Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Racine (rue)

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Racine (rue).

Commence aux rues de la Harpe, no 82, et de l’École-de-Médecine, no 1 ; finit à la place de l’Odéon, nos 3 et 5. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 242 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

1re partie comprise entre la place de l’Odéon et la rue Monsieur-le-Prince. — Elle a été ouverte sur l’emplacement de l’hôtel de Condé, en vertu des lettres-patentes du 10 août 1779, registrées au parlement le 7 septembre suivant. (Voyez théâtre de l’Odéon.) — Elle fut exécutée sur une largeur de 10 m., qui a été maintenue par une décision ministérielle du 4 nivôse an IX, signée Chaptal, et par une ordonnance royale du 12 mai 1841.

2e partie comprise entre les rues Monsieur-le-Prince et de la Harpe. — Une ordonnance royale du 3 janvier 1822 porte : « Article 1er. La rue Racine sera prolongée sur une même largeur, jusqu’à la rue de la Harpe, conformément au plan ci-joint. » — L’article 1er d’une loi du 26 avril 1832 est ainsi conçu : « La ville de Paris est autorisée à disposer pour le prolongement de la rue Racine, dans les proportions fixées par l’ordonnance royale du 3 janvier 1822, de la partie à ce nécessaire, des terrains affectés à la Faculté de Médecine, par la loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794). »

Ce percement a été exécuté en 1835. Les terrains qu’il a traversés provenaient du couvent des Cordeliers et de l’église Saint-Côme. (Voir pour l’historique de ces établissements religieux, les articles de la place et de la rue de l’École-de-Médecine.)

Le numérotage de la rue Racine a été régularisé en vertu d’un arrêté préfectoral du 17 janvier 1837. — Les maisons riveraines sont alignées, à l’exception de celle no 17, qui devra reculer de 1 m. 10 c. à 2 m. 55 c. — Portion d’égout du côté de la rue de la Harpe. — Conduite d’eau depuis la place jusqu’au réservoir. — Éclairage au gaz (compe Parisienne.)

Jean Racine, le plus grand de nos poètes dramatiques après Corneille, naquit à la Ferté-Milon, le 21 décembre 1639, et mourut le 22 avril 1699.

Au no 11, on remarque le Réservoir des eaux de l’Ourcq.

Lorsque l’on a construit l’aqueduc de ceinture sur le front nord de Paris, en le soutenant au niveau du bassin de la Villette, on a eu pour but d’y embrancher au droit des rues principales, des conduites d’un grand diamètre et qui après avoir, par leurs ramifications, alimenté la rive droite, traversent la Seine par les ponts pour porter les eaux dans tous les quartiers de la rive gauche où la pression naturelle peut les faire monter.

Mais on conçoit que dans un aussi long parcours, ces conduites, en raison de tous les écoulements qu’elles desservent, doivent être épuisées à leur extrémité. Afin d’y ranimer leur service, on a imaginé d’y établir des réservoirs qui sont remplis pendant la nuit et vidés pendant le jour. Le réservoir de la rue Saint-Victor est le premier qui ait été construit.

Par délibération du 26 février 1836, le conseil municipal a voté l’établissement d’un second réservoir sur les terrains appartenant à la ville, et situés dans la rue Racine prolongée. Ce projet a été approuvé par le ministre de l’intérieur le 9 mai suivant, et les travaux ont été terminés en 1839. La construction de ce réservoir offre le premier exemple de l’emploi exclusif du béton hydraulique : les couronnement des murs seulement sont en pierre. Occupant une partie des anciens fossés de l’enceinte de Philippe-Auguste, il a été nécessaire d’en appuyer les fondations sur des terrains solides qui sont recouverts d’environ 10 m. par des remblais provenant du comblement de ces fossés. Les fondations consistent dans cent piliers, soutenant cinq rangs de voûtes longitudinales, et dix-neuf rangs de voûtes transversales au-dessus desquelles sont les bassins de 4 m. de profondeur. Le réservoir occupe un espace de 1,690 m. superficiels et se compose de trois bassins qui contiennent environ 6,000 m. cubes d’eau. La dépense occasionnée par cette utile opération s’est élevée à 211,906 fr. 15 c.