Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Notre-Dame-des-Victoires (église)

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Notre-Dame-des-Victoires, dite des Petits-Pères (église).

Située sur la place des Petits-Pères, à l’encoignure de la rue Notre-Dame-des-Victoires. — 3e arrondissement, quartier du Mail.

En parlant du couvent des Petits-Augustins à l’article de l’École des Beaux-Arts, nous avons dit que Marguerite de Valois, première femme du roi Henri IV, avait établi en 1607, dans l’enclos de son palais, vingt augustins déchaussés. Quelque temps après cette princesse les renvoya sous les plus légers prétextes, et les remplaça par des augustins de la réforme de Bourges. Les religieux expulsés se retirèrent dans leur couvent de Villars-Benoît, en Dauphiné. Au mois de juillet 1619, ils revinrent à Paris et obtinrent, le 19 juin suivant, de M. de Gondi, la permission de bâtir un couvent de leur réforme. D’abord ils s’établirent hors de la porte Montmartre, près de la chapelle Saint-Joseph (aujourd’hui marché du même nom) mais s’y trouvant peu commodément, ils achetèrent, en 1628, un grand terrain dans un endroit appelé les Burelles, près du Mail. Le 9 décembre 1629, le roi posa la première pierre de leur église, et voulut qu’elle portât le titre de Notre-Dame-des-Victoires. C’était une marque de la reconnaissance de Louis XIII envers la Sainte-Vierge qui, disait-il, l’avait aidé à triompher des Protestants. Cette église devint bientôt trop petite pour la population de ce quartier, qui s’augmentait chaque jour ; on commença vers 1656 à en bâtir une nouvelle qui fut bénite le 20 décembre de l’année suivante. On ne put l’achever faute d’argent, et les travaux n’en furent repris qu’en 1737 et terminés en 1740. Pierre Lemuet, Libéral Bruant et Gabriel Leduc travaillèrent successivement à cet édifice, dont le portail fut élevé sur les dessins de Cartaud. L’église Notre-Dame-des-Victoires est bâtie avec assez de goût. Le portail est composé des ordres ionique et corinthien ; ce dernier se trouve au-dessus de l’avant-corps que couronnent les extrémités du premier ordre. L’église n’a point de bas-côtés, mais la nef est accompagnée de six chapelles. Dans la croisée de droite, on distingue celle de Notre-Dame-de-Sarone, toute revêtue de marbre de Languedoc et décorée d’après les dessins de Claude Perrault. Quant au nom de Petits-Pères qui servait à distinguer ces religieux, nous n’avons rien trouvé d’authentique sur son étymologie. Plusieurs historiens pensent que ce nom leur fut donné en raison de la petitesse, de la pauvreté de leur premier établissement. D’autres racontent que le roi Henri IV, ayant aperçu dans son antichambre les pères Mathieu de Sainte-Françoise et François Anet qui étaient fort petits, demanda à plusieurs seigneurs ce que désiraient ces petits pères, et que dès lors on continua à les désigner ainsi. Supprimé en 1790, ce couvent devint propriété nationale. L’église servit quelque temps de local à la bourse de Paris. Rouverte le 9 novembre 1809, elle devint la première succursale de la paroisse Saint-Eustache. Une grande partie des bâtiments fut affectée à la mairie du 3e arrondissement, ainsi qu’à une caserne d’infanterie dont l’entrée est dans la rue Notre-Dame-des-Victoires.

Suivant un projet adopté par l’administration, on doit reconstruire les bâtiments de la mairie ainsi que ceux de la caserne qui serait affectée à deux compagnies de la garde municipale.

D’après une enquête faite en vertu d’un arrêté préfectoral du 13 juin 1844, on ouvrirait sur l’emplacement des terrains des Petits-Pères et de la propriété des messageries royales : 1o une rue de 12 m. de largeur pour communiquer du passage des Petits-Pères à la rue des Filles-Saint-Thomas ; 2o une rue de 10 m. de largeur, en prolongement de la rue Saint-Pierre jusqu’au percement qui vient d’être indiqué. L’exécution de ce projet doit être déclarée d’utilité publique.