Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARRAISONNER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 521).
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ARRAISONNER. Entretenir, parler avec quelqu’un. Colloqui, confabulari. Vieux mot qui n’est plus d’usage, & qui n’étoit pas même fort commun dans nos anciens livres. Arraisonner, c’est comme si l’on disoit, raisonner d’une chose avec quelqu’un, la discuter ; entretenir par un discours raisonné. C’est dans ce sens qu’il se trouve dans Villon.

Daignant toujours que trop l’arraisonner
De ce propos, plus d’ennui ne m’apporte.

Villon.


Je l’arraisonne, elle plaint & regrette. Marot.

On voit que ce verbe gouverne le nom de la personne à l’accusatif, & le nom de la chose à l’ablatif, ou avec la préposition de.

Arraisonner, v. n. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Esther en propos avec quelqu’un, lui vouloir faire entendre raison. Alloqui aliquem, cum aliquo habere sermonem. Il est souvent inutile de s’arraisonner avec un paysan, un stupide, qui ne conçoit pas ce qu’on lui dit. Il faut commander aux valets, & non pas s’arraisonner avec eux, ni leur dire les raisons qu’on a de leur faire faire quelque chose.

Ce mot vient du latin ratiocinari, qui signifie raisonner. Mézerai s’en est servi, & personne après lui.