Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHARITÉ

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(2p. 460-463).
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CHARITÉ, s. f. L’une des trois vertus théologales, & celle qui est principalement recommandée aux Chrétiens. Charitas. ☞ Les Théologiens la définissent, une vertu Théologale par laquelle nous aimons Dieu de tout notre cœur, & notre prochain comme nous-mêmes. Ainsi la charité a deux objets matériels, comme on parle dans l’école, sur lesquels elle s’exerce, Dieu & le prochain. On doit aimer Dieu par dessus toutes choses ; on doit tout faire, tout sacrifier, tout entreprendre, tout souffrir pour Dieu, & être prêt à cela. La charité, nous met habituellement dans cette disposition. La charité nous fait aimer Dieu pour lui-même, & le prochain pour Dieu. La charité nous fait aimer le prochain comme nous-mêmes, c’est-à-dire, qu’elle nous le fait aimer véritablement & sincèrement comme nous nous aimons nous-mêmes, mais ce n’est pas à dire qu’on soit toujours obligé à faire pour le prochain tout ce qu’on fait pour soi-même ; ainsi dans un naufrage on n’est point obligé de donner une planche sur laquelle on se sauve, à un autre qui perira infailliblement si on ne la lui donne. Mais elle nous oblige à faire pour le prochain tout ce que nous voudrions raisonnablement qu’on fît pour nous ; & à ne lui point faire ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fît. La charité est la plus excellente de toutes les vertus ; elle n’est pas la première, c’est la foi qui est le principe & le fondement de notre justification : mais la charité est plus parfaite, elle subsistera toujours. Dans le ciel la foi cessera par la claire vision de Dieu, l’espérance par la possession des biens que Dieu nous promet, mais la charité sera encore plus parfaite qu’elle n’étoit sur la terre.

Il y a beaucoup d’endroits dans S. Augustin qui semblent demander la charité actuelle dans toutes nos œuvres. Voici ce que le P. Amelot a remarqué sur cette question dans son Abrégé de Théologie, p. 547. Les plus éclairés d’entre les Docteurs & les plus ardens pour la doctrine de Saint Augustin, comme Estius, Sylvius, Sinnichius, Bannès & tous les Disciples de Saint Thomas, ne croient pas que l’amour actuel de Dieu soit toujours commandé ; & quelque zélés qu’ils soient pour la charité, ils se règlent par Saint Thomas, qui n’a pas craint de dire dans sa Somme, que nous ne péchions point contre le précepte qui nous oblige de rapporter toutes nos œuvres à la gloire de Dieu, en ne les y rapportant pas actuellement, & qu’il suffit de rapporter habituellement à Dieu notre personne, & ce qui en dépend. Non facit contra hoc præceptum quicumque non actu refert in gloriam Dei omne quod facit, sufficit ut habitualiter referat se & omnia sua in Deum. Tom. II, quæst. 88, à 1, ad 2. Le même Saint Docteur s’étoit contenté de dire que le rapport de tout ce qui est en nous à la gloire de Dieu, se devoit entendre, ou du rapport actuel, ou de l’aptitude à y être rapporté, vel in actu, in aptitudine referendi. Ce qu’Estius dit sans le reprendre, que le Cardinal Cajetan a étendu aux œuvres des Infidèles, que l’on appelle moralement bonnes, parce qu’en ce qu’elles sont bonnes, elles sont capables d’être rapportées à la gloire de Dieu, & qu’elles ne sont donc pas des péchés. Le sentiment de Saint Thomas & des Théologiens Catholiques n’est pas que ces sortes d’actions méritent le Ciel, ce seroit une hérésie de le penser ; mais ils veulent dire que ces actions non-seulement ne sont pas des péchés, mais même qu’elles sont bonnes moralement ; c’est-à-dire, qu’elles ont une bonté morale d’un ordre naturel, & qui pourroit par la grace & un motif surnaturel, être élevée à l’ordre surnaturel. Tel est, par exemple, le secours qu’un Païen donne à un pauvre dans sa nécessité.

Le mot de charité n’a point de pluriel en ce sens. Les hommes se font une idée de la charité, en prenant pour contraire à cette vertu, tout ce qui incommode l’amour propre. Port-Royal. Les gens du monde conçoivent la charité comme une vertu toujours flateuse & agréable, & qui ne choque jamais personne. Ibid.

