Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANICULE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 210).

CANICULE. s. f. Constellation qui a deux étoiles. Canicula, caniculæ sidus. L’une est à la tête, de la quatrième grandeur. L’autre est à la ceinture, de la première grandeur. D’autres appellent Canicule, l’étoile seule qui est à la tête du chien. Elle se leve le 16 de Juillet. Quand le Soleil ou Mars se lèvent avec la Canicule, il arrive une chaleur excessive, & les jours caniculaires commencent. On imprima en 1688, un Traité de la Canicule, & des jours caniculaires, où l’on dit, après Hipocrate & Pline, que le 17 de Juillet, que la Canicule se leve, la mer bouillonne, le vin tourne, les chiens entrent en rage, la bile s’augmente & s’irrite, & tous les animaux tombent dans la langueur & dans l’abattement ; que les maladies qu’elle cause le plus ordinairement sont les fièvres ardentes & continues, les dyssenteries, le flux de ventre, la phrénésie, la rage ; que les sains doivent manger moins pendant ce temps-là, & ne rien manger que de bon ; que les malades doivent tempérer par des bouillons rafraichissans, par la saignée, & par la purgation, la bile qui cause leurs maladies. ☞ Combien de rêveries, de chimères qui ne sont encore aujourd’hui que trop accréditées. La canicule & les autres étoiles sont trop éloignées de nous pour produire sur nos corps, ni sur notre système planétaire aucun effet sensible ; nous sommes assez fous pour nous imaginer que la canicule est chaude & les méridionaux la trouvent très-froide. Si la canicule avoit la propriété d’apporter le chaud, ce devroit être plutôt aux habitans de l’Hémisphère méridional, qu’à nous puisque cette étoile est dans l’Hémisphère méridional, de l’autre côté de l’équateur. Il est pourtant certain que les peuples de cet Hémisphère sont alors en hyver. Les Romains étoient si persuadés de la malignité de ses influences, que pour l’appaiser ils lui sacrifioient tous les ans un chien roux. Ce sacrifice s’appeloit canarium. Ils ne préféroient un chien à toute autre victime, qu’à cause de la conformité des noms, ils s’imaginoient que cette étoile choilissoit un chien plutôt qu’un autre animal ; superstition ridicule. Id. Voyez Gassendi.

Les Grecs l’appellent Προκύων, les Latins antecanis, parce qu’elle est proche du grand Chien, mais un peu plus Septentrionale, ou plutôt, parce qu’elle se lève un jour plutôt que le chien. Voyez Chien. Quelques-uns confondent mal-à-propos cet astre avec une étoile fort brillante du grand chien, qu’on appelle Sirius, & que les Grecs appellent, comme celle-ci, Προκύων. Elles sont très-différentes.

Les Egyptiens commençoient leur année au lever de la canicule, & la continuoient jusqu’au lever suivant de la même étoile, ce qui s’appelle annus canarius, l’année de la canicule. Ils disoient que les chèvres appelées Oryges jetoient un cri, ou selon d’autres éternuoient au moment que la canicule se levoit. Les Ethiopiens faisoient le même conte.

Hygin rapporte que la fable disoit que la canicule étoit le chien d’Icare, qui avoit été placé dans le Ciel. On lui faisoit des sacrifices dans l’Ile de Cos où s’étoient retirés les paysans qui tuèrent Icare ; & dans les Cyclades pour détourner la peste.

Canicule signifie aussi le temps dans le quel on suppose communément que domine cette constellation. Durant la canicule, être à la canicule. Acad. Fr.

Le mot canicule vient du Latin canicula, diminutif de canis, qui signifie un petit chien. Pline l’appellle minor canis, &c Vitruve canis minusculus. On peut voir sur la canicule le Cælum Astronomico-poeticum de Caæsius. Solin, ch. 32. Pline, Liv. XXIII, ch. 28. Vitrure, Liv, IX, ch.7. Saumaise sur Solin, p. 144, 429, 721.