Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOCRISIAIRE ou APOCRISAIRE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 408).

APOCRISIAIRE, ou APOCRISAIRE. s. m. Apocrisiarius. Envoyé, Agent, qui portoit les réponses d’un Prince. Il fut ensuite le Chancelier du Prince, & gardoit le sceau. Dans la basse latinité on trouve Asecrata, æ. Secrétaire, pour Apocrisiaire. Zozime le définit Secrétaire d’Etat pour les affaires étrangères, & c’étoit la même chose que ceux que Vospicus, dans Aurélien, appelle Notarios Secretorum. Jean de la Porte définit Apocrisiaire, Secrétaire… Chancelier ; parce qu’il est le Secrétaire du Prince, & qu’il sait ses secrets. Cette qualité a été depuis principalement attribuée au député du Pape, qui résidoit de sa part à Constantinople pour y recevoir les ordres du Pape, & la réponse de l’Empereur. S. Grégoire étoit Apocrisiaire du Pape Pélage à Constantinople, ce fut pendant ce temps-là qu’il composa ses Morales sur Job. L’Apocrisiaire faisoit la fonction des Nonces ordinaires du Pape auprès des Princes catholiques. Les Apocrisiaires étoient ordinairement Diacres, & ils n’avoient rang qu’après les Evêques, comme on le voit par le concile de Constantinople assemblé durant que Mennas en étoit Patriarche, Pélage, Diacre de l’église romaine, & Apocrisiaire du S. Siége, n’est nommé qu’après tous les Evêques. Quelquefois cependant l’Apocrisiaire avoit rang de Légat, & précédoit même les Patriarches. L’hérésie des Monothélites empêcha quelque temps les Papes d’envoyer un Apocrisiaire à Constantinople. Dans la suite, le Pape Léon II en envoya un à la prière de l’Empereur : mais enfin l’hérésie des Iconoclastes, que les Empereurs soutenoient, ne permit plus aux Papes d’envoyer un Apocrisiaire à Constantinople ; & c’est proprement en ce temps-là que la coutume d’en envoyer, qui avoit été seulement interrompue auparavant, cessa entièrement ; car ceux que les Papes envoyerent depuis à Constantinople après que les François s’en furent rendus maîtres, n’étoient point de simples Apocrisiaires, mais des Cardinaux, avec pouvoir de Légat à latere. Voyez Du Cange, Boullenger. Ce ne fut point au reste les seuls Nonces du Pape qu’on appela Apocrisiaires. Il semble par la Novelle 6 de Justinien, Ch. II, que tous les clercs envoyés à la cour des Empereurs par les Patriarches, & qui y résidoient pour avoir soin des affaires de leurs Eglises, s’appeloient Apocrisiaires. Quelques-uns prétendent que ce fut sous ce Prince que les Papes commencèrent à envoyer des Apocrisiaires à Constantinople : quoique Hincmar, L. De ordine Palatii, C. 13, dise que cette coutume commença dès que la cour impériale fut établie à Constantinople. On trouve encore que du temps de Charlemagne on appeloit Apocrisiaire, le Grand-Aumônier de France. Ainsi Hincmar, dans son quatrième Opuscule, de Ord. Palatii, C. 16, dit que l’Apocrisiaire étoit celui qu’en France on appeloit Chapelain, ou Garde du Palais, Quem Nostrates Capellanum, vel Palatii Custodem appellant, & qui gouvernoit tout le Clergé du Palais. Il prenoit connoissance de toutes les affaires ecclésiastiques. C’étoit aussi le confesseur de tous les officiers de la maison du Roi. On lui donnoit le nom d’Apocrisiaire, parce qu’on le consultoit sur tous les cas importans, & qu’on se régloit souvent sur sa réponse. Il vient en effet du grec ἀπόκρισις, qui signifie réponse. Il est appelé responsalis en latin, par Hincmar, Ep. 3, c. 53.

On trouve encore que l’apocrisiaire étoit un officier dans les monastères ; c’étoit comme le garde du trésor ; il avoit le soin d’ouvrir & de fermer les portes de l’église, & faisoit à peu près les mêmes choses que les sacristains font aujourd’hui. P. Hélyot, T. V, p. 190, 191.

On trouve apocrisariatus dans la vie de S. Léon IX, écrite par Wibert. Apocrisariat, dignité d’apocrisiaire.