Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Catacombes chrétiennes de Rome

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 239-252).

CATACOMBES CHRÉTIENNES DE ROME.

— L’étude des catacombes romaines fournit aujourd’hui à l’apologétique catholique des arguments précieux et variés. Les découvertes que l’on fait chaque jour dans ces excavations funéraires touchent à une foule de questions religieuses, en particulier à celles du patrimoine ecclésiastique ; de la prière poui* les morts et des diverses formes du culte que l’Eglise leur rend ; du culte des saintes images ; du culte des saints invoqués pour les vivants et pour les morts ; de leurs reliques ; de leurs fêtes ; des pèlerinages à leurs tombeaux ; du culte de Marie ; de la primauté de saint Pierre ; des sacrements, surtout du Baptême, de l’Eucharistie, de la Pénitence, de l’Ordre, etc. Les adversaires ont compris l’importance apologétique de ces preuves nouvelles exhumées du sein de la terre en faveur de l’Eglise catholique, et ils commencent à livrer bataille sur cette arène dans laquelle jusqu’ici les catholiques avaient presque seuls paru. Tel est le double motif qui nous a fait donner au présent article un développement assez considérable ; il est ainsi devenu un véritable traité, dans lequel l’apologiste trouvera, au moins brièvement indiquées, presque toutes les preuves que fournissent les catacombes romaines pour la défense de la vérité.

I. Origine du mot « catacombes ». — On donne le nom de catacombes aux cimetières souterrains créés par les premiers chrétiens dans la banlieue de Uome et dans un grand nombre d’autres endroits du monde romain.

Ce mot n eut point toujours le sens général qu’on lui attribue aujourd’hui. A l’origine, les lieux consacrés au dernier repos des chrétiens s’appelaient coemeteriuiu, /.oiij-r.Tr.pi’yj (de /.’^ijj.y.76v.i dormir), qu’ils aient été creusés sous terre ou qu’ils s’étendissent à la surface du sol. Quand on voulait indiquer plus particulièrement une nécropole souterraine, on employait les expressions crypta, arenarium. Les cimetières à ciel ouvert recevaient i)lutot les appellations A’area, hortus. Le mot catacuniba n’eut d’abord qu’une signilication locale. Il désignait la partie de la voie Appienne qui correspond au deuxième mille de l’enceinte actuelle de Uome, et sous laquelle sont les plus célèbres cimetières chrétiens, L un de ceux-ci, celui de Saint-Sébastien, s’appelait, au iv’siècle, le cimetière ad catacumbas. On a [U’oposé de nombreuses étymologies de ce mot. Plusieurs érudits le font venir de cumba, cavité, ravin, et l’entendent soit de la déclivité (jue présente sur ce point la ^oie Appienne, soit des nombreuses sépultures souterraines qui s’y rencontrent. De llossi lui attribue plutôt une origine chrétienne. Il rappelle que le mol grec cuemeterium fut quehpiefois traduit en latin par accubiiorium ou 463

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cuhile, et pense que ctimha avait été formé de cithare, avec intercalation de m ; dans cette liypotlïèse, cata (fréquemment employé pour /y-v. dans la basse latinité ) cHTO^as équivaudrait à crt/fl accithitoria eiawYaxi le sens de ad coemeteria. Le nondjre et l’importance des cimetières chrétiens en cette région de la voie Appienne lui auraient fait donner ce nom, accepté même des païens, car le cirque construit par Maxence près de Saint-Sébastien s’appelait c/rcz/s ad cataciimhas. Peu à peu, cette expression locale se généralisa et devint, dans la langue vulgaire, l’appellation commune de tous les cimetières chrétiens. On la trouve pour la première fois employée avec ce sens par Jean Diacre, an ix^ siècle.

II. Histoire des catacombes. — I/histoire des catacombes se divise en plusieurs périodes.

Pendant la première, les cimetières chrétiens restèrent des propriétés privées.

On connaît l’horreur des anciens pour la promiscuité des sépultures. A l’exception des plus misérables parmi les esclaves, enterrés dans les fosses communes ou puticnli^ les Romains de toute condition s’efforçaient d’aA’oir soit leur tombeau séparé, soit une place dans le tombeau consacré à la corporation, à la famille, à la clientèle ou à la domesticité à laquelle ils appartenaient. Les premiers chrétiens éprouvaient, pour leur compte, le même sentiment. L’Eglise, d’ailleurs, leur faisait une loi de ne point mêler leurs restes mortels à ceux des païens. Aussi les riches, qui entrèrent plus tôt qu’on ne croit dans la communauté chrétienne, considèrent-ils de bonne heure comme une œuvre méritoire d’offrir à leurs frères dans la foi l’asile de leurs domaines funéraires. Dans le champ, parfois très vaste, qu’une opulente famille avait originairement destiné à recevoir les tombeaux de ses membres, de ses serviteiu-s, de ses clients, ou dans un jardin auquel un pieux fidèle, une charitable matrone, donnait tout à coup une destination sépulcrale, on voyait s’ouvrir un ou plusieurs centres de sépultures, groupées parfois autour du tombeau d’un martyr. La forme de chambres ou de galeries souterraines, adoptée généralement, au moins à Rome, pour ces premières nécropoles chrétiennes, permettait d’enterrer dans le tuf de leurs parois un grand nombre de défunts. M. Michel de Rossi a calculé qu’une de ces cryptes primitives, celle de Lucine, sur la voie Appienne, circonscrite dans une aire de cent pieds sur cent quatre-vingts, pouvait contenir deux mille sépultures. Il résulte des calculs du même savant que la moyenne de l’excavation catacombale sur une surface carrée de la trois cent quatre-vingt-quinzième partie d’un mille carré comprend, en supposant un seul étage souterrain (et les catacombes en eurent quelquefois deux ou trois), mille mètres de galeries. On voit quelle multitude de cadavres trouvait place dans les espaces relativement petits que pouvait offrir la charité privée. Même en temps de persécution, ces pieux asiles, protégés par le caractère « religieux » ffue la loi reconnaissait à tous les terrains consacrés par des sépultures, se développèrent librement. Les plus anciens tombeaux chrétiens avaient soit leur escalier, soit leur façade, donnant sur la campagne ou la voie publique : on ne prenait nulle précaution pour en dissimuler l’entrée.

Cependant, le moment devait venir où la plupart des cimetières chrétiens seraient trop considérables pour rester la propriété des familles qui les avaient fondés. Beaucoup d’entre eux passèrent successivement dans le patrimoine ecclésiastique, c’est-à-dire devinrent la propriété commune de l’église établie au lieu où ils se trouvaient. C’est ainsi que la crypte où reposait sainte Cécile, avec de nombreux fidèles.

et qui appartenait à la famille des Cæcilii, fut, vers la fin du second siècle, donnée par ceux-ci au pape Zéphyrin. Le pape confia au premier diacre, Calliste, l’administration de ce cimetière, le premier qu’ait possédé officiellement l’Eglise romaine. Rome n’est pas la seule ville où des terrains funéraires aient été ainsi donnés par des particuliers à l’Eglise. Un marbre trouvé dans les ruines de Césarée (Cherchell), en Mauritanie, a consacré par l’inscription suivante le souvenir d’un de ces actes de donation :

AREAM AT SBPVLCRA CVLTOR VERBl CONTVLIT

ET CELLAM STRVXIT SVIS CVNCTIS SVMPTIBVS.

ECCLESI.ÎÎ SANCT.ï ; HANC RELIQVIT MEMORIAM.

SALVETE FRATRES PVRO CORDE ET SIMPLICI

EVELPIVS VOS SATOS SANCTO SPUUTV.

« Un adorateur du Verbe a donné cette aire pour

des sépultures, et a bâti le lieu de réunion (cellà) entièrement à ses frais. Il a laissé ce monument (memoria ) à la sainte Eglise. Salut, frères ; d’un cœur piU’et simple Evelpius vous salue, enfants du Saint-Esprit. »

On se demande comment, à une époque où la religion chrétienne n’était pas reconnue par l’Etat, et même était violemment persécutée, lEglise put ainsi recevoir des donations immobilières, et en jouir sans trouble. La réponse qui me paraît la plus vraisemblable est faite par de Rossi. Les associations de secours mutuels formées par de petites gens, libres et esclaves (collegia tenuiontm), en vue d’assurer mutuellement la sépulture des sociétaires, et admettant dans leur sein de riches donateurs à titre de membres honoraires ou patrons, pafroni. eurent depuis le premier siècle à Rome le droit d’exister sans une autorisation spéciale, el de posséder les immeubles nécessaires à leur objet. Le même droit fut, au commencement du III siècle, concédé par Septime Sévère aux sociétés de ce genre qui se créeraient dans les provinces. La comparaison entre un texte du jurisconsulte Marcien, relatif à leur organisation, et un passage où TertuUien décrit les réunions des chrétiens, semble établir que les églises, au temps de l’apologiste africain, aA aient généralement pris la forme extérieure de ces corporations funéraires. Les mêmes traits se rencontrent : assemblées périodiques, cotisations mensuelles, caisse commune, etc. Le grand nombre des pauvres, des artisans, des esclaves entrés dans l’Eglise, donnait aisément à celle-ci l’apparence d’un « collège de petites gens », où les riches cependant avaient leur place comme bienfaiteurs. Même le titre officiel porté par les communautés chrétiennes, dans les rapports qu’elles pouvaient être aj^pelécs à entretenir avec l’Etat en qualité de corporations funéraires, paraît indiqué parles documents : l’inscription de Césarée et plusieurs autres montrent qu’elles s’appelaient « les frères », « l’assemblée des frères », ît àSs/iîi’, fratres, ecclesia fratrnm. La forme extérieure des collèges funéraires, ainsi adoptée, dans cette hypothèse, par les principales églises, leur permettait de posséder des biens meubles et immeubles ; ainsi peut-on expliquer comment, au m" siècle, beaucoup de catacombes cessèrent d’être des propriétés privées, pour devenir la propriété du corps même des chrétiens. Ce fut l’époque de leur plus grand développement architectural ; alors aussi s’éle-Aèrent, dans les enclos sous lesquels s’étendaient les galeries souterraines, des édifices destinés aux réunions des fidèles et à leiu-s repas fraternels ou agapes, édifices analogues à ceux qui servaient aux assemblées et aux fêtes profanes des collèges funéraires. Une construction de ce genre existe encore à l’entrée de la catacombc de Domitille, prcs de la voie Ardéatine. A65

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En acceptant la donation des Cæcilii, Zépliyrin et son successeur Calliste avaient, au commencement du me siècle, fondé la propriété ecclésiastique ; le pape Fabien l’organisa, vers le milieu du même siècle. « Il divisa les régions entre les diacres, dit le catalogue libérien, et lit faire de nombreuses constructions dans les cimetières. » Ces deux mesures se tiennent, comme l’a démontré de Rossi. Avant le pontificat de Fabien, les diacres avaient formé un seul corps, sous la présidence du premier diacre ; Fabien assigna à chacun le soin d’une ou deux des régions civiles de Rome, dont il composa une région ecclésiastique, et désigna un ou plusieurs cimetières pour le service de celle-ci. Le savant archéologue romain a déterminé, à l’aide des inscriptions, la composition exacte des circonscriptions religieiiscs. La première, comprenant les régions civiles de la Piscine publique et de l’Aventin, était placée sous Tautorité du premier diacre et desservie par les cimetières de la voie Appienne. La deuxième, formée du mont Célius et du Forum romain, correspondait à une zone cémétériale commençant à gauche de la voie Appienne et comprenant le cimetière de Prétextât. L’Esquilin. entre la porte Labicane et la porte Tiburtine, formait la troisième région ecclésiastique, à laquelle était attaché le cimetière a^/ chias lauros. A la quatrième région ecclésiastique, composée de la région civile dite Alta semita et du Forum de la Paix, correspondaient les cimetières de la A oie Nomentane. De la cinquième région ecclésiastique, composée de la région civile dite ^’ia lata, dépendaient les cimetièi-es de la voie Salaria. La sixième région ecclésiastique, correspondant à la région du cirque Flaminicn, possédait les cimetières de la nouvelle voie Aurélia. Enfin, la septième région ecclésiastique, formée du Transtévère, était desservie par ceux (le la Aoie Aurélia et de la voie de Porto.

