Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPI-AGA ou CAPI-AGASSI

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 232).
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CAPI-AGA ou CAPI-AGASSI. s. m. Nom d’un Officier Turc. Præfectus palatii apud Turcas. Quatre principaux Eunuques, qui portent tous la qualité d’Aga, sont toujours auprès du Grand Seigneur. Le premier d’entr’eux est nommé Capi-Aga, qui a l’intendance générale du Serrail, & il faut qu’il ait vieilli dedans, pour avoir toute la confiance & la pratique nécessaire à sa charge. Le Grand Seigneur n’a point d’affaires importantes, qu’il ne lui communique, & nous dirions en France proprement qu’il a le secret du cabinet. Il commande les cinq chambres des Pages qui font dans le Serrail. Il a soin de leur faire apprendre l’exercice des Lettres & des armes. Tous les Eunuques du Serrail, soit les Blancs, soit les Nègres, sont sous sa charge. Ceux même de la Sultane favorite, qu’ils appellent Hha Seki Sultan, c’est-à-dire, Sultane privée, ne font rien sans son ordre ; & quand cette femme Reine & Esclave tout ensemble désire quelque chose d’eux, ils en donent avis au Capi-Aga, & elle ne le peut avoir que par son moyen. Du Loir, p. 89, & 90. Le Capi-Aga est le Gouverneur des portes du Serrail, ou le Grand Maître du Serrail. C’est la première dignité des Eunuques blancs. Le Capi-Aga est toujours auprès du Grand Seigneur. Il introduit les Ambassadeurs à l’audience. Personne n’entre ou ne sort de l’appartement du Grand Seigneur sans son ministere. Le Grand Visir lui-même, doit être présenté par le Capi-Aga, quand il veut parler au Prince. Sa charge lui donne le privilège de porter le Turban dans le Serrail, & d’aller par-tout à cheval. Il accompagne le Grand Seigneur jusqu’au quartier des Sultanes, mais il demeure à la porte, & n’y entre point : ses appointemens sont fort modiques ; le Grand Seigneur fait les frais de sa table, & lui donne dix sultanins par jour. Chaque sultanin vaut six francs de notre monnoie, ce qui ne fait que 60 livres par jour, & 21900 livres par an ; mais sa charge lui attire un très-grand nombre de présens, parce que tout le monde a besoin de lui, & qu’aucune affaire de conséquence ne vient à la connoissance de l’Empereur, qu’elle n’ait passé par ses mains. Le Capi-Agassi ne peut être Bâcha quand il quitte sa charge. On peut voir sur cet Officier la Relation du Serrail de M. Tavernier, & l’Etat de l’Empire Ottoman par M. de la Croix. Voyez aussi ci-dessus Aga.