Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGALARI

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 149-150).
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AGALARI. s. m. Terme de Relation. Page du Grand-Seigneur du premier ordre. Ephebus quarti, ou supremi ordinis. Ce mot signifie Favori en langue turque. Il se dit de ceux qui sont dans la quatrième chambre du Sérail du Grand-Seigneur, & qui approchent de plus près de sa personne pour son service, auquel ils sont immédiatement destinés. Souvent le Prince les favorise de présens de conséquence. De plus, afin que ces Agalaris puissent avoir de quoi fournir à la dépense qu’ils sont obligés de faire, lorsqu’en sortant du Sérail ils sont élevés à la charge de Beglerbeys, le Grand-Seigneur leur donne les dépêches pour les ambassades, qu’ils vendent à des Chiaoux, avec lesquels ils composent pour avoir plus ou moins part au présent que leur fera le Prince vers lequel ils sont envoyés. A. D. S. M. Tous les Agalaris ne sont pas également traités. Ils sont élevés aux charges & dignités de l’Empire à proportion qu’ils sont plus ou moins avant dans les bonnes grâces du Prince. Le moindre avantage qu’ils reçoivent de la libéralité de leur maître au sortir du Sérail, c’est d’être pourvus de la charge d’Aga, de Spahilar-Agassi, & de Capigi-Bassi. Les plus favorisés des Agalaris sont élevés à de plus hautes charges, comme celles de Capitan-Bassa, ou de Bacha du Grand-Caire, de Damas, ou autres lieux les plus considérables de l’Empire. Le Prince les honore quelquefois de la qualité de Musaïp. Lorsqu’un Agalari, que le Prince a élevé à la qualité de Bacha ou Beglerbey, est sur le point de sortir du Sérail, le Grand Seigneur l’envoie prendre à la porte par son Chicaia, ou Intendant de sa maison, avec grand nombre de chevaux pour lui faire honneur. Il le fait conduire à son hôtel, où il est reçu avec toute la civilité possible. Il lui fait de grands présens & fort bonne chère, pendant trois ou quatre jours, jusqu’à ce qu’il se soit pourvu de quelque logis dans la ville. Les Sultans & les Bachas lui font aussi des présens. Id.

Ces Agalaris sont pris du nombre des Ichoglans qui montent à la quatrième chambre, & servent aux principaux offices qui regardent immédiatement le service du Prince, & l’accompagnent par-tout lorsque les femmes ne s’y trouvent pas, & sont le Sechletar-Aga, le Silictar, le Chiodar-Aga, le Rechioptar, ou Rakduntac, le Materagi-Aga, l’Ibrietar, l’Ischiouptar, le Tubenter-Aga, le Chiamarci-Aga, le Camedir-Bassi, le Sarrigi-Bassi, le Munasungi-Bassi, le Turmachi-Bassi, le Berber-Bassi, l’Amangi-Bassi, & le Teskelagi-Bassi. Tous ces Officiers sont les plus âgés des Ichoglans, qui sont dans la quatrième chambre du Sérail au nombre de quarante. Ils se trouvent devant le Prince quand il sort de sa chambre. Il ne leur commande rien que par signes, qu’ils comprennent d’abord, & ils exécutent ses volontés avec une promptitude admirable. C’est eux qui reçoivent les viandes à la porte de la cour des mains du maître-d’hôtel de dehors, qu’ils se donnent de main en main, jusqu’à ce qu’elles soient portées en celles du maître d’hôtel de dedans, qui les sert au Grand-Seigneur. Ce Prince se plaît fort à l’entretien muet de ses Agalaris, qui n’oseroient l’entretenir que par signes. Il les fait monter à cheval, les voit s’exercer à la course, à sauter, à jeter la masse de fer, & à de semblables épreuves de leur force & de leur adresse. Id. Du Loir distingue cinq oda, ou chambres du Sérail, & met les Agalaris dans la cinquième. Voyez Oda.