Cette organisation dura jusqu’à l’an 357. Alors le droit de l’Eglise sur ses cimetières fut troublé pour la première fois par l’édit de persécution de Valérien, qui les mit sous séquestre et en interdit l’entrée sous peine de mort. « Les empereurs, dit le proconsul d’Afrique à saint Cyprien, ont défendu de tenir aucune réunion et d’entrer dans les cimetjières. Celui qui n’observera pas ce précepte salutaire encourra la peine cajjitale. » De même le j^réfet d’Egypte dit à saint Denys d’Alexandrie : k II n’est permis ni à vous ni à nul autre de tenir des réunions et d’aller dans ce qu’on appelle des cimetières. » Les chrétiens cherchèrent les mojens d’éluder ces prohibitions ; à ce moment ai)i)artiennent une partie des travaux faits pour donnei- à la catacombe de Calliste des issues secrètes, afin de ])ermettrç aux fidèles de s’échapper dans la cami)agne en cas de surprise ; on abattit vers le même temps les marches de plusieurs escaliers et l’on ferma par des niurs l’entrée de certaines galeries ; l’accès des principaux sanctuaires devint ainsi presque impossil)lc à quiconque n’était pas initié.

Après la chute de Valérien, son fils Gallien fit, en 260, cesser la persécution. Des rescrits furent adressés aux chefs des communautés chrétiennes pour les remettre en possession des i> lieux religieux », c’est-à-dire des édifices consacrés au culte, et des cimetières. A Rome, le pape saint Denys recouvra ainsi le patrimoine ôe son p]glise.’( Il donna, dit le I.iher ponli/icalis, des églises aux prêtres, et constitua les cimetières. » Ces jtarolcs font allusion au rétablissement des deux ordres de jiropriélés ec(dcsiasti(iues restitues par des rescrits de Gallien, et montrent le pape confiant d’abord à des prêtres les édifices religieux rendus à l’Eglise, puis réglementant de nouveau, comme l’avait fait naguère Fabien, l’administration des cimetières.

Les successeurs de Gallien res[)cctèrent h- droit de

])ropriété rendu à l’Eglise. Aurélien le reconnut même par un jugement, dans lequel, sur les réclamations des chrétiens orthodoxes d’Antioche, il ordonna que

« la maison de l’Eglise », détenue par l’hérésiarque

Paul de Samosate, serait restituée « à ceux qui étaient en communion avec les évèqucs d’Italie et l’évêque de Rome ». L’édit de persécution promulgué par cet empereur vers la fin de ses jours ne s’occupa point des cimetières. Les commencements du règne de Dioclétien furent favorables aux chrétiens. Ceux-ci reprirent courage, et, se croyant assurés d’une longue paix, commencèrent à démolir les vieilles églises pour en élever de plus vastes. Ils travaillèrent avec la même liberté à l’embellissement et à l’agrandissement de leurs cimetières ; à cette époque, Severus, diacre du pape Marcellin, construit dans le cimetière de Calliste une double chambre recevant l’air et le jour par un luminaire extérieur que rien ne dissimule ; la même région de ce cimetière renferme beaucovip de grandes cryptes éclairées également par des luminaires, et qui paraissent contemporaines de celle de Severus. On peut attribuer au même temps trois cryptes terminées par des estrades ou tribunes à l’étage supérieur du cimetière Ostrien.

Dioclétien commença de persécuter en 303. Les églises qu’on venait d’élever furent briilées ou démolies, leurs archives pillées ou détruites. Les terrains sous lesquels s’étendaient les cimetières possédés officiellement par le corps des chrétiens devinrent la propriété du fisc. On retrouve dans les catacombes les traces des travaux exécutés à la hâte par les fidèles pour soustraire les tombes des martyrs aux profanations des païens ; des galeries furent comblées afin d’interceiJter le chemin qui menait aux sanctuaires les plus vénérés. C’est ainsi que la région primitive du cimetière de Calliste, donnée par les Cæcilii au pape Zéphyrin et où se trouvaient la chambre funéraire de sainte Cécile ainsi que le caveau des pajjcs du m’siècle, fut enterrée tout entière ; on parait avoir reporté précipitamment dans ce dernier caveau, pour les y mettre en sûreté, les restes du pape Caius, mort en 296 et déposé d’abord dans une autre partie de la catacombe. Les deux papes contemporains de la persécution, Marcellin et Marcel, ne purent être inhumés avec leurs prédécesseurs ; ils eurent leurs tombeaux, le premier « dans une chambre qu’il s’était lui-même préparée au cimetière de Priscille », et le second « dans un cimetière établi sur la voie Salaria, avec la permission d’une matrone nommée Priscille » ; c’est-à-dire l’un et l’autre dans un cimetière appartenant à une homonyme et peut-cire une descendante de la matrone du premier sièch’qui l’avait fondé ; ce cimetière était jusqu’à ce jour demeuré propriété privée, et avait, en cette qualité, échappé à la confiscation frappant les nécropoles ofiicielles A la prière de Marcellin et de Marcel, la charitable chrétienne fit de grands travaux dans l’antique hyj)ogée. Une partie de l’étage inférieur, d’une régularité jusque là sans exemple dans Rome souterraine, paraît avoir été creusée à cette époque ; en particulier l’ambulacre d’une hauteur et d’un » ; longueur extraordinaires, coupé à angle droit paivingt-trois galeries transversales. Les papes voulurent sans doute préparer, au plus fort de la persécution, un nouveau lieu di ; réunion et de repos pour les chrétiens (liasses d’autres nécropoles ; des cimetières moins vastes et moins réguliers furent improvisés à la même époque povu" y recueillir les reliqiu’S des nuirtyrs ou les sépultures des simples fidèles ; ainsi fut creusée dans un arénaire.près du bois abandonné (les Arvales, la petite catacombe de Gcnerosa.sur les bords du Tibre, ou, sous un aqueduc, celle de Castulus, sur la voie Labicane. Cependant, même alors, les 46 :

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chrétiens ne cessèrent pas tout à fait de tenir des assemblées liturgiques dans les grands cimetières confisqués, ou même d’y déposer leurs morts : ils parvenaient à s’y introduire par des entrées secrètes, ordinairement par des arénaires mis en communication avec les galeries : on a trouvé dans le cimetière de Calliste une inscription funéraire portant la date de 30~, c’est-à-dire d’une année où il était encore sous la main du fisc.

Cependant, l’Eglise de Rome avait recouvré la paix dès 30C), sous Maxence, alors que la persécution sévissait encore en Orient. Mais les biens confisqués ne furent pas rendus tout de suite. En attendant cette restitution, Marcel pourvut de son mieux au rétablissement de l’administration ecclésiastique : « Il organisa, dit le Liber pontificalis, les A’ingt-cinq titres que renfermait la ville de Rome en autant de paroisses pour la réception par le baptême et la pénitence des multitudes qui se convertissaient à la foi. et pour la sépulture des martyrs. » Ces paroles indiquent la relation désormais établie entre les titres ou paroisses et les cimetières. En 310 seulement, ceux des cimetières qui avaient été saisis par le fisc furent rendus. Un document cité par saint Augustin dit que

« le pape Miltiade députa au préfet de la ville des

diacres porteurs de lettres du préfet du prétoire, les autorisant à recouvrer les biens confisqués pendant la persécution >. Après en avoir repris possession, Miltiade transporta dans le cimetière de Calliste le corps de son prédécesseur Eusèbe, mort en exil, et le déposa dans une des plus vastes chambres de cette catacombe. La prudence ne permettait pas encore de déterrer le caveau ordinaire des papes et les galeries qui y menaient.

La paix fut tout à fait consolidée après la Aictoire de Constantin sur Maxence. Un premier édit, qu’il publia en novembre 3 12, à Rome, conjointement avec Licinius, permit aux chrétiens de tenir leurs assemblées ordinaires, de faire tous les autres exercices de leur religion et de bâtir des églises. Un second édit des mêmes empereurs, promulgué l’année suivante à Milan, proclama une entière liberté de conscience et mit le christianisme sur le pied d’égalité avec tous les autres cultes ; il ajoutait que tous ceux <iui avaient acheté du fisc ou reçu en don des lieux destinés aux assemblées des fidèles ou appai-tenant en quelque manière « au corps des chrétiens, c’est-à-dire aux Eglises, et non à de simples particuliers

« , les restitueraient immédiatement et s’adresseraient

au fisc seul pour être indemnisés. Le triomphe politique du christianisme est désormais certain. Miltiade, le premier pape qui ait habité le palais de Latran, est aussi le dernier qui ait été enterré dans une chambre du cimetière de Calliste.

A partir de cette époque, les sépultures deviennent plus rares dans les catacombes, et plus nombreuses dans les basiliques ou dans les cimetières extérieurs. On continue cependant à creuser, pendant les règnes de Constantin et de ses fils, des galeries souterraines ou même des catacombes entières. Le premier étage du cimetière de Sainte-Sotère date de ce temps. Le vaste cimetière de Balbine, d’un développement architectural plus régulier et plus grandiose que tout ce qu’avait offert jusqu’à ce jour Rome souterraine, fut créé sous un champ de roses (fundiis rosariiis), donné par Constantin au pape saint Marc. Les inscriptions à dates consulaires indiquent approximativement les proportions réciproques qui s’établissent peu à peu entre les deux modes de sépulture. De 338 à 360, les deux tiers des inhumations se font encore sous terre. C’est le moment où l’on commence, dans le cimetière de Calliste, la construction de la vaste région dite libérienne, remanjuable par l’ampleur de

ses cryptes, la largeur de ses luminaires, le grand nombre des arcosolia. De 364 à 369, les sépultures à la surface du sol deviennent aussi nombreuses que les sépultures souterraines. Cependant, en 870 et 871, la proportion change : la presque totalité des épitaphes appartenant à ces deux années provient de tombeaux souterrains. Les grands travaux faits par le pape saint Damase dans les catacombes ont renouvelé la dévotion pour les tombeaux des martyrs, en ont facilité l’accès et ont ravivé chez les fidèles le désir de reposer dans leur voisinage.

A la fin du iv’siècle, les catacombes sont devenues des lieux de pèlerinage. Quelquefois les cryptes célèbres ont été transformées, comme à Sainte-Agnès, à Saint-Laurent, à Sainte-Domitille, en vastes basiliques semi-souterraines : à Sainte-Agnès, la construction ne se fit pas aux dépens de galeries préexistantes ; mais il en fut autrement à Saint-Laurent et à Domitille. Ces transformations ruineuses eurent lieu avant et après saint Damase ; jamais elles ne furent l’œuvre de ce pontife, respectueux jusqu’au scrupule de l’intégrité des catacombes. Il se contenta de décorer d’épitaphes, d’inscriptions en vers, de marbres, de peintures, et même d’orfèvrerie, les chambres où reposaient les saints : par ses soins, des escaliers spacieux y descendirent, de larges vestibules ou des corridors agrandis livrèrent passage à la foule des visiteurs, empressés de graver leurs noms ou leurs pieuses invocations sur le stuc des murailles. Souvent des basiliques furent bâties au-dessus, et les pèlerins, après une station au tombeau, y remontaient pour assister au divin sacrifice. Le poète Prudence, qui visita Rome dans les dernières années du iv’siècle, a tracé le tableau vivant et pittoresque du pèlerinage qui se rendait, le 13 août, à la crypte de Saint-Hippolyte, sur la voie Tiburtine :

« L’impériale cité vomit la foule comme un torrent, 

plébéiens et patriciens cheminent confondus vers le sanctuaire où leur foi les pousse. Des portes d’Albe sortent aussi de longues processions qui se déroulent en blanches lignes dans la campagne. Toutes les routes qui avoisinent Rome retentissent de bruits confus. L’habitant des Abruzzes, le paysan de l’Etrurie viennent, le Samnite, le citoyen de la superbe Capoue et celui de Noie sont là. Hommes, femmes, enfants, se hâtent gaiement vers le terme. Les vastes plaines suffisent à peine à contenir ces joyeuses foules, et même là où l’espace semble sans bornes, leur marche se trouve retardée. Sans doute la caverne vers laquelle elles se dirigent, si large que soit son entrée, est trop étroite pour leur donner passage ; mais près d’elle est un autre temple, enrichi par une royale magnificence, que les pèlerins peuvent visiter. »

Les sentiments que traduisaient avec tant d’éclat ces grandes manifestations portèrent beaucoup de chrétiens à préparer pour eux-mêmes ou pour leurs proches un tombeau voisin du sépulcre de quelque martyr. Ils espéraient par là, comme le dit saint Ambroise dans l’épitaphe de son frère Uranius, honorer le défunt et lui assurer une part dans les mérites du saint près duquel ils le déposaient. A cette époque, on se faisait enterrer par dévotion dans les catacombes, comme plus tard dans les églises. Cependant des abus ne tardèrent pas à se faire sentir. A la fin du ive siècle, les tombes souterraines paraissent avoir cessé d’être creusées aux frais de l’Eglise : elles devinrent l’entreprise privée des terrassiers ou fossores attachés au service des catacombes ; ceux-ci concédèrent désormais les sépultures à prix d’argent, et à leur profit. Plus d’une fois, une piété indiscrète obtint de leur trop facile conq)laisance l’excavation d’une niche sépulcrale tout contre le tombeau d’un martjr et amena ainsi la destruction totale ou par469

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tielle des peintures qui le décoraient. Le prix arl)itraire de la vente de ces sépultures et les dégâts qu’elles causaient ne furent peut-être pas étrangers à la suppression des fossures, dont on ne trouve plus de trace à partir du milieu du V siècle.

