Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Trinité (passages de la)

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Trinité (passages de la).

Commencent à la rue Greneta, no 38 ; finissent à la rue Saint-Denis, nos 268 et 280. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

Ces passages servaient d’entrées à l’hôpital de la Trinité, dont nous rappelons ici l’origine. Presque tous les historiens ont fixé la fondation de cette maison à l’année 1202. Son existence est néanmoins antérieure à cette époque. Le cartulaire de Saint-Germain-l’Auxerrois renferme des lettres d’Eudes de Sully, évêque de Paris, dans lesquelles ce prélat déclare que, d’après son consentement, on avait bâti une chapelle dans la maison hospitalière de la Croix-de-la-Reine. Ces lettres qui sont à l’année 1202, et qui furent données pour terminer une contestation élevée entre cet hôpital et le chapitre de Saint-Germain, prouvent évidemment que la fondation de cet établissement était antérieure à cette contestation. Cette maison portait la dénomination d’hôpital de la Croix-de-la-Reine, en raison d’une croix ainsi appelée qu’on voyait au coin des rues Greneta et Saint-Denis. Jusqu’en 1210, cet hôpital fut administré par un chapelain. Des lettres de Pierre de Nemours, évêque de Paris, nous apprennent que Guillaume Escuacol et Jean Paâlée, son frère utérin, offrirent à Thomas, abbé d’Hermières, la direction de cette maison, à condition qu’il y mettrait au moins trois religieux de son ordre qui seraient chargés de donner l’hospitalité à des pèlerins, mais seulement à ceux qui traversaient Paris. Des actes de 1280 désignent cet établissement sous le nom de la Trinité-aux-Asniers. Vers la fin du XIVe siècle, ces religieux louèrent la plus grande salle de cet hôpital à des comédiens nommés les Confrères de la Passion. Le parlement ordonna le 14 janvier 1536, que les deux salles de la Trinité, dont la haute servait aux représentations des farces et jeux, seraient appliquées à l’hébergement de ceux qui étaient infectés de maladies vénériennes et contagieuses. Cet arrêt ne fut point exécuté. Ces malades furent placés à l’hôpital Saint-Eustache, en vertu d’un autre arrêt du 3 mars de la même année. Enfin, un troisième arrêt de janvier 1545, ordonna que les enfants mâles des pauvres, étant au-dessous de l’âge de sept ans, seroient ségrégés d’avec leurs pères et mères et mis à un lieu à part pour y être nourris, logés et enseignés en la religion chrétienne. On choisit pour cet établissement l’hôpital de la Trinité. Les administrateurs de cette maison étaient le curé de la paroisse Saint-Eustache et quatre bourgeois notables de la ville. Cet établissement était composé de trente-six filles et de cent garçons orphelins de père ou de mère. Les garçons donnaient en entrant 400 livres, les filles, 50. Cet argent leur était remis à leur sortie de la maison. Le frère et la sœur ne pouvaient être reçus que successivement. On leur apprenait à lire, à écrire, puis on leur donnait le métier pour lequel ils se sentaient le plus de dispositions. Grâce au zèle des administrateurs de cette maison, l’enclos devint bientôt un lieu privilégié. À la fin du XVIIIe siècle, des rues furent ouvertes et se peuplèrent d’ouvriers de diverses professions. Les artisans qui s’y établissaient gagnaient la maitrise. Cette qualité leur était accordée, à la charge par eux de montrer leur état aux enfants qui devenaient fils de maîtres. Les jeunes pensionnaires étaient connus sous le nom d’Enfants-Bleus, en raison de la couleur de leurs vêtements. Cet utile établissement fut supprimé au commencement de la révolution. L’église de la Trinité, dont le portail était l’ouvrage de François Dorbay, fut vendue le 20 novembre 1812, moyennant 63,600 francs, par l’administration des hospices. Elle a été abattue en 1817. Les propriétés formant cet enclos ont été aliénées par la même administration.