en cinq ans. Ce monument tient en quelque chose à la politique : il est dès lors du nombre de ceux qui doivent se faire vite. Il convient néanmoins de s’occuper à chercher du granit pour d’autres monuments que j’ordonnerai, et qui, par leur nature, peuvent permettre de donner trente, quarante ou cinquante ans à leur construction.

» Je suppose que toutes les sculptures intérieures seront en marbre ; et qu’on ne me propose pas des sculptures propres aux salons et aux salles à manger des femmes de banquiers de Paris. Tout ce qui est futile n’est pas simple et noble ; tout ce qui n’est pas de longue durée ne doit pas être employé dans ce monument. Il n’y faut aucune espèce de meubles, pas même de rideaux.

» Quant au projet qui a obtenu le prix, il n’atteint pas mon but, c’est le premier que j’ai écarté. Il est vrai que j’ai donné pour base de conserver la partie du bâtiment de la Madeleine qui existe aujourd’hui ; mais cette expression est une ellipse : il était sous-entendu que l’on conserverait de ce bâtiment le plus possible ; autrement il n’y aurait pas eu besoin de programme ; il n’y avait qu’à se borner à suivre le plan primitif. Mon intention était de n’avoir pas une église, mais un temple ; et je ne voulais ni qu’on rasât tout, ni qu’on conservât tout. Si les deux propositions étaient incompatibles, savoir : celle d’avoir un temple et celle de conserver les constructions actuelles de la Madeleine, il était simple de s’attacher à la définition d’un temple ; par exemple, j’ai entendu un monument tel qu’il y en avait à Athènes, et qu’il n’y en a pas à Paris. Il y a beaucoup d’églises à Paris ; il y en a dans tous les villages ; je n’aurais assurément pas trouvé mauvais que les architectes eussent observé qu’il y avait une contradiction entre l’idée d’avoir un temple, et l’intention de conserver les constructions bâties pour une église. La première était l’idée principale, la seconde l’idée accessoire. M. Vignon a donc deviné ce que je voulais.

» Quant à la dépense fixée à trois millions, je n’en fais pas une condition absolue. J’ai entendu qu’il ne fallait pas faire un autre Panthéon ; celui de Sainte-Geneviève a déjà coûté plus de quinze millions. Mais en disant trois millions, je n’ai pas entendu qu’un ou deux millions de plus ou de moins entrassent en concurrence avec la convenance d’avoir un monument plus ou moins beau. Je pourrai autoriser une dépense de cinq ou six millions si elle est nécessaire, et c’est ce que le devis définitif me prouvera.

» Vous ne manquerez pas de dire à la quatrième classe de l’Institut, que c’est dans son rapport même que j’ai trouvé les motifs qui m’ont déterminé. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. Signé Napoléon. »

Nous avons cru devoir reproduire cette lettre dans son entier ; non seulement elle fait connaître de quelle manière l’empereur concevait et dirigeait les immenses travaux que Paris doit à son règne, mais elle peut répondre encore à plusieurs critiques injustement adressées aux architectes qui succédèrent à Contant d’Ivry.

C'était un temple et non une église que Napoléon voulait ; Pierre Vignon dut se conformer au programme, en élevant un monument dans le goût des édifices d’Athènes.

Les constructions étaient déjà bien avancées, lorsque les désastres de 1814 et 1815 arrivèrent. L’ennemi, qui souillait notre capitale, nous enleva les magnifiques trophées destinés à parer le Temple de la Gloire, qui redevint par une ordonnance royale du 14 février 1816, l’église royale de la Madeleine. Il était question alors d’élever dans cette basilique les monuments expiatoires de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Louis XVII, de Madame Élisabeth et du duc d’Enghien, et l’architecte dut se borner à approprier l’ancien temple à sa nouvelle destination. Vignon continua les travaux jusqu’en 1828, année de sa mort. Depuis cette époque jusqu’à l’achèvement de l’édifice, M. Huvé a dirigé toutes les constructions.

