Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Perrée (rue)

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Perrée (rue).

Commence à la rue Caffarelli et à la place de la Rotonde-du-Temple ; finit à la rue du Temple, no  80. Pas de numéro. Sa longueur est de 179 m. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Elle a été ouverte, en 1809, sur une partie de l’enclos du Temple (voyez l’article de la halle au Vieux-Linge). — Une décision ministérielle du 9 septembre 1809, signée Fouché, fixa la largeur de cette voie publique à 9 m. En vertu d’une ordonnance royale du 16 mai 1833, cette dimension est portée à 13 m. Cet élargissement devra s’effectuer aux dépens du Marché. Les constructions du côté gauche sont alignées. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Perrée (Jean-Baptiste-Emmanuel), l’un de nos plus intrépides marins, naquit à Saint-Valery-sur-Somme, le 17 décembre 1761. Dès l’âge de douze ans, il entra dans la marine marchande. En 1793, il passa à bord d’un vaisseau de la république, avec le grade de lieutenant, et parvint, dans une seule croisière, à s’emparer de soixante-trois bâtiments ennemis. Perrée fut nommé capitaine en 1794, chef d’une division navale en mai 1798, et Bonaparte lui donna un sabre d’honneur en récompense de sa noble conduite à Chébreiss.

Promu contre-amiral à la fin de l’année 1799, il reçut peu de temps après l’ordre de s’embarquer à Toulon, pour prendre le commandement d’une division destinée à ravitailler Malte. Perrée arbora son pavillon sur le vaisseau le Généreux, et sortit du port le 10 février 1800, avec une frégate, deux corvettes et une flûte. Retardé par les vents contraires, il n’arriva que le 18 à la hauteur de Malte. Perrée avait l’espoir d’entrer le même jour dans le port, lorsqu’on signala une escadre anglaise forte de quatre vaisseaux et de plusieurs frégates. Le contre-amiral français ordonna à l’instant aux bâtiments de sa division de virer de bord en prenant chasse. Resté seul, l’intrépide marin s’apprête à soutenir l’honneur de son pavillon, attaque le vaisseau le Foudroyant, que montait Nelson ; mais aussitôt les trois autres vaisseaux anglais viennent soutenir leur amiral. Perrée reçoit une blessure à l’œil gauche, reste sur son banc de quart et continue le combat. Une heure après, un boulet lui brise la jambe droite, il tombe !… Le vaisseau français démâté, privé de la plus grande partie de ses défenseurs, est contraint de se rendre. L’officier anglais qui vint prendre possession du Généreux, chercha quelque temps l’héroïque commandant Perrée. On le trouva enfin enseveli sous les cadavres de ses matelots. Ses restes furent inhumés par l’ennemi, dans l’église de Sainte-Lucie-de-Syracuse, le 21 février 1800.