Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASAQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 297-298).
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CASAQUE. s. f. Sorte d’habillement dont on se sert comme d’un manteau qu’on met par dessus son habit, & qui a des manches fort larges. Sagum. chlamys. Les casaques sont commodes pour les gens de cheval.

Ce mot vient de Caracalla Empereur, lequel étant à Lyon fit habiller tous les gens de cette manière de vêtement. On disoit autrefois caraquin aulieu de casaquin, & on le dit encore à present en Bassigni. D’autres croient que ce mot vient d’un habillement de Cosaques, & qu’on a dit casaque par corruption, comme hongreline de Hongrois. Covarruvias le fait venir de l’hébreu casah, qui signifie couvrir, d’où a été tiré le latin casa, cabane, comme on dit tugurium, à tegendo : Adrien Scheick est aussi de ce sentiment. Chorier, Hist. de Dauph. L. II, p. 86, prétend que nous conservons encore dans nos casaques le nom & l’usage des anciennes caracales. Voyez ce mot.

On appelle casaques de Mousquetaires, de Gardes du Corps, de Gendarmes, les manteaux de cette sorte portés par les Cavaliers de ces compagnies, qui ont des marques & des broderies particulières pour les distinguer les uns des autres. Il a pris la casaque, ou il a rendu la casaque de Mousquetaire ; c’est-à-dire, il est entré au service, ou, il a quitté le service de Mousquetaire.

On dit fugurément & familièrement qu’un homme a tourné casaque ; pour dire, qu’il a changé de parti. Ab altero ad alterum desciscere. Ce Prince étranger s’étoit mis du côté du Roi, mais depuis il a tourné casaque. Les troupes auxiliaires sont sujettes à tourner casaque. Cette expression vient de ce que les soldats qui désertent & se vont rendre aux ennemis, tournent souvent leurs casaques, & la mettent à l’envers, pour n’être point reconnus dans leur passage.