Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Orfèvres (rue des)

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Orfèvres (rue des).

Commence à la rue Saint-Germain-l’Auxerrois, nos 42 et 44 ; finit à la rue Jean-Lantier, nos 1 et 3. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 60 m. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.

Au XIIe siècle, elle se nommait rue aux Moines de Joienval, dont on fit par corruption Jenvau. L’hôtel et l’abbaye de ces religieux étaient alors situés dans cette rue. Guillot l’appelle rue à Moignes de Jenvau. Peu de temps après, et jusqu’au XVe siècle, on la désigna sous le nom de rue des Deux-Portes, parce qu’elle était fermée par une porte à chaque extrémité. Un procès-verbal de 1636 la nomme rue de la Chapelle-aux-Orfèvres, en raison de la chapelle Saint-Éloi ou des Orfèvres que ces marchands y avaient fait bâtir. — Une décision ministérielle à la date du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 29 avril 1839. Constructions du côté des numéros impairs, retranch. 2 m. 40 c. à 3 m. 30 c. ; maisons du côté opposé, ret. 2 m. 90 c. à 3 m. 60 c. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Les Orfèvres formaient un des six premiers corps des marchands de Paris. Leur communauté date de 1330, sous Philippe-de-Valois. Leurs statuts sont de 1343. Les orfèvres achetèrent, en 1399, de Roger de la Poterne, un de leurs confrères, et de Jeanne sa femme, une maison située dans la rue des Deux-Portes (aujourd’hui des Orfèvres). Cette propriété, connue sous le nom d’hôtel des Trois-Degrés, fut considérablement agrandie. Ils firent construire une vaste salle dans laquelle ils disposèrent un assez grand nombre de lits. Une petite chapelle fut également bâtie dans le fond. Cet hôpital était destiné à recevoir les pauvres orfèvres âgés ou infirmes ; leurs veuves pouvaient même y être admises. Le 12 novembre 1403, Pierre d’Orgemont, évêque de Paris, permit d’y faire célébrer l’office divin. Sous le règne de Henri II, les bâtiments de cet hôpital menaçant ruine, on prit la résolution de les reconstruire, ainsi que la chapelle. La communauté se trouvait alors propriétaire de huit maisons dans cette rue ou dans ses environs et ses revenus étaient considérables ; un hôpital plus vaste, une chapelle plus commode, prirent la place des vieilles masures. En 1566, les nouvelles constructions furent achevées, La chapelle fut bâtie sur les dessins de Philibert de Lorme. On y voyait aussi quelques figures très estimées dues au ciseau de Germain Pilon. Cet hôpital fut supprimé en 1790, et devint propriété nationale. Une partie de ses bâtiments et la chapelle furent vendues le 11 brumaire an VI.

La chapelle est représentée aujourd’hui par la maison portant, sur la rue des Orfèvres, les nos 4 et 6. Ce qui restait de l’ancien hôpital servit quelque temps de Grenier à sel, puis fut vendu comme propriété de l’État, le 6 janvier 1818.