Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BULLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 109-111).
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☞ BULLE. s. f. Bulla. C’étoit autrefois un ornement des habits que l’on donnoit aux enfans de qualité. Tarquin l’ancien, suivant Pline, fut le premier qui donna une bulle d’Or à son fils, qui n’ayant encore que 14 ans, tua un ennemi dans un combat contre les Sabins. Il remarque pourtant que quelques-uns prétendent qu’avant ce tems-là Romulus en avoit donné au fils d’Hostus, le premier né des filles Sabines, après leur elevement, qui fut depuis appelé Tullus Hostilius. Cet ornement étoit ou rond, ou en forme de cœur, & on le portoit sur la poitrine. Il avoit été en usage chez les Egyptiens, & il n’y avoit chez les Romains que les fils des Magistrats Curules qui le portassent. Ils le prenoient à 14 ans, & le quittoient à 15. Quoiqu’il n’y eut que les enfans des Magistrats Curules qui eussent droit de porter la bulle d’Or, ceux qui recevoient les honneurs du triomphe prenoient aussi cet ornement. Bulla gestamen erat triumphantium, quam in triumpho præ se gerebant, dit Macrobe. Mais cette bulle étoit plus grande que celle des enfans. La grande vestale en portoit par distinction, & les Dames Romaines comme parure.

☞ On étendoit ce nom de bulle à plusieurs autres ornemens de la même figure, que l’on mettoit, ou sur les habits, ou sur les armes, ou sur les portiques : on le donnoit encore aux tables exposées en public, sur lesquelles on marquoit les jours de fête.

☞ Dans les siècles suivans on a donné le nom de bulles aux actes des Princes, qui étoient scellés d’un sceau d’or, d’argent, ou de plomb, soit à cause que ce sceau étoit semblable aux bulles anciennes que portoient les enfans, soit par allusion à ces tables exposées en public, dont nous venons de parler. Il convenoit particulièrement aux ordonnances des Princes qui concernoient le bien public, parce qu’elles étoient patentes & seulement scellées, au-lieu que les lettres qui regardoient les particuliers étoient fermées & signées.

☞ Ce nom de bulle a été long-temps propre aux édits des Princes, & a depuis passé aux concordats faits entre les Souverains, autorisés par leur sceau. C’est ainsi qu’on appelle encore l’édit donné par l’Empereur Charles IV, pour régler les droits de l’Empire, la bulle d’Or : mais dans les derniers temps ce nom est devenu particulier aux décrets solennels des Papes, que l’on nomme communément bulles, parce qu’elles ont un sceau de plomb (il étoit quelquefois anciennement d’or.)

Bulle. Expédition de lettres en Chancellerie Romaine, scellée en plomb, qui répondent aux édits, lettres-patentes, & provisions des Princes séculiers. Pontificiæ Litteræ, Pontificium Diploma, vulgò Bulla. Si les bulles sont lettres gracieuses, le plomb est pendant en lacs de soie ; & si ce sont lettres de justice, & exécutoires, le plomb est pendant à une cordelle de chanvre. Les Jubilés s’octroient par bulles. On ne sacre point les Evêques qu’ils n’aient leurs bulles. En Espagne on expédie des bulles pour toutes sortes de bénéfices. Mais en France on n’a que de simples signatures en papier, à la réserve des Evêchés, Abbayes, Dignités & Prieurés conventuels. La bulle est la troisième sorte de rescrit Apostolique, qui est le plus en usage, tant pour les affaires de justice, que pour les affaires de grace : elle est écrite sur parchemin, à la différence de la signature qui est écrite en papier. La bulle est proprement une signature étendue, & ce qu’elle contient en peu de paroles la bulle l’étend ; néanmoins elle ne doit pas être, quoiqu’étendue, plus ample que la signature, si ce n’est pour les clauses qu’on a coutume d’étendre selon le style. La bulle, en la forme qu’elle doit être expédiée, se divise en quatre parties, qui sont la narration du fait, la conception, les clauses & la date. Dans la salutation le Pape prend la qualité d’Evêque serviteur des serviteurs de Dieu. N. Episcopus servus servorum Dei. Auboux.

