Dictionnaire de Trévoux/2e édition, 1721/Abarim

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1-1p. 6-7).

ABARIM. s. m. Mons ou Montes Abarim. Vulg. Montagne de l’Arabie, à l’orient du Jourdain, vis-à-vis de Jéricho, dans le pays des Moabites. C’est l’avant dernière station des Israëlites dans le désert, & le lieu d’où Moyse vit la Terre-promise. {Nombres XXVII. & où il mourut. Deut. XXXII. Une de ces montagnes s’appelle Nébo, & l’autre Phasga, ou Phisga. Montez sur cette montagne d’Abarim, & considérez de-là la terre que je dois donner aux enfans d’Israël. Sacy. Nomb. XXVII. 12.

Ce nom est purement Hébreu, & vient du Verbe עבר, abhar, passer ; d’où se fait עבר, ebher, passage, & au plurier עברים, Abharim, les passages. A la manière dont les Septante ont traduit au Livre des Nomb. Ch. XXVII. v. 12. Ἁνάβηθι εἰς τὸ ὄρος τὸ ἐν τῷ πέραν το‍υ ὄρο‍υς ναβάν ; ou comme d’autres exemplaires portent : ἐν τῷ πέραν το‍ῦ Ἰορδάνο‍ῦ ; il semble que les Interprètes aient crû que ce nom avoit été donné à ces montagnes, ou parce qu’elles étoient au-delà de la montagne Nébo, ou parce qu’elles étoient au-delà du Jourdain. Ni l’un ni l’autre ne paroît vrai. Le premier sur-tout ne paroît pas soutenable, puisque Nébo, qu’ils appellent Ναβαν, ou Ναβάο‍υ, étoit une de ces montagnes. Maty prétend qu’elles ont eu ce nom de ce que les Israëlites allant prendre possession de la Terre-promise, passerent par ces montagnes ; mais il semble certain qu’elles ont eu ce nom avant le passage des Israëlites. La véritable raison de cette dénomination, si je puis parler ainsi, est que ces montagnes étoient vis-à-vis d’un gué du Jourdain, & que dans les cols de ces montagnes, étoit le grand chemin qui y aboutissoit, & par lequel on passoit de l’Orient dans la terre de Chanaan. Il est encore moins raisonnable de chercher dans le Syriac une étymologie à ce nom, & de dire que dans cette langue il signifie froment : car outre que c’est en Hébreu & non en Syriac, que ces montagnes sont nommées Abarim, c’est que froment en Syriac n’est point abhar ni abher, mais ועברא, abhourro, qui assurément n’auroit point au plurier Abarim.