Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Pavillons (rue des Trois-)

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Pavillons (rue des Trois-).

Commence à la rue des Francs-Bourgeois, nos 6 et 8 ; finit aux rues du Parc-Royal, no  15, et de la Perle. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 167 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Ce n’était anciennement qu’un chemin qui traversait le terrain de Sainte-Catherine. En 1545, on l’appelait rue de la Culture-Sainte-Catherine ; elle se prolongeait alors depuis la rue des Francs-Bourgeois jusqu’à la rue des Juifs, sous le nom de rue des Valets. Cette partie a été supprimée en 1604. Au milieu du XVIe siècle, on lui avait donné le nom de rue de Diane, en l’honneur de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, maîtresse du roi Henri II. Saint-Foix, d’après Brantôme, trace ainsi le portrait de la duchesse de Valentinois : « Elle avait les cheveux extrêmement noirs et bouclés, la peau très blanche ; les dents, la jambe et les mains admirables, la taille haute et la démarche noble. Elle ne fut jamais malade. Dans le plus grand froid, elle se lavait le visage avec de l’eau de puits, et n’usait jamais d’aucune pommade. Elle s’éveillait tous les matins à six heures, montait à cheval, faisait une ou deux lieues, et venait se mettre dans son lit où elle lisait jusqu’à midi. Elle répondit un jour à Henri II, qui voulait reconnaître une fille qu’il avait eue d’elle : « J’étais de naissance à avoir des enfants légitimes de vous ; j’ai été votre maîtresse parce que je vous aimais, je ne souffrirai pas qu’un arrêt me déclare votre concubine. » — Les courtisans qui avaient été longtemps dans l’adoration devant elle, lui tournèrent le dos, suivant l’usage, dès que Henri II fut à l’extrémité, et Catherine de Médicis lui envoya l’ordre de rendre les pierreries de la couronne et de se retirer dans un de ses châteaux. — « Le roi est-il mort, demanda-t-elle à celui qui était chargé de cette commission ? — « Non, madame, répondit-il, mais il ne passera pas la journée. — Eh bien ! répliqua-t-elle, je n’ai pas encore de maître, et je veux que mes ennemis sachent que je ne les crains pas. Si j’ai le malheur de survivre longtemps au roi, mon cœur sera trop occupé de sa douleur pour que je puisse être sensible aux chagrins et aux dégoûts qu’on voudra me donner. » — La duchesse de Valentinois mourut le 20 avril 1566, âgée de 66 ans 3 mois et 27 jours. Elle avait ordonné par son testament qu’on exposât son corps dans l’église des Filles-Pénitentes. » — Le peuple oublia la belle duchesse, et la rue de Diane fut bientôt désignée sous le nom des Trois-Pavillons, en raison d’une maison située à l’angle de cette rue et de celle des Francs-Bourgeois, et qui se faisait remarquer par ses trois pavillons. — Une décision ministérielle du 13 fructidor an VII, signée Quinette, avait fixé à 8 m. la largeur de cette voie publique. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 12 juillet 1837. Maison no  1, alignée ; propriété à la suite, retranchement 60 c. ; no  3, alignée ; les autres constructions de ce côté, ret. 72 c. à 90 c. Propriétés du côté des numéros pairs, ret. 2 m. 10 c. — Conduite d’eau entre la rue des Francs-Bourgeois et les deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).