La bulle n’est proprement que le sceau & le plomb pendant qui donne son nom au titre, parce qu’il lui donne son autorité ; & généralement tout rescrit où il y a plomb pendant s’appelle bulle. Ce plomb représente d’un côté les têtes de S. Pierre à droite, & de S. Paul à gauche ; de l’autre côté est écrit le nom du Pape regnant, & l’en de son Pontificat. Auboux. Jean Ciampini, Référendaires des deux signatures, remarque, dans son Traité du Vice-Chancelier de l’Eglise Romaine, que les bulles sont écrites d’un caractère qui ressemble aux caractères françois, c’est-à-dire, d’un caractère rond ou gothique, & que cet usage s’établit lorsque les Papes tenoient leur siége à Avignon ; que les brefs au contraire, dont l’origine est bien après celle des bulles, sont écrits d’un caractère italique.

☞ La différence essentielle qu’il y a entre les bulles & les brefs ou autres rescrits apostoliques, est que ces derniers ne sont scellés qu’en cire, avec ce qu’on appelle l’anneau du pécheur, ou simplement signés par un Cardinal dataire, ou par un Secrétaire des brefs.

Les bénéfices dont le revenu excède vint-quatre ducats ne sont possédés que sur des provisions qui s’expédient par bulles, & non pas par simples signatures, suivant une règle de la Chancellerie. La France n’a point voulu se soumettre à cette règle, & à l’exception des bénéfices qui sont taxés dans les livres de la Chambre Apostolique, elle s’est conservée dans le droit de n’exprimer le revenu du bénéfice qu’on impétre, qu’en général, en cette manière. Cujus & illi forsan annexeorum fructus 24 ducatorum auri de camera, secundùm communem æstimationem, valorem, annuum non excedunt. Les bénéfices à l’égard desquels on est obligé de lever à Rome des bulles sont. 1°. Tous les bénéfices qui se trouvent taxés aux livres de la Chambre Apostolique, comme Evêchés, Abbayes, quelques Prieurés conventuels. 2°. Les premières dignités des Eglises Cathédrales, qui s’expriment ainsi, Dignitas post pontificalem major. 3°. Les principales dignités des Eglises Collégiales. 4°. Enfin les monastères de filles. Ce n’est pas que dans le cas où l’on demande des Bulles à Rome, les suppliques ou signatures simples ne fussent reçues en France ; mais les Officiers de la Cour de Rome sont si attentifs, qu’ils ne relâchent jamais les suppliques, que les Bulles n’aient été expédiées. Castel.

Quand le Pape est mort on n’expédie plus de Bulles, durant la vacance du siège jusqu’à l’élection du successeur ; ainsi, pour prévenir les abus qui pourroient se glisser aussi-tôt que le Pape est mort, le Vice-Chancelier de la sainte Eglise Romaine va prendre le sceau des Bulles, puis il fait rompre en présence de plusieurs personnes le nom du Pape qui vient de mourir ; il couvre d’un linge le côté om sont les têtes de S. Pierre & de S. Paul, il y met son sceau, & donne ce sceau des Bulles ainsi enveloppé au Camérier pour le garder, afin qu’on n’en puisse sceller aucunes lettres. Ordre des Rits Ecclés.

On dérive ce mot Bulle de bullare, qui signifie cacheter des lettres ; ou de bulla, qui signifie aussi ampoulle, ou vessie qui se forme sur l’eau quand l’air en veut sortir. Un vieux glossaire manuscrit cité par le P. Rosweid, p. 1019, dit Bullæ cerà sigillatæ. Bulles, c’est-à-dire, cires marqués d’un sceau, & bullare, sigillare, buller, c’est sceller. Les Grecs récens ont aussi dit βούλλα, & βουλλίνειν, & βουλονειν. Voyez le Glossaire qui est à la tête de Nicétas de l’édition du Louvre. D’autres le dérivent du grec βουλὴ, qui signifie, conseil, parce qu’il faut délibérer avant que d’en donner les expéditions. Le P. Pezron prétend qu’il est tiré du Celte buill, & bul, qui signifie une boule, une bouteilles ronde qui se forme sur l’eau ; mais où a-t-il trouvé que buil, ou bul, fut un mot celtique qui eût ce sens ?

