Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Vaugirard (rue de)

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Vaugirard (rue de).

Commence aux rues des Francs-Bourgeois, no 2, et Monsieur-le-Prince, no 36 ; finit aux chemins de ronde des barrières des Fourneaux et de Vaugirard. Le dernier impair est 139 ; le dernier pair, 158. Sa longueur est de 2,143 m. Les numéros impairs, et les pairs, de 24 à 86, 11e arrondissement, quartier du Luxembourg ; de 2 à 22, même arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine ; de 88 à la fin, 10e arrondissement, quartier Saint-Thomas-d’Aquin.

Ce n’était qu’un chemin au commencement du XVIe siècle. Vers 1550, on commençait à y bâtir et à lui donner le nom de rue de Vaugirard qu’elle tirait du village où elle aboutissait. La moindre largeur de la partie de cette voie publique, comprise entre la rue Monsieur-le-Prince et le boulevart, fut fixée à 12 m. par une décision ministérielle du 3 nivôse an X, signée Chaptal. En vertu d’une ordonnance royale du 24 août 1836, cette moindre largeur est réduite à 11 m. 50 c. Conformément à un arrête préfectoral du 20 décembre 1839, on a procédé à la régularisation de plusieurs numéros des maisons situées dans cette partie de rue.

La largeur de la deuxième partie comprise entre le boulevart et la barrière a été fixée à 15 m. par une décision ministérielle du 3 germinal an IX, signée Chaptal. Jusqu’en 1834, un numérotage particulier avait été donné à cette partie de rue. En vertu d’un arrêté préfectoral du 12 août de cette année, les numéros ont dû continuer la série de la première partie.

Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranchement : dépendances du Luxembourg depuis le no 17 jusqu’à l’hôtel du grand-chancelier, propriétés de 31 à 41 bis, de 45 à 59 bis, 75, de 83 à 89, 93, de 95 à 103, 107, partie du no 111, 121, mur de clôture en face de l’impasse de l’Enfant-Jésus, partie du no 131, 135, 137, 139 ; partie du no 4, de 6 à 16, 20, 22, propriété entre les nos 36 et 42, 62, encoignure gauche de la rue Madame, 86, propriété entre les nos 98 et 100, second no 100, de 102 à 130, 136, et de 150 à 156. — Les maisons de 1 à 7, 43, 61, second no 89 et 91, ne devront subir qu’un léger redressement. — Égout dans une grande partie. — Conduite d’eau depuis la rue Molière jusqu’aux deux bornes-fontaines situées au-delà de la rue des Fourneaux. — Éclairage au gaz (compe Française).

En vertu d’une loi du 2 juillet 1844, la rue de Vaugirard doit être élargie dans la partie comprise entre l’hôtel de M. le Chancelier et la grille d’entrée du jardin du Luxembourg, au-delà de la rue du Pot-de-Fer. Comme conséquence de cet élargissement, l’alignement de la rue de Vaugirard, depuis la rue de Tournon jusqu’à celle du Pot-de-Fer, subira d’importantes modifications. Le projet sera prochainement approuvé par ordonnance royale.

Sur la maison no 11 de la rue de Vaugirard, on lit l’inscription suivante : « Henri-Louis Lekain est mort dans cette maison, le 8 février 1778. »

Au no 23 était situé le couvent des religieuses du Calvaire. Le fameux père Joseph, capucin, qui avait institué une congrégation de bénédictines sous l’invocation de Notre-Dame du Calvaire, cherchait depuis longtemps à établir à Paris un couvent de cet ordre. La reine Marie de Médicis favorisa cette fondation, et donna aux filles du Calvaire une maison dans l’enceinte même du palais qu’elle venait de faire bâtir (le Luxembourg). Se trouvant trop à l’étroit, ces religieuses achetèrent, en 1622, une maison dans la rue de Vaugirard, où elles s’installèrent quelque temps après. Leur église fut élevée aux frais de la reine. Supprimé en 1790, ce couvent devint propriété nationale. Une faible partie de cet immeuble fut vendue les 2 décembre 1790 et 28 juillet 1791. L’église qui subsiste encore servit de magasin. Les autres bâtiments, après avoir été longtemps affectés à une caserne, furent, en 1834, changés en prison pour les accusés politiques renvoyés devant la Cour des Pairs. En 1836, on a percé sur une partie du cloître, une nouvelle entrée au jardin du Luxembourg. Toutes ces constructions seront prochainement démolies pour faciliter l’élargissement de la rue de Vaugirard.

Au no 70, on voyait le couvent des Carmes. La réforme que sainte Thérèse avait introduite dans l’ordre des Carmes, en 1568, s’était répandue d’Espagne en Italie. Le pape Paul V, connaissant la piété de ces religieux, engagea Henri IV à les recevoir à Paris. Les pères Denis et de Vaillac étaient porteurs d’un bref daté du 20 avril 1610. La nouvelle de l’assassinat du roi qu’ils apprirent en chemin ne les arrêta point, et ils arrivèrent à Paris au mois de juin. Des lettres-patentes leur furent accordées en mars 1611, et le 22 mai de la même année les Carmes déchaussés prirent possession d’une maison sise rue de Vaugirard, qui leur fut donnée par Nicolas Vivian, maître-d’hôtel du roi. Cette propriété devint bientôt trop petite, il fallut la reconstruire. Marie de Médicis posa, le 20 juillet 1613, la première pierre de la nouvelle église qui ne fut achevée qu’en 1620. Les Carmes, par des acquisitions successives, formèrent de vastes jardins qu’ils cultivaient avec le plus grand soin. Ils possédaient également autour de leur cloître un grand emplacement sur lequel ils avaient fait bâtir, vers le milieu du siècle dernier, plusieurs beaux hôtels qui donnaient dans les rues du Regard et Cassette. Ces propriétés, dont ils tiraient de bons revenus, avaient rendu leur couvent l’un des plus riches de l’ordre. « Il faut leur rendre justice, dit plaisamment Saint-Foix, les richesses ne les enorgueillissent pas ; ils continuent toujours d’envoyer des frères quêteurs dans les maisons. » — Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale. Ce fut là que commencèrent les massacres du 2 septembre 1792. — Les bâtiments qui composaient l’ancienne maison religieuse furent vendus par l’État, le 21 thermidor an V. Le couvent des Carmes a été racheté en partie vers 1808, par une société de dames pieuses. Depuis 1820, il est habité par des religieuses Carmélites, sous la direction de madame de Soyecourt.