L’usage des sépultures souterraines tomba de nouveau en désuétude après la faveur passagère qu’il avait retrouvée en 870 et 871. De S^S à ijoo, les deux tiers des épitapUes appartiennent aux tombeaux extérieurs, un tiers seulement à ceux des catacombes. De 400 à 40y, la décadence est encore plus rapide. Cependant, après 4’0, date de la prise de Rome par Alaric, on trouve encore des exemples d’inhumation souterraine : il en a été rencontré portant des dates certaines du V et même du vi<^ siècle.

Les catacombes continuaient à être fréquentées par les pèlerins. Le pape Symmaque, qui gouverna l’Eglise à la Gn du v’siècle et au commencement du vie, fit faire de grands travaux dans les sanctuaires suburbains. Le siège de Rome par Vitigès, en ÔS^, y porta la désolation et le pillage. « Les églises et les corps des saints furent saccagés par les Goths)s dit le Liber pontificalis. Les cimetières de la voie Salaria durent en souffrir plus cpie les autres, car les Goths attaquèrent surtout Rome de ce côté. Les inscriptions racontent, en effet, les dégâts qu’ils tirent aux tombeaux des saints Chrysanthe et Daria, Alexandre, Vital, Martial et Diogène, situés sur la voie Salaria. Aussitôt que cette tempête fut passée, le pape Vigile répara des ruines dont la vue, dit-il lui-même, lui arrachait des gémissements, et remplaça plusieurs des inscriptions de saint Damase, que les dévastateurs avaient brisées, par des copies, souvent fort imparfaites, dont quelques-unes sont venues jusqu’à nous. D’autres restaurations furent faites par de simples fidèles, cjuelquefois de pauvres g ; en<., pauperis ex censit.

Même quand les Barbares ne campèrent plus aux portes de Rome, la campagne, appauvrie et cïévastée. avait cessé d’être sûre, et il devenait dangereux de s’aventurer hors des murailles. Aussi l’habitude d’enterrer les morts dans les cimetières situés au-dessus des catacombes finit-elle par se perdre, comme avait déjà dis])aru celle des inhumations souterraines. La nécessité contraignit à relâcher la sévérité des anciennes lois, qui interdisaient les sépultures dans l’intérieur de la ville. Dès le règne de Théodoric, c’est-à-dire vers la fin du ve ou le conmiencement du VI’siècle, un cimetière fut établi sur l’emplacement de l’ancien camp prétorien. Un cimetière du vi’siècle a été également découvert sur l’Esquilin. A la suite du siège de Vitigès, puis du sac de Rome par Totila, les cimetières suburbains furent abandonnés l’un après l’autre. On ne trouve plus d’inscriptions à date certaine dans celui de Cyriaque, sur la voie Tiburtine, après 538, ni dans celui de Calliste, sur la voie Appienne, après 565.

Les papes cependant continuèrent d’entretenir les cimetières <’t leurs basiliques. Jean IIL vers l’an 568, ’I restaura les cimetières des anciens martyrs, et ordonna que le pain, le vin et les cierges fussent fournis chaque dimanche par le trésor du palais de Latran ». pour servir aux messes célébrées dans les catacombes par les jjrètres des divers titres dont celles-ci dépendaient encore. ^Liis, au vii « siècle, le lien qui avait existé entre les litres et les cimetières se rompit peu à peu : les prêtres les ])lus fervents, conime Sergius I" avant son pontificat, célébraient indilTéremment la messe « dans les différents cimetières ». Enfin, vers 781, Grégoire III restreignit Li célébration dans les cinu-tières aux seuls anniversaires des martyrs, et dit que le pape désignerait chaque fois le prêtre qui devrait la faire. D autres

prières cependant s’élevaient encore autour des sanctuaires des martyrs. Près de plusieurs catacombes, des monastères avaient été construits, avec des hospices pour les pèlerins et un grand nombre de bâtiments accessoires, destinés à des usages liturgiques ou charitables. L’ne inscription delafindu vi’= siècle ou du commencement du vu*", célébrant les restaurations faites au cimetière de Saint-Paul, sur la voie d’Ostie, nous apprend qu’il était ceint de portiques soutenus par des colonnes et ornés de peintures, auxquels étaient attenants des bains revêtus de marbre, munis de roues et autres machines pour élever l’eau et la verser dans les baignoires. Au-dessus des portiques et des thermes s’élevaient des bâtiments d’habitation, auxquels l’inscription donne le nom de palais. Un vestibule conduisait aux cryptes où reposaient les martyrs. Ainsi entourés ou couverts de constructions, les cimetières et les basiliques paraissaient dans la plaine déserte comme autant de petits bourgs habités et fortifiés. Les pèlerins de tous les pays en connaissaient le chemin ; on possède de précieux itinéraires du vue siècle, énumérant les sanctuaires qu’ils visitaient autour de Rome, et les tombeaux des martyrs devant lesquels ils faisaient leur dévotions.

Cependant, l’invasion des Lombards, en 758, vint de nouveau désoler les catacom))es ; les bâtiments plus ou moins somj)tueux qui entouraient quelques-unes d’entre elles durent attirer la cupidité de ces Barbares. Dans une constitution du 2 juin 761, le pape Paul I" déplore la ruine où étaient tombés la plupart des cimetières souterrains, ruine que les impies Lombards avaient rendue plus complète, en violant les tombeaux et en s’emparant même des corps de plusieurs saints. Depuis ce temps, tout honneur avait cessé d’être rendu aux catacombes ; on avait laissé les animaux y pénétrer ; leurs dépendances étaient devenues des étables et des bergeries. Aussi le pape conmiença-t-il à en retirer les reliques des martyrs. Adrien 1" fit un suprême effort pour ranimer la dévotion aux catacombes. Le Livre pontifical énumère les travaux entrepris par ce pape dans les basiliques suburbaines et les cimetières. Léon III compléta son œuvre, en restaurant les basiliques de Saint-Valentin sur la voie Flaminienne, de Saint-Agapit sur la voie Tiburtine, de Saint-Etienne sur la voie Latine, et les cimetières de Saint-Calliste et des Saints Félix et Adauctus. Malgré ces efforts, Pascal I", successeur de Léon, fut contraint d’imiter l’exemple de Paul P"’, et. d’enlever un grand nombre de corps saints des cryptes chaque joiu’plus délais-. sées. On voit encore dans l’église de Sainte-Praxède une inscription attestant qu’il transj)orta dans Rome deux mille trois cents corps le 20 juillet 817. Sergius II et Léon IV déposèrent aussi, vers le milieu du ix’siècle, dans les églises de Rome les restes de plusieurs martyrs « gisant dans les cimetières ruinés »,

A partir de ce moment, l’histoire des catacombes est finie. C’est à i)eine si durant le moyen âge leur nom apparaît deux ou trois fois dans les relations des pèlerins. Les rares cimetières cités aux xi° et XII* siècles ne durent qu’au voisinage d’églises ou de monastères la notoriété qui leur attirait encore quehpies visites. Dans une statistique des églises et (lu clergé de Ronu^, écrite au xi siècle, on ne voit I)lus rappelées (jue trois des églises attachées aux cimetières suburl)ains : celles de Saint-Valentin, de Saint-Hermès et de Saint-Saturnin. Au xv’siècle, ces trois églises elles-mêmes ont disparu, remplacement de tous les cimetières est oublié, un seul reste toujours ouvert et continue d’être fréquenté par les pèlerins, celui que l’on peut voir encore sous l’église de Saint-Sébastien, et que tous les anciens documents ap|)cllent coemeteriuin ad catacitmlnt} :. 471

CATACOMBES

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III. Description des catacombes. — Les catacombes romaines, c’est-à-dire les cimetières souterrains établis pour la sépulture des clirétiens de Rome, s’étendent dans un rayon de trois milles autour de la ville éternelle. Quelques-unes se trouvent en communication avec des arénaires ou sablonnières ; de rares régions de catacoml)es sont même des arénaires appropriés non sans difficulté à un usage sépulcral ; mais la plus grande partie, on peut dire la presque totalité des cimetières souterrains s’en distinguent par les caractères les plus tranchés. Les sablonnières étendent leurs chemins larges et irréguliers dans les couches fragiles de pouzzolane : les catacombes sont ordinairement creusées dans le tuf granulaire, moins dur que la pierre, plus consistant que le sable, et facile à façonner en galeries et en chambres. Il est à peine besoin de dire qu’aucune communication n’existe soit entre les diverses catacombes, soit entre les catacombes et la ville de Rome : elles sont ci’eusées en général dans les ten-ains élevés, au-dessus du niveau des eaux : les fréquentes ondulations de la campagne romaine, les rivières ou ruisseaux qui la traversent auraient rendu impossibles de telles communications, quand même on aurait eu l’inutile et coûteuse fantaisie de les tenter.

Ce que nous avons dit de l’origine historique des catacombes fait comprendre qu’elles s’étendaient sous des terrains soigneusement délimités, comme toute concession funéraire régulière et légale. Il suffit, pour s’en rendre compte, de regarder la carte du cimetière de Calliste, dressée par de Rossi. Dans le dernier état de son développement, ce cimetière absorbait divers centres d’excavation primitifs, qui lui furent incorporés l’un après l’autre ; mais chacun d’eux avait formé, à l’origine, un quadrilatère distinct, dont les galeries anciennes respectaient et contournaient soigneusement les limites. Même à l’époque où des donations successives lui eurent donné sa plus grande extension, il ne s’agrandit pas indéûniment : quand il eut atteint, au nord, le cimetière voisin de Balbine, il n’en franchit point les frontières : les deux cimetières restèrent matériellement et administrativement séparés, et leurs galeries extrêmes se touchent sans communiquer.

On se demandera comment les fossores purent observer si exactement sous terre les limites des concessions légales. Ils employèrent probablement la méthode des arpenteurs ou agrimensores romains. On traçait, ordinairement du nord au sud, une ligne droite, le decuinaniis. Une autre ligne, le cardo, tirée de l’est à l’ouest, la coupait à angle droit. Ces lignes pouvaient, au besoin, être répétées, et constituaient alors une série de parallèles, leur mesure étant conforme à l’étendue de la concession en largeur et en longueur, in fronte et in agro ; les dimensions de toute l’area s’en déduisaient sans difficulté. L’examen, sur le plan du cimetière de Calliste, des diverses areæ originaires montre que les premières excavations durent être faites d’après cette méthode. Cela est surtout évident pour les quatre carrés du cimetière de Sainte-Solère, formé par l’intersection de deux longues galeries jouant le rôle du decumanus et du cardo : chaque carré a ensuite son système particulier, au moyen de galeries secondaires tp^ii le subdivisent parallèlement aux deux ambulacres piùncipaux. Dans l’excavation des areæ régulières, le travail des fossores était donc beaucoup moins compliqué et moins difficile qu’on ne le croirait à première vue. Là où la difficulté semble plus grande, c’est dans l’établissement de ces régions accessoires, réseau de galeries en apparence inextricable, qui, généralement après la paix de l’Eglise, furent créées pour unir les diverses parties distinctes d’un même

cimetière. Mais alors les luminaires furent multipliés, et le jour qui tombait d’en havit guidait les ouvriers dans leur lal)eur souterrain : le son de la roche frappée par l’outil avertissait d’ailleurs leur oreille exercée et leur permettait d’éviter les rencontres fortuites entre les galeries.