La Bulle in Cœna Domini, est une Bulle qu’on lit tous les ans le Jeudi-Saint à Rome en présence du Pape, & qui contient plusieurs excommunications contre les Hérétiques, les désobéissans au S. Siège, ceux qui troublent, ou qui veulent restreindre la Juridiction Ecclésiastique, & plusieurs cas réservés. On la trouve dans la Pratique Bénéficiaire de Rebuffe. Elle n’est pas reçue en France. Le Concile de Tours, en 1510 déclara cette Bulle insoutenable, en ce qui concerne les droits du Roi & les libertés de l’Eglise Gallicane. En 1580 quelques Evêques, pendant le temps des vacations, tâcherent de faire recevoir dans leurs Diocèses la Bulle in Cœnâ Domini, laquelle excommunie entre-autres les Magistrats, les Conseillers & Procureurs-Généraux, qui maintiennent la juridiction des Princes, contre celle des Ecclésiastiques. Le Procureur-Général s’en étant plaint, le Parlement ordonna que tous les Archevêques & Evêques qui auroient reçu cette Bulle, & ne l’auroient pas publiée, eussent à envoyer à la Cour ; que ceux qui l’auroient fait publier fussent ajournés, & cependant leur revenu saisi ; & que quiconque s’opposeroit à cet arrêt, fut réputé rébelle & criminel de lèze-majesté.

Fulminer des Bulles, c’est en faire la publication ou vérification par l’un des trois Commissaires auxquels elles sont adressées, soit qu’il soit Evêque, soit qu’il soit Official. On s’oppose quelquefois à la publication des Bulles, ou des Rescrits du Pape. Mais quand il s’y trouve de l’abus, l’on a pour lui le respect de n’appeler pas directement de la concession de la Bulle ; on interjette simplement appel comme d’abus de l’exécution ou fulmination de la Bulle. C’est un expédient pour ne point choquer le Pape, en ne se plaignant que de la procédure, & de la partie qui a obtenu la Bulle. Cependant il y a des cas importans, dans lesquels on appeleroit sans détout comme d’abus de la Bulle du Pape ; par exemple s’il prononçoit l’excommunication contre la personne du Roi ; s’il entreprenoit sur le temporel du Royaume ; s’il disposoit des bénéfices dont la nomination appartient au Roi par le Concordat, &c. Voyez le Traité de l’abus par Fevret.

Les Bulles qui viennent de Rome en France sont limitées & modérées selon les usages du Royaume, avant que de les enregistrer. On n’y reçoit aucunes, qu’après avoir bien examiné si elles ne contiennent rien qui soit contraire aux libertés de l’Eglise Gallicane. Il suffit en France que ces mots, proprio motu, c’est-à-dire, de notre propre mouvement, se trouvent dans une Bulle, pour la rejeter toute entière. Les Espagnols ne reçoivent point non plus aveuglément les Bulles des Papes. Elles sont examinées dans le Conseil du Roi ; & si l’on trouve qu’il y ait des raisons pour ne les pas mettre en exécution, l’on en donne avis au S. Pere par une Supplique ; & par ce moyen ces Bulles demeurent sans effet. Cette manière d’agir avec Rome est établie dans la plupart des Etats & des Royaumes. On en trouve plusieurs exemples dans un livre imprimé à Liége, qui a pour titre, Jus Belgarum circa Bullarum Pontificialium receptionem, c’est-à-dire, le droit des Flamans à l’égard de la réception des Bulles du Pape.

