Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AIGUILLETTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 183-184).
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AIGUILLETTE. s. f. Cordon ou tissu ferré par les deux bouts, qui sert à attacher quelque chose a une autre : Ligula. On attachoit le haut des chausses avec une aiguillette. Un ferret d’aiguillette. On fait aussi des aiguillettes de cuir de mouton, coupé en bandelettes ferrées par les deux bouts.

On appelle aussi aiguillettes, des touffes de rubans ou de cordons ferrés, qui ne servent quelquefois que d’ornement.

Nouer l’aiguillette, se dit d’un prétendu maléfice que le peuple croit empêcher la consommation du mariage. Foscinare conjuges.

On dit au Manége, nouer l’aiguillette, quand un cheval sauteur s’épare, & rue entièrement du train de derrière, alongeant les jambes également de toute leur étendue. Extensis pedibus calcitrare.

On dit populairement & bassement, lâcher l’aiguillette ; pour dire, satisfaire aux nécessités naturelles ; Ligulas solvere. On dit proverbialement, qu’on ne doit point servir un maître qui serre ses vieilles aiguillettes ; c’est-à-dire, qui est trop bon ménager. Courir l’aiguillette, se dit d’une femme qui va se prostituer çà & là. Ce qui vient de ce qu’autrefois à Toulouse les femmes débauchées étoient obligées de porter une aiguillette sur l’épaule, pour marque d’infamie ; ce que Pasquier dit avoir vu encore pratiquer de son temps. C’étoit en exécution de l’Ordonnance de S. Louis. Boyer le dit aussi, sur la Coutume de Bourges. Vitam meretriciam agere, scortari.

☞ Ce mot se dit au figuré des morceaux de la peau ou de la chair arrachés ou coupés en long. Les Barbares lui arracherent la peau du dos par aiguillettes. On lève les aiguillettes d’un oiseau de rivière, on le coupe par aiguillettes.