Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Manteaux (église des Blancs-)

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Manteaux (église des Blancs-).

Située dans la rue du même nom, entre les nos 10 et 12. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Des religieux mendiants, qui se donnaient le nom de Serfs de la Vierge-Marie, et suivaient la règle de saint Augustin, vinrent s’établir à Paris en 1258. Ces moines portant alors des manteaux blancs, le peuple, pour les distinguer des autres religieux, les appela les blancs-manteaux. Saint Louis est regardé comme leur principal fondateur par les grâces qu’il leur accorda. Joinville en parle ainsi : « Revint une autre manière de frères que l’on appelle l’ordre des Blancs-Manteaux, et requistrent au roy qu’il leur aidast qu’ils peussent demeurer à Paris. Le roy leur acheta une méson et vielz places entour pour eux herberger, de lez la viex porte du Temple à Paris, assez prés des tissarans. » Leur maison fut bâtie sur un emplacement situé dans Paris, près du mur d’enceinte de la ville. Le roi fut obligé de vaincre les difficultés que les seigneurs ecclésiastiques opposèrent à cet établissement. En 1274, le pape Grégoire X, dans le deuxième concile de Lyon, supprima tous les ordres religieux mendiants, excepté les Carmes, les Cordeliers et les Jacobins. Les Serfs de la Vierge-Marie cessèrent donc d’exister en communauté. En 1297, d’autres religieux, autorisés par un autre pape, remplacèrent les Serfs de la Vierge-Marie ; ils se nommaient Guillemites. Le peuple, sans avoir égard à ce changement, les appela comme leurs prédécesseurs les Blancs-Manteaux. En 1618, les Guillemites furent réformés et réunis aux Bénédictins, suivant la réforme de saint Vannes de Verdun. On lit dans l’ouvrage intitulé : Gallia Christiana, que la première église des Blancs-Manteaux fut dédiée le 30 novembre 1397. Cette église s’élevait alors le long de la rue des Blancs-Manteaux, et touchait presqu’à la porte Barbette. L’église et le monastère furent reconstruits en 1685 ; la première pierre en fut posée par le chancelier Le Tellier, et par Élisabeth Turpin sa femme. La maison des Blancs-Manteaux servit de retraite à plusieurs bénédictins estimés par leurs vertus et leur érudition. C’est là que furent composés les ouvrages ayant pour titres l’Art de vérifier les Dates, la nouvelle Diplomatique, et la Collection des Historiens de France. Ce monastère, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut aliéné les 12 vendémiaire et 8 prairial an V ; l’église fut également comprise dans la vente. Rachetée par la ville le 2 novembre 1807, elle a été érigée en succursale de la paroisse Saint-Merri, sous le titre de Notre-Dame des Blancs-Manteaux.