Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMBROSIEN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 281-282).
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AMBROSIEN. Terme Ecclésiastique. Ambrosianus. Rit ambrosien. Ambrosianus, ou Mediolanensis Ecclesiæ ritus. Office ambrosien, Messe ambrosienne. On parle de la sorte quand on fait mention de l’Office Ecclésiastique, qui est en usage dans l’Eglise de Milan, qui s’appelle aussi l’Eglise Ambrosienne. Voyez la vie de S. Pierre d’Amiens, N. 32. Le chant ambrosien étoit différent du romain. Le chant ambrosien étoit fort & haut, fortis & solemnis, dit Radulphe, Doyen de Tongre ; & le Romain étoit plus doux & plus réglé, magis dulcoratus & ordinatus.

Ce nom vient de S. Ambroise, qui en a été Evêque. Walafride Strabo a prétendu que S. Ambroise a été véritablement l’auteur de l’Office qu’on nomme encore aujourd’hui Ambrosien, & qu’il le disposa d’une manière particulière, tant pour son Eglise de Milan, que pour toutes les autres Eglises de son diocèse. Mais il y a de l’apparence qu’avant même S. Ambroise, l’Eglise de Milan avoit un office particulier & différent de celui de Rome, aussi-bien que les autres Eglises d’Italie. Quand les Papes firent prendre aux Eglises d’Occident l’Office Romain ; celle de Milan se mit à couvert sous le nom de S. Ambroise ; & depuis ce temps-là on nomma son Office, l’Office selon le rit ambrosien, pour le distinguer de celui des autres Eglises qui suivent le rit Romain. Avant Charlemagne chaque Eglise avoit son rit particulier. Dans Rome même il y a eu une grande diversité d’Offices. Pierre Abelard a remarqué, que dans Rome il n’y avoit que la seule Eglise de Latran qui confervât en son entier l’ancien Office de Rome.

On appelle aussi la Bibliothèque de Milan, la Bibliothèque Ambrosienne.

AMBROSIEN, ENNE. s. m. & f. Ambrosianus. Nom d’une Secte d’Anabaptistes, d’un Fanatique nommé Ambroise, qui se vantoit d’avoir des révélations. On les nomme aussi Pneumatiques. Ils s’éleverent au XVe siècle.

AMBROSIEN. s. m. Religieux de l’Ordre de S. Ambroise. Ambrosianus. Quelques Auteurs ont cru que Saint Ambroise étoit le fondateur de cet Ordre, parce que Grégoire XI, en le confirmant, permit à ces Religieux de réciter l’Office ambrosien. Mauvaise raison : ce Pape ne leur permit le rit ambrosien, que parce qu’ils étoient alors soumis aux Archevêques de Milan, comme ils l’ont été jusqu’à Eugène IV, qui leur laissa le rit ambrosien, en les exemptant de la juridiction des Ordinaires. On les appeloit, l’Ordre de S. Ambroise ad nemus. On ne sait rien de certain de l’origine de cet Ordre ; il y a de l’apparence qu’il ne commença que sous Grégoire XI, qui par une bulle de 1375, leur ordonna de suivre la règle de S. Augustin, & leur permit de porter le nom de S. Ambroise ad nemus, de réciter l’Office ambrosien, &c. En 1580 Sixte V leur unit les Apostolins ou Barnabites, qui ne firent qu’un même Ordre avec eux, & qui prirent le nom d’Ambrosiens. Cette union fut confirmée l’an 1606, par Paul V.

Ambrosienne. s. f. Religieuse de l’Ordre de S. Ambroise. Monialis Ambrosiana. Les Ambrosiennes, ou Religieuses de S. Ambroise ad nemus. Elles ont été instituées par Catherine Morigia, qui en 1451 se retira sur le mont Varaise. Une autre sainte fille, nommée Julienne, se joignit à elle en 1454, & quelques années après Françoise Bivia & Paule de Armastis. Elles demanderent à Sixte IV, la permission de faire des vœux solennels sous la règle de S. Augustin, & de porter l’habit de l’Ordre de S. Ambroise ad nemus : ce qu’il leur accorda par un bref du 10 Novembre 1474, & l’année suivante, par un autre bref, il leur permit de porter le voile noir. Ces brefs ne furent exécutés qu’en 1476.

Il y a aussi en Lombardie des Ambrosiennes, dites autrement Annonciades, qui furent fondées vers le milieu du XVe siècle par sept demoiselles de l’Etat de Venise, à la tête desquelles étoit Dorothée de Morosini. La mere Jeanne de Parme, Converse du monastère de S. Augustin, étant entrée en cette association en 1470, elle fonda plusieurs monastères qui formerent une Congrégation sous le titre de S. Ambroise & de sainte Marcelline, ou de l’Annonciade de Lombardie, gouvernée par une Prieure générale, dont l’office étoit triennal, & qui faisoit ordinairement sa résidence dans le monastère de Pavie, qui doit être regardé comme le Chef-d’ordre. Elle tenoit des Chapitres généraux, & envoyoit dans les provinces trois Visitatrices. Cette forme de gouvernement fut approuvée par Nicolas V. Depuis, Pie V ayant voulu la changer, & les changemens n’ayant point été introduits, elles se sont soumises aux Ordinaires. Elles sont habillées de couleur tannée, & suivent la règle de S. Augustin. P. Hélyot. T. IV.C.X.