Les Bollandistes ont fait plusieurs remarques curieuses sur les Bulles des Papes dans leur Propilæum du mois de Mai, & dans des Paralipomena, ou additions qui se trouvent communément à la fin du VIIe Tome des Acta SS. du même mois. 1o. Innocent V, dans une Bulle, qu’il donna aussi-tôt qu’il fut élu, & avant sa consécration, ne met point son nom, mais seulement Electus, Episcopus, servus servorum Dei, & il dit que c’est la coutume, & que tous ses prédécesseurs en ont ainsi usé. 2o. Dans une Bulle que Martin Ve donna le jour même de son élection, quoiqu’il ne fût encore ni Evêque, ni même Prêtre, il prend le titre d’Evêque, mais sel, & sans mettre electus, comme Innocent V, & il met son nom. Martinus Episcopus, servus servorum Dei. 3o. Depuis 800 ans le sceau des Bulles est de plomb, & représente S. Pierre & S. Paul, & ils montrent qu’on n’en peut tirer aucun avantage pour l’opinion des deux chefs ex æquo. Ce n’est point Adrien IV, qui en 1553 a commencé d’y mettre les images de ces deux Apôtres. Victorellus a cru que Jean premier étoit celui qui avoit commencé à apposer aux Bulles un sceau de plomb, sur lequel fut son nom. Le P. Mabillon n’a osé remonter plus haut que Jean IV. Les Bollandistes soutiennent que si on compare les deux sceaux, sur lesquels Victorellus se fonde avec les Bulles indubitables d’Adrien I, de Paschal I, de Nicolas I, on trouvera que ces sceaux sont du même siècle, c’est-à-dire, du IXe, & par conséquent de Jean VIIIe. 4o. Au VIIIe siècle le sceau fut carré, & con caractère barbare. 5o. Le P. Mabillon, De Re diplom. L, II, C, 14, dit qu’il a vu des privilèges de Jean IV, & de Segius I, avec chacun une Bulle, ou sceau de plomb, ce qui montre, selon lui, que Polydore Virgile s’est trompé, de rapporter le commencement de cet usage à Etienne IIIe & Adrien Ie. Domitius Raynaldus prétend qu’il est bien plus ancien, & cite une Bulle de plomb de S. Silvestre, & d’autres de Léon I, & de S. Grégoire le Grand ; mais quand cela seroit vrai de S. Grégoire, il ne peut l’être de S. Silvestre, ni même de S. Léon. 6o. Jusqu’à Jean XIIIe, il n’y a sur la Bulle, ou sur le sceau, que le nom du Pape. 7o. Dans le XIe siècle on y innova bien des choses. On commença à y marquer l’année de l’Incarnation ; & selon le P. Mabillon, ce fut Léon IXe qui introduisit cet usage, parce qu’il étoit de la famille de Empereurs de Germanie qui l’observoient ; qu’il avoit été Evêque de Toulon où cet usage se gardoit, & qu’il avoit pour Secrétaire le Doyen de Toul qui y étoit accoutumé ; Ciaconius a cru qu’on n’avoit commencé que sous Eugène IV. Au reste, par année de l’Incarnation, il faut entendre de la Nativité de Jésus-Christ. On changea aussi le commencement de l’indiction & du mois de septembre, on le recula jusqu’à Noël. 8o. Au même siècle, ou sous le même Léon IXe, commença l’usage de faire souscrire des témoins aux Bulles des Papes ; ce qui ne se faisoit auparavant que lorsque ces sortes de lettres se signoient dans un Concile, & qui commença alors à l’occasion d’un Concile tenu à Metz, où quelques Evêques du Concile étoient encore, quand Léon donna le privilège où cela s’est fait la première fois. 9o. Le même Pape est celui qui exprima le premier par un monogramme la formule Bene valete, par laquelle on finissoit les Bulles, au moins depuis Charlemagne. 10o. Enfin, ce fut au même temps que les Papes commencerent à prendre des sentences, à les mettre sur leur sceau, à y graver des croix, & plusieurs autres choses emblématiques. Voyez Ciaconius, le P. Mabillon aux endroit cités, & les Acta Sanctor. Propylæum Maii, p. 99 & 190 & Parapolim. pag. 33, 48, 59, 87, 105, 112. De Hauteserre, De Duc. & Comit. Prov. L, III, c. 4, dit que les Papes se servent d’une Bulle ou sceau de plomb pour marquer leur mépris pour l’or & l’argent.

