Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Panthéon (théâtre du)

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Panthéon (théâtre du).

Situé place du Cloître-Saint-Benoît. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

Ce théâtre a été établi dans le bâtiment de l’église Saint-Benoît. C’était, dans l’origine, un oratoire élevé en l’honneur de saint Bacque et de saint Serge, martyrisés en Syrie. Plusieurs savants ont pensé que cette chapelle existait au VIIe siècle. Le premier monument qui la mentionne comme église est une charte de l’année 1050, par laquelle le roi Henri Ier donne au chapitre de Notre-Dame plusieurs églises situées dans le faubourg de Paris ; entr’autres celles de Saint-Étienne, de Saint-Severin et de Saint-Bacque ; « lesquelles, ajoute cet acte, étoient depuis longtemps (antiquitùs) au pouvoir de ses prédécesseurs et au sien. » — Dans le XIIe siècle, on la trouve désignée sous le nom de Saint-Benoît, ainsi que l’aumônerie voisine qui y fut réunie vers 1155. Cette dénomination a fait croire à tort à quelques historiens, que l’église avait été desservie autrefois par des religieux de Saint-Benoît. L’abbé Lebœuf a très bien démontré que le nom de Benoît n’était autre que celui de Dieu, Benedictus Deus, en vieux français Benoist Diex, saint Benedict, saint Benoist ; dans les anciens livres d’église, on lit la Benoîte-Trinité pour la Sainte-Trinité, etc… À partir du XIIIe siècle, on accrédita cette fausse opinion qui fit regarder l’église de Saint-Benoît comme une ancienne abbaye de religieux de son ordre, et lui fit donner pour patron le fameux abbé du Mont-Cassin. On ignore l’époque où la chapelle Saint-Benoît, devenue collégiale après la donation de Henri Ier, joignit à ce titre celui de paroisse. Le savant Jaillot a écrit que ce ne pouvait être que postérieurement à 1185, année de la mort de Luce III, puisque Étienne de Tournay fait mention, dans une de ses lettres au pape, d’un chapelain de Saint-Benoît, capellanus Sancti-Benedicti, dénomination qui indiquait toujours à cette époque un curé, comme celle de presbytère, capicerius. On ne sait pourquoi cette église avait son chevet tourné du côté de l’Occident. Cette contravention à l’usage général lui fit donner le nom de Saint-Benoît-le-Bétourné, c’est-à-dire, mal tourné. Dans la pièce des Moustiers de Paris on lit :

« Saint Bénéois le Bestornez
» Aidiez à toz mal atornez. »

Au XIVe siècle, cette inconvenance disparut. On transporta du côté de l’Orient, l’autel placé à l’Occident de l’église ; ce changement lui fit donner le nom de bien tournée. Ecclesia Sancti-Benedicti bene versi. On résolut de rebâtir cette église vers 1517. La nef et les bas-côtés furent achevés. Au XVIIe siècle, on reconstruisit le sanctuaire sur les dessins de Claude Perrault. Cette église et son cimetière contenaient les cendres et les monuments sépulcraux de Jean Dorat, poète, de Réné Chopin, de Jean Domat, célèbres jurisconsultes. Claude Perrault, savant architecte, Michel Baron, comédien excellent, et l’abbé Pucelle, célèbre par son opposition au parti de la cour, après la mort de Louis XIV, y furent également inhumés. Supprimée en 1790, cette église devint propriété nationale et fut vendue le 28 nivôse an V. On y établit plus tard un dépôt de farines. Enfin, en 1832, on la transforma en salle de spectacle où l’on représente des drames et comédies vaudevilles. Ce théâtre tire son nom de son voisinage du Panthéon.