Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALOTTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 180-181).
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CALOTTE. s. f. Petite coiffe, espèce de petit bonnet de cuir, de satin, ou d’autre étoffe, qui couvre le haut de la tête. Pileolus, galericulus. La calotte rouge est une marque de dignité, car il n’y a que les Cardinaux qui la portent.

On dit que le Pape a donné la calotte à quelqu’un, pour dire, qu’il l’a élevé à la dignité de Cardinal. Acad. Fr.

On appelle calotte à oreilles, une grande calotte qui couvre les oreilles. Les vieillards en portent.

La calotte, qui a été introduite d’abord par nécessité, est devenue depuis un ornement pour les Ecclésiastiques ; & comme les nouveautés trouvent de l’opposition, par un statut de la faculté de Théologie de Paris du premier Juillet 1561, il fut défendu aux Bacheliers de soutenir ou de disputer en calotte. M. le Cardinal de Richelieu est le premier Ecclesiastique qui ait porté la calotte en France. M. Thiers, Hist. des perruques.

Calotte. Terme d’Armurier. C’est ainsi que les Armuriers ou Arquebusiers nomment une petite plaque convexe de fer poli, qu’ils mettent au bout de la poignée du pistolet. Galerus ferreus.

Calotte. Terme de boutonnier. C’est ainsi qu’on appelle la pièce de Métal qui forme la couverture d’un bouton. Chez les fourbisseurs, c’est la partie de la garde d’une épée sur laquelle on applique le bouton au dessus du pommeau.

Calotte. Ce terme est employé par quelques Botanistes dans la description des parties de certains fruits, & dans celle des calices de certaines fleurs, parce que la figure de ces parties ou de ces calices approche de celle d’une calotte. Galericulus.

Calotte, en termes d’Architecture, est une portion de voûte sphérique ou sphéroïque, qu’on fait au milieu des voutes & platfonds pour les élever en cet endroit. Frezier.

Calotte. Terme d’horlogerie. C’est une espèce de boîte qui renferme le mouvement d’une montre, pour le garantir de la poussière.

Calotte Céphalique. Espèce de sachet rempli de médicamens propres à guérir les maux de tête, dont on faisoit autrefois usage. Dans les maux de tpete, on l’appliquoit sur cette partie.

Calotte. C’est le nom de la Confrérie des Fous, qu’on appelle le Régiment de la Calotte ; & Calotin est un Soldat ou un Officier de ce Régiment. Un transport Calotin, est un transport de folie. M. de Boissy, Scène 3 de la Comédie de la Critique, s’est servi de cette expression. Le cinquième tome du théâtre de la Foire commence par une pièce d’un Acte, intitulée Le Régiment de la Calotte, à la tête de laquelle est un Avertissement, où l’on dit que pour mettre au fait du Régiment de la Calotte ceux qui n’y sont pas, ils sauront que c’est un Régiment métaphysique, inventé par quelques esprits badins, qui s’en font fait eux-mêmes les principaux Officiers. Ils y enrôlent tous les particuliers, nobles & roturiers qui se distinguent par quelque folie marquée, ou quelque trait ridicule. Cet enrôlement se fait par des brevets en prose ou en vers, qu’on a soin de distribuer dans le monde. De Calotin, est venu Calotiniser, enrôler dans le Régiment de la Calotte. C’est un verbe employé dans la troisième scène, où Momus dit à un Avocat ; mais qu’avez-vous fait pour mériter l’honneur d’être calotinisé ?

Il a paru en 1725 un livre in-8o intitulé Mémoires pour servir à l’histoire de la Calotte. On y a inséré un grand nombre de satyres calomnieuses contre des personnes respectables par leur naissance & par leur mérite. Les Chefs du Régiment n’ayant jamais eu en vue qu’une critique badine des ridicules, qui ne porte ni sur les conditions, ni sur les mœurs, ont cru pour l’honneur du corps devoir s’élever contre un pareil attentat, & ont rendu un arrêt contre cette fausse édition des brevets & autres réglemens supposés. Cet arrêt, qui est en vers, a, de même que ce qui vient d’être dit, été imprimé dans le mercure d’Octobre 1726.