L’office des fossores attachés aux catacombes consistait d’abord dans l’excavation des galeries et des chambres. Plusieurs fresques les montrent attaquant avec le pic la surface du sol, ou façonnant dans ces profondeurs les corridors souterrains. De Rossi a calculé que deux terrassiers, l’un taillant la roche, lautre transportant les décombres, pouvaient faire chaque jour au moins deux mètres de galerie, et préparer les murailles pour huit ou dix niches sépulcrales. Une inscription laissée par un fossor dans le cimetière de Calliste nous apprend qu’il y avait creusé une chambre en dix jours. Les fossores remplissaient encore une autre charge : ils ouvraient les tombes, y déposaient les morts, fermaient la sépulture ; parmi eux étaient sans doute des scribes ou des graveurs, qui traçaient avec le pinceau ou le ciseau l’inscription funéraire. Le caractère religieux de ces soins rendus aux défunts explique que les fossores aient été, au moins depuis la fin du iii*^ siècle, agrégés au clergé, dont ils formaient un ordre inférieur. Un corps de fossores était vraisemblablement attaché à l’administration de chaque cimetière. Les services de ces <( travailleurs » (labor unies,

« TîtoSvTs ; , MTciâ.x’y.t.), comme on les appelait aussi, différaient

essentiellement de ceux des mercenaires ; ils étaient, de même que les autres clercs, entretenus par l’Eglise. Plus tard seulement, quand les sépultures dans les catacombes furent devenues rares, ils reçurent ou s’attribuèrent la faculté de les concéder à leur profit ; mais ce fut, comme nous l’avons dit plus haut, le principe de leur décadence, et probablement une des causes de leur suppression.

Les catacombes ont plusieurs étages souterrains, toujours construits sur un plan horizontal, par conséquent distincts les uns des autres ; ils ne communiquent point par des chemins s’abaissant en pente douce, mais par des escaliers. Ces étages sont percés de galeries ayant généralement de o m.’jo à i m. 55 de largeur, et varient en hauteur selon la nature du sol. Les parois contiennent des niches superposées, destinées à recevoir un ou plusieurs corps. De place en place cette suite de niches est coupée par une porte (jui donne accès dans une chambre.

Ces chamljres (ciibicidum) sont plus ou moins multipliées selon les cimetières et aussi selon les époques. Aux temps les plus anciens appartiennent les chambres petites, carrées, destinées seulement à la sépulture ou à de rares assemblées le jour anniversaire d’un martyr ou d’un simple défunt ; on doit faire descendre à la dernière moitié du m siècle, où les réunions liturgiques devinrent plus difficiles dans les églises élevées à la surface du sol, la construction de chambres souterraines plus spécialement destinées à ce but, doubles, triples, quadruples, éclairées par de grands luminaires, quelquefois construites en forme de polygone ou de rotonde, ou même constituant de vraies basiliques souterraines avec vestibules, salles distinctes pour les hommes et les femmes, tribune, chaires taillées dans le roc, banc presbytéral autour de l’abside.

Quand les hypogées primitifs autour desquels se développèrent les catacombes n’étaient encore que des tombeaux de famille, les fidèles y furent surtout déiJosés dans des sarcophages, mis à plat sur le sol ou abrités par des niches. On retrouve ce mode de sépulture dans le large corridor qui forme la plus ancienne partie de la catacombe de Domitille. La pre

niière galerie à gauche de ce corridor montre la transition entre l’usage des sarcophages et celui des niches oblongues, ou loculi, creusées dans l'épaisseur des murailles. Dans cette galerie, deux loculi ont été revêtus d’ornements de stuc à l’extérieur, aiin de leur donner l’apparence de sarcophages. Outre les loculi, deux autres formes de tombeaux se rencontrent dans les galeries et les chambres des catacombes : ce sont des fosses ci’eusées verticalement dans la muraille, fermées par une table de marbre ou de pierre et surmontées d’une niche cintrée ou carrée ; quand la niche est cintrée, ce sépulcre prend le nom iVarcosolium. Un arcosolium occupe ordinairement le fond des cubicula, et sa tablette horizontale a souvent servi d’autel.

Nous ne devons pas omettre un autre genre, beaucoup plus rare, de sépulture chrétienne : petite chambre ronde où un seul cadavre était déposé à découvert, et dont l’entrée, semblable à une porte ou à une gueule de four, était ensuite hermétiquement fermée. Ces chambres funéraires ont été creusées évidemment à l’imitation des cryptes de la Palestine, en particulier de celle où fut déposé le Sauveur. On en voit une au cimetière de Sainte-Agnès et une autre dans la catacombe de Domitille.

Les loculi étaient clos, soit par deux ou trois grandes tuiles, reliées avec du mortier, soit par une tablette de marbre ou de pierre posée verticalement. Souvent ils restent anépigraphes, et, dans le mortier encore frais, on a encastré, pour les distinguer, quelques menus o})jets, monnaies, camées, coquillages, boutons, fioles de verre, etc., ou on a laissé quelque empreinte. Souvent aussi les tuiles et les tablettes portent une épitaphe, soit peinte, soit gravée. De Rossi connaissait, en 18-6, pour Rome seule, quinze mille inscriptions chrétiennes des six premiers siècles, en grande majorité funéraires, et il estimait que ce chiffre ne représente pas la septième partie de celles qui ont existé. Depuis ce tenqjs, on en a découvert beaucoup d’autres : on peut évaluer à cinq cents en moyenne les inscriptions ou fragments d’inscriptions chrétiennes qui se retrouvent cliaque année à Rome. Un petit nombre seulement d'épitaphes souterraines portent une date, indiquée par les noms des consuls ; mais les différences de style permettent de classer approximativement les autres.

Le signe distinctif des plus anciennes inscriptions est l’extrême simplicité. Souvent le nom seul du défunt, en latin ou en grec. Quelquefois, à la suite du nom, des acclamations courtes et affectueuses :

VIVAS IN DKO, IN CIIRISTO, IN DOMINO^ IN PACE, CVM SANCTIS, etc. ; PETE PHO NOBIS, PIIO PARENTIBUS, PRO CONIVGE, PRO FILIIS, PRO SORORE ; REFRIGERA, IN REFRI-GERIO, SPIRITVM TVVM DEVS REFRIGERET, DEUS TIBI

REFRiGERET, ctc. Aucunc mcution de l'âge du mort, du jour du décès, du parent ou de l’ami qui a dédié le tombeau. Les symboles les plus simples et les plus archaïques, l’ancre, le poisson, la colombe, le Bon Pasteur, etc. A mesure que l’on s'éloigne des origines, le fornuilaire de l'épigraphic chrétienne se développe. On inscrit dans les épitaphes la durée de la vie du défunt, la date de sa mort ou de son enterrement (flepositio, y’LTvfJiiiî). Les phrases s’allongent, comiuencent par des formules toutes faites, se remplissent souvent de pompeux éloges. Les courtes acclamations disparaissent. On voit s’effacer les simples et mystérieux symboles, quc renqilace, sous des formes diverses, le monogramme du Christ, en usage après Constantin. La nomenclatiu-e seule sullirait à marquer l'âge de ces inscriptions : la plupart des noms de l'époque classiciue sont tombés en désuétude ; des noms nouveaux, des désinences nouvelles prennent leur place : la réunion du prénom, du nom

et du surnom, ou même des deux premiers seulement, fréquente sur les marbres anciens, ne se rencontre plus. Il est inutile de dire que les inscriptions offrant ces derniers caractères se trouvent dans les régions des catacombes appartenant à la période qui suit la convcrsion de Constantin, tandis que les marbres que nous avons décrits d’abord apparaissent dans les galeries primitives, et forment quelquefois des groupes spéciaux aux catacombes les plus anciennes ; pendant le 111*e siècle, la transition entre les deux manières se fait par degrés.

De nombreuses inscriptions font allusion aux martyrs. Tantôt ce titre est donné au défunt ; ainsi, on lit sur la pierre fermant le loculus de saint Fabien, enterré dans la chapelle funéraire des papes au cimetière de Calliste : « DABIANOK EUl (t/^sttsOMP (/j^a^rvc). Le sigle MP a été écrit par une autre main, quand le marbre était déjà en place ; peut-être attendit-on que la qualité de martyr eût été solennellement reconnue à Fabien, ce qui ne put arriver qu’après dix-huit mois, la vacance du siège, causée par la persécution de Dèce, ayant eu cette longue durée. Sur la tombe de son successeur Corneille, mort pendant la persécution de Gallien, et enterré dans une autre partie de la catacombe de Calliste, fut mise cette inscription : coRNELivs MARTYR Ep (iscopus). Celle de saint Hyacinthe, A’ictime de la persécution de Valérien, et inhumé au cimetière de Saint-Hermès, porte : dp m iDvs SEPTEBR. YACiNTHA’s MARTYR, défosé le 3 des ides de septembre. Hyacinthe, martyr. Sur plusieurs loculi, faisant partie de la région primitive du cimetière de Priscille^ et ayant renfermé probablement les restes de victimes de la persécution de Marc-Aurèle, le titre de martyr paraît avoir été indiqué par la seule lettre M.

Les épitaphes des simplesfidèlesoules inEcriplions laissées par eux dans les catacombes font souvent mention des martyrs. Tantôt on y parle de leur fête : un défunt a été enterré la veille de la fête de saint Asterius, «  « /e natale domini Asterii, ou le jour même de celle de sainte Sotère, in natale domnes Sitiretis. Le plus souvent, on rappelle que la tombe est placée près du sépulcre d’un martyr, ad sancta martyra (sainte Agnès), rétro sanctos, ad sanctum Corneliuni, ad Ippolitum, ad dominum Gaium, ad sanctam Felicitatem. Souvent aussi on invoque les martyrs, on les prie d’intercéder pour les défunts ou les vivants, sancte Laurenti suscepta(m h)abeto aninuim ejus, refrigeri tibi domnus Ippolitus, refrigeri Januarius, Agatopus, Felicissim. martyres, etc. Quelques-unes de ces invocations ne sont pas gravées sur les marbres, mais tracées d’une écriture cursive sur le mortier des loculi ou le stuc des nuirailles. Les inscriptions de cette sorte ont reçu le nom de graffiti : on en trouve en plusieurs endroits des catacombes, et particulièrement dans le voisinage des sépultures illustres.

Les catacombes contiennent d’autres inscriptions en l’honneur des nuirtyrs : ce sont soit des titres coinmémoratifs, soit des éloges, le plus souvent en vers, mis sur leurs tombeaux ou dans leurs chambres sépulcrales après la paix de l’Eglise. Le pape saint Damase composa un grand nombre de ces éloges, dont les originaux, gravés dans un caractère spécial par le calligraphe Furius Dionysius Philocalus, ont été plusieurs fois retrouvés. Quelquefois ces poèmes épigraphiques, détruits lors des diverses invasions barbares, ont été rétablis par des papes du vie siècle. Il en fut ainsi pour celui de saint Eusèbe : des fragments de l’original du ive siècle et la copie du vi" ont été découverts par de Rossi dans le cimetière de Calliste.

Les inscriptions ne sont pas dans les catacombes

les seuls témoins des sentiments et des croyances des premiers chrétiens. D’innombrables fresques, peintes sur des stucs plus ou moins blancs et fins, selon les époques, ornent les jjarois de beaucoup de leurs chambres et même de leurs galeries.

Dans les plus anciens hypogées, les ijeinlures chrétiennes se distinguent à peine des œuvres de l’art païen. C’est le même style classique, la même exécution sommaire, d’un pinceau libre et facile. Petits génies voltigeant au milieu des vignes. Psychés, paysages, scènes pastorales, motifs d’architecture, hippocampes, oiseaux, fruits ou fleurs, tels sont les niotifs représentés à la fin du ie siècle ou au commencement du second dans le cimetière de Domitille. Mais, pour les initiés, quelques figures d’une signification nouvelle, jetées au milieu de cette décoration tout antique, en viennent indiquer le caractère chrétien : Daniel dans la fosse aux lions. Bon Pasteur. Pendant le cours du ii*e siècle, le style demeure le même, les plafonds en particulier, au milieu desquels se voit ordinairement le Bon Pasteur, sont pour le reste de goût pompéien ; mais les peintres s’enhardissent, et sur les murailles les sujets dcviennent plus clairement chrétiens. Ainsi, dans une chambre de la crypte du Lucine, appartenant à la première moitié du IIe siècle, est peint le baptême de Jésus-Christ ; contre la paroi d’un lociihis du même temps, au cimetière de Priscille, Marie tenant l’enfant, pendant qu’Isaïe montre du doigt l'étoile du Messie ; en d’autres chapelles de lamème catacombe, Moïse frappant le rocher, les trois enfants hébreux dans la fournaise, l’histoire de Jonas, la résurrection de Lazare ; dans une chambre du cimetière de Prétextât, l’hémorroïsse guérie, la Samaritaine, peut-être le couronnement d'épines. Une suite d’admirables peintures, dans une très ancienne chambre du cimetière de Priscille, où l’on a reconnu, sans une certitude absolue, l’histoire de Suzanne, montre déjà des hgures dans l’attitude de chrétiens priant les bras étendus, orantes.

