Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÉHOURDER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 837-838).
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BÉHOURDER, ou BÉHORDER, & BORDER. v. n. Vieux mot François dont on s’est servi en parlant de ces exercices des jeunes gens où ils combattent avec des lances & des boucliers. Les Espagnols ont encore retenu quelque espèce de ce jeu qu’ils appellent cannas. En France les gens de campagne & la bourgeoisie des petites villes ont eu aussi un semblable exercice. A certain jour assigné, qu’on appeloit le jour des Bouhordeis, ils s’assembloient & joutoient ensemble avec des bâtons & des cannes. Cela se pratique encore en Angleterre en certains temps de l’année. Nicot & le P. Monet, au mot Bouhordi, disent que ce mot signifie le premier & le second Dimanche de Carême ; ainsi c’étoit les deux jours que l’on faisoit en France cet exercice. Les Italients disent Bagordare, pour signifier le même exercice, & les Académiciens de la Crusca l’expliquent par Festeggiare armeggiando & giostrando ; c’est-à-dire, faire ou célébrer une fête par des exercices d’armes & de joutes. Il paroît en effet par les exemples qu’ils citent, que c’étoit une espèce de fêtes ou jeux solennels, dans lesquels les combattans se couronnoient de différentes branches d’arbres. Ils appellent aussi bagordo l’arme offensive dont on se servoit dans les combats, & le combat même.