Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Val-de-Grâce (rue du)

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Val-de-Grâce (rue du).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 300 et 304 ; finit à la rue de l’Est, nos 29 et 31. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 236 m.12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Cette voie publique a été ouverte en grande partie sur l’emplacement du couvent des Carmélites, dont nous allons rappeler ici l’origine.

Sous la domination romaine, on voyait sur la hauteur où commencent aujourd’hui les rues du Faubourg-Saint-Jacques et d’Enfer, un vaste terrain nommé le Champ des Sépultures. Sous la seconde race, une église, qui prit le titre de Notre-Dame-des-Champs ou des Vignes, fut bâtie en cet endroit. Plusieurs historiens ont pensé qu’elle remplaça un oratoire dédié à saint Michel. Quelques constructions furent bientôt établies autour de la nouvelle église. À la fin du XIe siècle, des seigneurs laïques étaient propriétaires de cet enclos, qu’ils donnèrent en 1084, au monastère de Marmoutiers. Plusieurs religieux de cette communauté vinrent prendre possession de l’église Notre-Dame-des-Champs, qui fut alors érigée en prieuré. Au commencement du XIVe siècle, la fondation du collége de Marmoutiers réduisit le nombre de ces religieux, dont la congrégation occupa cependant le prieuré de Notre-Dame-des-Champs jusqu’en 1604. Catherine d’Orléans, duchesse de Longueville, ayant résolu de fonder un couvent de Carmélites, sollicita et obtint du cardinal de Joyeuse, la propriété du vaste enclos de Notre-Dame-des-Champs. Cette pieuse princesse, après en avoir fait disposer les bâtiments, introduisit le 17 octobre 1604, six religieuses qui lui avaient été envoyées par le général des Carmes d’Espagne. — En 1676, cette maison reçut une pénitente d’un nom illustre : Louise-Françoise de La Beaume-Leblanc, duchesse de La Vallière, vint expier par les austérités les plus dures la faute d’avoir aimé Louis XIV. Elle changea son titre brillant contre le nom de sœur Louise de la Miséricorde. L’altière Montespan, autre victime de l’inconstance du grand roi, vint aussi se réfugier aux Carmélites. La sœur Louise ne cessa de prodiguer à sa rivale, les soins les plus touchants. — L’église des Carmélites était richement ornée. On y voyait plusieurs tableaux des grands maîtres. Cette communauté fut supprimée en 1790. Les bâtiments et terrains qui contenaient une superficie de 17,548 m 22 c., devinrent propriétés nationales et furent vendus le 8 thermidor an V, à la charge par l’acquéreur de fournir le terrain nécessaire au percement de plusieurs rues, entr’autres d’une voie publique destinée à communiquer de la rue d’Enfer à la rue Saint-Jacques.

Le percement, décrit plus au long dans l’acte de vente, fut commencé quelques années après. — Par une décision du 18 brumaire an XIV, le ministre Champagny fixa la largeur de la rue nouvelle à 10 m. Cependant elle ne débouchait pas encore en 1811 dans la rue Saint-Jacques, attendu que les dépendances du couvent des Carmélites ne s’étendaient pas jusqu’à cette voie publique ; il fallait traverser une propriété particulière. Par un décret daté de Saint-Cloud, le 14 août 1811, Napoléon ordonna que la maison appartenant aux héritiers Langlois serait acquise pour cause d’utilité publique. Le décret reçut son exécution, la propriété fut démolie. Cependant cet emplacement ne donne pas à la rue du Val-de-Grâce la largeur fixée par le ministre. — La partie de la rue du Val-de-Grâce comprise entre les rues de l’Est et d’Enfer, a été percée sur des terrains dépendant des Chartreux. Elle est exécutée sur une largeur de 10 m. — Les constructions riveraines de la rue du Val-de-Grâce sont alignées, à l’exception de celles qui sont situées sur le côté droit, à l’encoignure de la rue Saint-Jacques ; ces constructions devront reculer de 2 m. à 3 m. — Égout entre les rues Saint-Jacques et d’Enfer.