Après le commencement du iiie siècle, l’art chrétien se développe, en même temps que le style s’alourdit. Le symbolisme devient plus riche et plus compliqué. Cette tendance nouvelle est surtout visible dans l’hypogée qui venait d'être donné à l’Eglise par les CæciIii, etquidevintson premier cimctièreoffîciel. Là, Calliste, encore archidiacre, et chargé de l’administration de ce cimetière que les archidiacres continuèrent à régir après lui, fit peindre dans une suite de chambres l’image ou le symbole de plusieurs sacrements. Le baptême est symbolisé par des sujets qui s’enchaînent l’un à l’autre : Moïse frappe le rocher, dans l’eau qui en dccouleun pêcheur capture un poisson, un enfant est baptisé dans la même eau d’où le poisson a été tiré. Plus loin, le paralytique guéri emporte son grabat, emblème des effets soit du baptême, soit de la pénitence. L’eucharistie est représentée par de claires et ingénieuses figures. Sur la muraille paraît d’abord un trépied, où sont posés un pain et un poisson. On sait que le poisson fut pris par toute l’antiquité chrétienne comme le symbole arcane du Christ, à cause de l’anagranuiie formé par les cinq lettres du mot grecIXQrS, poisson, lesquelles commencent les mots, '/îtsO ; X^jtto ; 6co j Ylii 'Lur-Ap, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Un homme étend la main au-dessus du trépied, comme pour consacrer ; une femme, debout, les bras ouverts en orante, personnifie vraisemblablement l’Eglise s’unissant par la prière à l’acte du prêtre. A la suite de cette fresque est peint le repas mystérieux qui fut offert par le Christ ressuscité à sept disciples, devant lesquels sont posés des plats contenant des poissons, et rangées plusieurs corbeilles de pains : ce dernier détail rappelle un autre miracle, d’une signification facilement

eucharistique, celui de la multiplication des pains. Enfin, une troisième fresque fait allusion au sacrifice d’Abraham, considéré comme type du sacrifice sanglant offert par le Christ sur la croix, et du sacrifice non sanglant qu’il offre tous les jours sur nos autels. Dans une autre des chambres décorées au temps de Calliste, apparaissent, près de la voûte, un trépied portant cette fois encore des pains et un poisson, et de chaque côté les corbeilles des pains multipliés ; mais aucun prêtre n’est plus là pour consacrer : on (lirait le Saint-Sacrement exposé sur l’autel à la vénération de tous. Cette représentation est unique ; au contraire, le repas des sept disciples, emblème de l’eucharistie consommée parles fidèles, cstpeint quatre fois dans la même suite de chambres du cimetière de Calliste.

Les symboles eucharistiques se présentent, d’ailleurs, sous toutes les formes dans les catacombes : ils s’y voient longtemps avant le lue siècle. Dans une chambre de la crypte de Lucine, remontant à la première moitié du second, sont figurés deux poissons auprès d’une corbeille qui contient un vase de vin et cinq pains. Dans la même chambre est représenté un cippe ou autel champêtre, sur lequel repose le vase mystique de lait : dans le langage des Pères de l’Eglise, comme dans les Actes des martyrs, le lait était pris pour le symbole de la nourriture eucharisti<p^ie. Aussi le vase de lait paraît-il souvent à la main du Bon Pasteur dans les fresques des catacombes. Dans une chambre de la crypte de Domitille, datant de la fin du ne siècle ou du commencement du iii<e siècle, on a trouvé, deux fois représenté, un bélier contre le flanc duquel s’appuie une houlette : à la houlette est appendu le vase de lait.

Les scènes de repas peintes dans les catacombes ne sont pas toutes des symboles eucharistiques. Plusieurs se rapportent à ce sacrement : les quatre du cimetière de Calliste, une scène analogue dans celui de Sainte-Agnès, la fresque célèbre du cimetière de Priscille, connue sous le nom de fraciio panis, dans laquelle, devant sept convives, le prêtre rompt le pain consacré, tandis que sur la table est posé un calice à deux anses, qui nous fait connaître la forme des coupes eucharistiques au iie siècle. D’autres représentations de festins sont, au jugement de M. de Rossi, des images allégoriques de la félicité des élus : l’une, du i'"" ou iie siècle, se trouve dans le grand corridor du cimetière de Domitille ; une autre, de la seconde moitié du iiie siècle, est au cimetière Ostrien, faisant pendant aux cinq vierges sages de la parabole évangélique ; six, du même temps, ornent le cimetière des Saints Marcellin et Pierre. Dans ces dernières (ou du moins dans les quatre encore reconnaissables) deux femmes, Agape, l’amour, et Irène, la paix, sont chargées de verser l’eau et le vin dans la coupe des bienheureux : devant eux est placé un seul aliment, le poisson mystique, qui, après les avoir nourris ici-bas, les nourrira dans l'éternité.

Des épisodes de la Bible, en petit nombre, sont représentés dans les catacombes. Le choix restreint des sujets, et la fréquence des reproductions, montrent qu’ils offraient aux premiers fidèles une signification symbolique. Ainsi, Daniel dans la fosse aux lions, qu’on trouve dès la fin du ie siècle ou le commencement du second dans le grand corridor de Domitille, et qui reparaît dans les fresques de toutes les époques, fait certainement allusion au martyre chrétien. De même l’image des trois enfants hébreux dans la fournaise, si souvent répétée depuis le ii'e siècle. L’histoire, plusieurs fois reproduite, de Suzanne et des vieillards, une fois même peinte allégoriquement sous les figures d’une brebis, avec le mot svSAXXA, et de deux loups, avec le mot seniores, sym477

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bolise sans aucun doute l’Eglise calomniée et persécutée. Noé dans l’arche, sorte de boite flottant à la surface de l’eau, pai-aît l’emblème du peuple sauvé. La délivrance de l’àme chrétienne, échappant aux épreuves de la vie et aux menaces de l’enfer, est peut-être aussi rappelée par ces divers épisodes bibliques, car on les voit indiqués avec ce dernier sens dans les liturgies funéraires. L’idée de résurrection a été appliquée par Notre-Seigneur lui-même à l’histoii-e de Jouas, dont les divers épisodes sont, depuis le commencement du ii*^ siècle, [)eiuts isolément ou ensemble dans les catacombes : le prophète précipité du navire, avalé par le monstre marin (auquel les artistes donnent la forme du dragon ou de l’hippocampe), rejeté sur le rivage, étendu sous la cucurbile. Moïse frappant le rocher, dont l’image parait d’abord dans la plus ancienne chambre du cimetière de Priscille, puis se retrouve partout dans les catacombes, offre une signilication symbolique non moins claire, mais d’une nature toute ditlerente. Moïse, chef de la Loi ancienne, est ici le type de Pierre, chef de la Loi nouvelle. L’aspect de certaines fresques suffirait à le démontrer : particulièrement une peinture du cimetière de Sainte-Sotère, où le prophète, avec son front chauve, sa barbe et ses cheveux blancs, rappelle tout à fait le saint Pierre dont l’art chrétien a conservé la tradition. Mais cette interprétation est de plus indiquée par les anciens eux-mêmes. Sur deux fonds de coupe appartenant vraisemblablement au IV’siècle, à côté de l’image, découpée dans une feuille d’or, de Moïse frappant le rocher, est écrit le nom PETRvs. Une grande coupe de verre gravé, du v- siècle, découverte en Albanie, représente, entre autres épisodes bibliques, Moïse frappant le rocher, près duquel est écrit : Peints s’irga percutit, fontes coeperunt currere. Sur les sarcophages romains du iV siècle, à côté du Moïse est presque toujours représenté Pierre arrêté par les soldats juifs : les deux têtes sont identiques. Deux sarcophages, l’un conservé à la villa Albani, l’autre au musée de Latran, montrent plus clairement encore l’identification de Moïse et de saint Pierre : un seul personnage frapj)e le rocher et est en même temps arrêté par les soldats juifs.

Quelques sujets bibliques pourraient encore être indiqués : Adam et Eve, Job, les Hébreux recueillant la manne, David tenant sa fronde. Elle enlevé au ciel, le jeune Tobie. Quant aux saints de la Loi nouvelle, à l’exception du groupe des apôtres, et de sainte Pétronille peinte au iv’siècle dans une galerie voisine de son tombeau, ils ne sont jamais représentés dans les parties anciennes des catacombes : c’est longtemps après la paix de l’Eglise qu’on y voit, en petit nombre, apparaître leurs images. Marie seule se rencontre dans les peintures primitives : voilée, tenant l’Enfant divin, et acconq)agnée d’un prophète, sur un loculus du cimetière de Priscille, i*^^"" ou ii’- siècle ; assise, tête nue, l’enfant entre les bras, dans un arcosolitim du même cimetière, cours du ii° siècle ; entre deux monogrammes du Christ, à mi-corps, les bras étendus, l’enfant debout devant elle, dans un (iicosolium du i’siècle ; au cimetière Ostrien. Une peinture, aujourd’hui presque effacée par le salpêtre, dans un cubiculum de Priscille datant du a’siècle, la montre assise, voilée : devant elle un jeune homme se lient debout, le bras droit étendu : les critiques s’accordent à reconnailre dans cette scène l’Annonciation. Marie est surtout représentée offrant son divin Fils à l’adoration des Mages. Ce sujet a été reconnu par de Kossi et le P. Garrucci dans une jieinturc du ne siècle, à peu près détruite, au cimetière de Priscille ; il apparaît au m" siècle dans celui de Domitille, et à partir de celle époque se retrouve fréquemment dans diverses catacombes. Les Mages,

vêtus à la phrygienne, avec la chlamyde flottante, sont tantôt deux, tantôt trois, tantôt quatre. Marie semble aussi avoir été quelquefois représentée ou symbolisée, de même que l’Eglise, dans la femme en prière, les bras étendus, lorante, si souvent peinte et gravée dans les catacombes. Mais, ordinairement, les représentations d’orants ou d’orantes font seulement allusion aux défunts enterrés dans lesarcosolia ou sous les marbres que décorent ces images : quelquefois, comme dans le cubiculum dit des cinq saints, seconde moitié du m* siècle, au cimetière de Calliste, ou dans une galerie un peu postérieure du cimetière de Thrason, elles ont les caractères individuels de portraits.

Les peintures des catacombes ne font point d’allusions directes aux épisodes des persécutions. Une cependant, sous la voûte d’un arcosolium du m’siècle, au cimetière de Calliste, semble représenter un fidèle répondant à son juge : celui-ci, la tête ceinte de laurier, se tient debout sur un piédestal, près duquel est un assesseur ou accusateur ; un quatrième personnage, peut-être le pontife païen, s’éloigne avec dépit. Mais cette interprétation est aujourd’hui très contestée, et l’on reconnaît plutôt ici la scène biblique du jugement de Suzanne. Dans la catacombe des Saints Marc et Marcellien, on rencontre une curieuse allégorie : au fond de l’arcosolium où reposèrent les deux martyrs, est représenté, à droite, un homme montant à une échelle, sous laquelle se tient le serpent infernal : le sujet de gauche, effacé, faisait probablement pendant à celui-ci. Il y a là une allusion au martyr montant au ciel et triomphant du démon, empruntée à un passage célèbre des Actes de sainte Perpétue. Au cours du iv* siècle seulement on s’enhardit à peindre les souffrances des martyrs : encore ces scènes assez fréquentes dans les basiliques sont-elles représentées dans les catacombes par un seul exemple : c’est une peinture vue par Prudence dans la crypte de saint Hippolyte et montrant ce martyr déchiré par des chevaux furieux : elle a été probablement détruite quand cette crypte, très riche, fut pillée par les Goths, et les restaurations du vi* siècle en doivent avoir eftacé les derniers vestiges.