Bulle d’or, est une ordonnance ou réglement fait par Charles IV, Empereur en l’an 1356. On dit que ce fut le célèbre Jurisconsulte Bartole qui la dressa. C’est une loi fondamentale dans l’Empire. Avant ce temps-là les cérémonies, & la forme de l’élection des Empereurs étoient douteuses & incertaines ; & le nombre des Electeurs n’étoit point fixé. Cet Edit solennel règle les fonctions, les droits, les privilèges & les prééminences des Electeurs. L’original, qui est latin, & écrit sur du vélin, est gardé à Francfort, relié in-4o. en parchemin rouge. Au dos du livre sont passés plusieurs lacs de soie noire & jaune, au bout desquels pend un sceau d’or. On l’appelle par excellence Bulle d’or, parce que les Empereurs d’Orient faisoient autrefois sceller leurs Edits d’un sceau d’or, qu’on appeloit bulle. Cette ordonnance, qui contient 30 articles, fut approuvée par tous les Princes de l’Empire, & s’observe encore aujourd’hui. L’élection se faisoit par sept Electeurs ; trois Ecclésiastiques, les Archevêques de Maience, Trèves & Cologne ; & quatre Séculiers, le Roi de Bohème, le Comte Palatin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg ; & par la Bulle d’or, le Comte Palatin marchoit après le Roi de Bohème ; mais il fut dépouillé de son Electorat en 1623. Le Duc de Bavière fut mis en sa place. Le Comte Palatin a été rétabli en 1648, par la paix de Munster : ainsi il est le huitième Electeur ; & en 1692, l’on a érigé un neuvième Electorat en faveur de la Maison de Lunebourg. Henri Gunther Thulemarius a fait des traités, De Bullis ; De Bulla Aurea Caroli V, Bulla Andronici Imper. &c. C’est un in-fol. imprimé à Francfort en 1697.

Les Bulles d’or ont été en usage chez les Empereurs d’Orient dès le temps de Louis le Débonnaire : on s’en servoit dans les actes de grande conséquence, comme en la concession des privilèges des Eglises. Aux autres occasions ils se servoient de plomb, ou de cire. Voyez sur les Bulles d’or des Empereurs, Zonatas in Theophilo, Cedrénus in Constantino Monomach. Nicetas in Mannel, Comn. L, I, Phrances, L, III, C, Leo Ostiensis Chron. Caff. C. 22 & C. 67. Curopalates de Offic. magni Logoth. & de Hauteserre, Duc. & Com. Prov. L. 3, C, 4 & dans ses notes sur Anastase, p. 160, Spelmanus fait mention d’une Bulle d’or dans un traité d’alliance fait entre le Roi François I, & Henri VIII, Roi d’Angleterre. Il y en a plusieurs autres exemples dans Du Cange & dans de Hauteserre, De Duc. & Comt. Prov. L. III, C 4, où il montre que les Rois se donnerent aussi ce droit.

Bulle. Terme de physique. Les Physiciens se servent de ce nom pour exprimer ces petits globules, ces petites bouteilles pleines d’air qui se forment sur l’eau. Bulla. Voyez au mot Bouteilles d’eau la formation de ces Bulles. On attribue la conformation de la pierre ponce spumeuse, qui paroît composée de brins de verre qui la rend transparente & friable, aux bulles de l’écume de la mer, dont la superficie composée de particules salines se coagule, se cristallise dans les cavernes où ces bulles sont poussées par les vents. Dans le niveau d’air il y a une bulle qui détermine le niveau. Ce niveau est un tube de verre rempli d’eau, à la réserve d’une petite portion qui produit la bulle. Cette bulle est extraordinairement mobile : & lorsque le niveau est couché horizontalement, & qu’elle s’arrête justement au milieu, on peut dire que cet instrument donne un niveau dans sa juste précision. Les enfans s’amusent à faire des bulles de savon.

Bulle, a aussi signifié des cloux à tête dorée, & des bossettes qu’on mettoit aux brides & harnois des chevaux ; mais sur-tout il signifioit les sceaux attachés aux patentes & lettres des Princes, & les matrices dont on se servoit pour les former, à cause qu’ils ressembloient en quelque façon à ces bouteilles, ou à ces têtes de cloux.

Bulle, Vieux mot. Arbre naissant dans des lieux humides. Arbor palustris, in locis palustribus succrescens. Des bulles, qui sont des arbres naissans dans des lieux humides, s’est fait le nom de lieu Bully. Huet. Antiq. de Caën.