Avant de parler de l’architecture de ce monument, nous allons reproduire les actes qui compléteront la partie administrative.

« Charles, etc…. Nous avons proposé, les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Titre unique. Le ministre des finances est autorisé à abandonner au nom de l’État, à la ville de Paris, les terrains précédemment acquis par le gouvernement pour les abords de l’église de la Madeleine, lesquels abords cesseront d’être à la charge de l’État. La présente loi discutée, délibérée et adoptée par la Chambre des Pairs et celle des Députés, et sanctionnée par nous aujourd’hui, sera exécutée comme loi de l’État ; etc… Donné en notre château de Saint-Cloud, le 27e jour du mois de mai, l’an de grâce 1827, et de notre règne le 3e. Signé Charles. »

» Au palais des Tuileries, le 23 mars 1842. Louis-Philippe, etc… Nous avons proposé, les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er. Il est fait concession à la ville de Paris, à titre de propriété, de l’église de la Madeleine, pour être affectée au service de la paroisse principale du 1er arrondissement. La d. concession est faite à la charge, par la ville, de pourvoir aux dépenses des abords de l’édifice et de son appropriation au service religieux. — Art. 2e. Les travaux restant à faire à l’église de la Madeleine, aux frais de l’État, sur les crédits précédemment alloués, et ceux qui sont mis à la charge de la ville de Paris, continueront à être exécutés par l’architecte du gouvernement, sous la surveillance et l’autorité directe du ministre des travaux publics ; et à l’avenir aucune modification ne pourra être apportée à l’édifice, sans l’approbation expresse du même ministre, etc. Signé Louis-Philippe. »

L’extérieur de ce monument a toute la mâle sévérité, toute la noblesse des temples antiques. Il est entouré de colonnes d’ordre corinthien, surmontées de chapiteaux d’une richesse remarquable. L’édifice qui se développe du sud au nord a 79 m. 30 c. de longueur, sa largeur est de 21 m. 40 c., et sa hauteur, mesurée sous les coupoles, est de 30 m. 30 c. Dans les bas-côtés des portiques et des galeries en face des entrecolonnements, ont été taillées des niches qui renferment des statues de saints.

En pénétrant sous le portique principal, c’est-à-dire sous celui du midi, on voit à droite la statue de saint Philippe, par M. Nanteuil, à gauche saint Louis, par le même.

Le portique septentrional est décoré de quatre statues ; à droite : saint Mathieu, par M. Desprez, et saint Marc, par M. Lemaire ; à gauche, saint Jean et saint Luc, par M. Ramey.

La galerie de droite en renferme quatorze : saint Gabriel, par M. Duret ; saint Bernard, par M. Husson ; sainte Thérèse, par M. Feuchère ; saint Hilaire, par M. Huguenin ; sainte Cécile, par M. Dumont ; saint Irénée, par M. Gourdel ; sainte Adélaïde, par M. Bosio neveu : saint François de Sales, par M Molcheneht ; sainte Hélène, par M. Mercier ; saint Martin de Tours, par M. Grenevich ; sainte Agathe, par M. Dantan jeune ; saint Grégoire, par M. Thérasse ; sainte Agnès, par M. Du Seigneur ; saint Raphaël, par M. Dantan aîné.

Les quatorze statues de la galerie de gauche sont : saint Michel, par M. Raggi ; saint Denis, par M. Debay fils ; sainte Anne, par M. Desbœufs ; saint Charles Borromée, par M. Jouffroy ; sainte Élisabeth, par M. Caillouete ; saint Ferdinand, par M. Jaley ; sainte Christine, par M. Walcher ; saint Jérôme, par M. Lanno ; sainte Jeanne de Valois, par M. A. Guillot ; saint Grégoire de Valois, par M. Maindron ; sainte Geneviève, par M. Debay père ; saint Jean Chrisostôme, par M. Gœcther ; sainte Marguerite d’Écosse, par M. Caunois ; et l’Ange Gardien, par M. Bra.