Les peintures anciennes des catacombes n’offrent point de portrait proprement dit de Notre-Seigneur. Il est représenté, soit sous la figure allégorique du Bon Pasteur, soit avec les traits d’un jeune homme imberbe, parlant à la Samaritaine, multipliant les pains, guérissant le paralytique, l’aveugle-né ou l’hémorroïsse, ressuscitant Lazare. J’ai déjà cite de très anciennes images du baptême du Christ et de son covu’onnement d’épines dans la crypte de Lucine et le cimetière de Prétextât. Tout à la lin du n’siècle, un sujet nouveau apparaît dans un cubiculum de la catacombe de Saint-Sél)aslien : l’enfant Jésus couché dans la crèche, près de laquelle sont le bœuf et l’àne. Le même cubiculum et deux autres qui semblent contemporains, au cinu-tière de Calliste et de Domitille, montrent le buste du Christ, nimbé ; même à cette époque, toute allusion au crucifiement est encore absente. Dans les temps antiques, on représentait la croix par de secrètes images : la plus frappante, dans une chambre de la fin du ii*^ siècle ou du commencement du iir, au cimetière de (’alliste. i-slle tritlent, auciucl s enroule un dauphin. Au iii^ siècle, la croix dissimulée sous la figure d’un tronc verdoyant, cou[)é d’une branche transversale, se montre parmi les fleurs dans un arcosolium du cimetière de Calliste. Il faut descendre jusqu’au vu’siècle pour trouver dans une calacomi)e, celle de Saint-Valentin, la représentation de Notre-Seigneur sur la croix.

Une observation inq)ortante. au sujet des fresques retraçant des scènes bibli(iucs. est la suivante : plu479

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sieurs parties de la Bible rejetéos comme apocryphes par les réformateurs du xvi* siècle, l’histoire de Suzanne, le cantique des trois jeunes Hébreux dans la fournaise de Babylone, le xiv’chapitre du livre de Daniel, l’histoire de Tobie, apparaissent dans les catacombes, et forment quelquefois le sujet de leurs plus anciennes peintures. En revanche, parmi les nombreux traits empruntés à l’histoire évangélique, on ne rencontre aucune allusion aux épisodes que rapportent les évangiles apocryphes. Seules, deux fresques du vu* siècle (642-648), dans la crypte de Saint-Valentin, reproduisent un récit du protévangile de Jacques, et mettent en scène l’accoucheuse Salomé ; mais ces représentations sont de trop basse époque pour rentrer dans le cycle des peintures des catacombes.

L’étude de celles-ci ne serait pas complète si nous ne passions rapidement en revue quelques sujets isolés traités parles anciens peintres chrétiens. Telle est cette scène assez obscure peinte au m siècle dans un arcosolium du cimetière de Priscille, où l’on a reconnu une prise de voile ; une autre, de la fin du même siècle, au cimetière de Saint-Hermès, où l’on a vu une ordination, mais qui représente le jugement de l’àme ; une peinture du iv^ siècle, au cimetière de Domitille, qui a paru représenter l’imposition des mains pour la pénitence. Mgr Wilpert a, le premier, donné l’explication d’une image fort étrange due aux mavivaises copies des dessinateurs de Bosio, la femme au cuvier du cimetière de Domitille. C’est la figure d’un fonctionnaire deVAiinone devant un modius.De nombreuses fresques conservent les traits ou le souvenir des défunts ; nous avons déjà dit que tel est le sens de la plupart des orants ou orantes ; d’autres portraits se rencontrent dans les catacombes, pai- exemple ceux desfossores, représentés dans le costume ou l’acte de leur travail ; celui de cette humble marchande de légumes, que l’on voit assise devant son étal, au fond d’un arcosolium du iii"^ siècle au cimetière de Calliste ; ou cette imago clrpeata d un homme à demi vêtu de la chlamyde, au centre d’un plafond du même siècle, dans le cimetière de Domitille ; ou enlin, au cimetière de Calliste, cette tête d’homme peinte par exception sur toile, et clouée dans le tujau d’un lucernaire, qui en a gardé le décalque. D’autres peintures sont ce qu’on appelle de nos jours des sujets de genre. Dans la crypte de Saint-Janvier, u^ siècle, au cimetière de Prétextât, des enfants cueillent des roses, des moissonneurs coupent le blé, des vendangeurs cueillent des raisins, de jeunes garçons récoltent des olives. Une chambre du cimetière de Domitille, commencement du ive siècle, montre, de chaque côté du Bon Pasteur, l’Hiver personniiié par un paysan qui s’approche du feu ; 1 Automne, jeune homme tenant une grappe de raisin et une corne d’abondance ; l’Eté, qui moissonne avec une faucille ; le Printemps, jeune homme nu cueillant des roses ; cette peinture est aujourd’hui presque effacée. Dans un arcosolium du v"^ siècle, au cimetière Ostrien, on voit l’image plus réaliste d’hommes transportant des tonneaux. Les cryptes tout à fait primitives renferment des animaux et des paysages, exécutés d’un trait net et rapide : par exemple, le cubiculum d’Ampliatus, au cimetière de Domitille, la chambre dite vulgairement de Saint-Nérée, un plafond d une autre chambre, postérieur d’environ un siècle, au même cimetière. Parfois apparaissent des sujets plus profanes, qu’une ingénieuse imagination tournait en allégories spiritualistes ou même chrétiennes. On connaît le sens attribué par les païens eux-mêmes au mythe de Psyché : dans une salle à droite de l’exèdre du m’siècle qui sert de vestibule extérieur au cimetière de Domitille sont peints de jeunes garçons et des Psychés en robe longue,

cueillant des fleurs. Orphée, apprivoisant aux sons de sa lyre les bêtes sauvages, parut de bonne heure une image du Christ : il fut peint au ii’siècle sur un plafond du ciuietière de Domitille ; au 111% dans une chambre de celui de Calliste. D’autres fresques, comme le masque de l’Océan, les Saisons personnifiées par des feunnes à demi couchées, au cimetière de Calliste, n’ont aucime signification symbolique et sont de simples ornements’.

L’art dans les catacombes n’est pas seulement représenté par la peinture ; la sculpture y tient une place importante. On lui doit les sarcophages, dont la face antérieure et les deux côtés sont couverts souvent de bas-reliefs.

L’emploi des sarcophages est très ancien dans les cimetières souterrains. On a déjà vu qu’il y en avait dans le corridor d’entrée du cimetière de Domitille. Il s’en trouvait dans la chambre des Acilius Glabrio et le corridor qui y menait, au cimetière de Priscille. Dans la crypte de Saint-Janvier, belle construction du II siècle au cimetière de Prétextât, des sarcophages étaient posés à terre sous des niches ai-quées. Il en fut de même au cimetière de Calliste, dans la chapelle des papes et dans celle de Sainte-Cécile. Un hypogée chrétien découvert en 18’j6 siu* la voie Latine gardait encore en place ses sarcophages abrités sous de semblables niches. Quelquefois, ils étaient déposés sur les paliers d’un escalier souterrain ; ainsi, au cimetière de Prétextât.

Les sarcophages les plus anciens ne portent pas de trace du christianisme. Ils sont souvent ornés simplement de lignes ondulées. On y rencontre aussi des têtes ornementales, des scènes de pêche, d’agriculture, de chasse, des jeux, des banquets. Rarement apparaît une scène mythologique, facile à tourner à un sens chrétien, comme Eros et Psyché ou Ulysse se faisant attacher au màt du navire pour résister au chant des Sirènes. On a vu siu’un sarcophage l’image d’Apollon jouant de la lyre ; sur un autre, celle de Minerve. Mais ceux dont la décoration laissait à désirer au point de vue chrétien furent souvent enterrés dans le sol ; d’autres fois, on tourna contre la muraille leur face sculptée ; des bas-reliefs ont même été martelés ou couverts de chaux.

La sculpture chrétienne se développa moins vite que la peintui-e. Les peintres travaillaient avec une sécurité relative, cachés dans les entrailles de la terre ; les sculpteurs avaient nécessairement leur atelier à la surface du sol, dans la ville, exposé aux regai’ds de tous ; une plus grande réserve leur était nécessaire. Aussi les marbriers chrétiens doivent-ils avoir été peu nombreux à l’origine. Les sarcophages employés par les premiers fidèles sortaient ordinairement des officines païennes, où ils choisissaient de préférence des sujets indifférents, qui ne pouvaient blesser leur foi. Cependant on sait qu’il exista, dès le xw siècle, des ateliers de sculpteui’s chrétiens. Un marbre de ce temps montre un de ceux-ci, Eutrope, ciselant un sarcophage décoré de cannelures et de têtes de lion ; un autre sarcophage, orné de dauphins, comme il s’en trouve parmi les plus anciens des catacombes, pai’aît au second plan. Bien que faisant partie de l’Eglise, comme le montre son épitaphe, Eutrope

1. On ne doit pas confondre avec ces images allégoriques ou décoratives de catacombes chrétiennes les fresques sa, baziennes d’un hypogée voisin, mais distinct du cimetière de Prétextât, ou les peintures du tombeau d’un a « ri^a vainqueur aux jeux du cirque qui s’est trouvé fortuitement incorporé au cimetière de Thrason. Voir Garrucci, Les mystères du syncrétisme phrygien^ dans Cahier et Martin, Mélanges d’Archéologie, t. IV, p. 1-54. NoRTHCOTE et Brownlow, Palrner’s Early Christian symbolism, p. 33-36, 59-62. 481

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se gardait encore de sculpter sur le marbre aucun symbole de sa foi. Le premier sarcophage où se voient des emblèmes chrétiens est sans doute celui de Livia Primitiva, aujourd hm au musée du Louvre. Il remonte apparemment au n= siècle. Sur le cartel central est, non pas sculpté, mais gravé le Bon Pasteur, entre une ancre et un poisson. Mais ces images peuvent avoir été dessinées après que le sarcophage était sorti de l’atelier.

Vers la fin du ui^ siècle ou le commencement du iv « les sarcophages devinrent plus nombreux dans les catacombes. On en vit même d’incorporés aux arcosolia, par la substitution d’une cuve de marbre à la fosse verticale creusée dans le tuf. Les sujets chrétiens, tels que le Bon Pasteur, les orants ou orantes, Noé dans l’arche, Daniel entre les lions, Jésus changeant l’eau en vin ou ressuscitant Lazare, apparurent plus fréquemment. Le cycle de la sculpture chrétienne s enrichit peu à peu. Beaucoup des épisodes traités par les peintres se montrèrent sous le ciseau des sculpteurs ; des sujets nouveaux vinrent même s’y ajouter. Ces bas-reliefs y occupaient, sur la face principale des sarcophages, soit une bande horizontale, soit deux bandes superposées ; le milieu est orcUnairement réservé pour un sujet central ou pour l’image du défunt. Mais la plupart de ces riches sarcophages n’appartiennent plus aux catacombes ; ils proviennent des cimetières extérieurs ou des basiliques.

La sculpture chrétienne primitive ne se borna pas à l’ornementation des sarcophages, ou même à la décoration des balustrades, iranseniiae, destinées à être placées devant les tombeaux des martyrs : elle produisit aussi des sujets indépendants de toute destination funéraire, comme les statues du Bon Pasteur, inspirées des pures traditions de l’art classique, comme la statue de saint Hippolyte, probablement du iii « siècle, portant gravé sur un côté du siège le canon pascal composé par le célèbre docteur, sur l’autre côté le catalogue de ses ouvrages, qui a été découverte dans le voisinage de sa catacombe, ou comme le chapiteau de la basilique semi-souterraine de Domitille, sur lequel est représentée la décapitation de saint Achillée. Beaucoup de menus objets, de fabrication chrétienne, appartiennent encore aux premiers siècles : médaillons de bronze ou de plomb, comme la précieuse image de saint Pierre et de saint Paul, provenant du cimetière de Domitille, que possède le nuisée du Vatican ; médailles de dévotion, destinées à être portées au cou, comme celle qui montre d’un côté la représentation du martyre de saint Laurent, de l’autre côté un pèlerinage à son tombeau ; verres en relief, verres gravés, et surtout débris de coupes ou de vases au fond desquels une mince feuille d’or, découpée, représente des sujets chrétiens, images de la sainte Vierge, de Pierre et Paul, de martyrs, sacrifice d’Abraham, résurrection de Lazare, Moise (quelquefois avec les traits de saint Pierre, ou même avec le mot Petrus inscrit près de sa tête) frappant le rocher, Jésus couronnant deux époux, etc. ; ampoules de verre fixées à l’intérieur ou à l’extérieur des loculi, et dont la destination, dans la plupart des cas, est encore inexpliquée.

