Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BONITE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 962).
◄  BONJOUR
BONLIEU  ►

BONITE. s. f. Poisson qui est fort commun sur la mer atlantique, qui est d’un goût & d’une couleur approchant de celle de nos maqueraux, mais bien plus grand. Ce poisson se pêche plus fréquemment en haute mer que le long des côtes : c’est un des ennemis des poissons volans. Il est gros, rond, & a environ deux pieds en ovale, y compris la tête, auprès de laquelle il a deux grand ailerons pointus comme ceux du marsouin ; & depuis ces ailerons une ligne d’écaille tirée jusqu’à la queue, qui est fourchue, & deux autres au-dessous ; une au bas-ventre, & une inégalement grande depuis le milieu du dos jusqu’à la queue, Il est couvert d’un cuir comme le marsouin : il est demi-chair & demi-poisson. Ce qui est proche de la grosse arrête, qui est la seule qu’il ait, est une chair semblable à celle du marsouin, mais plus tendre, & d’un goût incomparablement meilleur, & qui approche de celui du canard. Elle est séche, ferme & tort nourrissante. Quelquefois la mer en est presque toute couverte. On les voit sauter dix ou douze pieds de haut, & alors on les prend avec des foines, des tridens & des harpons ; on les prend aussi avec des hameçons gros comme le petit doigt, où l’on met deux plumes de pigeons blancs, enveloppées de petits linges ; l’on attache la ligne à une vergue, en sorte que l’hameçon, qui semble être un petit poisson volant, ne fait que sautiller dans l’eau ; & la bonite ne manque pas de se jeter dessus, & de se prendre. P. Du Tertre, Hist. des Ant. Tr. IT, Ch. 1, §. 12.