La route de la vie humaine
De mauvais pas est toute pleine ;
Pour m’en tirer facilement,
Voici ce que je fais : J’attelle
A cette voiture mortelle,
Que je conduis au monument,
La Justice premièrement,
Qui marche toujours rondement,
Et la charité, sans laquelle
Elle iroit moins légèrement.

L’Abbé Regn. des Mar.

Charité est aussi l’effet d’une vertu morale, qui consiste à secourir son prochain de son bien, de ses conseils, &c. En ce sens ce mot de charité a un pluriel. Inopiæ, egestatis subsidium, levamen. Cet homme, qui s’est engraissé de la substance du peuple, tire du fonds même de ses concussions, une bizarre charité, & des aumônes irrégulières. Flech. Une charité aussi vive, & aussi agissante que la vôtre, n’a pas besoin d’être excitée par l’artifice & par le mensonge. La charité bienfaisante & libérale, a toujours les mains ouvertes pour soulager la misère d’autrui. Le Mait. La Providence a voulu entretenir la charité parmi les hommes, par le commerce des secours & des assistances mutuelles qu’ils se rendent. Flech. Dans ce siècle la charité est non-seulement refroidie, mais presque éteinte, & l’on croit perdre le bien qu’on distribue en aumônes. Flech. La charité prise en ce sens ne doit point être pratiquée au préjudice de la justice. Il faut payer ses dettes, le salaire des artisans, les gages des domestiques, avant de faire des charités. Voyez Aumône, Amour, Amour de Dieu, Amour du prochain.

Quand on veut corriger certain Moine en Chapitre, le Supérieur dit à un des Religieux, mon Frere faites-lui la charité ; pour dire, avertissez-le de ses fautes, déclarez celles que vous avez remarquées, donnez-lui la discipline, la correction fraternelle. Reprehensio, correctio.

Charité. Quelques-uns dérivent ce mot du grec χάρις, grace ; mais rien, dit Vossius, n’est si incertain que cette étymologie. Ce qui est sûr, c’est que dans les anciennes inscriptions, comme l’a montré Manuce dans son Orthographie, carus, caritas, sont écrits sans h. Il est donc bien probable que ces mots viennent de carus, précieux, & que carus en ce sens ne vient point de careo, comme Perrot l’a cru, mais de l’hébreu יקר, pretiosus, par le retranchement de la première lettre י.

Charité chrétienne. Ordre Militaire établi par Henri III, en faveur des soldats estropiés au service de l’Etat. Ordo Militaris à christianâ charitate nuncupatus. Il assigna quelques revenus pour cette charitable fondation. Ceux qui étoit reçus dans l’Ordre portoient une croix sur le manteau au côté gauche, & autour de la croix ces mots en broderie d’or, pour avoir fidèlement servi. Un établissement si louable n’eut point de succès. Le Pere Anselme.

Frères de la Charité. Nom de Religieux. Cet Ordre porte différens noms en différens pays. En Espagne on appelle ces Religieux, les Frères de l’Hospitalité. En Italie ils ne sont connus que sous celui de Fate-Ben, Fratelli, ou Ben Fratelli, parce qu’ils ont coûtume de demander ainsi l’aumône. En France on les appelle Frères de la Charité ; Frères, parce qu’ils sont laïques, & qu’ils n’ont qu’un Prêtre en chaque maison, lequel ne peut avoir aucune charge de l’Ordre ; de la Charité, parce qu’Henri IV, donna à leur Hôpital de Paris le nom de Charité de Saint Jean de Dieu.

