Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CENTONAIRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 363).
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CENTONAIRE. s. m. Il y a dans le Code Théodosien un titre des Centonaires & des Dendrophores ; & dans les anciennes inscriptions on les joint toujours aux Charpentiers, Tignarii, aux Serruriers, Ferrarii, & aux Dendrophores, Dendrophori. Ils ne faisoient qu’un corps de métier avec ces sortes d’Artisans, que l’on appeloit Collegium Fabrorum & Centonarium. Voyez Gruter, p. XLV, n. 8 & le Code Théodosien. Tout ceci, qui a paru à quelques habiles gens rendre douteuse la signification de ce mot, ou l’état de la profession des Centonaires, est au contraire une preuve de ce qu’ils étoient ; car il est certain que l’on appeloit chez les Romains Centons, les pièces de cuir & d’étoffe dont on couvroit les galeries couvertes appelées Vineæ, sous lesquelles les assiégeans faisoient leurs approches dans un siége, & les tours & autres machines dont on se servoit pour faire les attaques & pour battre une place. Il est naturel qu’on ait appelé Centonaires ceux qui travailloient aux centons, c’est-à-dire, à ces pièces de cuir & d’étoffe, & qui les préparoient. De plus, trois sortes de gens & d’ouvriers étoient nécessaires pour les galeries & autres ouvrages dont nous parlons. 1o. Des Charpentiers, Tignarii, pour préparer les bois, tigna, dont ils étoient composés : 2o. des Serruriers, ferrarii, pour lier ces bois avec des liens, des barres, des chevilles de fer ; 3o. des Centonaires, Centonarii, pour les couvrir de centons ou de pièces de cuir cru & d’étoffes mouillées, pour empêcher que les ennemis ne vissent ce qui se passoit dessous, & qu’ils n’y missent le feu. Il n’est donc point étonnant que l’on joigne tous ces gens ensemble, & qu’ils ne fassent qu’un même corps, puisqu’ils travailloient de concert à différentes parties des mêmes ouvrages.