Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASSIE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 305).
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CASSIE. s. f. Accacia Indica. Arbre qui a été apporté des Indes, & qui ressemble par ses feuilles à l’Accacia du Levant, qu’on nomme Accacia vera, sive Egyptiaca. On cultive la cassie en Italie, & en Provence, à cause de l’odeur de ses fleurs, avec lesquelles on fait une pommade qui se tiroit autrefois de Grace en Provence. On en faisoit aussi une essence ; mais aujourd’hui on prépare bien moins d’essences & de pommades de Cassie. L’arbre de Cassie vient en Europe d’une moyenne grandeur & grosseur ; son tronc est tout au plus de quatre à cinq pouces de diamètre, haut comme nos orangers, branchu & garni de feuilles rangées sur une côte branchue, & dont les branches sont comme par paires, aussi-bien que ses feuilles, dont deux terminent chaque côté. Elles sont plus petites que celles de la lentille, mais un peu plus fermes, glabres & lisses, d’un vert gai qui brunit quelquefois. Elles s’approchent les unes des autres sur le soir ; c’est ce qu’on appelle se fermer. A la naissance de chacune de ces feuilles sortent à côté un ou deux piquans fort aigus, purpurins d’abord, mais ensuite blancs, longs d’un pouce environ. Ces piquans restent long-temps sur ces branches, & ne tombent guère. Il fleurit environ le mois de Juin en Italie, en Août en France & dans les Provinces un peu froides. Sa fleur est une petite boule ronde, velue, jaune, soutenue par un pédicule long d’un pouce, vert, & qui part des endroits où les vieilles feuilles des précédentes années avoient été placées. Elles naissent aussi des jeunes pousses de l’année ; mais ce n’est qu’au mois de Septembre qu’elles fleurissent. Elles ont une odeur fort douce. A l’aide de la coupe on découvre que cette fleur est un amas de petits cornets qui n’ont pas une ligne de longueur, évasés, remplis d’une quantité prodigieuse de petites étamines fort déliées, qui environnent un pistil. Elles sont ramassées en une boule qui est composée quelquefois de plus de cent de ces cornets qui sont autant de fleurs, dont, la plus grande partie avorte, & il n’y en aura qu’une, deux ou trois qui noueront ce fruit. Il est formé par le pistil qui devient une gousse brune, longue & grosse comme le doigt, courbée, composée de deux écorces, entre lesquelles il se rencontre une matière mucilagineuse & gluante. Cette gousse est divisée intérieurement par des cloisons spongieuses en plusieurs cellules qui renferment chacune une semence arrondie, dure, pâle, & qui étant mâchée, laiffe un goût d’ail à la bouche. Cet arbre donne dans les îles d’Amérique une goinme semblable à celle qu’on nomme arabique. Elle en a les mêmes usages, & se fond pareillement dans l’eau. L’écorce de ses gousses sert en place de noix de galle, pour faire de l’encre.

L’Accacia du Levant, comme espèce du même genre de la cassie, n’en diffère aussi que par ses gousses principalement, qui sont d’une structure différente. Chaque silique est longue de quatre à cinq pouces environ, & composée de plusieurs phalanges, rondes, lenticulaires, de demi-pouce au plus de diamètre, qui ne renferment dans leur cavité qu’une semence arrondie, & qui sont séparées les unes des autres par un étranglement fort considérable.

Ces gousses encore vertes sont exprimées pour en préparer un extrait qu’on nomme accacia vera, qui est fort astringent. La décoction des feuilles & des fleurs est estimée aussi astringente. La gomme arabique découle de l’accacia du Levant. La plus belle est blanche & vermiculée ; elle est fort adoucissante, & entre dans plusieurs compositions galéniques : on l’emploie encore pour former des trochisques. On employoit beaucoup de cette gomme autrefois, mais depuis que la gomme du Sénégal est devenue commune & à meilleur marché, il n’entre que très— peu de gomme arabique dans le Royaume. Il est vrai que la gomme du Sénégal n’est différente de l’arabique que parce qu’elle est moins blanche. Il y a lieu de croire que la gomme du Sénégal coule d’une espèce d’accacia ; on a donné ce nom à cette gomme, parce que la compagnie du Sénégal a été la première qui en ait apporté.

Il y a plusieurs autres espèces d’accacia, qui sont communes dans les îles d’Amérique. Le P. Plumier en a trouvé plusieurs espèces qui sont rapportées dans les Instituts Botaniques de M. de Tournefort.