Saint Jean de Dieu, leur Fondateur, étoit un Portugais, né à Monte-major el novo, petite ville du Diocèse d’Evora, en 1495. Il commença cet Ordre à Grenade en 1540, par une maison qu’il loua pour y retirer les malades, & les y assister. Cet établissement fut approuvé par l’Archevêque de Grenade, D. Pierre Guerrero. Son intention n’étoit d’abord que de former une Congrégation de personnes séculières pour avoir soin de l’hôpital de Grenade. Il ne fit point de règle. L’Evêque de Tuy lui prescrivit à lui & à ses disciples une forme d’habit. Ce ne fut qu’après sa mort arrivée en 1550, que son institut fut approuvé par Léon X. C’est Pie V, qui l’approuva par une Bulle du premier Janvier 1572, par laquelle il leur prescrivit une forme d’habit, & leur donna la règle de Saint Augustin. Grégoire XIII, successeur de Pie V, le confirma, & lui accorda plusieurs privilèges. Clément VIII, sous prétexte qu’ils s’étoient relâchés, & qu’ils étudioient au lieu d’avoir soin des malades, les soumit aux Evêques, leur défendit l’étude & de prendre les ordres ; ordonna qu’ils ne fissent qu’un seul vœu de pauvreté & d’hospitalité : mais par un Bref de 1576, il les remit dans leur premier état. Paul V, en 1609, leur permit de promouvoir aux ordres quelques-uns de leurs Frères, afin qu’il y en eût un dans chaque hôpital pour administrer les sacremens aux malades. Le même Pape approuva leurs Constitutions en 1617. Marie de Médicis les amena en France en 1601 & en 1602. Henri IV, leur donna des Lettres Patentes. P. Hélyot, Tom. IV, ch. XVIII.

Il y a un autre Ordre de la Charité, dont les Religieux s’appellent les Frères de la Charité de Saint Hippolyte. Il fut institué environ l’an 1585, sous le Pontificat de Grégoire XIII, par un Bourgeois de la ville de Mexique aux Indes occidentales. Il fonda un hôpital hors des murs de la ville, & le dédia en l’honneur de Saint Hippolyte, patron du Mexique. Il dressa des réglemens que Grégoire XIII, confirma après qu’ils eurent été examinés par l’Archevêque ; mais ce souverain Pontife étant mort avant que ces lettres fussent expédiées, Sixte V son successeur les signa, & approuva tout ce qui avoit été fait en faveur de cet hôpital. Les hôpitaux se multiplièrent, ils s’unirent ensemble, & formèrent une Congrégation sous le titre de la Charité de Saint Hippolyte, du nom du premier hôpital. Clément VIII, par un Bref du 2 Avril 1554, leur accorda tous les privilèges dont jouissent les Freres de la Charité de Saint Jean de Dieu. Ils ne faisoient que des vœux simples, l’un de charité, & l’autre de pauvreté, & sortoient de la Congrégation quand bon leur sembloit. Cela obligea le Frère Majeur ou Général de cette Congrégation de s’adresser à Clément VIII, pour remédier à cet inconvénient. Le Pape ordonna qu’ils feroient à l’avenir des vœux de perpétuelle hospitalité & d’obéissance, au lieu de ceux de charité & de pauvreté, qu’ils avoient fait jusqu’alors. Cela n’ayant point encore suffi, Innocent XII, par une Bulle du 10 Mai 1700, les obligea à des vœux solemnels de pauvreté, chasteté, obéissance & d’hospitalité, sous la règle de Saint Augustin, & déclara leur Congrégation Ordre Religieux. Clément XI, en 1701, accorda la communication des privilèges des Ordres Mendians, & de la Congrégation des Clercs Ministres des Infirmes, à ces Hospitaliers de la Charité de Saint Hippolyte. Leur habit est le même que celui des Frères de la Charité de Saint Jean de Dieu, & n’en diffère que par la couleur, qui est tannée. P. Hélyot, Tom. IV, c. 19. Bonanni, Catal. Ord. Relig. p. 1.

Filles de la Charité, servantes des pauvres malades. C’est le nom d’une Congrégation de filles, qui se destinent au service des malades. Sorores a Charitate, pauperum agrotorum Ministræ. Cette Congrégation commença d’abord à Chatillon-lès-Dombes en Bresse l’an 1517, comme une espèce de Confrérie, par le zele & les soins de Saint Vincent de Paul. Quoique le premier dessein ne fut que pour la campagne, il s’en établit à Paris en 1619, dans la Paroisse de Saint Sauveur, & en beaucoup d’autres villes. Mademoiselle Le Gros, fille de Louis de Marillac, Sieur de Ferrieres, & de Marguerite Le Camus, fut leur Fondatrice sous la direction de Saint Vincent de Paul. Elle fit son premier établissement à Paris dans la Paroisse de Saint Nicolas du Chardonnet sa Paroisse. En 1651, elle obtint de M. de Gondi Archevêque de Paris, l’approbation & l’érection de sa Compagnie, dont il lui fit expédier des lettres par le Cardinal de Rets son Coadjuteur, qui en donna encore de nouvelles en 1655, par lesquelles il l’érigea en Congrégation sous le titre de Servantes des Pauvres, & sous la direction du Supérieur général de la Mission. Cette Congrégation fut ensuite autorisée par Lettres Patentes du Roi en 1657, & confirmée en 1660, par le Cardinal de Vendôme, Légat en France sous Clément IX. Saint Vincent de Paul fit leurs Statuts & réglemens ; il nomma leurs Officières, qui sont une Supérieure générale, une Assistante, une Économe, & une Dépensière. Louis d’Abely, Vie de Saint Vincent de Paul ; Hermant, Hist. des Ordres Rel. P. Hélyot, Tom. VIII, c. 14.

