Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CARLINE ou CAROLINE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 271).

CARLINE ou CAROLINE. s. f. Carlina. Plante qu’on dit avoir été indiquée par un Ange à Charlemagne, pour guérir son armée de la peste ; on croit aussi que par cette raison elle porte le nom de cet Empereur. Carlina, quasi Carolina. Elle est vivace, & a des racines longues, très-profonds en terre, grosses comme le pouce, quelquefois plus, d’autres fois moins, roussâtres en dehors, blanches en dedans, & d’une odeur aromatique. Son collet est divisé en plusieurs couches, d’où sortent des feuilles disposées en rond, couchées par terre, longues de demi-pied ordinairement, sur deux pouces de largeur, & découpées jusques vers la côte qui parcourt toute leur longueur, ondées sur leurs bord qui sont armés de piquans assez aigus, & cotoneuses d’abord, un peu pus verdâtres dans la suite. De leur milieu naît une tête pareille à peu près à celle d’un artichaut, presqu’aussi grosse, mais un peu plus aplatie, & composée d’écailles plus minces & en plus grand nombre que dans le côté d’en-haut ; ces écailles sont pointues, piquantes, & un peu longuettes. Cette tête renferme un amas considérable de fleurons d’un pourpre pâle, & environnés de pétales blancs ou argentins, longs d’un pouce & demi sur deux lignes de largeur, & qui tiennent lieu de demi-fleurons ou de couronne. Les embryons, sur lesquels portent les fleurons, deviennent autant de semences oblongues, velues & chargées d’une brosse de poil en manière d’aigrette. Cette Carline se nomme la grande Carline. Carlina acaulos magno flore. C.B. Il y en a une autre espèce différente de celle-ci, non seulement parce qu’elle a des tiges branchues, mais encore par ses feuilles, qui sont plus étroites & beaucoup plus vertes, & par ses têtes, qui sont presques d’une moitié plus petites. Carlina polycephalos, &c. La racine de la Carline est recommandée dans les maladies pestilentielles ; elle est sudorifique et diurétique.