Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Notre-Dame-de-Lorette (église)

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Notre-Dame-de-Lorette (église).

Située rue Ollivier, à l’extrémité de la rue Laffitte. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Une ordonnance royale du 3 janvier 1822 prescrivit la construction de cette église. En 1823, un concours fut ouvert entre dix architectes. Le projet qui obtint la préférence fut celui dont l’épigraphe avait reproduit ces deux vers :

« Que de l’or le plus pur son autel soit paré,
Et que du sein des monts le marbre soit tiré. »

L’auteur de ce projet, M. Hippolyte Lebas, fut chargé de l’exécution de ce monument. M. Dommey eut l’inspection des travaux. Le 25 août 1823, le préfet, accompagné du corps municipal, vint poser la première pierre de l’édifice qui fut terminé en 1836, et consacré le 15 décembre de la même année par l’archevêque de Paris, sous le vocable de Notre-Dame-de-Lorette. Cette église, qui a coûté 2 050 000 fr., a dans sa plus grande longueur 68 m. 90 c., sa plus grande largeur est de 31 m. 85 c. et sa hauteur, prise de la coupole, a 18 m. 20 c.

Par sa construction, par ses ornements, cet édifice rappelle les églises de l’Italie. C’est la même coquetterie, la même parure mondaine ; on y cherche en vain la grandeur sévère qui inspire le recueillement. Point d’arceaux élancés, point d’ogives gracieuses de souplesse, point de clochetons dentelés, de vitraux aux dessins naïfs ; mais des dorures partout, des statues et des tableaux comme dans un musée.

Il semble que l’architecte ait voulut abaisser la religion à tous les caprices de la mode, en construisant cette église, élégante, fleurie, drapée comme le boudoir des petites maîtresses et des actrices qui viennent y prier des lèvres. Dans les compositions qui ornent les autels de palissandre, les saints ont l’air efféminé des dandys de la Chaussée-d’Antin, et les saintes lancent des regards provocateurs qui excitent une volupté toute terrestre. On y chante des cantiques, mais sur des airs de la Favorite ou de la Sirène. Le suisse a jeté aux orties son classique habit rouge et son large baudrier pour endosser l’uniforme du général Jacqueminot.

En regardant cet édifice tout couvert d’oripeaux, l’impuissance de notre époque se révèle, on sent qu’elle n’a plus la foi qui a remué les pierres de nos vieilles basiliques, et que l’art architectonique doit se borner à construire aujourd’hui des bourses, des magasins, des manufactures, des salles de concert, des cafés et des guinguettes.