Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAHIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 154-155).
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CAHIER. Quelques-uns écrivent CAIER. s. m. Plusieurs feuillets attachés légèrement, qui ne sont point reliés ensemble, en sorte qu’on les peut ôter ou transposer comme on veut. Charta sæpius in se replicata, codex. Ce Marchand vend le cahier tant, le cahier de parchemin tant. Il faut prononcer caïé.

Ce mot vient de quaternus, qu’on a dit pour quaternio. Ménage.

Cahier se dit aussi des feuilles pliées ou détachées qui composent un livre relié. Folium. Ce volume est de tant de cahiers. Ils sont marqués par des lettres de l’alphabet, qu’on appelle signatures, & en italien registre. Cette relation est comprise en un cahier ; pour dire, n’a qu’une feuille pliée.

On appelle aussi cahiers, les délibérations de certaines assemblées, comme celles du Clergé de France, des Etats & autres, qui contiennent ou des remontrances, ou des propositions qu’elles font au Roi, & qui sont écrites sur du papier : le papier qui contient ces délibérations, s’appelle cahier. Acta. Les Etats de Bretagne, de Languedoc ont fait présenter leurs cahiers par leurs Députés.

Cahier, signifie encore des mémoires qu’on donne séparément. Libelli memoriales. Ces articles sont dans un cahier à part.

Cahier de frais, ou mémoire de frais. Ce terme est en usage parmi les comptables, & se dit d’un état qui contient en détail toutes les dépenses qu’un comptable a faites pendant l’année de son exercice. Le cahier de frai doit être signé du comptable qui le présente avec son compte pour le faire arrêter. Les comptables qui ont droit de cahier de frais payent ordinairement la dépense commune de leurs comptes. On lui a donné un cahier de frais.

Cahiers, sont aussi les écrits que les écoliers écrivent sous leurs Maîtres en Philosophie, Théologie, & en toute autre science qu’on enseigne dans les Ecoles. Codices. Un écolier doit représenter ses cahiers à son Maître, pour en obtenir une attestation de son temps d’étude.

On appelle Fesse-cahier, un écrivain qui écrit à la hâte des cahiers. Scriptor codicum festinus. Ce pauvre homme est obligé de fesser le cahier, pour vivre.

En termes de Librairie, on dit aussi fesser le cahier, pour signifier, assembler des feuilles imprimées pour les plier en cahiers.