Charité de Notre-Dame, Hospitalières de la Charité de Notre-Dame. Nom d’un Ordre Religieux fondé au treizième siècle. Guy, Seigneur de Joinville & de Dongiers, Domno Georgio, aujourd’hui Dongens, fonda un hôpital à Boucheraumont, dans le Diocèse de Châlons, dont il donna la direction à des séculiers, ou, selon d’autres, à des personnes du Tiers-Ordre de Saint François, qui, à la prière du Fondateur, firent de leur propre autorité les vœux de pauvreté, chasteté & obéissance. Dans la suite Clément VI, en 1346, leur en ayant donné la permission, les soumit à la règle de Saint Augustin. Comme c’étoit la charité qui les portoit à se consacrer au service des pauvres, & qu’ils prirent la Sainte Vierge pour protectrice, on donna à leur premier hôpital le nom de charité de Notre-Dame, qui passa ensuite à tout l’Ordre. Le dérèglement s’étant glisse dans cet Ordre, il s’abolit peu-à-peu. En 1631, ils transigèrent avec les Carmes des Billettes, & leur cédèrent ce couvent que Joinville leur avoit donné. En 1652, il ne restoit plus qu’un seul Religieux de cet Ordre. En 1672, cet Ordre fut un de ceux, qui comme éteints, furent réunis à l’Ordre militaire du Mont-Carmel & de Saint Lazare, par Edit de Louis XIV, qui leur donna le nom de Saint Louis de Boucheraumont ; ce qui fait conjecturer que les Religieux du Tiers-Ordre de Saint François qui formèrent d’abord cet Ordre, prirent ce nom, lorsque Saint Louis fut canonisé par Boniface VIII. Voyez le P. Hélyot, T. III, c. 53.

L’Ordre de Notre-Dame de Charité. Nom d’un Ordre de Religieuses sous la règle de Saint Augustin. M. Eudes, frère de l’Historien Mézeray, peut être regardé comme le fondateur de cet Ordre. Dans les missions qu’il fit en 1638, 1639 & 1640, plusieurs filles & femmes d’une conduite peu réglée, furent si touchées de ses prédications, qu’elles vinrent le trouver, & le prièrent de leur indiquer un lieu de refuge pour faire pénitence. Le 25e Novembre 1641, elles furent renfermées dans une maison, sous la conduite de quelques filles dévotes, dans la ville de Caen, capitale de la Basse-Normandie. L’Evêque de Bayeux permit qu’on y érigeât une chapelle. Louis XIII, leur donna des Lettres Patentes au mois de Novembre 1642. Elles sont vêtues d’une robe, d’un scapulaire & d’un manteau, le tout blanc. Elles ont un voile noir, & portent sur le scapulaire un cœur d’argent, où est gravé en relief l’image de la Sainte Vierge, tenant l’Enfant Jésus entre ses bras, le cœur environné de deux branches, l’une de rose, & l’autre de lis.

La Charité de Notre-Dame. Religieuses Hospitalières de la Charité de Notre-Dame. Monialis hospitalaria, à charitate Dominæ nostræ. Ordre de Religieuses établi à Paris par Simone Gauguin de Paré, au Diocèse d’Orléans, qui fut appelée en Religion, la Mère Françoise de la Croix. Cet Ordre commença l’an 1624. Elles avoient d’abord la règle du Tiers-Ordre de saint François ; elles la quittèrent ensuite pour prendre celle de saint Augustin. M. de Gondy, premier Archevêque de Paris, leur permit de s’y établir. Il approuva leurs Constitutions le 10 Juillet 1628 & le 12 Novembre 1634, après qu’elles eurent été approuvées par Urbain VIII, dès le 10 Décembre 1633.