Enualération des catacombes romaines. — I. Sua LA voiK Appiknne. — I. Cimetière de SainteBalhine, iv' siècle.

2. Ciinelière de Saint-Callisle, formé de la crypte de Lucine, u* siècle ; une area voisine, ii' siècle ; Vareu de sainte Cécile et des papes, ii' siècle ; Varea dite de la cella aux trois absides, première moitié du m' siècle ; Varea de saint Eusèbe et des saints Calocerus et Partenius, milieu du m » siècle ; les quatre

areæ du cimetière de Sainte-Sotère, fin du nie siècle ; Varea dite libérienne, rve siècle ; l’arénaire d’Hippolyte, deuxième moitié du iii<= siècle ; plusieurs réseaux irréguliers de galeries, unissant diverses areae, fin du m' siècle et commencement du iv'.

3. Cimetière de Prétextât, en face de celui de Saint-Calliste, ii' siècle. Tombeau de saint Quirinus, martyrisé sous Adrien ; de saint Janvier, fils de sainte Félicité, martyrisé sous Marc-Aiu"èle ; de saint Urbain, peut-être aussi sous Marc-Aurèle ; des saints Félicissimus et Agapitus, diacres de saint Sixte II, martyrisés sous Valérien.

4. Cimetière ad Catacumbas, conligu à celui de Saint-Calliste. Chambre souterraine dite platonia, où reposèrent temporairement les l’eliques de saint Pierre et de saint Paul. Catacombe où furent enterrés les martyrs saint Sébastien, saint Quirinus, évêque de Siscia, saint Eutychius. Cubiculum avec l’image d’un athlète, peut-être martyr.

II. Sur la voie Ardéatixe. — 5. Cimetières de Sainte-Domiiille, ou des Saints-Xérée et Achillée, i"^"" siècle. Hypogée des Flaviens chi'étiens. Basilique semi-souterraine ; tombeaux de Nérée et Achillée et de Pétronille. Cubiculum d’AmpUatus. Crypte anonyme. Triclinium collégial du in' siècle.

6. Cimetière des Saints-Marc etMarcellien, iv' siècle.

j. Cimetière de Saint-Damase, iv siècle, l’un et l’autre voisins du cimetière de Domitille.

m. Sur la voie d’Ostie. — 8. Cimetière de Lucine. au lieu où s'élève aujourd’hui la basilique de Saint-Paul hors des murs. Tombeau de l’apôtre.

g. Cimetière de Commodilla. Tombeaux des martyrs Félix, Adauctus, Emerita. Epitaphe de 426, d’une sépulture ante domnam Emeritam. Epitaphe de 528.

10. Cimetière de Saint-Timothée. Peut-être en dépend un cubiculum découvert en 18^2.

11. Eglise et cimetière de Sainte-Tliècle. Probablement reconnus de nos jours, mais non encore explorés.

12. Eglise et cimetière de Saint-Zénon, aux Eaux Salviennes. Nombreuses inscriptions cimétériales trouvées au lieu où la tradition place la décollation de saint Paul.

IV. Sur la voie de Porto. — 13. Cimetière de Pontien, appelé, d’une désignation locale, ad ursum pileatum, m' siècle. Tombeaux des saints Abdon et Sennen, Candida, Pigmenius, Anastase, PoUion. Vincent, Miles. Baptistère souterrain du yi" ou vu" siècle.

14. Cimetière de Saint-Félix, ad iiisalatos.

15. Cimetière de Generosa, ad sextum Philippi, sous le bois sacré des Arvales, iv^ siècle. Tombeau des martyrs Simplicius et Faustinus et de leur sœur Béatrix. Petite basilique damasienne.

V. Sur la voie Aurélia. — 16. Cimetière de SaintPiincrace, m' siècle. Epitaphe souterraine portant la date de 454 l’j. Cimetière de Lucine, ou des Saints-Processus et Martinien, le"" siècle. Les quelques galeries encore accessibles appartiennent à la fin du m' siècle et au ive.

18. Cimetière de Calépode, aujourd’hui entièrement ruiné, où fut enterré le pape saint Calliste.

iQ. Cimetière de Saint-Félix.

VI. Sur la voie Cornklia. — 20. Cimetière du Vatican, 1" siècle. Tombeaux de saint Pierre et des premiers papes. Détruit par la construction de la basilique. Le sarcophage de Livia Primitiva, dont nous avons parlé plus liant, et une stèle du ninsi’c Kircher, avec les mots symboliques IX0V2 ZiiXTlîN, poisson des i’iyants, en proviennent.

16 483

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VII. Sur la voie Flaminia. — 21. Cimetière de Saint-Valentin. Crypte et basilique de ce martyr. Peintures du vu'" siècle.

vni. Sur la voie Salaria ancien.ne. — 22. Cimetière dit ad septem cohimbas, près du clivus cucumeris. Il fut aussi appelé ad caput S. Joannis, parce que la tète de ce martyr fut déposée sous l’autel de la basilique cimétériale. Les pèlerins des vii° et viii' siècles copièrent dans ce cimetière l'éloge d’un consul, martyr, nommé Liberalis, dont ni l’histoire, ni les fastes ecclésiastiques, ni même la légende ne font mention.

28. Cimetière de Basilla ovi de Saint-Hermès, 11° siècle. Chambre funéraire des saints Protus et Hj’acinthe. Sépulture d’autres martyrs, Hermès, Basilla, Crispus, Herculianus, Maximilianus, Leopaidus. Basilique souterraine.

IX. Sur la voie Salaria nouvelle. — il. Cimetière de Saint-Pamphile, à la bifurcation des deux voies. Aujourd’hui inaccessible. A ce cimetière appartient lU’obablement une chambre vue par M. de Rossi en 1865 ; des dessins informes, tracés à la pointe du pinceau par une main absolument ignorante, y reproduisent, outre les sujets habituellement représentés dans les catacombes, l’image d’un chrétien essayant de renverser une statue de Jupiter.

25. Cimetière de Maxime ou de Sainte-Félicité. Crypte où reposèrent cette illustre victime de la persécution de Marc-Aurèle et son flls Silanus.

26. Cimetière de Thrason et arénaire contigu. Sépulture des martyrs Saturninus, Sisinnius, Chrysanthe et Daria, Hilaria, Maur, Jason, Claude et d’un groupe de soixante-douze martyrs anonymes. Nombreuses et importantes peintures.

27. Cimetière des Jordani. Actuellement inaccessible. Trois des fils de sainte Félicité, Alexandre, Vital, et Martial, y reposaient.

28. Cimetière de Saint-IIilaria ou des sept Vierges dans le jardin de sainte Hilaria. Non encore découvert.

2g. Cimetière de Priscille, i" siècle. Etage supérieur incorporé à un arénaire. Très anciennes inscriptions. Admirables peintures. Crypte funéraire des Acilius Glabrion. Second étage, creusé au commencement du ivi^ siècle. Sépultures des saints Félix et Philippe, fils de sainte Félicité ; des papes Mai-ccllin et Marcel ; du martyr Crescentio. Dans la basilique extérieure, sépulture des papes Silvestre, Libère, Sirice, Célestin et Vigile.

30. Cimetière de Novellu. Contigu au précédent.

X. Sun LA VOIE Nomentaxe. — 31. Cimetière de Saint-Nicomède, 11' ou iii<= siècle. Autre hypogée, contigu à celui-ci, peut-être consacré à la sépulture des prétoriens chrétiens.

82. Cimetière de Sainte-Agnès. Région antique, à quelque distance de la basilique. Régions entourant la basilique, postérieures à la paix de l’Eglise. Basilique semi-souterraine du iv^ siècle, refaite au vii"^. Tombeau de sainte Agnès.

33. Cimetière Ostrien, dans lequel M. de Rossi voit le cimetière appelé dans l’antiquité coemeterium majus, ad nymphas S. Pétri, fontis S. Pétri (contrairement à Maruggui, qui identifie le coemeterium majus avec celui de Priscille). Crypte en forme de basilique. Cryptes avec tribune et chaires taillées dans le tuf. Importantes peintures. Inscriptions très anciennes. Sépulture de sainte Emérentienne, des martyrs Alexandre, Félix, Papias, Victor.

34. Cimetière de Saint-Alexandre, au septième mille de Rome. Il est cité ici par exception, étant en dehors de la zone des cimetières romains et ne

dépendant d’aucun titre de la ville ; mais il fit partie de l’itinéraire des pèlerins du vii « siècle. Sépulture des martyrs Alexandre, Eventius et Théodule. Basilique semi-souterraine. Catacombe peu étendue ; nombreuses épitaphes d'évêques locaux : beaucoup de tombes intactes.

XI. Sur la voie Tiburtine. — 35. Cimetière de. Saint-Hippolyte. Crypte de ce martyr, abside, tribune, trace de l’autel. Restauration au vi^ siècle. Peinture du martyre d’Hippolyte, vue par Prudence, mais non retrouvée. Emplacement d’une basilique semi-souterraine. Sépulture des martyrs Concordia, Tryphonia, Cyrille, Genès et dix-neuf autres.

36. Cimetière de Cyriague, m" siècle. Presque entièrement détruit par le moderne Campo-Santo. Sépulture des martyrs Romanus, Abondius, Irénée, Justin, Crescent, Agapit, Julien, Primitivus, Tatien, Nemesius, etc. Basilique semi-souterraine construite par Constantin sur la tombe de saint Laurent.

XII. Sur la voie Labicane. — 3'j. Cimetière de " Saint-Castulus, iv' siècle. Sépulture des martyrs Castulus et Stratonicus. Grande profondeur ; tuf très friable.

38. Cimetière ad duas lauros ou des Saints-Pierre et Marcellin, un des plus vastes de Rome souterraine, iv « siècle. Sépulture des mai"tyrs Pierre, Marcelbn, Tibirrce, Gorgonius, Genuinus, etc. Nombreuses peintures ; scènes de banquets.

89. Cimetière des quatre Couronnés, iv' siècle. Contigu, comme le précédent, au mausolée de sainte Hélène, mère de Constantin. Vestibule, double escalier, très long et très large ambulacre.

XIII. Sur la voie Latine. — 40- Cimetière des SaintsGordien et Epimaque. Sépultures d’autres martyrs, Sulpicius, Sei’vilianus, Quintus, Quartus, Sophia, Triphenus. Bosio a lu l'épitaphe de deux de ces martyrs :

SIMPLICIVS MARTYR. SERVILIANVS MARTYR. AujOUrd’hui

inaccessible.

! i. Cimetière de Saint-Tertullinus ou Tertullianus.

Non exploré.

42. Cimetière de Sainte-Eugénie. Sépulture de sa mèi-e Claudia. Visité par Bosio et Boldetti. Non retrouvé de nos jouys.

J’arrête ici cette énumération. Je n’y ai compiùs (sauf exception) que les cimetières situés dans un rayon de trois milles autour de Rome et dépendant de l’administration ecclésiastique de la cilé. Les hypo- gées de moindre importance ont été négligés, ainsi I que les catacombes juives et les cimetières des sectes hérétiques. L’espace restreint dont je dispose ne me permet pas d’agrandir le tableau et d’indiquer les cimetières souterrains ou extérieurs, appartenant aux premiers siècles chrétiens, dont l’existence a été constatée dans l’Italie centrale, dans les provinces du nord et du midi de la péninsule, dans toutes les contrées d’Orienl et d’Occident éclairées par la lumière évangélique, Espagne, Gaule, Egypte, Cyrénaïque, Algérie, "Tunisie, Asie Mineure.

V. Bibliographie des catacombes. — Les sources littéraires de l’antiquité et du moyen âge les plus importantes pour l’histoire et la topographie des catacombes sont les suivantes :

1" Martyrologe hiéronymien. La dernière rédaction ne peut remonter plus haut que le vi* ou le vii<> siècle ; mais il contient de nombreuses portions de mai*tyrologes plus anciens, appartenant à l'époque des persécutions.