La frise qui règne autour de l’édifice, est ornée d’anges, de médaillons, de guirlandes d’un travail remarquable. Un fronton sans sculpture surmonte le portique du nord ; sur le tympan du fronton méridional sont gravés ces mots en lettres d’or :

D. O. M. SUB INVOCATIONE SANCTÆ MAGDALENÆ.
Au Dieu très bon, très grand, sous l’invocation de sainte Madeleine.

Au-dessus se déroule une des plus grandes pages de la statuaire moderne. Cette composition a 38 m. 350 mil. de longueur, sur 7 m. 150 mil. de hauteur à l’angle.

Le Christ debout, ayant à ses pieds la Madeleine repentante, occupe le milieu du fronton ; à droite du Dieu qui pardonne, l’ange des miséricordes et l’Innocence, soutenue par la Foi et l’Espérance, se montrent suivis de la Charité, entourée de deux pauvres enfants qu’elle protège. Dans le coin de l’angle, occupé par un ange qui fait sortir une âme juste du tombeau, et lui dévoile les félicités éternelles, on lit ces mots : Ecce dies salutis ! Tous les vices personnifiés, chassés par l’ange des vengeances, occupent la gauche du Christ ; ce côté du bas-relief est terminé par une figure que l’ange des ténèbres précipite dans l’abime, et sous laquelle on lit Væ impio !

Cette large composition fait le plus grand honneur à M. Lemaire. La tête du Christ, le corps de la Madeleine, la figure de la Charité offrent de grandes beautés. On pénètre dans l’église par une porte ouverte sous le fronton méridional. Cette porte a 10 m. 430 mil. d’élévation, sur 5 m. 40 mil. de largeur ; elle est en bronze fondu ciselé, et présente sur ses quatre compartiments des scènes tirées des commandements de Dieu. Cet ouvrage remarquable est de M. Triquetti.

L’intérieur de l’église présente cinq travées, qui toutes, à l’exception de la première, sont surmontées de coupoles entièrement dorées. Les revêtements des murs sont en marbre. Les colonnes qui soutiennent la galerie des tribunes, celles des petites chapelles, sont d’ordre ionique et également revêtues de marbre et d’or. La peinture concourt pour une large part à la décoration intérieure de l’église, mais les travaux confiés à plusieurs artistes manquent d’harmonie. M. Ziegler a peint, sur les murs de l’abside, l’histoire du Christianisme. Six grands tableaux complètent la décoration intérieure de l’église. Parmi ces compositions on remarque la Madeleine dans le désert de M. Abel de Pujol ; la Madeleine aux pieds du Christ de M. Couder, et la mort de la Madeleine de M. Signol.

Une place importante a été réservée aussi à la sculpture dans l’intérieur de l’édifice : au premier rang figurent les magnifiques bénitiers de M. Antonin Moine. Le ravissement de la Madeleine occupe l’autel principal. La chapelle des mariages renferme un groupe en marbre blanc représentant le mariage de la Vierge ; ce travail est de M. Pradier. La chapelle des fonts baptismaux est également ornée d’un groupe en marbre blanc représentant le baptême de Jésus-Christ, dû au ciseau de M. Rude.

Les sculptures des trois chapelles de la travée de de droite, sont : sainte Amélie, par M. Bra ; la Sainte-Vierge, par M. Seurre ; sainte Clotilde, par M. Barrye. Celles de la travée de gauche, sont : saint Vincent-de-Paul, par M. Raggi ; le Christ, par M. Duret, et saint Augustin, par M. Etex.

Telles sont les principales compositions qui décorent l’intérieur de cet édifice ; malgré toutes ses richesses de marbre et d’or, la volonté humaine devait être impuissante à faire du Temple de la Gloire, une église qui fût en harmonie avec notre ciel, avec notre religion ; une église enfin devant laquelle l’artiste s’arrête pour admirer, et le chrétien pour penser à Dieu.