Société de la Charité de Pajolo. C’est le nom d’une des trois Sociétés ou Confréries, dont les Confrères se qualifient Frères & Sœurs du Tiers-Ordre de S. François. En 1493, le Pape Alexandre VI confirma un accord qui avoit été fait entre l’Evêque & les Sénateurs de la même ville, touchant le droit de nommer des Conservateurs, des Massiers, un Notaire, & autres Officiers de cette Société, quoique cette affaire eût été déjà terminée par le Cardinal Bessarion, Evêque de Frescati, & Légat de Boulogne. C’est tout ce que nous savons de cette Société. P. Hélyot, tom. VII, pag. 330.

Charité de la Sainte Vierge. Ordre Religieux établi dans le Diocèse de Châlons-sur-Marne par Guy, Seigneur de Joinville & du bourg S. George, sur la fin du treizième siècle. Cet Institut fut approuvé sous la règle de S. Augustin par les Papes Boniface VIII & Clément VI. Sponde a parlé de cette Institution à l’an 1290.

Il y a Paris, dans chaque Paroisse, une société de Dames vertueuses, qui s’appliquent à connoître & à soulager les besoins des pauvres de la Paroisse, & qu’on appelle pour cela, les Dames de la Charité. Il faut que l’Evêque autorise ces sortes de sociétés pieuses. Chaque société a la Trésorière qui ramasse les aumônes, & des Sœurs qu’on appelle Sœurs de la Charité. Ce sont des filles vertueuses, habillées d’une grosse étoffe grise, qui ont soin de préparer les alimens & les remèdes, & de les porter aux malades.

Le mot de Charité signifie aussi tout seul ces sortes de sociétés. Il a été enterré aux dépens de la Charité de la Paroisse. Chaque Charité n’entretient un malade qu’environ trois semaines ; s’il n’y a point d’espérance de le guérir, on le fait porter à l’Hôtel-Dieu. Charité signifie aussi le fonds des aumônes de ces sociétés. La charité de telle Paroisse est bonne, riche, bien réglée, &c. Il est à la charité de la Paroisse ; c’est-à-dire, il est entretenu des fonds de la Charité.

Il y a aussi à Paris des Charités des Pauvres honteux : ce sont des sociétés composées du Curé & des Marguilliers de la Paroisse. Ces Messieurs font subsister les pauvres honteux, du fonds des aumônes qu’on ramasse pour cela, & des legs qu’on fait à cette intention, en leur envoyant de temps en temps quelque somme d’argent.

Charité se prend quelquefois pour l’Hôpital, ou le lieu où l’on entretient les malades. Il y a à Paris-trois Charités de femmes, & une d’hommes, c’est-à-dire, trois Hôpitaux pour les femmes malades, & un pour les hommes. On ne donne le plus communément ce nom qu’aux Maisons ou Hôpitaux des Frères de la Charité. Il a été trois mois malade à la Charité.

☞ Ecoles de Charité. Ce sont des Écoles établies dans les paroisses, où l’on montre aux enfans des pauvres à lire, à écrire, & les premiers principes de la religion.

On dit, proverbialement, charité, bien ordonnée commence par soi-même, lorsqu’on ne s’oublie pas, & qu’on se partage le premier. On dit, figurément & proverbialement, par contre vérité, prêter une charité, des charités à quelqu’un, pour dire, vouloir faire croire qu’il a dit ou fait quelque chose qu’il n’a ni dite ni faite. La Cour est un pays où l’on prête souvent des charités.

Charité. Carte de Charité. Voyez Carte.

CHARITÉ. Ville de France sur la Loire, dans le Nivernois. Il ne se dit point sans l’article. (La). Charité, de la Charité, à la Charité. Caritas. JLs Prieuré de la Charité est un bénéfice simple de plus de 2.0000 liv. de rente, à la nomination de l’Abbé de Clugny. Le Prieur de la Charité est Seigneur temporel & spirituel de la ville. C’est, entre tous les Bénéfices de France, un de ceux qui a de plus belles nominations.