2° Le recueil publié en 35/j par Furius Dionysius Filocalus. Parmi les pièces dont se compose cette collection chronographique, les deux tables d’anni483

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4§6

vcrsaires, l’une des papes, Depositio episcoporum, l’autre des martyrs, Depositio martyrnm, renferment des indications précieuses sur les sépultures les plus illustres des cimetières souterrains. Edité d’abord par Gilles Bouclier, De Doctrina teniporum, Anvers, 1634 ; puis par Mommsen, i’eber den Chronographen ^om J. 354, dans les Abhandhingen de l’Académie i-oyale de Saxe, t. I, Leipzig, 1850.

3° Le Liber pontifîcalis, rédigé dans la première moitié du vi* siècle, mais en partie d’après les documents anciens. Edition Ducbcsne, 1. 1, Paris, 1884-1886. 4^ Les éloges composés par le pape Damase pour être gravés sur les tomlies des martyrs.

5" Les sylluges épigraphiqiies recueillis par les voyageurs des viii* et ix’siècles. Ils sont publiés par de Rossi dans le tome II des Inscriptiones christianae iirbis Romae.

6" Les descriptions de monuments dans l’almanach de Polemius Silvius (449) ; ^^ Breviarium du Syrien Zacharie (540) ; le paragraphe Je coemeteriis ajouté à la Notitia regionum urbis Romæ (vi* siècle) ; le catalogue des huiles saintes recueillies par l’abbé Jean près des tombeaux des martyrs (vi^ siècle) ; les itinéraires des pèlerins des vii^ et viii « siècles ; les listes des cimetières du x<^ ou xi" siècle dans les Mirabilia urbis Romae. Voir de Rossi, Rama sotterranea, t. I, p. 129-184.

^"J Les Passions des martyrs romains rédigées avant l’époque où les corps saints furent retirés des catacombes.

La découverte fortuite d’un hypogée chrétien de la voie Salaria, en 1 5^8, rappela sur les cimetières oubliés des premiers âges l’attention des érudits.

Les Annales ecclesiastici de Baronius témoignent (aux années 67, 130, 226) de recherches faites par lui dans les catacombes.

Les dessins exécutés d’après les peintures et les sculptures des cimetières souterrains par les soins de CiACONNio et de Winghe sont encore inédits, mais l’ouvrage de Jean l’Heureux (Macarius), mort en 161 4 » a été édité de nos jours par le P. Garrucci : Ilagioglypta, sive picturæ et sculpturæ sacræ antiquiores præserlim quæ Romæ reperiuntur, explicatæ a Jeanne l’Heureux (Macario) ; Paris, 1809.

Bosio conçut le premier l’idée et la méthode d’une exploration complète des catacombes. Sa Roma sotterranea, qui fonda la science de l’archéologie chrétienne, fut publiée après sa mort par Soverano. L’édition italienne est de 1632 ; la traduction latine par Aringhi, de 1651, réimprimée à Cologne et à Paris en 1669 ; une édition latine abrégée parut à Ai’nheim en 1671.

Le prolit que la défense de la foi catholique pouvait tirer de la science et de la méthode inaugurée par Bosio excita de vives inquiétudes au sein du protestantisme : de là plusieurs chapitres de Burnet (Voyages de Suisse et d’Italie, 1687), do Misson ÇXoueau voyage d’Italie, 1691), de Bas.nage (Histoire de l’IigUse, 1699), ^^ "" écrit de ZoRN (Dissertalio liistorica tbeologica de catavumbis, 1708), pleins de faits inexacts, et auxquels les coreligionnaires mêmes de ces écrivains n’attachent plus aujourd’hui aucune valeur.

L’histoire sérieuse des catacombes recommence avec Fabrktti, qui consacre aux inscriptions chrétiennes et à deux cimetières inconnus de Bosio un chapitre de ses Inscriptiones anliquae, 1O99.

La même année parut le célèbre écrit de Mauillox, Rusebii ad Theophilum epislola de cultii sanrtoriini ignolorum ; seconde édition latine et traduction française en 1705.

Dans le but de dissiper les scrupules respectables de Mabillon, et surtout de répondre aux attaques

des controversistes protestants, Boldetti, successeur de Fabretti dans la surveillance des catacombes, publia en 1720 ses Osseryazioni sopra i cimiteri dei sancli martiri ed antichi cristiani di Roma.

Le xviii’siècle a vu paraître de nombreux ouvrages d’archéologie chrétienne : Buoxarotti, Osservazioni sopra alcuni frammenti di’ersi antichi di vetro, ornati ai figure, trovati nei cimiteri di Roma, 1716 ; Lupi, Dissertatiunes et animads-ersiones in nuper inyentum Severæ martyris epitaphium, 1734 ; Marax-Goyi, Appendix de coemeteriis SS. Tlirasonis et Saturnini, à la suite des Acta S. Victorini, 1740 ; Bottari, Sculturee pitture sagre estratte dei cimiteri di Roma, réimpression des planches de la Roma sotterranea de Bosio, avec un commentaire, 1737-1764. Les livres ou dissertations de Mamachi, Olivieri, Zaccaria, BoRGiA, Marixi, doivent être seulement indiqués ici pour mémoire, car leurs auteurs n’ont pas exploré directement les catacombes. Au contraire, l’Histoire de l’art par les monuments, publiée de 1780 à 1786 par SÉROux d’Aginxourt, reproduit et commente un grand nombre de leiu-s peintures.

On ne saurait citer tous les ouvrages composés dans notre siècle sur les diverses branches de l’archéologie chrétienne ; nous nous contenterons de marquer les plus importants parmi ceux qui ont trait directement aux catacombes. En 1834 et 1837, Raoul RocHETTE publia divers écrits sur les monuments chrétiens, en particulier son Tableau des Catacombes, réimprimé en 1853. De 1852 à 1856, parurent, aux frais du gouvernement français, les six volumes de Perret, Les Catacombes de Rome. Le livre célèbre du P. Marchi, Monumenli délie arti cristiani primitive nella metropoli dei cristianesimo, avait vu le jour dès 1844 Mais l’œuvre principale du savant jésuite fut la formation de son disciple, J.-B. de Rossi, qui devait reprendre les glorieuses traditions de Bosio, étal)lir sur des principes certains la science de l’archéologie chrétienne et faire à lui seul plus de découvertes que tous ses prédécesseurs ensemble. Le tome I" de ses Inscriptiones christianæ urbis Romæ sæculo septimo antiquiores apavu en 1861 ; le tome II en 1888. En 1863, furent publiées ses Imagines selectæ deiparae Virginis in coemeteriis suburbanis depictae. Sa Roma sotterranea crisliana (1863-1877), malheureusement inachevée, a trois volumes, contenant les notions générales, la description du cimetière de Calliste et celle de la petite catacoiiibe de Generosa. Son Bullettino di archeologia cristiana n’a point été interrompu de 1863 à 1894, date de la mort de l’illustre archéologue, et renferme d’innombrables dissertations sur les points les plus importants de l’archéologie chrétienne : toutes les découvertes de l’auteur y sont indiquées à leur place ; Rome souterraine y est, pour ainsi dire, esquissée d’avance tout entière.

Des travaux d’une autre nature, touchant souvent à l’histoire de l’art primitif, sont dus au P. Garrucci ; outre Yllagioglypta de Jean l’Heureux, cité plus haut, il a pubUé les Vetri ornati di figure in aru trovati nei cimiteri dei cristiani di Roma, 1858 et 1864 ; Ciniitero degli antichi Ebrei in yigna lîandanini, 1862 ; Nuove epigrafe giudaiche di yigna Randanini ; Epigramma crist. dei primi secoli ; Les mystères du syncrétisme phrygien dans les catacombes romaines de Prétextât, 1854, et enlîn sa grande Sloria delV arte crisliana, 1873. Les découvertes de Rossi ont été propagées par des résumés de ses ouvrages, dus, pour l’Angleterre, à MM. Northcote et Brownlow {Roma sotterranea, 186y, 1879 ; Epitaphs of the calacombs, 1878) ; pour la France, à MM. Desbassayns de Richemonl (Les nouycllcs études. dans les catacombes romaines, 1870), Paul AUard (Rome sauter487

CEREBROLOGIE

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raine, iS^S, iS^^). Henri de rEpinois(Zfs Catacombes de Rome, 18 ; 4. 1879, 1896) ; A. Baiidrillart (Zes Catacombes de Borne, 1908) ; Maurice Besnier (Les Catacombes de Home, 1909) ; pour TAUemagne, au docteur F.-X. Kraus (Romn sotterranea, 1874) ; pour la Suède, à M. Cenlerwall. Dans le voisinage immédiat du niaitre se sont formés de vaillants disciples, auteurs eux-mêmes de travaux importants sur les antiquités chrétiennes : Henry Stevenson, qui a décrit le cimetière de Saint-Zotique, au dixième mille de la voie Labicane (1876) ; Mariano Armellini, qui a étudié le cimetière de Prétextât (187^), le cimetière de Sainte-Agnès (1880), et a fait paraître en 1884 une description populaire des anciens cimetières de Rome ; Orazio Maruccbi, qui a publié des études sur la crypte sépulcrale de Saint-Valentin (1878) et la basilique de Saintc-Symphorose (1878). des Eléments d^archéologie chrétienne (1899-1900), et dirige aujourd’hui le Nuovo BuUettino di archeologia cristiana, qui continue depuis 1894 le BuUettino de M. de Rossi. Le même savant a fait paraître, en mai 1909, le i*^’" fascicule de la continuation, dirigée par la Commission d’archéologie sacrée de la Bonia sotterranea cristiana de Rossi.

Pariui les ouvrages récents sur larchéologie des premiers siècles, nous ne devons point oublier les dictionnaires. Le premier Dictionnaire des antiquités chrétiennes a été publié en j865 par M. Fabbé Martigny, qui en a donné en 187’j une seconde édition très augmentée ; puis a paru en Angleterre le Dictionary of christian antiquities, édité par Smith, 1875-1880, avec la collaboration de nombreux érudits appartenant presque tous à TEglise anglicane ; enfin, le docteur Kraus a terminé (1882-1886) sa Real-Encyklopædie der christUchen Alterthilmer. Un recueil beaucoup plus considérable, et qui dépassera par l’abondance des matières, comme par la richesse et l’exactitude de l’érudition, tous ses prédécesseiu’s est le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, commencé en 1908 sous la direction de dom Cabrol. Citons aussi le savant Manuel d’archéologie chrétienne (1907, 2 vol.) publié par dom H. Leclercq. L’art chrétien a été l’objet de publications importantes ; outre le lÎAre de Garrucci, on doit citer les Etudes sur les monuments primitifs de la peinture chrétienne en Italie (1885), de M. Lefort, consacrées surtout aux fresques des catacombes, L’archéologie chrétienne de M. Pératé (1892), et l’ouvrage posthume de Palmer, Early christian srmbolism (1885). édité par MM. Northcote et Brownlow. Les images de la vierge Marie dans les catacombes ont été étudiées de nouveau par M. Liell, Die Darstellungen der allerseligsten Jungfrau und Gottesbærerin Maria auf den Kunstdenkmælern der Katakomben, 1887. Mais l’ouvrage capital sur l’art chrétien dans les catacombes est le livre de Mgr Wilpert, Borna sotterranea. Le pitture délie catacombe romane (Rome, in-folio, 1908).

De nombreux érudits protestants ont, en ce siècle, essayé de réagir contre les résultats obtenus par l’étude impartiale des catacombes chrétiennes. Le petit livre de Mac Caul, Christian epitaphs of the fîrst centuries, 1869, n’offre aucune trace de préoceupations confessionnelles ; mais il en est tout autrement des ouvrages de Kip, The catacombs of Bome, 1854 ; Mariott, The Testimony of the catacombs, 1870 ; Parker, The catacombs, 1870 ; Ludwig, Ein Blick in die Boemischen Katakomben, 1876 ; Withrow, The catacombs of Bome and their testimony relative to primitive christianity, 1877 ; Schultze, Archeologische Studien iiber altchristliche Monumente, 1880 ; Die Katakomben, 1882 ; Roller, Les catacombes de Bome, 1881 ; Marignan, Etudes d’iconographie religieuse, 1 iSBn. I

L’étude des cimetières chrétiens situés hors de Rome n’entrant pas dans le cadre de cet article, je me contente de renvoyer à la Beal-Encyklopædie de Kraus, Katakomben, t. I, p. 114-136.

P. Allard.