Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAROMÈTRE ou BAROSCOPE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 767).
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BAROMÈTRE, s. m. ou BAROSCOPE. Instrument de Mécanique & de Physique, qui sert à connoître & à mesurer la pesanteur ou la légèreté de l’air. Barometrum. Ce mot a été fait du grec. Il est composé de βάρος, pondus, pesanteur, & de μετρεῖν, metior, mesurer. Le baromètre simple est composé d’un tuyau de verre, ayant environ quatre pieds de long, & la quatrième partie d’un pouce de diamètre dans la cavité. Il est scellé hermétiquement par le bout d’enhaut : & par celui d’enbas, qui est recourbé & percé, on l’emplit de vif argent. Après en avoir chassé tout l’air grossier, l’on plonge le bout percé dans d’autre mercure exposé à l’air; & le mercure qui tâche à s’échapper du tuyau, y demeure suspendu à la hauteur d’environ vingt sept pouces, plus ou moins, selon que l’air, qui appuie sur le mercure expose à l’air extérieur, est plus léger ou plus pesant, laissant la partie supérieure du tuyau vide. On voit les degrés de cette élévation marqués sur une platine de cuivre clouée sur le bois qui sert à le soutenir. Depuis on a trouvé l’invention de faire le bout d’en bas en forme de phiole, qui tient lieu de cet autre vaisseau de mercure exposé a l’air, dont on s’étoit servi dans les premières expériences : & enfin l’on a fait le baromètre double par le moyen d’un autre tuyau fort menu, qu’on a ajouté à cette phiole ou bouteille. L’une des branches de ce nouveau baromètre est fermé hermétiquement par l’une de ses extrémités. L’autre est couverte par en haut, & pleine d’eau seconde & colorée, ou de quelque liqueur qui ne gèle point en hiver. A côté de ce tuyau, on marque les divisions de la platine, qui marquent la pesanteur & la légèreté de l’air. Or comme le mouvement de la liqueur qui est dans ce second canal ouvert est comme de 14 à un, à l’égard du vif-argent, il s’ensuit que les changemens de l’air sont beaucoup plus sensibles dans cette espèce de baromètre que dans ceux où il n’y a que du mercure, dont les mouvemens ne sont pas si imperceptibles. Ce baromètre est d’autant plus commode, qu’il se peut transporter facilement. C’est M. Huygens qui l’a inventé. Cette suspension du mercure a été inventée en Italie par Galilée & Torricelli, d’où vient qu’on l’appelle quelquefois Experimentum Torricellianum. Mais la première idée en est dûe sur-tout à Toricelli, Mathématicien du Duc de Florence. Il remplit de vif-argent un tuyau de quatre pieds, & remarqua que le vif-argent ne demeuroit suspendu qu’à la hauteur de 27 à 28 pouces ; d’où l’on conclut qu’une colonne d’air de la grosseur du tuyau, & de toute la hauteur de l’air, pese 27 à 28 pouces de vif-argent. On en fit l’expérience en France pour la première fois en 1646. Elle a été beaucoup perfectionnée depuis par les sieurs Petit & Paschal, par le Père Mersenne, & par M. Huygens. Le baromètre nous a fait découvrir que la colonne d’air pèse 28 pouces de mercure, & 32 pieds d’eau. On a fait à l’Observatoire de Paris un baromètre d’eau. Voyez Baroscope.

Les Transactions Philosophiques, n. 236, p. 3. au Tom. II, pag. 10, & M. Harris, dans son second tome, au mot baromètre, donnent la description d’un baromètre portatif, ou la manière de rendre un baromètre portatif sans qu’il y ait danger de répandre le mercure de la phiole, ou de laisser entrer l’air au fond du tube, ou du mercure enfermé dans le tube, en rompant l’extrémité du tube par le mouvement que le transport doit causer en dedans au mercure. Pour prévenir les deux premiers inconvéniens, il faut que le tube ait au-dessus de la phiole un cou, ou un creux rond tout au tour, par le moyen duquel on puisse y attacher bien ferme un morceau de cuir mouillé, pour le boucher. On remédie au dernier en deux manières, 1o. en pressant le mercure jusqu’au bout du tube, en-sorte que dans le transport étant toujours plein, le mercure ne puisse s’agiter. La 2e. manière est que le tube par en haut à un doigt de l’extrémité aille en rétrécissant ; de sorte qu’il se termine en cône, ou par un canal fort étroit, & moins large qu’une paille : on amortit par-là la force du mercure, qui frappe contre le haut du tube. Au même endroit des Transactions Philosophiques & pp. suiv. on trouvera beaucoup d’observations curieuses sur le baromètre. Le Docteur Piacencini a fait deux dissertations sur le baromètre. Les Anglois appellent le baromètre, la balance de l’air. Harris.

On a remarqué que la pesanteur de l’air varie considérablement dans les mêmes lieux en différens temps ; qu’il est ordinairement plus pesant dans un temps clair & serein, & qu’il est plus léger dans un temps nébuleux & chargé de vapeurs. Un grand nombre d’expériences faites en Espagne, en Italie, en Angleterre, & comparées avec celles que nous avons faites en même temps à l’Observatoire, nous font connoître que le baromètre y varie dans les mêmes circonstances de temps ; & ce qu’il y a de considérable, ces variations arrivent le plus souvent les mêmes jours, principalement celles qui sont promptes & subites. On a trouvé que les variations qui arrivent au baromètre, sont plus grandes dans les pays septentrionaux que dans les méridionaux. On a observé qu’en Suède elles sont la troisième partie de la plus grande hauteur du baromètre, qu’elles y sont plus grandes qu’en France, où elles ne sont que la dix-septième partie ; qu’en France elles sont encore beaucoup plus grandes qu’entre les Tropiques, & vers l’Equinoctial, où elles n’arrivent point à la cinquantième partie. On a aussi observé que le baromètre situé à une petite hauteur sur la surface de la mer, est toujours resté plus bas dans les observations faites proche de l’Equinoctial qu’en Europe ; de sorte que si on suppose que la hauteur de l’air sur la surface du mercure soit proportionnée à la suspension dans le baromètre, la hauteur de l’atmosphère seroit plus grande vers le pôle septentrional que proche de l’Equateur. Maraldi, Acad. des Sc. 1703. Mem. pag. 235, 236.

Le baromètre peut servir à mesurer la hauteur des montagnes. Voyez ce que M. Cassini & M. Maraldi ont dit sur cela. Acad. des Sc. 1703. Hist. p. 11, & Mém. p. 229. Le baromètre baisse d’une ligne quand on le porte à 60 pieds ou environ au-dessus du niveau de la mer. Ib. Hist. p. 11.

Baromètre à roue, est un instrument qui se fait par l’application d’un Index au baroscope commun. C’est une invention de M. Hock Anglois. M. Harris le décrit fort exactement.

Baromètre marin, est un instrument de l’invention de M. Hook, décrit fort au long par le même M. Harris.